- Mais si, c'était bien mieux. À ce rythme tu maîtriseras la chasse en à peine quelques jours.

Miaulai-je, sincère. Après avoir observé cette nouvelle prestation, j'avais été surpris de constater à quel point, en appliquant ces quelques conseils, elle était passée de médiocre à correcte. Son humilité dans sa difficulté à prendre conscience de ses propres progrès montrait qu'elle n'était pas chatte à avoir confiance en elle, et je ne pouvais que la comprendre. Mais il fallait bien constater qu'elle était capable.

Agonie Diluvienne suivit l'indication de sa camarade et repéra ainsi le rapace qui tournait dans les airs. Elle baissa ensuite le regard vers la plaine à quelques longueurs de queue, et repéra une marmotte qui s'était éloignée de sa horde et qui grignotait insoucieuse des fleurs. C'était une jeune, cela se remarquait sans mal à son comportement imprudent.

- Approchons-nous d'elle en restant à couvert, et on se prépare à l'attaque de l'aigle.

Souffla la guerrière, tout excitée à l'idée d'attraper une telle proie elle s'efforçait de garder contenance pour ne pas les trahir.

Agonie Diluvienne bondit alors que l'aigle arrivait au sol, chacune sur une aile du rapace, elle s'acharnèrent et s'accrochèrent tant bien que mal pour qu'il ne puisse retourner dans les cieux, puis, non sans difficulté, elles parvinrent à l'achever. La marmotte, blessée par les serres du prédateur, tenta de s'échapper, mais les deux guerrières l'en empêchèrent.

- Oh c'était énorme !

S'enthousiasma la guerrière, grisée.


[ Tu réponds et on s'arrête là ? ]

Nuage de Fennec acquiesça avant de s'élancer dans les fourrés, les sens aux aguets. Repérant rapidement un pinson qui picorait l'écorce d'un arbre sur une branche à mi-hauteur, elle grimpa dans un chêne voisin. À cette période de l'année, les feuilles, mortes et décomposées sur le sol de la forêt, ne risquaient pas de la dissimuler. Elle s'approcha du plus qu'elle le put avant de bondir, silencieuse, et d'achever l'oiseau en s'efforçant de garder l'équilibre. Elle descendit de l'arbre en courant le long du tronc, puis enterra sa proie entre les racines avant de se remettre en chasse. Là, elle repéra un mulot en train de gratter la terre non loin. Elle le contourna pour aller contre le vent et s'approcha à pas feutrés, le pelage de son ventre frôlant le sol, les yeux fixés sur le rongeur mais les oreilles à l'affût du moindre bruit extérieur. Elle bondit, précise, et acheva sa seconde proie, qu'elle alla mettre avec la première. Puis, consciencieuse, elle reprit sa traque, localisant rapidement sa troisième et dernière cible. Un lapin. Faisant bien attention à poser doucement les pattes, sachant que ces proies étaient particulièrement sensibles aux vibrations du sol, elle s'avança lentement, patiente, dissimulée dans les fourrés, attendant d'être suffisamment proche pour être sûre de ne pas laisser d'échappatoire à sa victime. Elle surgit des fourrés dans un bond maîtrisé et l'animal n'eut guère l'occasion de s'enfuir, achevé efficacement par l'apprenti.