Rapace des Monts resta muet un instant, complètement abasourdi par l'expression du jeune matou, et par ses paroles. C'était comme si ce que disait le guerrier était d'une stupidité sans nom pour Fracas. L'espace d'un instant, Rapace des Monts eut l'impression d'être un chaton ignare, avant de se rappeler que ce que disait le jeune chat n'avait aucun sens.

"- Les enfants ?" Miaula le matou blanc et gris, perplexe. "Qu'est ce qu'ils t'ont fait les enfants ?"

Et quel est le rapport avec cette proie ?

Il était devenu... Quoi ? Même lui ne le savait pas réellement. Etoile de l'Aube l'avait sanctionné à passé deux lunes dans le camp sans autorisation de sortir, il lui avait retiré ses apprentis, il... Soleil du Matin était coincé, un rongeur en cage cherchant par tout les moyens à s'échapper. Il ne supportait plus d'être dans ce clan, tout était devenu une angoisse permanente, s'attendant à tout instant de là voir débouler de nulle part. Mais il savait que ça n'arriverait pas. Elle avait fait son choix, sans lui. Elle l'avait condamné sans elle, sans leurs enfants.
Sursautant presque lorsque Fleur de Myrtille le rejoignit, le félin releva à peine la tête.

-Bonjour Fleur de Myrtille.

Murmura-t-il tout bas. Ses nuits avaient finis par disparaitre, lové dans un creux de pierre, il n'en avait pas bougé depuis des jours à part pour se nourrir. Mais ici, il voyait le ciel lorsque la nuit tombait, et ici, il était à l'abri de tout oiseau. Il ne savait quand ses peurs étaient réapparut aussi forte, il s'en fichait à vrai dire. De toute façon, il était incapable de bouger.

Le félin était toujours confiné au clan, il n'avait même pas eu le courage d'essayer de partir, il n'avait aucune envie de se battre avec son père, et puis ses problèmes de santé... Quelques fois, il se demandait si c'était sa faute, qu'Etoile de l'Aube ait fait une crise cardiaque. Il savait qu'un gros stress pouvait en être la cause, et avec ce qu'il s'était passé...
Il restait du coup à l'écart. Il aurait évidemment put proposer à son frère et à sa soeur de les aider avec leurs petits, mais il n'en avait pas le coeur. A chaque fois qu'il voyait ces boules de poils jaillirent de la pouponnière, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine jalousie. Lui aussi, il aurait dû avoir ses petits... Qu'est-ce qu'ils auraient été beau... Son coeur se serra à cette pensée et il là chassa d'un signe de queue avant de se diriger vers le tas de gibier.

Le ton changea presque immédiatement, faisant hérisser les poils du guerrier qui fusilla du regard la féline.

-Si tu es là pour faire des reproches, tu peux passer ton chemin.

Il en avait marre, marre qu'on lui demande de se justifier, marre qu'on lui rappel à quel point il avait fauté, il se le rappelait déjà bien assez, chaque regard le lui rappelait bien assez.

Rapace des Monts avait laissé un instant ses petits avec Chant des Eaux pour aller se chercher une proie. Mais alors qu'il arrivait près du tas de gibier, il vit Soleil du Matin. Depuis la mort de Geai des Chênes, il semblait de plus en plus distant avec son frère et sa sœur. Mais Rapace des Monts ne voulait pas le laisser seul dans sa tristesse, alors il s'approcha de Soleil du Matin, et frotta sa tête contre son épaule.

"- Viens partager une proie avec moi." Proposa-t-il à son frère.

Le félin sentit son pelage se dresser sur son pelage et il tourna sur Fleur de Myrtille un regard noir.

-Oui, c'est tout ce que j'ai à te dire. Je ne te dois rien, aucune explication. Absolument rien.

Grogna-t-il avec colère. Le seul dont il supportait les remarques, c'était son père, enfin... Non il ne les supportait pas, mais c'était son chef alors il faisait avec. Mais elle là, qui se comportait comme une ptite féline parfaite... Non, il ne lui devait rien.

Le félin releva son regard sur son frère lorsqu'il approcha et, alors qu'il se collait à lui, Soleil du Matin sentit son coeur se réparer un peu. Il avait sans doute besoins de ça, de sa fratrie. Alors il hocha la tête, suivant son frère avec une proie dans la gueule. Il y eu un silence, le félin gris et blanc ne savait pas réellement où se mettre, il ne savait pas quoi dire.

-Co... Comment vont tes enfants ?

Miaula-t-il alors avec hésitation, c'était la première chose qui lui était venu à l'esprit.

Etoile de l'Aube a écrit:

@Lueur d'Obscurité

Soleil du Matin
« Le monde ne vous attend plus, il a prit le large
Le monde ne vous attend plus, l'avenir lui parle. »

Le félin releva son regard sur son frère lorsqu'il approcha et, alors qu'il se collait à lui, Soleil du Matin sentit son coeur se réparer un peu. Il avait sans doute besoins de ça, de sa fratrie. Alors il hocha la tête, suivant son frère avec une proie dans la gueule. Il y eu un silence, le félin gris et blanc ne savait pas réellement où se mettre, il ne savait pas quoi dire.

