Corniche

Rappel du premier message :

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Ce matin-là, Griffe d’Ardoise avait fait sa toilette plus soigneusement que jamais. Le poil lustré - au point que chaque striure et chaque moucheture semblait jaillir de son pelage comme un dessin abstrait – elle s’était postée à l’entrée du camp, guettant silencieusement le retour de son père. Morsure du Feu était en lieu sûr, derrière les barrières d’épines protectrices de l’antre du guérisseur. Plus aucune crainte n’animait son cœur.
Aujourd’hui, était un jour grand. Un jour qui marquerait l’histoire du Clan de la Nuit.
Un sourire étranger semblait s’être coincé au coin des babines de la féline de boue et de sable, de cendre et de suie. Et lorsqu’enfin la silhouette de Kinkajou se faufila à travers le tunnel d’ajonc, ses yeux rougeoyants brillant dans la pénombre, Crevasse ne sentit aucun dégoût la submerger, mais bel et bien un frisson d’excitation parcourir sa colonne vertébrale. Aussitôt, la féline pivota sur ses talons, filant à l’autre bout du camp, pour retrouver son frère dans la tanière des guerriers, ses paupières closes feignant un sommeil profond.

« Le moment est venu, Dragon. », souffla-t-elle, son cœur battant furieusement dans sa poitrine.

Brûlant d’impatience, et pourtant également jamais plus sereine, Ardoise accompagna son frère au pied du promontoire, alors qu’au loin, l’appel de leur père retentissait dans la clairière. Fourrure contre fourrure, frère et sœur s’assirent fièrement. Le poitrail de la guerrière se bombant légèrement aux paroles de Kinkajou. Certes, ce matou n’avait rien à faire sur ce perchoir, soi-disant béni du nom d’Étoile Acharnée, mais probablement était-ce un mal nécessaire pour le futur de leur monde.
À présent plus rien ne pourrait se mettre au travers de leur chemin. Plus rien.

Griffe d’Ardoise cligna des yeux. Incrédule. Le monde autour d’elle bascula bizarrement, comme si toute sensation lui était dérobée. Horizon…Horizon Déchiré.
Non. Non non non non non non. Frappée par la foudre, Crevasse sentit à nouveau un déchirement en elle. Le monde sans dessus dessous. Le monde inversé, les couleurs criant dans ses oreilles et les sons coulant dans ses pupilles comme une pluie de magma. Incrédule, Griffe d’Ardoise regarda la foule autour d’elle, leurs sourires et leurs miaulements joyeux se distordant en des marques funèbres.

« Non non non non non. Ce n'était pas censé se passer comme ça. Tu étais censé...Tu devais choisir... », marmonna-t-elle tout d’abord, sa voix s’approchant de plus en plus d’un grondement furieux.

Sa fourrure avait doublé de volume, ses pattes tremblantes de rage, ornées de couronnes de griffes aiguisées. Trapue et large d’épaule qu’elle était, elle ressemblait en cet instant bien plus à un monstre fou aux yeux de glace et de feu qu’à un véritable chat.
Alors elle bondit, bousculant Chimère Maudite d’un violent coup d’épaule pour se retrouver nez à nez avec son géniteur.

« Es-tu vraiment aveugle à ce point ? Kinkajou, je te préviens, tu commets une grave erreur. OUVRE LES YEUX ENFIN ! Abysse du Dragon est là, ton propre sang. Il s’est battu pour vous tous. A su ramener le Clan de la Nuit à ses terres, là où vous tous étiez terrés à l’autre bout des clans, éparpillés et apeurés, la fourrure puant le sel et le poisson. Il est ce dont notre clan a besoin. Le seul qui saura nous guider. Il est le Clan de la Nuit. Et tu le sens au fond de toi. Vous le sentez tous. C’est la terre, c’est le vent, la pierre, et les pins qui le crient à nos oreilles. Si tu préfères conduire notre clan à sa perte, soit, Horizon Déchiré fera l’affaire. Mais nous sommes tous perdus. Tu fais erreur, Kinkajou. Une grave erreur. »

Toi, tu es l’ennemi du Clan de la Nuit. Incapable de voir. Tu le hais, tu me hais, parce que nous reflétons ton propre vice. Tu es faible Kinkajou. Tu as préféré nous rejeter et nous renier. Mais nous sommes là. Plus forts grâce à ta haine. Tu es notre ennemi, Kinkajou. Et quand tu retourneras à la poussière, nous serons toujours là.

OMBRE COLOSSALE

Etoile du Phoenix avait été réduit en cendre dans les flammes qui avait déchiré le ciel, cette nuit-là. Et contrairement à son prénom, il n'y renaîterait plus jamais. Son corps brûlé et méconnaissable avait été porté par Feuille d'Eucalyptus et lui-même. Voici sa seule tâche d'ancien et celle qu'il avait toujours respecté. Rendre hommage à ce chef qui avait su faire renaître le Clan de la Nuit après la catastrophe de l'Empire. Ombre Colossale l'avait porté avec honneur, respect et tristesse. Lorsqu'un chef rendait l'âme, un autre demeurait. C'était ainsi. Et Etoile Acharnée, aujourd'hui même posté sur ce promontoire, grand, fier, puissant, savait ravir le coeur endeuillé de l'infirme. Il allait choisir son lieutenant et le matou tricolore espérait quelqu'un tout aussi droit et intègre que son ancien mentor. Quelqu'un de loyal, intelligent et assidu, qui saurait faire passer son Clan avant lui-même. De nombreux candidats étaient possibles et Ombre Colossale savait à quel point Etoile Acharnée avait dû côgiter. Cependant, lorsque son nom résonna dans la combe, au lieu de la jalousie habituelle qui le rongeait, ce fut un immense soulagement et une immense joie, mêlé de surprise. L'ancien observa Horizon Déchiré, assise à son côté, qui semblait tout aussi étonnée. Sa compagne ne devait pas s'y attendre et ce fut tout naturel qu'Ombre Colossale lui glissa son museau sur son oreille en y murmurant :
- Félicitations.
Etoile Acharnée avait fait un bon choix, c'était certain. Il n'en doutait pas le moins du monde. Chacun semblait ravis et soulagés. Tous. Sauf une. Sa voix tonna comme un orage frappant droit le camp de la Nuit et Ombrage sentit ses poils se dresser, aux paroles de Griffe d'Ardoise. Qu'avait-elle ? Que pouvait-elle oser lui reprocher ? Bien sûr, la guerrière aurait préféré que ce soit son frère, Abysse du Dragon, le futur lieutenant. C'était pourtant tout tracé, dans sa tête, il était vrai qu'il aurait pu faire un bon candidat mais ce n'était pas lui.
Grondant alors en direction de la chatte, Ombre Colossale ne put s'empêcher de la défendre :
- Qui es-tu pour parlementer les choix de ton chef, Griffe d'Ardoise ? Etoile Acharnée a fait un choix, et un très bon, qui ne mettra nullement le Clan en péril. Horizon Déchiré détient tout les mérites de devenir lieutenante, tout comme ton frère, je l'admets ; Abysse du Dragon aurait pu faire un excellent chef, tout comme Coeur de Violette ou encore Nuit d'Encre. Chacun d'entre nous en est digne et s'est battu pour le Clan, ne dis pas n'importe quoi. Tu ne peux juste pas remettre en question son choix.

(Si je devais rien dire, j'éditerai x) )

« High achiever, don't you see?
Baby, nothing comes for free
They say I'm a control freak
Driven by a greed to succeed
Nobody can stop me. »

• Horizon Déchiré •

Les événements s'étaient enchaînés rapidement, bien trop rapidement au goût de la femelle tricolore, qui constatait avec effroi que le Clan s'entredéchirait sur la question de la nomination du lieutenant ; Kinkajou Carmin -ou plutôt Étoile Acharnée- l'avait choisie, elle, mais Griffe d'Ardoise ne semblait pas l'entendre de cette oreille. Elle fulminait, assurant qu'Abysse du Dragon méritait cette place, et même si la jeune chatte n'appréciait pas le guerrier pommelé, elle ne pouvait que rejoindre l'avis de sa sœur. Pourquoi elle, et pas lui ? Pourquoi, alors qu'elle avait déçu les siens peu de temps auparavant, et qu'elle figurait parmi les plus jeunes du Clan ? La décision du nouveau meneur la laissait abasourdie, si bien qu'elle entendit à peine les félicitations d'Ombre Colossale lové contre son flanc. Ce furent les feulements rageurs de ses camarades qui la tirèrent de son état second, et, le cœur battant, elle s'interposa entre son compagnon et la fille du chef sans réellement savoir ce qu'elle allait bien pouvoir dire. Horizon Déchiré passa sa queue autour des épaules du jeune ancien, puis jeta un regard incendiaire en direction de Griffe d'Ardoise ; elle voulait bien comprendre la déception de la femelle, mais de là à la rabaisser devant le Clan entier… Le regard dur, le dos bien droit, elle ignora pourtant les propos calomnieux de sa congénère et posa ses prunelles bicolores sur Étoile Acharnée, à qui elle adressa un hochement de tête respectueux. Sa voix couvrit les disputes qui éclataient dans la clairière tandis qu'elle affirmait avec détermination :

-Merci de ta confiance, je ne te décevrai pas.

"Du moins, je l'espère" ajouta-t-elle en son for intérieur, la gorge nouée. Lieutenante… La nouvelle l'ébranlait encore, si tôt après la mort d'Étoile du Phoenix qu'elle avait pour ainsi dire toujours connu à la tête de la tribu. Saurat-elle être à la hauteur ? La fierté et l'appréhension lui tordaient les boyaux, cocktail explosif qui la rendait particulièrement fébrile. Par quoi commencer, maintenant ? Devait-elle répondre aux accusations de Griffe d'Ardoise, ou laisser le chef gérer sa fille ? Optant pour cette dernière option, la guerrière décida d'ignorer les médisances et glissa une œillade curieuse en direction d'Abysse du Dragon, qui observait la scène d'un air indéchiffrable. Il ne semblait pas déçu, ni même en colère, contrairement à sa jumelle. Leurs regards se croisèrent alors brièvement et la femelle frissonna, mal à l'aise, tandis que le félin bariolé lui accordait un salut poli. Allait-il intervenir ?

