Cœur de Violette avait été fière d'être choisi dans cette patrouille. Maintenant qu'elle était entourée de ces cœurs de renards, la guerrière avait les griffes sorties, sur la défensive. Quetzal. Elle reconnaissait cette petite, elle l'avait déjà surprise en train de parler à Horizon Déchiré sur leur territoire. Un sentiment de culpabilité lui pinça le cœur. Si elle ne l'avait pas dénoncé à Etoile du Phoenix, peut être que Horizon Déchiré n'aurait pas suivi cette chatte. Et peut être que Nuage Ombragé n'aurait pas eu à souffrir.

"- Tu n'es qu'un cœur de renard d'avoir enlevé Horizon Déchiré !" Cracha la guerrière à Quetzal, la fourrure hérissée de colère.


Margay Solaire était dans les étages du phare quand il entendit plusieurs miaulements inconnus. L'odeur du Clan de la Nuit lui vint alors. Grognant, l'élu terrien descendit au rez-de-chaussée pour voir une patrouille nuiteuse, les fourrures hérissés et les regards noirs. Empêchant sa propre fourrure de se hérisser, Margay Solaire s'approcha de Etoile du Phoenix, et miaula avec politesse, ne voulant pas déclencher un combat dans le phare, où plusieurs chatons et reines étaient réfugiés.

"- Salutations Etoile du Phoenix. Que..."

Les feulements de plusieurs jeunes chats l'interrompirent. Les poils de son échine se hérissèrent quand il comprit la situation.

"- Tu as obligé cette guerrière à nous rejoindre ?" Feula Margay Solaire envers Quetzal.

Etoile du Phoenix miaula alors :

- Rendez nous Horizon Déchiré. C'est une guerrière du clan de la Nuit, elle n'a pas sa place autre part que parmi nous.

"- Tout ceci n'est qu'un malentendu." Miaula Margay Solaire au chef nuiteux. "Nous ne savions pas que Quetzal a obligé Horizon Déchiré de rester parmi nous. Il est évident qu'elle est libre d'aller où elle le veut. Ce ne sont pas les valeurs de la tribu d'obliger des chats à rester ici."

Malgré son tempérament bouillonnant, l'élu terrien était inquiet de cette situation. Leurs relations étaient déjà on ne peut plus tendues avec le Clan de la Nuit, et voilà que Quetzal venait d'en rajouter une couche. A présent, Etoile du Phoenix pouvait les croire responsable d'enlèvements.

Le guerrier avait passé une partie de la matinée avec les apprentis pour des entrainements quotidiens avant de rejoindre la pouponnière. Bien que cela faisait des lunes que ses enfants n'y étaient plus, il avait trouvé en cet endroit un lieu paisible et plein de douceur. Il adorait les chatons, c'était une certitude.
Entrant alors, il salua d'un signe de queue l'apprenti et le soigneur qui s'occupait d'eux avant de remarquer une petite boule de poil dans un coin de la pouponnière. Il était si prostré qu'il avait l'air de vouloir disparaitre sur place.
Alors, Griffe d'Agate s'avança doucement afin de ne pas l'effrayer.

-Petit Vulcain ? Tout va bien ?

Demanda-t-il alors, inquiet.

Il était une heure où l'âme du jour reprenait son du ; la faucheuse de la nuit tirait sa révérence et s'évadait vers l'horizon, discrète et silencieuse. On s'extirpait alors hors de ses mondes chimériques et fantasmagoriques qui étaient le théâtre de moments fantasques. À ce moment là, les éphémères venant de naitre allaient goûter à leur courte vie et déployaient leurs ailes de soie dans l'air du matin, ils mettaient fin à la parade nuptiale des lucioles et s'ajoutaient aux chants des merles et des passereaux. L'astre soleil n'apparaissait pas encore, mais sa parure de lumière déjà existait, elle peignait dans le ciel des couleurs violacées et effacées, une paix qui serait bientôt perturbée habitait le cosmos des vivants. Les perles d'argents de la rosée s'inventaient sur chaque brin d'herbe, chaque fleur, chaque feuille, c'était là l'odeur de l'aube qui se mêlait à celle du temps marin, salé et acre. Le sable des plages d'or était encore froid, les premières mouettes s'osaient à fendre les cieux sans encore pousser leurs cris bien singuliers. Le monde dormait toujours.