-Co... Comment vont tes enfants ?

Miaula-t-il alors avec hésitation, c'était la première chose qui lui était venu à l'esprit.

Rapace des Monts ne savait pas quoi dire. Il voulait tellement dire de choses à son frère. Lui dire qu'il l'aimait, qu'il serait toujours là pour lui. Bien sur, il avait été choqué d'apprendre ce qu'il s'était passé avec Geai des Chênes, comme tout le Clan. Mais il savait aussi que c'était son frère, et qu'il passait avant tout. Et surtout avant les erreurs qu'il a pu faire.

Finalement, ce fut Soleil du Matin qui brisa la silence, et Rapace des Monts s'empressa de répondre :

"- Ils vont très bien. Tu sais... Enfin, je sais pas vraiment comment le dire. On s'est pas beaucoup parlé depuis. Je suis désolé pour Geai des Chênes. Et je sais pas si tu le veux, mais je serai toujours là si tu as besoin de parler, d'accord ? Et si tu as juste besoin de chatons facétieux pour retrouver le sourire, tu peux venir voir Petit Déclin et Petit Soir quand tu veux, d'accord ?"

Soleil du Matin sentit un grognement monter dans sa gorge et fusilla la féline du regard.

-Je ne savais pas qu'un ami était censé vous faire des reproches ou vous jugez ou vous méprisez.

Lâcha-t-il alors que la féline avait déjà fait demi-tour.

Les paroles de son frère touchèrent le guerrier qui s'approcha pour lui donner un petit coup de museau affectueux sur la joue. Il était bien le seul à ne pas le regarder comme un traitre, enfin lui et le reste de sa fratrie. Même leur père avait fini par le rejeter.

-Merci... J'avoue que... Je ne sais même pas quoi penser... Il soupira. Je sais que j'ai enfreint les règles. Je sais que tout cela n'aurait jamais dû arriver mais... Les mots se bloquèrent dans sa gorge. Comment pouvait-il expliqué tout cela ? Je l'aimais. C'est finalement les seuls mots qui réussirent à sortir de sa gorge. Et j'ai pas été là. Elle est allé voir notre père pour lui en parler, et moi elle m'a rien dis. J'aurais pu être là, j'aurais pu l'aider, mais elle elle a rien dis.

Il soupira, le regard embué par les émotions, il aurait voulu qu'elle reste, peu importe les conséquences, elles auraient sans doute été moins douloureuse que sa mort. Pourtant, il savait qu'elle n'aurait pas pu les supporter. C'était pour cela qu'elle s'était tué. Elle ne pouvait choisir entre ses chatons et sa place de guérisseuse.

-Merci. Il faudra bien que je rencontre mes neveux un jour ou l'autre.

Miaula-t-il dans un léger sourire reconnaissant.

Il tremblait, comme si son corps ne lui répondait plus, et c'est d'un pas incertains et déséquilibré qu'il avait rejoint le tas de gibier, le regard vitreux. Il n'avait même pas faim, il observait le tas de gibier, le lapin, les musaraignes et les grives, rien ne lui donnait réellement envie. Il voulait disparaitre. Cette pensée était arrivé sans prévenir, comme un instinct étrange qui s’immisçait dans son esprit pour ne plus en partir.
L'arrivé de sa fille, voilà ce qui avait tout déclenché. Le regard plein de culpabilité et de peur de Patte de Grenouille l'avait d'abord transpercer de toute part, le prévenant sans mots que quelque chose allait arriver et chambouler tout ce qu'il pensait. Mais ce n'était pas un simple chamboulement, c'était une hécatombe, un cataclysme. Un enfant. Il ne pouvait pas, jamais il ne pourrait, les siens étaient morts, jamais il ne pourrait s'occuper d'elle.
Il avait essayé, avant d'abandonner, son regard, son pelage, tout lui était étrange et Petit Espoir avait visiblement finit par le comprendre car elle ne l'approchait plus. Seul le regard de son père restait sur son pelage depuis, froid et culpabilisant. Toute fierté avait disparut.

Les paroles de son frère rendirent Rapace des Monts malheureux pour lui. Il n'aimait pas voir Soleil du Matin souffrir, comme aucun de ses frères et sœurs. Mais surtout, en particulier, lui.

"- Je sais que tu l'aimais de tout ton cœur. Et j'imagine qu'elle aussi t'aimait d'absolument tout son être. Et c'est peut être pour ça qu'elle n'est pas venue t'en parler. Elle ne voulait pas te faire souffrir avec un tel sujet, elle savait que tu allais la retenir, et elle, elle avait déjà fait son choix." Miaula doucement Rapace des Monts, avant de coller sa tête contre l'épaule de Soleil du Matin. "Tu es si courageux de rester debout après ça tu sais. Je suis sûr qu'elle est fière de toi."