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- I knew that something would always rule me
I knew the scent was mine alone.

pray to your god
cover your lies
god or guru
run for your life
cover your eyes
alphazulu
• GOUFFRE & CREVASSE •

C'était un monde qui s'écroulait sous ses pattes. Tout un univers, si proche, tout juste à portée de griffes… envolé en un instant. Tous ses efforts, balayés. Abysse du Dragon ne lâchait pas son père des yeux, et il ne cilla pas lorsque le nom d'Horizon Déchiré sortit de la gueule du nouveau meneur alors que celui-ci le fixait. Il sentit simplement sa sœur se tendre à côté de lui et la colère se fracasser dans sa poitrine, mais il n'eut aucune réaction visible ; son regard d'ambre et de glace demeura accroché à la fourrure de son géniteur, indéchiffrable. Le guerrier aurait pu souhaiter sa mort, nul n'aurait été capable de le dire ; lui-même se perdait dans la foule d'émotions qui le submergeait.

Quel gâchis. Son fils mutilé, Étoile du Phoenix mort, Golem Polaire écarté… pour ça. Avait-il fait le bon choix en écoutant sa mère et sa jumelle ? Détenaient-elles réellement la vérité ? Était-il promis à l'avenir grandiose qu'elles lui prêtaient ? Pourquoi voyaient-elles cela en lui, mais pas Étoile Acharnée ? Que devait-il faire pour mériter la reconnaissance de son père ? De son Clan ?

Les questions se bousculaient dans son esprit malmené, tandis qu'à ses côtés, Griffe d'Ardoise se démenait pour faire entendre raison au meneur. Il aurait dû devenir lieutenant, lui, et pas cette jeune parvenue d'Horizon Déchiré… Un frisson remonta le long de son échine et, se sentant observé, il tourna ses prunelles en direction de la femelle en question. Elle le regardait. De marbre, le félin lui adressa un hochement de tête, puis il reporta son attention sur sa jumelle.

-Viens, Griffe d'Ardoise, son choix est fait, miaula-t-il alors en se glissant auprès d'elle, leurs fourrures se fondant. Il n'y a rien à ajouter.

Sa queue vint s'enrouler autour de celle de la guerrière marbrée et il se détacha finalement d'elle avant de quitter la clairière sans rien ajouter, laissant derrière lui les drames et la déception.

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- I knew that something would always rule me
I knew the scent was mine alone.

Ils ne comprenaient pas. Personne autour d’elle ne semblait saisir ses propos, tous aveuglés par leur quotidien monotone, par la certitude de leur raison, par les mécanismes qu’ils croyaient être inébranlables. Incapables de sentir, de se fier à leur instinct, de voir ce qui se tenait au-delà. Griffe d’Ardoise ne savait pas si elle devait hurler pour qu’on l’entende ou les supplier pour qu’ils l’écoutent. Les paroles d’Ombre Colossales semblaient tout aussi sourdes à ses propos et la féline se sentait plus seule que jamais, leurs regards la transperçant de toute part, comme si elle était celle qui avait perdu sa tête. Alors qu’ils déviaient du chemin, avec tant de certitude que cela l’emplissait de sueurs froides.
Croisant le regard indécis d’Horizon Déchiré, Crevasse crut percevoir une lueur d’espoir, avant que les yeux vairons de la féline ne se métamorphosent instantanément, se durcissant comme le fer au soleil, miroitant les prunelles de son père. C’était comme si la folie s’était immiscée au sein du clan, médiée le discours ensorcelé de Kinkajou.
Reculant de quelque pas, Griffe d’Ardoise se ramassa sur elle-même, ses crocs se dévoilant dans un feulement- quand elle sentit brusquement une boule de chaleur familière se coller à son flanc. La femelle serra les crocs. Il n’avait pas levé une seule griffe depuis l’annonce insensée de leur père. Rien ne trahissait le tumulte qui faisait rage en lui, et pourtant, elle pouvait presque le sentir pulser sous sa peau. Une colère, qui, étrangement, sut calmer les émotions en elle. Aussitôt, ses poils hérissés se reposèrent sur sa nuque. Ses pattes se redressèrent également, son regard reprenant ses couleurs. Son frère avait espéré, ses espoirs brisés par Kinkajou Carmin. Plus jamais il ne se rattacherait à cet imposteur de père. Aucun sang souillé ne coulerait dans leurs veines. Ils étaient orphelins, et cela depuis que l’Empire avait assiégé leur chez-eux. La douleur et les épreuves seraient leur force. C’était ainsi qu’ils étaient venus au monde, ainsi qu’ils avaient vécu. Pour accomplir leur destinée, ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes.
« Qui je suis ? Vous ne comprenez pas. Il ne s’agit pas de moi. Il s’agit du Clan de la Nuit. De ce qui vient. De ce qui doit venir. Il ne s’agit pas de dignité mais de nécessité. Le Zénith est aux marches de nos montagnes, c'est l'océan qui frappe à nos portes. Le seul qui peut nous guider, c’est mon frère. C’est lui. Vous ne comprenez pas…Il ne fallait pas dévier du chemin. »
Sa voix tonnait à présent comme un gong au creux d’une vallée, creuse et énigmatique, se terminant en un presque-murmure, tandis qu’elle pivotait sur ses talons, à la suite de son jumeau.

N o m m i n a t i o n

L’ambiance était funeste, comme si le dernier souffle d’un phœnix qui ne renaîtrait pas de ses cendres avait emporté avec lui l’espoir d’un Clan. Aux yeux de Nuage de Louve, les restes du cadavre gisant au sol avaient quelque chose de bien plus effroyable que la mort du meneur en lui-même ; s’il avait eu de forts liens avec certains membres de son Clan, la violence dans laquelle il avait péri plombait la combe plus lourdement que n’importe quel orage, atterrant les esprits. De quoi remettre en perspective le forcing de la Tribu du Zénith à participer aux Assemblées et inquiéter même les plus pieux et pieuses croyant.e.s du Clan des Étoiles. Personne n’avait jamais eu envie de mourir ainsi, et à voir certains visages, le choc de cette brutale piqûre de rappel était un véritable puits de désespoir. Pour la compagne du défunt, premièrement, puis venaient ses enfants et certain.e.s apprenti.e.s découvrant comme premier visage à la mort un corps calciné et des cendres à l’odeur nauséabonde. Pour Nuage de Louve, la mort d’Étoile du Phoenix n’était qu’une passerelle vers un joug similaire : Kinkajou Carmin en était le digne successeur -et cette continuité sans contraste d’idéaux apportait quelque lissage dans la perte du meneur. Amère même dans la veillée, Nuage de Louve se demanda même si elle aurait perçu une mise en garde des ancêtres de jadis dans la calcination brutale d’un chef qui avait apposé lui-même la sentence de bannir la Tribu des Assemblées. Est-ce que les guérisseuses du Clan étaient aveugles ? Le Clan des Étoiles punnissait-il réellement cet affront ? En avait-il seulement quelque chose à secouer… ?

Puis vint le retour du nouveau chef, dans son nouveau nom, à ce nouveau poste qui, sans surprise, aurait été approuvé par les aïeux et aïeules -bien sûr que non, le Clan des Étoiles ne réprime pas ce qui se passe contre la Tribu. Il s’élança d’un air indéchiffrable sur la Corniche, appelant le Clan déjà réuni à se regrouper. Nuage de Louve pesta, se rapprochant de Nuage de Tigre pour lui marmonner à l’oreille :

« J’aurais aimé qu’il ne revienne jamais de la Cénote. »

Ce fut donc l’avènement officiel du règne d’Étoile Acharnée, avec l’aide d’Horizon Déchiré. Un choix qui surprit. Un choix qui déçut. Les sourcils de Nuage de Louve s’arquèrent. Après tous les efforts qu’Abysse du Dragon avait mis à lécher les pattes de son géniteur pour s’en faire remarquer, elle aurait pensé que cela fonctionnerait. A vrai dire, elle l’avait imaginé lieutenant, avec ce scénario terrible de le voir succéder au gré de ses caprices à son intransigeant de père. Comme une sorte de mise à l’épreuve de plus pour Étoilé Acharnée. Mais lui refuser finalement ce poste pour l’offrir à plus jeune et plus tempérée que lui, n’était-ce pas une autre façon de tester son fils ? Est-ce qu’il serait vraiment à ce point tordu ??

Si la plupart du Clan se pressa pour acclamer le nom de la nouvelle lieutenante, la réaction de Griffe d’Ardoise, l’étrange sœur d’Abysse du Dragon, elle, s’enflamma aussitôt. Ce fut un déchaînement sidéral : elle bouscula Chimère Maudite comme s’il ne s’agissait que d’une vulgaire apprentie -en même temps, vu leurs différences de morphologie, la guerrière grise et sable paraissait venue d’une autre époque et capable d’écraser la compagne d’Étoile Acharnée sans effort-, se plantant devant son père pour l’incendier. De sa gueule sortaient des torrents de stalactites, projetés comme des aiguilles pour se ficher dans la chair du matou aux yeux sanglants. L’intensité de leur échange visuel donna des frissons à Nuage de Louve dont l’attention ne parvenait plus à s’écarter une seule seconde de Griffe d’Ardoise.

On aurait dit que des crépitements d’éclairs déchiraient l’air autour d’elle et mettaient le feu à la pointe de ses longs poils. Entre deux battements de cils, tout disparut : la combe s’évanouit et le mirage d’une série de roches noires recouvertes inégalement de neige et enveloppées d’un linceul de brume oblitéra l’espace. Deux yeux brûlants étaient dardés au-dessus de Griffe d’Ardoise et, dans son dos, une ombre inquiétante s’allongeait sur le sol, dévorant le blanc manteau de neige. Le bruit s’évanouit aussi : il n’y avait plus que le grondement de tonnerre qui roulait dans la gorge de la guerrière Nuiteuse. La menace d’un orage destructeur. Le cœur battant à s’en rompre, Nuage de Louve vit avec terreur les prunelles ambrées au-dessus de Griffe d’Ardoise lentement pivoter : ils sombrèrent dans les siens et une brûlure inouïe la transperça.

Elle cria, s’arc-boutant, recula avec panique en s’agitant dans les airs.

La scène mourut quand elle atterrit. La combe était revenue, le Clan de la Nuit aussi. Et maintenant que Griffe d’Ardoise et Abysse du Dragon disparaissaient dans la faille de l’entrée du camp, les regards se tournaient vers l’origine du second scandale : elle. Avisant son pelage hérissé de peur. Ses yeux écarquillés. Haletante, elle croisa des regards, vit Nuage de Tigre la dévisager avec incrédulité, et, n’y tenant plus, elle s’élança en dérapant vers la sortie du camp, sur les traces du frère et de la sœur.

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Moi j'adore la race humaine avec du sel et du mezcal - Et sans mentir timal j'suis sentimental -
Brutal en sortie mentale - L'irréel me manie mal - Apparu un jour d'hiver - Voici l'homme-animal
Corniche - Page 8 Ecusson-52a4a19

Couronne d'Orties voyait son mentor devenir chef. Comme à son habitude, il était indécis. Kinkajou Carmin avait fait de lui le guerrier qu'il était, tant bien que mal, malgré ses nombreuses failles et nombreux défauts. Mais d'un autre côté... le nouveau meneur était étrange avec Griffe d'Ardoise. Injuste ? Difficile à dire, puisque Kinkajou était littéralement son père. Ortie ne savait pas comment il se comporterait, s'il avait des chatons, il ne se voyait donc pas faire la morale au meneur. Peut-être serait-il un père fort mauvais. Dans tous les cas, la sentence ne tarderait pas à tomber suite à l'éclat de la jumelle d'Abysse du Dragon.
Couronne d'Orties, qui s'était posté à côté de son apprentie, Nuage d'Ombre, pour ne pas la laisser seule en ce moment de deuil, sentit ses oreilles se baisser sur son crâne. Il n'était pas question de critiquer le nouveau meneur - Horizon Déchiré ne ferait pas une si mauvaise lieutenante - mais il n'était pas enclin non plus à soutenir Ardoise. Ce n'est pas la bonne méthode. S'insurger devant le clan de la sorte ne ferait pas changer d'avis Etoile Acharnée. Au contraire, tout le clan la verrait comme l'ennemie numéro un... Ce qui ne manqua pas. Gêné, Couronne d'Orties se sentit le besoin d'intervenir :

"Hum hum, Ombre Colossale, je ne suis pas sûr que nos avis soient objectifs."

Il avait dit "nos" et s'en mordit la langue ensuite.

"Mais félicitations, Horizon Déchiré."

Ombre ne comprenait pas Ardoise. Ombre pensait qu'Horizon Déchiré méritait sa place de lieutenante tout autant que n'importe quel autre guerrier. Perdue dans ses pensées elle sursauta lorsque son mentor prit la parole. Elle hésitait, devait-elle féliciter la lieutenante ou se taire ? Elle décida de la féliciter :

-Félicitation Horizon Déchiré. Miaula-t-elle simplement. Elle dressa ses oreilles et écouta la dispute.

Égide Sacrée aka Égide

« Personne ne peut retourner en arrière,
mais tout le monde peut aller de l’avant.
Et demain, quand le soleil se lèvera,
il suffira de se répéter : je vais regarder cette journée comme si
c’était la première de ma vie »

Égide n’avait adressée la parole à personne. Elle fixait son ancien chef, une boule dans la gorge énorme. Il était mort, il avait fait renaître la Nuit..mais il était mort. Et cela, elle ne l’acceptait pas.
Comment ?
Pourquoi ?
Le feu n’avait pas fait tellement de dégâts ! Pourquoi le Clan des Étoiles a laissée ses pas le guider vers une mort aussi horrible ?
Non…vraiment, Égide ne comprenait pas.
Et s’était avec un visage impassible qu’elle regardait la scène qui se déroulait devant ses yeux, Étoile Acharnée et la nomination de la jeune Horizon Déchiré pour le seconder. Une guerrière forte, elle n’en doutait pas un seule instant.
Mais, cet nomination n’était pas au goût de tout le monde. Griffe d’Ardoise s’était lever et criait haut et fort que c’est Abysse du Dragon qui doit devenir le lieutenant.
Égide savait que personne n’allait obliger Étoile Acharnée à changer et sûrement pas d’une manière aussi…puérile et égoïste.

« La parole du chef fait loi »

Elle s’attendait simplement à voir les conséquences d’un tel acte.

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Linnée Boréale aka Linnée

« Ne pleure jamais pour quelqu'un dans ta vie,
parce que ceux pour qui tu pleures ne méritent pas
tes larmes et ceux qui les méritent,
ne te laisseraient jamais pleurer »

Étoile du Phœnix…mort…Le chef droit et fort après Golem, après Cobra et l’Empire. La fin d’une ère, une page qui se tourne.
Étoile Acharnée était un chef fort, elle n’en doutait pas un seule instant. A vrai dire, une petite pointe au fond d’elle, espérait qu’elle soit choisi.

N’oublie pas que ta mère était guérisseuse !

Serait-ce le motif pour ne pas la choisir ? Sûrement…Étoile Acharnée était à cheval sur le code.

Le nom de son ancienne apprentie résonna dans la clairière et elle se tourna vers elle, complètement surprise par le choix. Non, qu’elle ne l’a pensait pas capable. Mais elle pensait qu’Étoile Acharnée allait choisir…quelqu’un de plus expérimenté !

Elle resta planter là, alors que la sœur de son compagnon se leva en furie. Elle ne comprenait pas là choix de son chef…et pensait que Gouffre ferait une meilleur meilleur lieutenant.

Elle s’avançât, passant entre les félins et se retrouva côté de son frère et d’Ombrage. Linnée était complètement écartelée, d’un côté son ancienne apprentie. De l’autre, un des félins le plus important de sa vie.
Elle soupira avant de murmurer :
- Elle aurait put le dire d’une autre façon…cela aurait sûrement mieux passée….

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Nuage Fauve aka Lion

« Il y a des moments où il est bon d'écouter sa peur et d'autres
où il est plus sage de faire comme si
elle n'existait pas »

Lion était tout autant peiné que le clan par la perte d’Étoile du Phœnix. C’était quelqu’un chose qui est arrivée sans prévenir, et un vrai manque pour toute la forêt.

Étoile Acharnée était revenus, et Lion attendait avec impatience le nom du nouveau lieutenant. Quand celui de sa mentor fendit l’air, il n’en cru pas ses oreilles au début.
Lui ? Apprenti de la lieutenante ! Et bien ça pour une surprise !

Il n’était pas du genre à aller crâner aux autres et à dire qu’il était le plus fort, loin de là. Mais il était vraiment fière que ce soir elle qui soit devenue lieutenante !

Des cris éclatèrent, mais Lion s’étirait et s’approchait de la tanière des apprentis avant de s’asseoir à l’entrée. Il préférait suivre de loin ce qu’il se passait. La seul chose qu’il avait compris, c’est que Griffe d’Ardoise n’était pas vraiment contente du choix du lieutenant.

Mais c’est quoi son problème ? C’est pas elle le chef ! Pourquoi elle remets en doute son autorité, pensa-t-il en se léchant une patte.

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“L'écriture : cet éternel dilemme entre la vie et la mort,
cette ambiguïté qui rejoint les gens dans leur instabilité la plus secrète.”

Vie & Jaspe:

La situation tournait au cauchemar. Quand la fille de ton compagnon te bouscula, tu ne pus retenir un feulement à l'égard de la grande femelle tant l'animadversion contre son père était ridicule et mal placée. Cependant, ton respect pour Étoile Acharnée était plus grand que ton exécration pour les deux jumeaux, ainsi, après avoir signifié ta colère à la jeune guerrière, tu rejoins le petit groupe qui s'était formé autour d'Horizon Déchiré ; Ombre Colossale qui léchait affectueusement l'oreille de sa compagne se raidit soudain aux paroles de Griffe d'Ardoise. Son pelage se gonfla et ses mots martelèrent les parois de roche avec violence, tu hochas doucement la tête, en accord avec ses paroles. Linnée Boréale et Couronne d'Orties, qui étaient avec la lieutenante et son amant avant toi, semblaient importunés par la situation, ne savant quel parti ils devaient prendre, ils félicitèrent tout de même la nouvelle seconde du clan de la nuit.

Abysse du Dragon était resté de marbre, il avait penché ses yeux sur Horizon Déchiré, avant d'hocher la tête et de se joindre à sa frangine. Connaissant le matou, tu t'attendais à ce que sa colère explose comme celle de Griffe d'Ardoise, mais il ne dit pas grand chose, respecta, les prunelles voilées, de déception peut-être. Au fond, tu aurais aimé qu'il exhorte sa cause au prêt du meneur, qu'enfin, il révèle sa vraie nature toxique et sordide à son géniteur, mais il n'en fit rien. Le guerrier fit volte-face, et disparu des regards curieux et brûlants de ses camarades.

Sa soeur déclama une dernière tirade qui l'aliénait à la folie pure, hurlant une prophétie inexistante, un espoir éteint. La femelle s'agitait et son regard où résonnaient psychose et névrose s'attardait quelques secondes à peine sur chaque chat du clan, entre colère et ébahissement, personne ne répondit quand elle se lança à la suite de fils déchu.

Dans un coin, tu avais repéré Nuage de Louve, les sourcils froncés, collé elle aussi, à son frère. Tu te demandas si elle aurait pu, comme la soeur d'Abysse du Dragon, s'énerver contre un chef car son frère n'était pas choisi. Mais tu te dis qu'elle était trop assoiffée de pouvoir et débordante de haine pour souhaiter la place pour quelqu'un d'autre qu'elle-même. Quelle ne fût pas ta surprise quand elle se précipita à la suite du duo maudit. Tu vis ton apprenti avancer une patte et te précipita vers lui, lui barrant le chemin.