Petit Soleil prétendait ne pas s'être en aller des bras de Morphée, ses paupières à peine entrouvertes mentaient un sommeil déjà terminé. Il ne voulait pas que la journée commence, voulait rester dans la chaleur de l'antre qui le rassurait, c'est donc sa fainéantise léthargique qui le poussait au mensonge. Une petite silhouette déjà s'agitait, Petit Pluie avait ouvert grand sa mâchoire pour dévoiler deux petites crocs, son bâillement sonnait le glas du début du jour. Le mâle tacheté ne put s'empêcher de voir les prunelles de glace de son frangin s'attarder sur la belle au pelage noir, que pensait-il d'elle ? Était-il lui aussi comme attiré par quelque chose qu'ils étaient encore trop jeunes pour comprendre ?

Quand ses yeux se détachèrent de Petit Marée et sa patte vint l'agiter, le chaton de neige saupoudré de feu maugréa, il était bien trop tôt pour vraiment exister. Mais l'idée d'aventure titillait sa curiosité, encore personne n'était levé et c'était l'occasion de rencontrer un temps qu'ils ignoraient, une brèche entre la nuit et le jour s'ouvrait baillante devant eux, il était excité à l'idée de l'interdit et du secret. Quand leur soeur ouvrit les yeux à son tour, sa décision fût prise. Il s'étira nonchalamment en baillant à son tour, avant de se lever et de s'ébrouer des restes de mousse dans sa fourrure.

- Oh oui ! On va explorer le phare, ça vous dit ?

Comme l'autre, il avait murmure, pourtant son regard était pétillant d'enthousiasme, et s'il avait lancé l'idée en sachant très bien que le frère l'avait aussi, c'était parce qu'il ne voulait pas être le soldat suiveur de Pluie, c'était lui, le chef de cette fratrie, n'en déplaise à certains. Encore jeune et sans vraiment le savoir, il ressentait déjà une forme de défi, il avait besoin d'être le meilleur partout sans assoir son autorité, il voulait être tant aimé que respecté. Dans sa tête, les rouages ne s'activaient pas comme ça, les mots sortaient naturellement et les boules d'agacement n'avaient pas encore d'explications rationnelles.

Le sommet du phare avait quelque chose d'effrayant mais attirant, c'était sûrement le danger et l'interdit qui le rendait si tentant. Petit Soleil en avait vu, des chats de toutes tailles et couleurs, s'élancer dans les marches abruptes pour atteindre le promontoire du monde, souvent, il avait songé à les suivre mais s'était ravisé. Il s'était dit que, avec tous les escaliers à gravir, ses petites pattes ne le porteraient jamais jusqu'au trésor convoité. Mais il avait grandi, comme ses frères et soeurs, il ne restait que deux lunes avant leur baptême, il était tant de se lancer. Le chaton moucheté était d'ailleurs impatient de commencer son apprentissage, il était un peu pénible pour lui de se dire qu'il aurait une longue période avant de ne pouvoir fendre les eaux, c'était très clair pour lui, il serait un marin, le meilleur de la tribu. Ses yeux s'emplirent d'étoiles, symbole de son excitation grandissante.

- Super idée ! Ça doit être trop beau le matin !

NUAGE OMBRAGÉ

☆ Lueur d'Obscurité ☆

Annonce de la détention de Quetzal avec Linnée Boréale @Égide Sacrée et Puissance du Berserk  @Menace d'Orage au Zénith et à ses élus @Etoile de l'Aube

Puissance du Berserk n'avait jamais foulé le territoire du Zénith avant ce jour. L'air était beaucoup plus chargé de sel, là où celui des nuiteux était plus frais et celui de l'aube plus boisé. L'océan était également beaucoup plus proche, pas une simple ligne à l'horizon. Et leur phare... leur phare avait quelque chose de comique. Les zénithiens vivaient dans une maison de bipède, un arbre sans feuille, une tour de pierre froide et brillante à la fois. Le nuiteux leva les yeux tout là-haut, se demanda jusqu'où ils pouvaient voir de là. Aussi loin que leur montagne le permettait ? Certainement pas.
Arrivés dans le camp, Puissance du Berserk se reconcentra. Le zénith était une trop grande menace dernièrement pour se laisser distraire. A la nouvelle de la mort d'Etoile du Phoenix et de l'emprisonnement de Quetzal, certains belliqueux pourraient avoir le culot d'appeler à la libération de cette dernière. Surtout qu'Etoile Acharnée avait envoyé Lueur d'Obscurité, une mère en deuil, guérisseuse qui plus est. Donc très peu apte à se défendre en cas de tension. C'était ce pourquoi Puissance du Berserk accompagnait une guerrière tout aussi expérimentée, quoi que plus jeune, Linnée Boréale.
Lueur d'Obscurité expliqua succinctement la situation et pendant ce temps, le nuiteux resta debout en évaluant l'assemblée de zénithiens du regard, sans agressivité. Il se préparait juste à toute éventualité.

Le félin était partit avec une petite patrouille pour commencer à poser des pièges, l'idée avait énormément plut au félin qui s'était fait une joie de proposer quelques idées.
Enfin rentrée, il avait prit une proie sur le tas de gibier avant de s'installer dans camp pour la manger. Mais son regard fut alors attiré par un petit chaton crème et brun.

-T'es Petit Train, hein ?

Harfang des Neiges se laissait conduire par Odyssée du Colibri Chantant jusqu'au phare. Plusieurs chats solitaires leur avait confié que ce clan était ouvert, et serviable. Cela faisait étrange au grand chat aveugle de revenir sur les terres des Clans. A chaque moment, une senteur connue lui venait à la truffe, et lui donnait des souvenirs. Ici, c'était les souvenirs de plusieurs chatons jouant entre eux, à cette époque d'insouciance avec sa mère. Par là, c'était les senteurs d'une bataille brutale, qui lui avait donné cette grande cicatrice au travers de son flanc. Et à cet endroit... Les odeurs lui rappelaient un chat, qui resterait à jamais dans son cœur, malgré tout l'amour qu'il portait envers Colibri.

Vol et Voyage étaient heureux de découvrir le phare, et avançaient en tête, essayant de faire accélérer leurs parents en les attendant avec impatience, avant de courir de nouveau. Alors que plusieurs odeurs de chats arrivèrent à la truffe de Harfang des Neiges avant que sa compagne ne s'en rende compte, il rappela ses deux chatons, pour qu'ils restèrent derrière eux. Ses réflexes d'ancien guerrier de l'Empire restaient parfois vifs.

Rentrer dans ce grand tas de pierre nécessita beaucoup de courage au chat bicolore. L'intérieur sentait le renfermé, l'humidité, mais également le minéral froid. Malgré tout, il y rentra à la suite de Colibri. Là, il sentit l'odeur de plusieurs chats. Certains étaient méfiants, d'autres intrigués. Sa fourrure ne put s'empêcher de se hérisser un peu en sentant la peur de ses deux chatons. Il ferait tout pour protéger sa famille, coûte que coûte.

"- Bonjour." Miaula-t-il, d'une voix forte qui résonnait sur les parois du phare, ce qui le fit sursauter un peu. "Je me nomme Harfang des Neiges, et voici Odyssée du Colibri Chantant sa Liberté, et nos chatons, Vol et Voyage. Nous sommes des voyageurs et nous ne cherchons pas les ennuis. Plusieurs chats nous ont parlé de votre hospitalité. Ma compagne est âgée, et je suis aveugle, nous ne pouvons pas élever nos chatons seuls. Nous pouvons encore être utiles, malgré nos difficultés. Et nos chatons ont hâte de prouver leur valeur. Est ce que nous pouvons vous demander l'asile ?"

Mais alors qu'il miaula cela, une odeur familière lui vint. Ses oreilles se tournèrent instinctivement vers la source de cette odeur. Elle venait d'un chat qu'il connaissait, sans réellement savoir d'où. Tout ce que lui rappelait cette odeur, c'était Cobra.

