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LascarSolitaires
Messages : 5107 Points de RP : 8761 Surnom : Rossy - Ross' Genre : Personnage Principal : Lascar
| Sujet: La Forêt Enflammée Jeu 1 Avr - 18:13 | |
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| | | Chimère MauditeNon-RPGistes
Messages : 389 Points de RP : 2457 Surnom : Esca. Genre : Personnage Principal : Chimère Maudite - Nuit
| Sujet: Re: La Forêt Enflammée Mar 2 Mai - 19:45 | |
| Lucifer, Forêt Noire, Fureur des Érinyes, Griffe du Crépuscule, Nuée Ardente, Sacrilège des Abysses et Écume de l'Atlantide.
Elle était comme une nymphe s'extirpant de l'eau dans un halo angélique, on aurait pu croire que des perles d'argent brillant coulaient tout le long de son corps dans un carillonnement enivrant. Elle était dotée d'une grâce qui ne cesserait jamais de te couper le souffle, comme un cygne dont les plumes fendent l'air en silence, chaque mouvement qu'elle effectuait était une valse hypnotisante. Pas une seule tache ne maculait la neige albuginée qui l'enveloppait comme de la brume de la tête au pied, pas une sauf peut-être celles sur son visage. Sa petite truffe si délicate, comme un bourgeon de rose sur laquelle tu adorais tant presser la tienne, et ses yeux, ô ses yeux auxquels tu aurais tout donné. Il y en avait un duquel perçaient des stalactites, elles dominaient un monde hivernal figé à jamais, l'autre était aussi dur que la pierre à laquelle il avait volé sa couleur. Même là, allongée et haletante, épuisée par son effort, elle était belle, si belle. « Toi petite chatte, tu t'appelles dès à présent Cerise, enfin Petite Cerise, j'espère que tu seras capable d'aller loin, et n'écoute jamais autre chose que ton instinct. » Sa voix était comme un glas à tes oreilles, elle t'hypnotisait et te faisait ressentir une vague d'amour à chaque fois qu'elle s'échappait d'entre ses côtes. Alors qu'elle nommait votre première née d'un coup de langue, tu te disais que tu étais amoureux, tant amoureux. Un amour brûlant, qui t'avais attrapé et ne voulait plus te lâcher, tu l'aimais tant que quand tu la regardais tu avais envie de pleurer, tu ne savais pas l'expliquer. Il était aussi rouge que le fruit d'après lequel était nommée ton ainée. « Jeune mâle, j'espère que tu te montreras digne du sang qui coule dans tes veines et deviendra un jour l'un des plus grand comba... guerrier que notre monde ait connu. Ton nom est Petite Corneille, en espérant qu'il se transforme un jour en un vrai nom de grand chat. » Le sang qui coulait dans ses veines était celui de l'union d'une passion interminable, même après la mort tu savais que vous continueriez d'entretenir les ardeurs qui vous avaient rapproché des lunes avant. Le second de tes enfants serait en effet un grand guerrier, tu le regarderais grandir main dans la main avec ta bien-aimée et tu le savais, car rien ne vous séparerait jamais « Petit Mythe, soit fort, je suis sûre que tu peux survivre pour devenir un jour ma fierté, et éventuellement celle de ton père, peut-être même du reste de la famille. Garde espoir, tu réussiras j'en suis certaine. » Le dernier était en fait le premier, mais sa minuscule taille et sa faiblesse malgré son pelage de l'un des plus grand prédateur laissait croire le contraire. Alors que le guérisseur l'arrachait à ta compagne, tu te précipitas vers elle, ton front se colla contre le sien doucement. Elle était brûlante, et toi aussi. Vos chaleurs corporelles s'embrassaient voluptueusement et tes yeux se fermèrent pour profiter de l'instant. Tu aurais voulu rester comme ça toute ta vie. « Tu aurais voulu oui, mais tu as choisi un autre chemin, mon amour. » Quand tu offris à nouveau ton regard au monde, ils étaient loin de toi. Les trois chatons maintenant grands marchait à côté de leur mère en riant, tu ne pouvais pas les entendre. Tu courras derrière eux, à toute vitesse, mais plus tu t'approchais plus ils s'éloignaient. Tes poumons étaient à feu et à sang, tu n'arrivais plus à respirer, bientôt, ils disparaitraient. Tu avais beau crier leurs noms, c'est comme si tu n'existais pas. Et enfin, la forêt les avala, sans un au revoir.