- N'y pense même pas, grondas-tu. Il s'immobilisa soudainement. Au fil des lunes d'entrainement, Nuage du Tigre avait compris qu'il devait t'obéir, que c'était le fonctionnement d'un clan, et que tu n'hésiterais pas à lui assigner les corvées de litières et autres, ainsi, il protestait mais ne désobéissait plus. Viens, nous allons aller féliciter notre nouvelle lieutenante.

Retournant sur tes pas, tu repris la place où tu te trouvais quelques instants auparavant.

- Félicitations Horizon Déchiré, tu le mérites, tu donnas un coup d'épaule à ton apprenti, qui se devait d'apprendre le respect.

- Félicitations. cracha-t-il, avant de se tourner vers toi, c'est bon je peux aller chercher ma soeur maintenant ?

Sans attendre ta réponse, il rabattit ses oreilles sur son crâne et s'élança à la suite de la Louve, tu poussas un soupir d'exaspération, il était définitivement insupportable, vivement la fin de son entraînement.

(Que fais-tu de Tigre Esca ?? D:
À quel point le pervertis-tu ? ;-; )

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Brutal en sortie mentale - L'irréel me manie mal - Apparu un jour d'hiver - Voici l'homme-animal
Corniche - Page 8 Ecusson-52a4a19

Sans fioritures, la nomination faite Étoile Acharnée s'apprêta à sauter de son perchoir pour s'en aller s'installer dans sa nouvelle tanière, que les apprentis avaient préparé pour lui après que Neige Sibylline en soit partie pour rejoindre la pouponnière. Il serait là pour elle, et pour ses chatons, mais elle n'avait pas sa place dans l'antre du chef et il ne pouvait permettre qu'elle y reste, quand bien même il partage sa peine, quand bien même elle était sa fille. Elle devait se plonger dans le boucan des treize chatons déjà présents dans la pouponnière, il ne pouvait malheureusement en être autrement. Il allait descendre, donc, alors que le Clan entamait les clameurs en l'honneur de Horizon Déchiré, mais Griffe d'Ardoise coupa tout cela, vint s'interposer de toute sa hauteur et de toute sa force, faisant au beau milieu du camp la démonstration de sa folie. Le meneur la fixa, droit dans les yeux, avec une dureté qui aurait fait frissonner quiconque n'aurait pas été son enfant et n'y étant donc pas aussi habitué qu'eux. Mais la guerrière, elle, ne s'arrêta pas, pas un instant impressionnée elle soutenait son regard comme presque jamais elle ne l'avait fait, feulant des inepties inadmissibles sans que son frère ne vienne l'arrêter. Ressortant ses histoires à dormir debout du destin d'Abysse du Dragon, le sauveur du Clan de la Nuit. Les crocs d'Étoile Acharnée se découvrirent lentement alors que son échine se hérissait, une énième fois il se demandait d'où sortait cette créature, comment elle pouvait être sa fille et si vraiment elle avait sa place ici. Aurait-il dû s'interposer quand Étoile du Phoenix l'avait réintégrée au Clan ? Aurait-il dû remettre en question son récent baptême de guerrière ? Voilà qu'elle se dressait de son impressionnante carrure pour remettre en doute sa toute première décision, emportée dans ses délires… Devait-il la confier aux guérisseuses ? Devait-il en refaire une apprentie ? Devait-il tout bonnement la tenir à l'écart du Clan ? Et Abysse du Dragon qui ne disait toujours rien, l'emportant avec lui en-dehors du camp, alors que les protestations s'élevaient dans le camp. Griffe d'Ardoise outrepassait ses droits, et tous ici le savaient, tous ici le clamaient. Tous, sauf Abysse du Dragon qui se contentait de partir. Il lui faudrait lui parler. Les paroles d'Ombre Colossale résonnaient avec justesse dans la clairière tandis que le meneur restait d'un calme à faire froid dans le dos en fixant durement ses enfants. La mer envahirait la montagne, il fallait suivre le chemin, l'éternel refrain de cette folle qu'il avait mise au monde. N'aurait-elle pas pu mourir à la place de Patte Éthérée ce jour-là ?

- Couronne d'Orties, Courroux Ardent, je vous charge de vous relayer pour chaperonner Griffe d'Ardoise. Si vous pouvez l'amener à devenir une guerrière, tant mieux, sinon… Nous aviserons le moment venu. Mais qu'elle ne soit pas un instant sa propre responsable pour la lune à venir. Et que quelqu'un aille chercher Nuage de Louve et l'amène dans l'antre des guérisseuses. L'assemblée est terminée.

Il ne sentait pas le besoin de justifier sa décision quant à Horizon Déchiré, nullement remise en cause selon lui par les élucubrations de sa tarée de fille. Il admettait qu'Abysse du Dragon l'aurait mérité, comme de nombreux autres, et c'était bien parce qu'il y avait tant de félins méritant au sein du Clan de la Nuit qu'il avait pris le temps de mûrir son choix et de considérer chacun. Son choix s'était arrêté sur Horizon Déchiré, et il n'était pas question que quiconque vienne le remettre en question. Griffe d'Ardoise était juste… à part, comme elle l'avait toujours été.

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* Cœur de Violette *

Etoile du Phoenix était mort dans un incendie des plus mystérieux. Et avec cela, le Clan de la Nuit était en deuil. Coeur de Violette avait toujours connu Etoile du Phoenix comme chef. Il avait rassemblé le Clan de la Nuit après le siège de l'Empire, et avait su lui rendre sa grandeur que seuls les anciens pouvaient se souvenir. Coeur de Violette était perdue, sans cette figure familière sur le promontoire. Mais à présent, c'était Kinkajou Carmin qui prenait les rênes de leur Clan.

Lorsque Kinkajou Carmin revint de la Cénote, sous le nom d'Etoile Acharnée, tous les chats étaient fébriles alors qu'ils attendaient le choix du nouveau lieutenant. Cela serait mentir de dire que Coeur de Violette ne l'était pas, mais elle semblait tout de même moins impatiente que Abysse du Dragon, ou même sa soeur, Griffe d'Ardoise. Puis, finalement, Etoile Acharnée monta sur le promontoire. Son regard passa de chat en chat, comme s'il continuait de réfléchir. Puis finalement, il annonça son choix. Le nouveau lieutenant du Clan de la Nuit serait Horizon Déchiré.

Cœur de Violette fut surprise de ce choix. Elle aurait pensé que Etoile Acharnée choisirait un autre type de guerrier. A une époque, elle aurait été jalouse, ou même furieuse, mais aujourd'hui, elle était juste heureuse pour Horizon Déchiré. Elle le méritait, plus que n'importe quel autre chat. Elle avait fait des erreurs, et en était ressortie plus forte et plus loyale encore. Mais ce ne fut pas la pensée de chaque guerrier. Griffe d'Ardoise feula, enragée du choix, et partit avec Abysse du Dragon. Cœur de Violette fouetta l'air de sa queue, agacée. De quel droit osait-elle contester le choix de leur chef ? Puis, ce fut Nuage de Louve à faire une crise au milieu du camp, avant de suivre le frère et la sœur comme si de rien n'était.

Cœur de Violette s'approcha alors d'un pas décidé vers Horizon Déchiré et le petit groupe qui s'était formé, et miaula :

"- Félicitations Horizon Déchiré. Tu le mérites, peu importe ce que peuvent dire les cervelles de moineau."

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| Jugement |
De Golem Polaire et Quetzal

À peine avait-il fini sa discussion avec Horizon Déchiré que la voix de Cœur de Violette l'appelant avait transpercé la ravine. Aussitôt alerté, il avait quitté son antre, flanqué de sa lieutenante, pour aller voir de quoi il en retournait. La sœur d'Ombre Colossale avait en effet guidé sa patrouille le long de la frontière avec les terres libres du Zénith, et le Clan des Étoiles seul savait ce dont ces impies étaient capables. Arrivant à l'entrée du camp, il avait découvert Griffe d'Ardoise, Couronne d'Orties et Nuage Fauve encadrant cette sale cœur de renard de Quetzal, et Cœur de Violette n'avait pas attendu qu'il le lui demande pour exposer la situation. Ils l'avaient surprise en train de vérifier les dégâts commis par l'incendie…? Après la brève exposition effectuée par la guerrière, les choses s'étaient enchaînées très vite. Quetzal avait avoué, en clamant avoir été aidée par Golem Polaire, que l'on confirma absent de toute patrouille ou du camp au moment des faits. Où s'était-il trouvé ? Il clamait son innocence, tandis qu'Abysse du Dragon et Neige Sibylline devenaient fous, habités d'une colère grondante, l'un pour son fils, l'autre pour son compagnon, ils réclamaient justice et n'entendaient rien des arguments du guerrier nuiteux, trop soucieux de pouvoir s'attaquer à un coupable. Si bien que le reste du Clan avait dû assurer la sécurité de Quetzal, et même de Golem Polaire, face à leurs griffes vengeresses. C'était ce moment de chaos que Morsure du Feu avait choisi pour sortir de son coma. Cet événement n'eut pas le temps d'être vecteur de soulagement, on avait là le seul témoin de la scène en-dehors de Quetzal, en laquelle Étoile Acharnée n'avait aucune confiance et face à laquelle plusieurs félins prenaient la défense de Golem Polaire. Le jeune guerrier avait nombre de choses à apprendre pour se mettre à jour quant à la situation du Clan, mais il y avait plus urgent, et on lui demanda s'il avait vu Golem Polaire sur les lieux du crime que l'on avait d'abord présumé comme ayant été commis par la foudre. Encore dans les vapes, l'air perdu, Morsure du Feu fut toutefois en mesure de répondre. Oui. Sans autre forme de procès, les deux coupables furent incarcérés dans une grotte inoccupée de la ravine, sous la garde d'Œillet Sauvage, de Griffe d'Ardoise et de Couronne d'Orties. Les chatons restaient enfermés dans la pouponnière, gardés par les apprentis et Égérie des Lucioles, tandis que les vétérans, Feuille d'Eucalyptus et Ombre Colossale se retrouvaient sur le seuil de l'antre d'Étoile Acharnée. Ils y eurent une longue discussion, marquée par les hurlements de Golem Polaire qui criait au scandale. Ils finirent par ne plus y faire attention. Qu'allaient-ils faire de Quetzal ? Qu'allaient-ils faire de Golem Polaire ? Certains réclamaient la mise à mort, d'autres le bannissement pur et simple, mais qu'obtiendraient-ils en bannissant la sale garce du Zénith ? Elle avait sévi par le passé et rien ne l'avait empêchée de recommencer, qu'est-ce qui, là-bas au phare, l'empêcherait de récidiver à nouveau ? Il fut alors proposé de l'escorter jusque là-bas et d'exiger de son responsable, Margay Solaire puisqu'elle était terrienne, qu'elle soit surveillée et punie pour ses actes. Ou bien de la garder enfermée. Mais ils ne pouvaient la garder incarcérée éternellement, d'autant qu'elle serait pour eux un poids… Le soleil s'en allait dormir dans l'océan lorsqu'enfin Étoile Acharnée prit sa décision, après avoir longuement écouté ses vétérans.

- Que tous ceux en âge de chasser s'approchent du promontoire pour une assemblée du Clan. Couronne d'Orties, Griffe d'Ardoise, Œillet Sauvage, veuillez amener les meurtriers.

Le Clan de la Nuit ne mit qu'un instant à s'installer, tous attendaient le verdict, interdits face à la trahison de Golem Polaire qui avait pourtant tant fait pour effacer l'ombre de son père qui planait sur lui. Le meneur était déçu. Déçu, et profondément en colère. Mais il était le chef, il devait resté de marbre, il devait rester droit, il devait rester juste, malgré l'envie qui prenait ses griffes d'égorger ces sales assassins, comme elle prenait les griffes de ses enfants endeuillés.

- L'incendie qui, il y a quelques jours, a emporté avec lui Étoile du Phoenix et nous laisse incertains quant à l'avenir de Morsure du Feu, n'était pas dû à la foudre comme nous l'avons d'abord cru. Quetzal a avoué sa culpabilité, et pour cela, elle sera détenue dans la grotte inoccupée jusqu'à la prochaine assemblée, où nous l'emmènerons pour exposer sa culpabilité à tous. Pas un instant elle ne sera laissée sans surveillance, et il sera interdit à quiconque n'étant pas chargé de la garder de l'approcher. Puissance du Berserk, Linnée Boréale et Lueur d'Obscurité, vous irez l'annoncer à Margay Solaire, en précisant bien que cela est dû au fait qu'elle a assassiné notre meneur. Qu'il n'aille pas se faire de fausses idées. Il fit une courte pause, avant d'ajouter en grommelant : Pourquoi pas lui rappeler qu'un peu de discipline ne ferait pas de mal…

Il balaya un instant la foule du regard avant de se focaliser sur un Golem Polaire fulminant. Le regard de Neige Sibylline non loin était assassin, elle semblait prête à déchiqueter la gorge des coupables au moindre signe de faiblesse d'Étoile Acharnée, au moindre signe de changement de point de vue, et c'était à peine si Abysse du Dragon auprès d'elle la canalisait. Ou Ombre Colossale. En fait, au moindre geste du meneur, le Clan grondant de rage mettait fin à l'existence du traître et de son acolyte. Mais cela aurait été contraire au code, aussi ignoble pouvait être le geste qu'ils avaient commis.

- Golem Polaire, j'annonce ma décision devant le Clan des Étoiles pour que celui-ci l'entende et l'approuve, tu es dès à présent banni du Clan de la Nuit pour avoir porté atteinte à la vie de l'un de tes camarades, et causé la mort d'Étoile du Phoenix. Tu seras escorté jusqu'à la frontière, et ne pourras plus par la suite poser la patte sur nos terres, sinon quoi nous emploierons les moyens nécessaires pour nous débarrasser de toi. Éclat Ténébreux, Volcan Grondant, Cœur d'Écureuil et Tempête Agile, emmenez-le. Nuage d'Étincelle, Museau de Charbon s'occupera désormais de ton apprentissage.

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Ombre s'approcha et écouta. C'était des chats ?! L'apprentie pensait que c'était la foudre. Quetzal et Golem Polaire avait tué leur chef ! Elle était furieuse et sa queue battait. Soudain une idée complètement folle lui traversa l'esprit. Elle attendit la fin de l'assemblée et vit Quetzal se faire emmener dans la grotte inoccupée et les suivit très discrètement. Elle fit attention au sens du vent et les suivit. Grace à sa légèreté elle ne se fit pas remarquer. Elle sa cacha à côté de la grotte et attendit qu'ils s'en aille.

(Petite question : C'est qui qui joue quetzal ?)

[ Leks (Horizon Déchiré), mais elle est PNJ ]

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[ok, alors je peux la faire parler un peu ?]

[ Non désolée, elle appartient quand même à Leks ]

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Doucement, sans oublier cependant, la vie reprenait son cours. Combien étaient ceux qui auraient désiré que Chronos arrête sa montre fatidique, l'espace de quelques jours, le temps de faire son deuil, de se remettre péniblement de la calamité qui avait frappé le clan de la nuit, mais il n'en était rien. Le soleil continuait de se lever, et il continuerait de se coucher, comme si rien n'était arrivé. Les patrouilles avaient repris, les rires dans la pouponnière aussi, certaines choses pourtant ne trahissaient pas. Les visages fermés des guerriers, les larmes volées au coin d'un oeil éteint, les pleures le soir, les corps déambulant fantomatiques dans le camp, la peine dans les coeurs encore bien présente. Tu ne réalisais toujours pas que ton cousin n'était plus, que sa carcasse reposait entre les pins et les roches, dans le cimetière du vallon, que ce qu'il restait de son corps était dévoré par les verres et autres insectes morbides. Tu ne savais plus comment remonter le moral à Neige Sibylline, qui n'était que l'ombre d'elle-même, et si Étoile Acharnée, à son habitude, tenait la tête droite, tu savais qu'il était malheureux d'avoir perdu son meilleur et seul ami. Tu pensais aux enfants tout juste nés du défunt chef, qui grandiraient dans la peine et l'absence.

Au petit matin, en te réveillant, alors que tu t'extirpais de mondes oniriques où la mort n'existait pas, tout cela t'avais frappé à nouveau. Le ciel parme et améthyste pâle se dressait au dessus du monde, il pleurait parfois, avec les chats. Et, comme tous, tu avais patrouillé, tu avais ignoré, tu avais essayé d'oublier, en vain. Vous n'aviez pas beaucoup parlé, que dire après tout. En rentrant, tu avais rejoint ta soeur dans le camp, silencieuse. Tout s'était passé très vite ensuite. La seconde patrouille avait déboulé agrippée d'une odeur désagréable ; celle de l'ennemi commun. Tu n'avais pas eu de mal à reconnaitre la kidnappeuse de la lieutenante, Quetzal se tenait là, entre les nuiteux, le regard hagard. Elle avait confessé être responsable de la mort du meneur passé, les cris de haine, de surprise et de colère s'étaient élevés rapidement, et quelle ne fût pas la surprise générale quand Golem Polaire fût accusé des mêmes crimes.

Tu avais retenu un hoquet de dégout, ton regard printanier s'était perdu sur le camp avant de tomber sur celui du matou, tu n'arrivais pas à y croire. Tu lui avais fait confiance, tu l'avais pensé différent de son père, tu l'avais cru bon. Il s'était défendu corps et âme, avait protesté et affirmé son innocence, et toi, tu t'étais perdue. D'un côté une traitresse sans nom, meurtrière, et de l'autre, un chat que tu connaissais, qui affirmait n'avoir rien fait de mal. Mais aurait-il avoué si cela avait été vrai ? Golem Polaire reproduisait-il les schémas de celui qui l'avait enfanté, cette scélératesse était-elle vraie, où était-il seulement victime d'une erreur arbitraire ? S'en était suivi des heures de débat entre les vétérans, tous hurlaient des peines, d'un côté ou de l'autre, tu avais voté la mort pour Quetzal, et le bénéfice du doute pour Golem, qu'on l'emprisonne pour voir s'il craquait, qu'on le suive partout où il allait, qu'on le punisse a minima, qu'on demande au clan des étoiles, mais on ne pouvait pas faire confiance à la femelle. Cependant, Morsure du Feu confirma, et pourtant, quelque chose ne collait pas, tu sentais qu'il ne mentait pas. Étoile Acharnée avait réclamé le silence et la paix, pour prendre sa décision final.

Ainsi, quand l'inéprouvé capitaine monta sur la corniche, observa ses sujets en silence, la nuit tombait presque déjà. Une lueur doré qui aurait pu annoncer des beaux jours baignait dans le camp, mais l'air était lourd, lourd d'accusation, lourd de peine, lourd de rage. La première condamnation tomba, déclarant une guerre sans précédent sûrement. Tu hochas la tête avec force. Puis la deuxième. L'injustice. Un grondement s'éleva de ta gorge, comment pouvait-on faire confiance à Quetzal si aveuglement ?

- Et si elle mentait, et s'il n'avait rien fait, nous nous débarrassions d'un guerrier innocent ? Si il était là par hasard ? dis-tu à Linnée Boréale, sans qu'on ne puisse t'entendre, tu ne voulais pas tenir tête à ton compagnon comme sa fille l'avait fait avant, mais tu avais peur de ce qu'il faisait, et de ce qu'il deviendrait.

L o u v e

Don’t you dare

Il ne s’était pas écoulé deux jours depuis le retour d’Étoile Acharnée que le Clan de la Nuit sombrait dans une nuit de ténèbres et de fracas internes. Si les étoiles ne faisaient rien, il n’y aurait bientôt dans la combe plus que des touffes de poils et du sang, collant sur des pattes qu’aucune rivière ne pourrait jamais laver de leurs péchés.

Nuage de Louve ouvrir les yeux subitement lorsqu’un cri résonna dans la combe. Elle s’élança dans la combe le pelage hérissé sur son dos, ne sachant à quoi s’attendre -c’était inusuel d’être réveillé de la sorte au sein du Clan, il se passait forcément quelque chose. Son regard tomba sur le groupe de Cœur de Violette, laquelle avait l’air grave et contrariée, sa queue battante fouettant l’air nerveusement. Au milieu de la patrouille, une intruse. Nuage de Louve la dévisagea, découvrant cette silhouette rousse dont elle avait entendu parler au retour d’Horizon Déchiré. Était-ce… ? Son nom tomba, confirmant l’identité de Queztal, dont les prunelles myosotis brillaient d’un éclat provocateur, défiant quiconque de l’approcher. Pour une chatte en mauvaise posture au sein d’un camp ennemi, elle était bien tenace. S’approchant d’Étoile Acharnée et du groupe qui s’était constitué entre le meneur et Cœur de Violette, Nuage de Louve saisit des bribes de conversation et, pour la première fois depuis bien longtemps, elle sentit tous ses poils se hérisser sur son corps, la colère diluée par un sentiment de peur tel qu’il lui glaçait le sang.

Queztal, accusée du feu ayant tué Étoile du Phoenix et blessé Morsure du Feu, accusant Golem Polaire de complicité.

Le temps se disloqua, se brisant si fort que Nuage de Louve crut entendre des morceaux de verre tinter en tombant au sol. Le sol manqua de se dérober sous ses pattes et ses yeux pivotèrent vers le matou, incrédule. Comment était-ce possible ? Jamais elle ne l’aurait cru capable d’une telle perfidie. En un sens, elle découvrait un nouveau visage au félin, l’observant avec une curiosité profondément agitée ; de l’autre, il s’était fait attraper. Comment était-ce possible, encore une fois ? Et pourquoi trahir son complice ? Qu’espérait Quetzal ? Amoindrir la charge qui pesait sur ses épaules ? Nuage de Louve grogna, écartant sur son passage des chats et des chattes à coup d’épaules pour aller se camper près de Golem Polaire. Il avait l’air paniqué et perdu, répétant en boucle son innocence.

Réfléchis.

Golem Polaire était-il réellement capable de ce dont la rouquine l’accusait -et dont une partie du Clan semblait visiblement croire sans hésitation qu’il eût pu avoir cette tempe ? Mais maintenant que la surprise s’estompait et que l’incrédulité retombait, la jeune chatte perdait toute confiance en cette accusation. Déjà parce que c’était une féline connue pour ses coups bas et ses mensonges qui crachait le nom de Golem Polaire. Ensuite, et ça paraissait tellement évident, on parlait du chat qui lui avait murmuré l’inutilité de la guerre et du sang versé lors de l’Assemblée qui avait vu la Tribu du Zénith braver l’interdiction de participer face aux griffes et crocs des Clans. Le même chat qui était profondément convaincu par les idéaux pacifistes et réformistes de son père. Même s’il ne partageait pas les mêmes lignes de conduite et les mêmes croyances qu’Étoile du Phoenix, Nuage de Louve ne l’imaginait raisonnablement pas capable de tuer, ou de souhaiter la mort d’un chef, même indirectement, pour arriver à ses fins. Golem Polaire n’avait rien du criminel dont Quetzal l’accusait, et une apprentie semblait mieux s’en rendre compte que des guerriers et guerrières qui le côtoyaient depuis plus longtemps encore.

En voyant tous les regards méfiants, parfois accusateurs, parfois choqués, parfois encore écœurés qui furent adressés à son ami comme si, finalement, il avait toujours pesé sur lui la possibilité d’être un traître et d’être décevant -et que cette possibilité se révélait publiquement aux yeux de toustes-, Nuage de Louve sentit tout son être se mettre à trembler.

BANDE D’IDIOTS ! BANDE DE RATS SANS CERVELLE ! COMMENT OSEZ-VOUS LE REGARDER COMME ÇA ?!

Elle crut sentir quelque chose lui effleurer l’épaule, mais elle plongeait trop profondément dans une rage sourde pour y voir autre chose que rouge. Sentant l’adrénaline lui dévorer les pattes si intensément que ça la brûlait, elle vociféra tous crocs dehors :

« Vous êtes tous complètement séniles à croire en une ennemie reconnue du Clan ! Ça vous arrange bien de croire que Golem Polaire est coupable, après tout, hein ?! Comme c’est CONFORTABLE que le fils d’Étoile du Golem soit dangereux, hein ? »

Mais les vétérans et guerrières expérimentées du Clan furent appelé.e.s à se réunir autour de leur chef pour discuter des événements, si bien que les protestations, les insultes et les mises à mort réclamées tombèrent sans exception dans le vide, et les présumés coupables furent séparés et gardés par quelques combattant.e.s. Désolée Puissance du Berserk mais je ne serai pas l’apprentie docile et sans vague que je t’ai promis d’être. Pas cette fois. C’était une fois de trop, elle le sentait.
Nuage de Louve se montra particulièrement agressive quand on lui refusa d’abord de rester en compagnie de Golem Polaire, tant et si bien que la tension monta et qu’elle finit par obtenir gain de cause en l’absence de jugement prononcé par Étoile Acharnée. Face à Golem Polaire, elle ne décoléra pas, les yeux toujours étincelant d’éclairs et le poil ébouriffé. Morsure du Feu sortait du coma ! Les guérisseuses devaient bien avoir quelque chose à dire quant à la véracité des souvenirs après un tel choc, non ? Il avait vu deux chats ensemble et c’était tout ! C’était un saut aux conclusions ! Et peut-être que le fils d’Abysse du Dragon se méfiait aussi de Golem Polaire du fait de ses origines, non ? Quelqu’un y avait pensé, à ça ? A la possibilité d’un autre mensonge ?

Elle ne mentionna même pas l’accusation qui lui pesait dessus ; pour elle, nul besoin de confirmation. Au bout d’une éternité d’attente tendue, le meneur grimpa de nouveau sur la Corniche -les gardes assignés à Queztal et Golem Polaire les entraînèrent au pied du promontoire de roche, sous les iris incandescents du fauve qui y trônait.
Sa sentence fut l’exil.
Nuage de Louve n’en crut pas ses oreilles. Aucune délibération ! Aucune forme de procès ! Ça avait été un jugement expéditif et le Clan de la Nuit venait de traiter l’un de ses membres loyal comme un traître. Ce qu’espéraient certainement taaant de membres, hein ? Ç’en fut trop. La jeune chatte noire et blanche se colla à Golem Polaire en crachant sur les félins désignés pour l’escorter jusqu’à la frontière.

« Bats les pattes ! Feula-t-elle, les babines retroussées et les griffes sorties. Vous n’y songez pas réellement, quand même ? »

Elle tourna les yeux vers Étoile Acharnée, ne dissimulant pas la haine incommensurable qu’il lui inspirait. S’époumonant pour se donner le courage de lui tenir tête quand on voyait ce que ça avait coûté à sa fille la veille.

« C’est ça que t’appelles élever le Clan de la Nuit, Étoile Acharnée ? »

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Moi j'adore la race humaine avec du sel et du mezcal - Et sans mentir timal j'suis sentimental -
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Lorsque le masque tombe...

https://www.youtube.com/watch?v=v47KZwY5Ih0&list=PLVXimxL_FsmSp-NDEQ9sDA2JvAPVpjl2Q&index=234

Deux nuits s'étaient écoulées depuis l'incendie. Deux nuits dont Golem Polaire n'avait pas grandement profité. Sa fourrure et sa peau gardaient encore les séquelles des flammes dans lesquelles il avait plongé tête la première. Ce soir là, Griffe d'Ardoise l'avait intercepté au détour d'un aller-retour dans le camp rocheux. Une patrouille l'attendait, à la frontière zénithienne. Surement une de plus pour s'assurer que les terribles pacifistes ne nous envahissent pas. avait-il alors pensait tout bah
Mais alors que le guerrier marchait tête baissée, pensif entre les pins et les aiguilles, une odeur de souffre s'était invitée dans ses narines, remplaçant avec autorité le parfum forestier. Le jeune guerrier ne s'était pas posé plus de question, comprenant instantanément ce qu'il se tramait et avait fait cape vers la fournaise qui se propageait. Un chat se trouvait peut-être là-bas, un apprenti, ou les chatons zénithiens qu'il avait déjà vu traverser la frontière.
Mais Golem n'était tombé sur personne, tous les chats semblaient avoir pris leur patte à leur cou, jusqu'à ce qu'il voit dans cet enfer rouquine du Zénith, Quetzal. En l'apercevant, tout plein de questions étaient venues à l'esprit de Golem, mais le temps s'était fait bien trop pressant pour se perdre dans un interrogatoire. C'est pourquoi au lieu de la confronter sur sa présence ici, le nuiteux avait donné toutes les indications à la zénithienne pour qu'elle puisse rejoindre son territoire en esquivant les flammes, lui pointant bien l'endroit à suivre. Une fois s'être assuré, que personne ne demeurait dans la zone, le guerrier s'était enfui à son tour avant que la fumée ne l'asphyxie définitivement et que le feu ne brûle l'intégralité de sa robe tricolore.

Quelle merde tu fais ! pesta le matou encore frustré par sa propre incompétence. Il s'était assuré que cette parcelle de la forêt ne cachait aucun nuiteux en détresse, allant jusqu'à risquer sa propre vie entre les griffes enflammées d'une mort douloureuse. Tout cela pour quel résultat ? Pour rater son chef et son camarade ? Le premier y avait perdu la vie et le deuxième était dans le coma désormais. Non Golem ne débordait pas d'amour pour ces deux chats, c'est à peine s'il les tolérait en réalité. Mais son devoir était de protéger ses camarades, et il y avait manqué...
De la culpabilité, des brûlures encore à vif, de nombreuses tâches pour compenser les dégâts de l'incendie, un cocktail ne laissant que peu de place au repos et à la récupération. La fatigue pesait sur Golem Polaire, un voile épais et invisible, alourdissant le matou, gagnant en poids à chaque pas. Pourtant, et alors qu'il jurait que la journée ne pouvait être pire, le destin décida de lui prouvait, qu'avec un peu d'effort et d'imagination, son monde pouvait s'effondrer.

Des cris brisèrent le silence si caractéristique des montagnes, et la foule commença a se tasser devant l'entrée de la ravine. Jouant des épaules pour se frayer un chemin vers le centre, le guerrier finit par reconnaitre la mine rousse de Quetzal !
Par tous les clans et ceux des temps anciens, que faisait-elle là ?! Golem Polaire s'était bien gardé de rapporter la présence de la zénithienne aux frontières le jour du drame. Si quelqu'un venait à l'apprendre, la guerre serait à coup sûr déclarée. Les tensions entre le Zénith et la Nuit ne pouvaient être plus tendues, le mâle tricolore s'était épargné un tel risque. Des bribes de conversation se faufilaient jusqu'à ses oreilles, en dépit du vacarme assourdissant produit tout autour.

"Oui c'est moi...."

"... J'avais une mission, l'incendie en faisait partie..."

"... je n'étais pas seule, il m'a aidé"

La foule se sépara en suivant le bout de la queue de la zénithienne. Tout le monde se tourna pour regarder en direction du chat visé par Quetzal. Le temps se figea alors. Comme bloqué dans une réalité où rien ne faisait sens, Golem comprit alors, que la personne dont elle au sujet du quel elle parlait, n'était autre que lui. Ses yeux verts pastel se déformèrent sous la stupeur, et son poil se hérissa aussi vite que des oiseaux ne quittent leur perchoir.

"Pardon ? Moi ? demanda-t-il dans l'incompréhension la plus totale.

- Tu as déjà oublié le deal que l'on sait fait abruti ? Si l'un de nous tombe, l'autre le suit." cracha-t-elle en simulant une promiscuité entre eux.

Interdit devant cette scène, Golem Polaire constata après quelques secondes passées dans le brouillard, que l'intégralité de la foule nuiteuse le fixait désormais. Des dizaines et dizaines de regards tous plus méprisants et sanglant les uns que les autres. Le temps toujours suspendu, le matou vit les crocs se découvrir au ralenti, les griffes de chaque guerriers venir effriter la pierre de la ravine, et leurs pupilles se réduire à l'état de meurtrière. Ces regards... ces regards le paniquaient. Les accusations fusaient dans un rythme infernal s'accélérant à chaque seconde. Des accusations bientôt suivies d'insultes et d'intimidation physique. Au milieu de la tempête, Golem ne se sentait pas plus capable qu'un chaton découvrant le monde face à un blaireau. Impuissant, son esprit tenta tant bien que mal de se défendre et d'assimiler tout ce qui lui arrivait sur le coin du museau.

"Tu étais où y a deux jours ?! hurla un mâle dans la foule. Tu faisais quoi ?!

- Je rejoignais ma patrouille à la frontière... répliqua Golem décontenancé.

- Tu peux arrêter de mentir s'il te plait ! Il n'y a jamais eu de patrouille à cet endroit ce jour là. pesta un autre.

- Mais... Si je vous le jure, on m'y a envoyé...

-Arrête de mentir on t'a dit ! Putain t'es bien le même connard que ton père ! Tous des menteurs maladifs !"

Le brouhaha du troupeau finit par avoir raison du guerrier. Balotté dans les creux des vagues d'une mer déchainée, Golem tentait vainement de se défendre, clamant son innocence entre les bousculades et les feulements. Deux guerriers vinrent alors le sortir de ce tourbillon de haine, pour le mettre en sécurité espérait-il. Mais la réalité demeurait froide et implacable. Les deux nuiteux le jetèrent dans la petite grotte servant de prison aux félons. Quetzal connue le même sort, dans la cellule adjacente. Les nuiteux ne souhaitaient certainement pas laisser deux "acolytes" planifier leur évasion ensemble.

Au sol, à peine capable de tenir sur ses pattes, Golem Polaire sentit sa respiration devenir frénétique. Sa vision se brouilla, un son strident se mit à bourdonner dans ses oreilles. Le guerrier fort, le félin relevant tous les défis, celui n'ayant peur de rien, cette image qu'il avait souhaité se donner, celle qu'il avait embrassé toute sa vie, le matou tricolore se voyait incapable de l'assumer. Ses yeux braquaient sur lui l'effrayaient, envahissaient son esprit et sa mémoire jusqu'à la nécrose. Ses yeux ne voyaient que son père, rien d'autre. Pour ces yeux, cela même qui le jugeaient avec tant de répugnance et d'animosité, Golem Polaire était mort, laissant sa place au fantôme de son père, définitivement cette fois-ci. Ces yeux ne le lâchaient pas, même à l'abri de regard. Ces yeux étaient là, aussi insistants que malveillants. De vieux cours remontaient à son esprit. Des souvenirs de son mentor et lui, apprenant avec soin les méthodes pour chasser les angoisses et les crises. Pourtant aujourd'hui rien ne fonctionnait. Ni se focaliser sur sa respiration, ni compter, ni penser à ses proches. Rien ne marchait, tout échouait.

C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai.....

Des secondes passèrent, ou des minutes ? Des heures sûrement... Lorsqu'il releva la tête, il constata avec surprise la présence de Nuage de Louve à ses côtés. Depuis combien de temps était-elle là ? Et pourquoi ? Venait-elle l'incendier comme les autres ? Son attitude trahissait sa colère et son dégout. Lui était-ce destiné ? Son mental déjà bien fragilisé par la fatigue et les épreuves, ne pouvait supporter un affrontement avec celle qui portait tous ces espoirs. Un bourgeon dans sa vie, celui qui devait être preservé du froid et des tempêtes de l'hiver. Celui destiné à éclore pour partager au monde sa beauté et son éclat. Son bourgeon d'espoir, le maigre et unique qui lui restait.

Les deux gorilles l'ayant enfermé débarquèrent alors pour le guider au centre de la ravine. Muré dans le silence, Golem Polaire écouta attentivement le sort s'acharner sur lui, et le chef nuiteux expliquer sa décision. La foule ne formait maintenant qu'une masse informe de colère et de crainte. Le verdict est tombé, le voilà bannis pour un crime qu'il n'a pas commis.
Les claniques tonnèrent de plus en plus fort, grondant comme l'orage menaçant d'exploser dans le ciel d'un instant à l'autre. A sa droite, Louve, cramponnée à ses côtés, feulait sur un Coeur d'Ecureuil qui s'évertuait à accomplir les ordres qu'on lui avait donné. A sa gauche, Volcan Grondant, Eclat Ténébreux et Tempête Agile indiquait au condamné la sortie du clan qu'il connaissait par coeur. Ce même clan pour qui il avait sacrifié âme et santé...

Rien n'arrête jamais la marche du golem...

Un murmure portée par le vent, une voix en provenance des cieux... A ces mots, le masque de verre chuta pour se briser au sol en millier d'éclats glacés. Un masque que Golem portait chaque jour pour se protéger des autres, un ancien poids dans son quotidien. Les pattes du guerrier cessèrent de trembler et son regard émeraude se remit à brûler d'une flamme vengeresse. Avec calme, le nuiteux enlaça sa jeune camarade de sa queue soyeuse, lui léchant affectueusement le crâne, avant de s'écarter. Un sourire dernier sourire sincère et aimant en sa direction, et Golem Polaire profita d'un Coeur d'Ecureuil ne le serrant pas d'assez prêt pour bondir au pied du promontoire. Les yeux fixés sur son ancien chef, le pelage gonflé par la rage et la déception, le mâle tricolore commença à grimper le promontoire.

"C'est donc comme ça que ça se termine ? demanda Golem tout en continuant sa marche. Après tout ce que j'ai fait, après tous mes efforts, tous mes sacrifices ? Tout s'achève comme cela ? Sa voix se fit plus attristée, presque larmoyante, avant de brûler d'animosité de plus belle. Jamais vous ne cesserez de me voir comme mon père c'est ça ?! Jamais ! Je serai toujours le fils du monstre c'est ça. "Je suis comme Etoile du Golem ?" C'est ce que vous voulez m'entendre dire c'est ça ? EH BIEN C'EST VRAI ! OUI JE SUIS COMME LUI ! Oui je lui ressemble de ma façon de m'exprimer jusqu'à ma manière de manger ! Et oui je donnerai cher pour revenir à l'époque où ses règles régissaient le clan ! OUI. J'ai essayé Kinkajou, je te promets que j'ai essayé. J'ai enfouis ça au plus profond de moi. J'ai renié cette part de moi parce que je souhaitais te rendre aussi fier que tu ne l'étais de mon frère ou de ma soeur... J'ai renié cette part de moi pour que l'on m'accepte pour qui je suis. MAIS PERSONNE N'A JAMAIS FAIS CET EFFORT. Je n'ai jamais été rien d'autre que le fils du monstre aux yeux de tous, RIEN DE PLUS ! Son regard passa sur la foule, foudroyant toutes l'assistance dont le silence avait conquis toutes les bouches. Oui je n'ai jamais été rien d'autre, même dans ma fratrie, même pour ma mère, même pour notre abruti d'ancien chef... Je n'en peux plus de faire semblant. Je n'en peux plus d'être patient. J'ai sauvé le clan d'un renard, j'ai plongé dans un incendie pour voir s'il y avait des blessés, j'ai enduré vos regards toute ma vie, j'ai renié qui je suis toute ma vie pour être comme vous, j'ai sué eau et SANG pour la Nuit, et malgré ça on me rejette et m'accuse à tort ? Vous voulez à ce point que je sois un monstre ? Vous voulez que je sois LE monstre ? Très bien, vous avez gagné."

Golem prit une grande inspiration, hésitant un instant, avant de reprendre la parole :

"Je n'ai jamais collaboré avec Quetzal. Oh non je n'ai pas tué Etoile du Phoenix, non je ne l'ai pas. Je ne l'ai PAS TUER... mais qu'est-ce QUE J'AURAIS AIME L'AVOIR FAIT. Voir cette scène de mes propres yeux ! Oh oui le voir bruler dans le brasier comme j'ai brulé sous vos regards, vos insultes, et vos menaces depuis mon plus jeune âge. Le voir mourir, ainsi devait etre un spectacle des plus satisfaisants. Oui je sais que vous souhaitez la plupart ma disparition, mais sachez mes "chers camarades" que je prie la votre chaque jour depuis mes 6 lunes. J'aurais du conduire ce renard dans cette ravine pleine d'abrutis d'arriérés, bons qu'à suivre des ordres et cracher sur la moindre différence. J'aurais du le laisser dévorer vos vies insignifiantes et misérables, je suis le monstre après tout...."

Le dernier garde fou venait de sauter. Toute la frustration, la tristesse et la colère que le matou contenait, se déversait maintenant dans un déluge verbeux. Ses pattes le menèrent en haut de la corniche. Son ancien chef en face de lui, les yeux affinés comme des meurtrières, Golem Polaire s'approcha, les griffes s'enfonçant dans le sol a chaque pas. Il fallait qu'il lui demande, il fallait qu'il lui demande ce qu'il aurait du faire ? Ce qu'il aurait dû faire de plus pour être accepté ? Il devait bien avoir manqué un truc dans sa vie ? Ou avoir fait un acte particulier pour attirer la haine d'autant de monde.

Mais jamais le guerrier ne put se confier à son chef et modèle. Lui qui se sentait prêt à fondre en larme, ne vit pas dans son dos les deux vétérans se jeter sur lui et l'exécuter sans autre forme de procès... Son corps tomba du haut de la corniche pour heurter le sol avec fracas, laissant échapper un filet de sang imbibant le granit . S'approcher d'un chef après de tels déclaration ne pouvait amener à une autre conclusion....

« How dark is it in your mind?
I won't stop until I can find the dead in all of you. »
• ABYSSE DU DRAGON •

Le guerrier avait froid. Le vent qui soufflait en lui le transissait jusqu'aux os, et s'il s'était attendu à brûler de satisfaction face à la scène qui se déroulait sous son regard impitoyable, il ne ressentait rien de plus qu'un gouffre béant et gelé lui trouant la poitrine. Tout ceci ne rimait plus à rien, tant qu'Horizon Déchiré était en vie et le poste de lieutenant hors d'atteinte… Ce qu'il vivait comme une trahison ne cessait de le hanter. Comment son père avait-il pu l'écarter de la sorte ? N'était-il donc pas digne de sa confiance ? Meurtri dans son ambition et blessé par le peu d'égards que lui accordait le félin qu'il considérait comme un modèle, Abysse du Dragon n'exultait aucunement devant le spectacle offert par Golem Polaire. Il aurait dû. Mais cette démonstration pathétique le laissait de marbre, et le vétéran surveillait simplement le banni d'un œil méfiant ; il s'approchait dangereusement d'Étoile Acharnée, et personne ne semblait oser réagir. Par le Clan des Étoiles, qu'attendaient-ils tous pour l'arrêter ?

À peine cette pensée formulée, alors qu'il tâchait de la retenir depuis l'annonce, il sentit sa sœur lui échapper et bondir vers le traître qui menaçait la vie de leur père. Sans attendre une seule seconde de plus, le mâle pommelé la suivit dans son élan, son estomac se serrant sous l'effet de la peur. S'il en voulait à Kinkajou de ne pas l'avoir choisi pour le seconder, il demeurait son géniteur. L'un de ses piliers. Le chef du Clan. C'était son rôle de guerrier, et de fils, de le protéger face aux dangers.

Griffe d'Ardoise s'élança à son tour, comme son ombre, mais dans le feu de l'action il la remarqua à peine ; ses griffes plongèrent dans la peau de Golem Polaire et il le retint par l'arrière-train pour l'empêcher de s'approcher davantage, tandis que Neige Sibylline visait sa nuque. À eux deux, les guerriers eurent vite raison de la menace ; l'effet de surprise de leur côté, ils s'abattirent sur le fautif et tout fut fini en un éclair. Avaient-ils prévu de l'achever au moment où ils s'étaient jetés sur lui de concert ? Peu importait. Le sang maculait leurs pattes, désormais, et le cadavre inerte de Golem Polaire retomba au bas de la Corniche dans un bruit mat. Abysse du Dragon le contempla avec dégoût, puis se pressa contre Neige Sibylline. Il avait indirectement tué son compagnon, le minimum qu'il pût faire, c'était de se montrer présent pour elle.

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- I knew that something would always rule me
I knew the scent was mine alone.

Quand l'apprentie revint près de la corniche elle se figea. Elle Observait Golem Polaire. Elle vit chacun des gestes de ses camarades pour le tuer. Qu'est-ce qui leurs prenaient de tuer un camarade ?! Ombre avait entendu tout les propos du guerrier et le croyait. Elle savait que Quetzal mentait, enfin elle le supposait. Elle vit le corps inerte de Golem Polaire tomber de la corniche, ça l'horrifia. Ombre était un peu timide et venait de commencer son apprentissage, mais elle prit quand même la parole :

-Je... Vous êtes des monstres ! Elle se tourna vers Etoile Acharnée et miaula d'une voix forte :

-Vous êtes tous des monstres ! Vous savez bien que Quetzal est une ennemie, elle pouvait mentir ! Si sa se trouve Golem Polaire était innocent ! Vous êtes des monstres ! Désolée Couronne d'Ortie... Elle jeta un coup d'œil en direction de son mentor. Elle fixa son regard scrutateur sur son nouveau abruti de chef et hurla :

-TU ES UN MONSTRE ! VOUS ÊTES TOUS DES MONSTRES ! Peu importait les conséquences, elle disait ce qu'elle pensait de son clan et de son chef.

☆ Lueur d'Obscurité ☆

Tout s'était enchaîné trop vite, sans un instant de répit. La mort de Etoile du Phoenix fut brutale, alors qu'il fut happé par les flammes. Sa veillée, on ne peut plus fugace, à côté du temps qu'avait mis les guérisseuses et les anciens à ce que le corps de leur meneur soit présentable. L'élection du nouveau lieutenant, avec les protestations, passée en un clin d'œil. Et puis, une patrouille arriva avec Quetzal, et tout le monde de Lueur d'Obscurité se brisa autour d'elle.

Qu'ai je fait ?

Pourquoi eux ?

Pourquoi mes chatons ?

C'était les seuls pensées qui résidaient dans l'esprit de Lueur d'Obscurité. Pourquoi les avait elle tous condamné à une vie de souffrance et de trahison en s'unissant à Etoile du Golem ? Peut être que si Golem Polaire ne ressemblait pas tant à son père, il n'aurait pas eu l'idée de faire une chose aussi horrible. Mais après tout, il restait encore une possibilité, celle que Quetzal ne racontait que des mensonges. Mais vint alors le témoignage de Morsure du Feu, et Lueur d'Obscurité baissa alors les yeux vers ses pattes. Elle avait donné la vie à des chats maudits par les étoiles.

Elle releva brièvement les yeux quand son nom fut prononcé par Etoile Acharnée. Elle allait devoir mener Quetzal dans le Zénith. D'ordinaire, elle aurait été honoré que le chef lui donne une telle responsabilité. Mais ce fut les yeux las, qu'elle hocha la tête, indifférente à cet honneur.

Il lui sembla qu'un instant passa, alors qu'elle restait assise au milieu de la clairière, et que finalement, une patrouille essaya de conduire Golem Polaire à la sortie du camp. Lueur d'Obscurité ne releva même pas les yeux, honteuse. Honteuse des décisions de son fils, honteuse de ses propres décisions, et d'elle-même. Mais alors, elle entendit des feulements, et elle leva les yeux, pour voir Golem Polaire s'étant libéré de ses gardes, et montant le promontoire, les yeux enragés.

Son discours était plein de rage, de colère, de tristesse, de non dits. Et plus il parlait, plus le cœur de Lueur d'Obscurité se brisait, se détruisait. Elle aurait voulu lui hurler, lui crier de s'arrêter, de se taire, qu'elle l'aimait, et qu'elle n'avait jamais vu son père en lui. Du moins, pas comme les autres. Oui, il ressemblait à son père, mais pour sa mère, ce n'était que les belles choses qui ressortaient. Toutes ces manies qui lui avait fait fondre le cœur. Toutes ces petites choses que Etoile du Golem faisaient, et qui avaient fait tomber amoureuse Lueur d'Obscurité. Mais aujourd'hui, rien ne sortait de sa gueule, alors que Golem Polaire semblait piétiner son cœur, et l'enterrait de plus en plus profondément, pour que plus jamais il ne ressorte des tréfonds.

Puis, tout se passa au ralenti, alors que Neige Sibylline et Abysse du Dragon accoururent protéger Etoile Acharnée. Le corps de Golem Polaire tomba, tomba, pour s'écraser au sol dans un horrible bruit. Son sang vint abreuver le camp, qui semblait en demander après tant de lunes de paix.

Son corps, auparavant si beau, si grand, ressemblait désormais à tant d'autres aux yeux de Lueur d'Obscurité. Il se confondait en celui de Petite Nuit, de Patte Sombre, d'Ombre Furtive, de Fleur de Lavande, de Clarté Nocturne, de Nuage Mélodieux, de Etoile du Golem, de Poésie Lyrique, de Danse de l'Univers.

Un cri déchirant envahit alors la combe. Lueur d'Obscurité se tapit auprès du corps sans vie de son chaton, et c'est en posant son museau dans sa fourrure qu'elle se rendit compte que ce cri venait d'elle. Le Clan des Etoiles venait de lui prendre un énième chaton, un énième proche. Après l'avoir perverti, ses ancêtres lui avait volé son petit. Et alors que ses larmes noyaient le pelage de Golem Polaire, sa confiance si aveugle en les étoiles s'évanouissait, petit à petit.

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[ @Ecureuillou Juste, tout laisse présager qu'il est coupable, toutes les preuves sont contre lui, oui s'il n'y avait que la parole de Quetzal y'aurait de quoi douter mais y'a un témoignage d'un guerrier respecté du Clan qui appuie les histoires de Quetzal, alors oui en vérité il est innocent mais ça à part les chats vraiment proches de lui personne le croit et même sa mère le croit coupable + il est mort en menaçant le chef, c'est de la légitime défense de la part des guerriers qui l'ont tué, donc à toi de voir après si tu gardes cette réaction ou non pour ton personnage mais en principe il n'y a que les proches de Golem Polaire pour s'insurger de la situation ]

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