Pureté de l'Âme.

Il se rappela soudainement d'où il connaissait ce chat. Depuis tout jeune chaton, il avait connu le matou. Que faisait-il ici maintenant ? Lui aussi avait trouvé l'asile auprès du Zénith ?

Corbeau Blanc hocha légèrement la tête.

-Tu veux un morceau ?

Demanda-t-il alors en désignant la musaraigne qu'il avait apporté avec lui.

Vie Brisée dans le Chaos n’était pas revenu depuis plusieurs jours. Le tout était assez inquiétant, mais que pouvait donc faire Menace d’Orage Etouffant les Etoiles ? Il avait bien demandé aux siens de tendre l’oreille et de l’avertir à la moindre trace de leur Patte, mais ils n’allaient tout de même pas enquêter sur les terres claniques.
Il est complètement instable. J’aurais dû être capable de le tuer pendant le combat, se réprimanda la Tête. Ce n’était plus possible, aujourd’hui. Il ne pouvait pas assassiner un des siens de sang froid devant toute la tribu. Et s’il était parti tuer la seconde guérisseuse nuiteuse ? Cette fois là, il ne saurait pas empêcher une invasion totale du clan de la nuit. Par toute la forêt sombre, Vie, où est-ce que tu te terres ? Incapable de dormir de peur, le félin n’avait pu contacter Fureur des Erinyes, qui à coup sûr aurait pu l’informer sur la localisation de sa Patte.
Son mauvais pressentiment fut confirmé par l’arrivée de Beauté Obscure et Tentation de l’Empire. Qui portaient en outre le corps de Vie Brisée dans le Chaos. Il retint un grognement rageur, non pas à l’intention des deux crépusculiennes. Mais qu’est-ce que t’as foutu Vie bordel de merde ? aurait-il voulu hurler. Il n’était pas en colère contre les deux nouvelles venues, mais contre le défunt. Comme si tuer une guérisseuse nuiteuse n’était pas suffisante.
Stoïque, la Tête du Zénith attendit que Echo des Cendres de Louve sorte à son tour du phare pour s’approcher. Le combattant au pelage noir était létalement blessé (non vraiment ?) et cela s’expliquait puisqu’il s’était… attaqué au meneur crépusculien. Etoile du Groseiller était mort ? C’était à la fois une très bonne nouvelle et une très mauvaise. Très bonne parce que encore une fois, les clans avaient été ébranlés par le zénith, qu’ils pensaient incapables. Par deux fois, les notres sont parvenus à tuer vos chefs. La moins bonne nouvelle était qu’une guerre se profilait très certainement à l’horizon. Menace d’Orage Etouffant était parvenu à empêcher celle contre le clan de la nuit grâce à une entente fragile avec Etoile Acharnée, mais il n’avait aucun antécédent avec Etoile Obscure.
Il avisa Tentation de l’Empire, celle contre qui il se battait lorsqu’ils étaient jeunes. Avant qu’Etoile de l’Aube ne menace de le bannir. Le clan du crépuscule était toujours un ramassis de rats stupides. Ils agiteraient leurs griffes molles à la opportunité de combat, surtout maintenant que leur chef était mort. Voir la femelle crème ici semblait tout de même peu anodin, et le laissa pensif.
Il devait s'entretenir avec la nouvelle meneuse.
“Je te présente mes plus plates excuses au nom de la tribu, Etoile Obscure. Sache que Vie Brisée dans le Chaos n’obéissait en aucun cas sous mes ordres et que ce meurtre n’était pas commandité par la tribu. Nous n’étions en rien au courant de ses plans, et je pense que tu peux comprendre, en tant que chef, que nous ne puissions pas contrôler nos guerriers dans le moindre de leur mouvement.”
Il choisit ses mots avec soin, cherchant à faire passer le message qu’un combat n’était pas dans l’intérêt d’aucune des deux parties.
“J’espère que vous vous remettrez de votre perte et que vous n’aurez pas à essuyer de combat dans les prochains jours, pour vous laisser le temps de faire votre deuil. Nous nous occuperons du corps. Merci de nous l’avoir ramené. Nous allons vous ramener à la frontière.”