Lucifer s'éveilla en sursaut dans le noir. Un jour, sa mère lui avait dit que l'éternel était un mirage, mais que devait-il faire si le mirage était devenu éternel ? Il ne savait pas depuis combien de temps il était là, peut-être seulement quelques lunes, peut-être des milliers, il ne pouvait pas le deviner. Le temps passait et s'étendait, autant qu'il s'arrêtait et se figeait. Comme une araignée, ses huit pattes l'avaient doucement attrapé, lui faisant croire à la facilité avant de l'enfermer dans un cocon de toile étouffant. La nuit n'existait pas, et pourtant elle était partout. Il avait oublié la sensation du soleil sur son corps, la joie qu'amenait le retour du printemps, la lumière en elle-même. Car le soleil dans le ciel noir de la forêt sombre n'avait jamais trouvé sa place, ou peut-être était il là, mais sa mort était couverte de voluptés de fumée noire qui ne partait jamais. Lui ou une copie sombre devait être quelque part car la chaleur était insoutenable, toute la journée elle dévorait dans son pelage brun pâle, suintait tout le long de ses rayures et mouillait son pelage de transpiration salée. D'autres jours encore, ou peut-être était-ce à d'autres endroits, le froid le mordait de la pointe des pattes jusqu'à celle des oreilles et de la queue. L'ancien dit Plaisir Luciférien avait toujours faim, mais ne pouvait jamais mourir. Il avait toujours soif, il rêvait parfois de laper une flaque d'eau isolée, mais ne pouvait pas, il n'en mourait pas non plus.
Chaque jour qui passait, s'ils existaient vraiment, il pensait à sa belle. Il la savait elle aussi éteinte des terres vivantes car elle était venue lui dire au revoir. Certaines fois c'était encore cet amour oublié d'antan qui résonnait dans son coeur, parfois c'était la colère. Lucifer comprenait que le clan des étoiles fût un bien meilleur endroit pour arpenter l'éternité, là-bas, le printemps devait être infini. Il s'imaginait des arbres avec de jolies fleurs de partout, une pluie de pétale constante, des lacs sans fin, des tanières garnies et chaleureuses. Alors oui, il comprenait son choix. Mais il était en colère contre son gré. Elle aurait pu rester avec lui, les enfers les plus flamboyants auraient été doux en sa compagnie. Et puis il y avait leurs enfants, il aimait croire que c'était eux qui avaient fait basculer sa décision, qu'elle serait restée s'ils n'étaient jamais nés, que ça n'était pas une question de petit confort personnel. Il avait passé et repassé leurs moments ensemble en boucle dans sa tête, le souvenir commençait à s'effacer et le rendait fou, il ne voulait pas l'oublier, il ne pouvait pas l'oublier. Pourtant, en dehors de ses rêves qui se transformaient en cauchemars, Lucifer ne pouvait plus l'entendre. Il commençait à abandonner le visage de ses petits contre sa volonté, il se meurtrissait pour s'en rappeler. Le félon pensait parfois que dans des millions de lunes, il ne serait plus qu'un fantôme, une créature errante n'ayant jamais vécu.
Il marchait beaucoup pour ne pas s'annihiler, il avait arpenté des champs à l'herbe orange et sèche, où aucun arbre ne poussait, baignant dans le gris infini, découvert des sources où l'eau était si froide qu'on ne pouvait pas la boire, s'était promené dans des bois où le brouillard serpentait entre les branches mortes comme un prédateur lent et discret, avait marché sur une route où partout volait la cendre, s'était entaillé les pattes sur des sommets montagneux déserts, enfoncé dans des marécages noirs prêts à l'engloutir, et avait cheminé pendant des lunes entre des collines de neige noire. Cette fois-ci, une forêt se dressait autour de lui. La lumière était celle d'un incendie interminable, les flammes ne s'excentraient pas, mais ne cessaient pas de brûler pour autant. Les squelettes d'arbres carbonisés se dressaient comme des mains prêtes à saisir ceux qui oseraient s'y aventurer. Lucifer s'en fichait, il n'avait plus rien à perdre et son immortalité était une damnation sans fin possible. Il pénétra l'endroit sans ralentir ou sans accélérer, son regard pomme vide. Quand tout changea.
De derrière un cadavre végétal, s'était extirpée une ombre inconnue. Le mâle le regardait de deux yeux orange tout aussi éteint que les sien. La couleur de son pelage était très similaire à la sienne, peut-être un peu plus clair. Si le brun foncé avait choisi de balafré tout le corps de Lucifer, c'est seulement son visage et sa queue qui y avait eu le droit comme à une cicatrice. Il n'avait pas l'odeur du clan de l'aube, pas plus que celle de la nuit, encore moins du crépuscule, mais n'était pas non plus un solitaire ou un chat de bipèdes. Qui était l'inconnu à la senteur nouvelle, d'où venait-il, pourquoi était-il là, était-il mort avant lui, comment, quand ça, pourquoi ? Tant de questions s'entrechoquaient dans l'esprit du guerrier déchu, il n'avait pas vu un chat en chaire et en os depuis si longtemps il croyait presque à une hallucination. Comme il l'aurait fait il y a des années, Lucifer s'assit et bomba le poitrail.
- Salutations, je suis Lucifer, anciennement Plaisir Luciférien.
Enfin, la fin. |
| | | LascarSolitaires
Messages : 5107 Points de RP : 8761 Surnom : Rossy - Ross' Genre : Personnage Principal : Lascar
| Sujet: Re: La Forêt Enflammée Sam 13 Mai - 21:28 | |
| Ô mes petits, mes tout petits, quel est ce monde qui attend ? Quel est cette abomination dans laquelle vous grandirez ? Respirez mes petits, le monde sera bientôt purifié de ces monstres qui noircissent les âmes et la terre sur laquelle vos petites pattes frêles vont marcher. Mes petits, mes chers petits, j'ai une histoire à raconter, celle de la vengeance, celle du bien contre le mal, celle qui nous est tous exempté de réaliser : le voeux de nos ancêtres. Ils m'ont choisis. Et ils vous choisiront après moi. Vous verrez, vous serez les fidèles gardiens de ma dévotion et de ma pureté. Votre destin sera un bel avenir. cette histoire, elle commence des lunes avant votre venu au monde, elle conte les aventures d'un solitaire devenu chef. Elle conte l'histoire de notre famille. Il était grand et respecté ce chef, il était droit, fier, et donnait dans le regard des autres un certaine résilience. Tous lui faisait confiance. Pourtant, il a trahi son clan en laissant la folie s'installer, et son fils après lui à trahi son clan lui aussi. Mais vous savez, le clan des étoiles est juste et il donne une seconde chance à ceux qui le mérite réellement. Alors, ils me l'ont demandé, moi, fille de sang-mêlé, ils m'ont montré la voie vers la rédemption. Voilà ce que je fais, voilà ce que je suis, je répare les erreurs de ma famille, je corrige les fautes des autres, j'empêche la souffrance et la trahison. Mes tout petits, c'est pour vous je fais tout cela, seulement pour vous. Vous avez le droit de connaitre ce qu'est la véritable vie qui incombe un clan. C'est pour cela que, quel que soit le monde que je vous offre, je vous assure, la mort n'est pas plus douce que cette vie, mais elle est définitive au moins. Regardez mes enfants, ce soir, le monde devient un peu plus pure pour vous.
Ecume de l'Atlantide s'arrêta un instant, observant autour d'elle avant d'envoyer sa patte, toute griffe dehors, dans l'herbe fané au sol dans un feulement de rage.
Mes petits, mes tout petit. Le monde sera une paix éternel pour vous tant que le vœux du clan des étoiles sera respecté.
Elle fit alors volte face, s'attendant presque à voir Fracas du Dragon apparaitre devant ses yeux. Mais elle était seule, toujours seule. C'était une sensation qui lui était encore étrange, comme si elle se réveillerait un beau jour du cauchemar dans lequel ses ancêtres l'avaient enfermés. Pourtant, elle avait suivit leurs voix, elle les avaient laissé là guider. Et c'était ainsi qu'ils là remercier, en là condamnant à une errance solitaire éternelle.
e reviendrais mes petits, toujours, je serai là pour réparer les fautes commises. Je vous le promet.
Elle ne sut pas réellement combien de temps elle avait passé à marcher, quelques heures, quelques jours, peu importait, mais elle l'avait vue, cette forêt semblant aussi embrasé que son âme. Sa punition avait sans doute pour but d'apaiser les démons, d'oublier la colère, de se rendre compte de ses erreurs, mais chez Ecume de l'Atlantide, cela avait eu effet inverse. La rancoeur avait laissé place à une rage intense et bouillonnante, elle attendait cet instant où par n'importe quel moyen, elle parviendrait à se venger. Alors elle s'avança vers ce lieu qui luisait déjà dans son regard et, lorsqu'elle aperçut deux silhouettes, elle pensa un instant qu'elle se les imaginait, mais le plus proche parla, et, bien qu'elle n'entendit que la fin de sa phrase, elle comprit presque immédiatement. Ils étaient bien là, debout et "vivant" si elle pouvait dire.
-Salutation. Miaula-t-elle en les rejoignant sans hésitation. Le premier avait une odeur bien trop ténu pour qu'elle reconnaisse de quel clan il venait, le second en revanche... Un zénithien. Elle eu presque envie de rire à cette idée. Cette tribu, faible, innocente et pacifique comptait dans ses rangs un meurtrier... Elle ne fit pourtant aucune reflexion. Je suis Ecume de l'Atlantide. Mes enfants, mes si petits enfants, là voilà notre vengeance, là voilà notre rédemption. |
| | | Menace d'Orage EtouffantTête du Zénith
Messages : 728 Points de RP : 2660 Surnom : Ambrie Personnage Principal : Menace d'Orage étouffant les Etoiles (Z)
| Sujet: Re: La Forêt Enflammée Jeu 1 Juin - 22:21 | |
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Et l’orage gronde, l’orage menace. Il déchire le ciel, brusque la nuit de sa lumière, vole de leur superbe aux étoiles. L’orage s’impose sans même avoir à atteindre sa cible. Il vole toute la fraîcheur d’une soirée, couve comme une menace tapis derrière les montagnes, étouffe et meurtrie les moins courageux. Et quand l’orage touche… L’orage est inarrêtable. Il brûle le ciel, brûle la forêt. Il ne s’arrête jamais et son grondement se cache alors parmi les flammes. Ses éclairs se confondent au milieu de langues incandescentes. La destruction pure.Menace d’Orage aimait ce chaos. Il aimait que son nom implique un temps incertain, une seconde suspendue avant que l’orage ne se déverse. Avant qu’il ne détruise tout. Car toujours, les émotions du félin s’étaient ainsi résumées : un fil de funambule sur lequel Orage tentait de garder l’équilibre. Un instant de silence lourd, comme une gorge entravée de colère, avant qu’un feu d’émotions brutes ne se déversent dans sa poitrine. Avant que l’incendie ne se déversât sur les autres, car il était trop brûlant pour qu’Orage parvienne à le garder pour lui. La forêt enflammée résonnait de manière particulière en lui. Un écho de ses propres désirs, l’extériorisation de ses émotions. Une vague odeur de brûlait pullulait l’air, une odeur de haine et de mort. Une odeur de colère assouvie. Le ciel, aussi, flambait en nuances de rouges et d’oranges, tellement plus beau que le ciel bleu, éternel, répétitif, de leur territoire. Celui là ressemblait à une aube sanglante, une marée porteuse de mauvais présages. Porteuse d’orage. Fureur des Erinyes l’avait si souvent invité dans la forêt sombre que le terrien commençait à connaître cet obscur territoire par cœur. A chaque fois, c’était comme s’il respirait un peu mieux. Orage se sentait à sa place parmi les autres, parmi tous ces félins en colère, comme lui. Il travaillait pour devenir meilleur, pour se venger. Pour ne plus être qu’une Menace d’Orage. Margay Solaire devait le savoir. Un jour, il serait beaucoup plus que ça. Un déferlement orageux. La fureur de tous ceux que les clans avaient brisé. Un jour, il n’y aurait plus de colère en lui tant il aurait détruit le monde. Il mourrait probablement dans la foulée, heureux ou brisé. Dans sa lutte, Menace d’Orage ne croyait pas en la rédemption. Il ne croyait pas vraiment à la victoire. Bien sûr, une partie de lui se battait pour réaliser ses rêves. Bien sûr, une partie de lui s’imaginait tous les soirs victorieux. Mais le zénith saurait-il faire le poids face à trois clans ? L’Empire était tombé. Mais l’Empire n’avait pas la forêt sombre à ses côtés, soufflaient une multitude de voix errantes. Combien des siens se retrouvaient ici la nuit ? Combien des siens suaient à la tâche ? Combien des siens haïssaient les clans avec une telle intensité ? Menace d’Orage en connaissait peu, même si les rangs de son côté se remplissait. Orage n’était plus seul, depuis que Fureur des Erinyes l’avait rencontré. Et tous les jours, il œuvrait pour que ses compagnons réalisent la menace qui planait sur leurs frontières. Les enfants d’Eubora grandiraient dans cette colère, ils deviendraient des apprentis fiables, conscients de la dureté de leur monde, de la haine dont les clans suintaient. Ils seraient placés entre deux bonnes pattes, certifiait son obscure mentore. De bonnes pattes qui fouleraient ces mêmes terres que lui. En quelque sorte, son royaume. Le terrien respira à plein poumon cet air vicié par le feu. La première fois, une quinte de toux l’avait ébranlé. Désormais, il savourait cette odeur de maison. Ici, son pelage crème et gris s’auréolait d’orange sombre, mais ses yeux d’ambres perçaient la noirceur comme deux étoiles arrachées des enfers. Ils se tournèrent brusquement dans une direction, au milieu des arbres, laissant une traînée de lumière dorée. