La féline blanc et brune s'était installé prêt de l'antre de son père. Peut-être parce qu'il restait encore un peu de son odeur, de sa présence, mais elle était incapable de se l'avouer. Elle n'avait jamais vraiment su comment elle était censé comprendre tout ça, les conséquences de ses choix...
Là, allongé sur le sol, elle observait ses petits jouer au centre du camp, ignorant tout ce qu'il se passait. Désormais, tout le clan était amaigri, faible, et elle avait peur pour ses enfants. Soupirant légèrement, elle héla d'un geste de la queue sa soeur qui passait là.

-Salut ! Comment tu vas ?

Union du Fleuve soupira bruyament, comme si cela allait arrêter la féline. Bien qu'il savait que c'était perdu d'avance.

-Non, je ne veux pas jouer avec toi, et non mes yeux ne sont pas malade, ils sont vairons, c'est comme ça, je suis né avec.

Elle avait entendu de nombreuses histoires sur les meneurs, caché dans l'antre des anciens faibles et amaigris, discrètement derrière l'entrée alors que ses frères et soeurs sans noms leurs posaient des questions. Mais elle, elle n'en avait jamais connu. Un jour, elle avait même demandé à sa mère si c'était Cobra, la meneuse, mais en voyant le pelage de sa mère se gonfler, elle avait compris. Un meneur n'affame pas ses camarades, il ne les tuent pas, il ne les soumets pas. Et elle, elle avait juste compris la faim. La mort, elle là voyait tout les jours, les corps des camarades que Cobra avait laissé et qu'on ne pouvait pas enterrer. La résilience des nuiteux qui ne pouvaient qu'attendre de mourir. Elle s'était dit que c'était normal. Mais lorsque sa soeur avait commencer à mourir de faim, lorsqu'elle avait vue la féline branche constellé de crème et de brun faible et recroquevillé sous le regard désespéré de Nuage d'une Berceuse, elle avait compris que ça, ce n'était pas normal. La souffrance. Si la mort et la résilience faisait partit de son monde, elle découvrait la souffrance.
Sortant de la pouponnière comme pour fuir cette réalité, Petite Terre s'était dirigé vers la seule tanière vide. Elle n'avait jamais vue personne y aller à part Nuit d'Obscurité. Elle savait que c'était ici qu'avait dormis le dernier meneur nuiteux.
Alors, elle s'y approcha, doucement, prudemment, avant de s'arrêter à côté d'un gros chat. Elle reconnut son odeur, il était avec ses enfants dans la pouponnière, mais elle était incapable de se souvenir de son nom, bien trop compliqué pour elle.

-Est-ce que je vais mourir si j'entre à l'intérieur ?

Demanda-t-elle alors de but en blanc en montrant la tanière d'un signe de tête.

Nuage d'une Berceuse baissa un instant la tête. Bien sure que ça n'allais pas, personne n'allait bien dans ce foutu camp à part les chatons qui ne comprenaient pas ce qu'il se passait.

-C'est vrai que tu avais un mentor tellement extraordinaire en plus.

Rétorqua-t-elle le regard malicieux. Elle ne parvenait pas, ou ne voulait pas, rester sérieuse. Elle ne supportait pas cette atmosphère froide et elle voulait l'égaillé. Elle envoya tout de même un regard noir à Union du Fleuve pour appuyer ses propos.

-Comment est-ce qu'on à pu en arriver là sérieux ?

Le contact des pattes de la féline sur les siennes eurent une réaction instantanée. Il se redressa, se décalant de justesse pour ne pas retomber sur Petit Linnée. Il lui envoya un regard noir.

-Parce que j'aime pas les chatons, okay ? Fiche moi la paix maintenant !