-ALBATROS !

La voix résonnant avec violence dans ses oreilles réveilla le matou dans un sursaut paniqué. Ouvrant les yeux avec panique, il observa un instant tout autour de lui pour comprendre ce qu'il se passait jusqu'à ce qu'une silhouette difforme se dessine dans l'obscurité de la nuit.

-Qui est là ?

Miaula-t-il sans réellement comprendre ce qu'il se passait, il avait renoncer à son ange gardien en devenant soigneur, et il n'avait jamais revu des ancêtre depuis. Seul les pupilles bleu glaçante de l'intrus étaient perceptibles.

-Tu dois là sauver Océan de l'Albatros. Elle va sauter si tu ne fais rien !

L'Elu ne comprennait pas, il observa une nouvelle fois autour de lui avant de froncer le museau. Mais à peine avait-il ouvert la gueule pour demander des explications qu'on le coupa.

-La jetée rocheuse, tu dois y aller. TOUT DE SUITE.

Le ton pressent du matou mit le soigneur mal à l'aise mais il ne discuta pas. Se levant avec une certaine difficulté après la perte de sa dernière vie, il était toujours malade après tout.
Mais, sous le regard de l'étranger, il se dépêcha, dévalant les escaliers en faisant attention à ne réveiller personne. Et il se dirigea alors vers la Jetée Rocheuse en restant le plus loin possible du camp du Crépuscule où se déroulait la sanglante bataille.
Tournant dans un embranchement, il se retrouva alors rapidement devant les grands rochers sur lesquels se fracassait l'eau salé avec violence. Il n'y avait personne.

-Je ne comprend pas, il n'y a rien ici.

Mais un cris attira alors son intention et le matou s'approcha des rochers avec prudence, là, dans l'eau chaotique, une féline crème et brune se débattait contre les vagues avec violence.

-Tu dois l'aider.

Lui murmura alors l'accompagnant et, sans même réfléchir au fait qu'il était un très mauvais nageur, le matou sauta dans l'eau, se retrouvant alors complètement engouffré sous l'eau. Il remonta plusieurs fois, mais il voyait le corps de la féline bien plus loin qu'il n'y pensait. La distance était énorme. Emporté par une nouvelle vague, Albatros refit surface une nouvelle fois. Mais cette fois-ci, prêt de la féline crème, une autre silhouette se tenait, grise et blanche aux magnifique yeux ambrés. Mistral. Son père était là. Il ne comprennait pas, son père avait beau être un bon nageur, il n'avait pas put atteindre la féline à une telle vitesse !

-Pourquoi tu ne m'as pas dit qu'il était là ?

S'écria alors Océan de l'Albatros avec force, mais il rencontra les mêmes pupilles glaciales et sans émotions.

-Parce que.

Sa voix lui glaça le sang, et le matou continua à se débattre, à crier, mais les deux matous désormais sur la berge étaient trop loin pour l'entendre.

-Aide moi, aide moi je t'en pris.

-Non.

Le matou écarquilla les yeux, terrorisé avant de se retrouver une nouvelle fois sous l'eau. Il crut mourir à cet instant, son coeur lourd, les larmes aux yeux et les souvenirs joyeux. Sa gorge lui faisait mal, il devait reprendre de l'air, mais c'était impossible. Il ne savait plus où était le fond du ciel et il se perdait alors dans ce qu'il faisait. Lorsqu'il rouvrit les yeux, toujours sous l'eau, son regard se pétrifia sur la silhouette d'Ivresse des Etoiles qui l'observait avec froideur. Il le regardait mourir. Là, sous cette eau froide et fracassante. Alors qu'il parvint à remonter une nouvelle fois à la surface, le matou prit une grande bouffé d'air entre deux quinte de toux. Et se retrouva, une nouvelle fois, submerger par les vagues. Il désespérait, ses gestes se faisaient moins précis, il ne parvenait pas à voir où il allait. Il allait mourir là, c'était obligé.
Mais la silhouette réapparut, et Ivresse se mit alors à se déplacer avec aisance, et, sans vraiment savoir pourquoi, il le suivit. Jusqu'à la surface, là, prêt des rochers auxquels il s'agrippa de toutes ses forces et auxquels il parvint à se hisser.

Elle avait tué son fils. Cette phrase tournait en boucle dans sa tête alors que l'eau emportait son corps dans les abysses profondes et obscures. Elle avait tué son fils. Il n'y avait rien d'autre, pas de débat, elle n'essayait pas de fuir cette emprise des vagues se fracassant sur les pierres et emportant un peu plus son corps. Elle avait tué son fils. Les poumons brûlants, elle sentit le choc de la pierre se briser dans son dos et elle ouvrit la gueule dans un cri silencieux. Ici, dans cette jetée, sous cette eau tumultueuse, personne ne savait, personne n'entendait. Même le clan des Etoiles ne pouvait percevoir ses cris de détresse et de douleur. Elle avait tué son fils. Alors qu'un nouveau fracas vint s'exploser, des ombres apparurent, et elle sut. C'était la fin. Laissant ses yeux se révulser sans se débattre contre la mort qui approchait, elle prit une dernière inspiration, finissant alors de se noyer.

Là, une féline blanche aux yeux vairons se tenait devant elle, son pelage étoilé étincelant de mille feu.

-Je suis Aurore Nivéale, une ancienne guerrière de la Nuit.

Expliqua la féline sans même que Berceuse ne pose la moindre question.

-Tu sais pourquoi tu es ici ?

-Je suis morte.

Aucune émotion ne traversa la féline, elle était... Soulagé. Sa seule envie était de revoir ses petits décédés, de demander pardon, de... Mais, au visage de l'ancêtre, elle fit un pas en arrière.

-Non, non, non. Je ne peux pas. Je ne veux pas, laissez-moi avec ça. Laissez-moi mourir !

Son coeur s'emballa alors, et son ton calme avait disparut. C'était quoi cette malédiction à la fin ? Elle en voulait pas !

-Si cela peut te rassurer, ce sera la dernière. Je sais que tu ne les a pas toutes eu, mais votre prochain meneur aura besoins de toute ses vies.

La dernière... La cinquième et dernière vie refusé d'être donné par le clan des Etoiles à son père, donné à sa fille par ceux contre la politique de condamné une chatonne à peine né.

-Je sais que tu ne veux pas vivre, mais tu ne peux pas gâcher celle ci, elle est précieuse Berceuse de l'Univers, vraiment précieuse. Tu as encore beaucoup de choses à vivre, bien plus que tu ne le pense.

La guerrière ne répondit rien.

-Prend un peu de grandeur.

Aurore Nivéale s'approcha alors et, lorsqu'elle posa son museau sur le front de la plus jeune, elle se réveilla immédiatement dans le sable fin de la plage. Elle se redressa doucement, observant un endroit les roches d'où elle s'était jetée, et, durant une seconde, elle hésita. Elle avait tué son fils. cette phrase n'était jamais partit. Elle fit un pas, mais son regard fut attiré par une masse à ses côtés, et elle reconnu alors le pelage gris et blanc de Mistral, ce vieux chat incroyable dont le pelage était détrempé. C'était lui qui l'avait sortie de l'eau, il ne fallait pas réfléchir un temps considérable pour le comprendre. Berceuse de l'Univers s'approcha et se rendit rapidement compte qu'il était mort. Elle l'observa un long moment, sans bouger, jusqu'à ce que Océan de l'Albatros apparaisse là, ils se fixèrent alors de long instants sans rien dire, se jaugeant sans réellement comprendre.