Nuage de Violettes avait tout d'abord été incertaine du choix d'Etoile du Phoenix. Certes, elle ne pouvait pas continuer en changeant de mentor chaque matin, mais Abysse du Dragon ? Mais après une nuit de réflexion, elle avait réalisé la chance qu'elle avait. Le guerrier était brave, et loyal à son Clan, malgré une première mauvaise décision. Grâce à lui, le Clan de la Nuit avait vaincu l'Empire, et retrouvé son territoire original.

Le suivant avec prestance pour son premier entrainement avec lui, elle ne fut pas surprise par sa question. Le père d'Abysse du Dragon la lui avait déjà posé.

"- Je sais chasser des proies. Il y a juste cet environnement qui me complique la chasse. C'est pentu, caillouteux, et je ne le connais pas du tout. Au combat j'ai réussi à survivre à la bataille, alors je pense me débrouiller, même si ma petite taille ne me facilite pas la chose. J'ai eu beaucoup de mal contre un gros matou de l'Empire."

L'apprentie guérisseuse avait suivit sa mère jusqu'à la clairière mousseuse avec un certains entrain. Elle avait conscience que la voix qu'elle avait décidé de suivre était seulement pour sauver sa fille, que ses motivations n'étaient pas des plus sincère, mais elle restait intéressé par les connaissances emmené par le clan des Etoiles et sa mère.

-On fait quoi aujourd'hui ?

Demanda-t-elle en tournant son regard vers la féline.

Nuage de Violettes hocha la tête, heureuse de lui montrer ses capacités. Elle se tapie alors, comme si elle chassait une proie. Avec le nombre de mentors différents qu'elle avait eu, elle pensait sa technique bonne, et c'est confiante qu'elle attendit la réponse d'Abysse du Dragon.

Lueur d'Obscurité avait emmené sa fille à la clairière mousseuse pour commencer sa formation de guérisseuse. Nuage de l'Univers avait été accepté par le Clan des Etoiles, au plus grand bonheur de sa mère qui était fière du chemin choisi par sa fille.

"- Aujourd'hui je vais te montrer comment différencier et récolter les principaux remèdes. On ne sait jamais quand on aura besoin d'utiliser nos remèdes, alors il faut toujours s'assurer que les réserves soient pleines. Est ce que tu vois des remèdes qui te semblent familiers ? Tu peux te déplacer tout autour de la clairière, t'éloigner."

Le féline écouta attentivement sa mère avant de se redresser et de faire le tour de la clairière pour repérer quelques remèdes qu'elle connaissait déjà. Elle avait l'avantage d'avoir passer pas mal de temps avec Clarté Nocturne et sa mère pour les aider.
Lorsqu'elle revint vers sa mère, elle miaula :

-J'ai vue de l'Alchémille et quelques feuilles de fougères aux abords de la clairière. Il y a également de la consoude et de la camomille.

Lueur d'Obscurité hocha la tête, impressionnée par les connaissances déjà grandes de Nuage de l'Univers.

"- Tu as une très bonne mémoire ! Ton apprentissage va te sembler très simple."

La guérisseuse demanda alors :

"- Est ce que tu peux me dire ce que tu récolterais maintenant ? Et comment ?"

Lueur d'Obscurité laissa Nuage de l'Univers finir de réfléchir avant de répondre :

"- Tu as juste pour la fougère. Bien que le feuillage de la fougère est permanent, nous utilisons les feuilles pour les rhumatismes des anciens et pour nettoyer des plaies, alors nous en avons souvent besoin. Pour la consoude, ce n'est pas juste. Elle pousse toute l'année, surtout dans les belles saisons, et elle sert surtout pour les os cassés. Heureusement, nous n'avons pas souvent d'os cassé, alors mieux vaut les laisser pousser et entretenir les plants pour quand nous en avons besoin. Sache qu'on utilise les racines en cataplasme sur le membre fracturé. Par contre, nous devons ramasser l'alchémille en priorité, elle arrête les saignements et peut sauver un chat. Nous prendrons aussi de la camomille, tu connais ses vertus ?"

Les légendes cabalistiques et ésotériques que contaient les anciens aux jeunes disaient que la clairière mousseuse n'avait rien à envier à celle qu'on appelait combe sur le territoire abandonné des lunes auparavant. On aurait pu croire que de petites sylphides fantasmagories allaient apparaitre, battre de leurs ailes de soie partout dans l'endroit. Là, au milieu de la pinède funèbre, une clairière tapissée de douceur baignait dans la lumière harmonieuse. Les roches qui l'encerclaient traduisaient de temps anciens, la vie y fleurissait sûrement bien avant même que les clans ne naissent. Du sol et ce jusque sur les hautes cimes des sapins, des lianes de lierre emmaillotaient l'écorce jusqu'à l'étouffer. Quelques branches mortes jonchaient le linceul de la terre, ces squelettes de la végétation avaient été conquis, eux aussi, par l'écume tellurique à la couleur de l'émeraude. Parfois, avant que les combats ne commencent et ne perturbent le temps flegmatique, on pouvait voir une araignée travailler de ses huit pattes pour construire sa toile, ou un papillon voltiger ça et là. Le soleil entamait sa décadence directement depuis les cieux incertains pour s'effondrer partout sur la mousse, traversant les petites particules de poussières qui volaient partout, c'était la touche finale. Il était surprenant de se dire que dans ce lieu de calme et de paix, on apprenait aux jeunes à faire la guerre, comment tuer, comment arracher des mères à leurs enfants et des filles à leurs pères.

Ces pensées contradictoires s'emparaient souvent de toi lorsque tu arrivais dans la clairière. C'était une inintelligibilité que tu ne comprenais pas, mais que tu n'essayais pas vraiment de comprendre non plus. C'est l'apprentie qui cheminait à tes côtés qui t'extirpa de tes songes éveillés, en manquant de trébucher sur le sol spongieux et amolli. Tu te contentas d'une petite moue agasse, alors que Nuage de Louve commençait à tirer ses muscles au vu de l'effort qu'elle allait faire. Cela te rappela la première fois que tu avais emmené Nuage du Tigre là, le matou, habillé de son regard torve et toujours si farouche, avait vite déchanté. Il s'était bien battu, tu lui accordais, mais de jeunes apprentis comme eux n'étaient pas encore prêts à assaillir des guerriers expérimentés. Tu te demandais ce que la frangine valait. La laissant d'un côté de l'arène de fortune, tu t'assis à quelques longueurs de queue, plantant ton regard dans ses yeux aurifères.

- Attaque-moi, dis-tu, sans bouger d'un millimètre.

Si tu affichais une attitude flegmatique, la réalité était bien différente. Chacun de tes muscles était contracté, prêt à anticipé l'assaut de la féline à la dénomination canine, tu sentais ton sang érubescent s'accélérer dans tes veines jusqu'à battre jusque dans tes tympans, tes griffes n'étaient pas sorties pour le bon déroulement de l'entrainement, mais tes pattes prêtes à répéter des mouvements auxquels tu ne réfléchissais même plus, tes moustaches frémissaient d'impatience et d'excitation au vu de l'attaque prochaine, tu ne pouvais empêcher le plumeau de ta queue de frétiller à son extrémité. Dans tes iris de satin à la couleur de l'émeraude, deux fentes d'ébène basané s'étaient dessinées, fixant ton adversaire, réduisant ta vision à ce chat déjà bien grand.

Tu n'avais vu un loup qu'une seule fois dans ta vie, à l'éminence du monde dans les montagnes isolées du clan de la nuit, et tu trouvais que si elle portait bien son nom, elle était bien plus intense que la bête dite sauvage. Sur ce visage de couleur funèbre, le menton de neige rendait son regard chrysocale encore plus perçant, elle était fantôme, une ombre se faufilant depuis les tréfonds du monde, un être dont les mânes du passé guidaient les pas. Rien à voir avec la dureté de son frère, Nuage de Louve était un personnage complexe et torturé, et alors qu'elle s'élançait vers toi, tu constatas que sa force génétique s'accompagnait d'une d'agilité stupéfiante et d'une grâce mirobolante.

Son erreur fût classique, n'importe quel apprenti de son âge l'aurait faite, mais elle y mit tout son coeur. Cela ne t'empêcha pas de bondir sans effort sur le côté, laissant l'apprentie cogner son visage sur la mousse, soulevant un petit nuage mêlant lichen et poussière. Tu lui laissas le temps de se relever, mais pas celui de grogner.

- Ton idée était bonne. Sais-tu pourquoi ça n'a pas marché ?, miaulas-tu en te rasseyant calmement, entourant tes pattes de ta queue.

La réponse de Nuage de Louve anticipa déjà la question qui allait supposément suivre la première. L'apprentie élancée avait compris la mégarde qui l'avait menée dans la mousse, et non sur ta chaire, et avait avisée une nouvelle idée tout aussi rapidement. Tu ne pus empêcher un sourire satisfait de fissuré le marbre de ton visage froid et fermé, la pupille orpheline qui t'avait volé de ton sommeil il y a des lunes avait bien grandi. Il semblait que les pensées de l'aspirante se choquaient et s'entrechoquaient avec promptitude, tu croyais même voir des éclairs illuminés apparaitre en fragment de seconde dans ses yeux de miel.

Sans un mot, tu te relevas. Tu agitas ton corps, de l'extrémité de ta truffe gris perle, jusqu'à ta queue prétendant être faite de plumes, afin de chasser les morceaux végétaux qui s'étaient abdiqués à ton pelage de cendres. À nouveau, c'est dans une grâce parfaite que tu plantas ton apprentie du jour de l'autre côté de la clairière mousseuse, pour t'installer exactement en face d'elle, dans une position tout à fait similaire.

Nuage de Tigre et Nuage de Louve ne se rangeaient incontestablement pas dans la même catégorie de combattants. Le frère était puissant, grand, chargé, il serait de ces belliqueux guerriers dont la force prime sur une grande partie de chat, à lui, tu avais appris l'usage de son poids et de la vigueur, pour écraser celui qui lui ferait face dans une marre de haine et de sang. À elle, tu lui enseignerais ce qui t'avais rendue redoutée, l'agilité, la souplesse, la rapidité. On imaginait infailliblement qu'une petite chatte comme toi se jetait sur un opposant de son gabarit au combat, et pourtant, tu choisissais toujours le plus gros, afin de l'emberlificoter dans une toile de laquelle il n'arrivait pas à glisser.

Le sourire ne s'était pas débiné de tes babines, mais avait pris une teinte mesquine. En face de toi, ce n'était plus un chaton, mais bien une jolie femelle prête à tout pour te prouver son talent, cette fois-ci, tu pris une position de combat.

- Recommence.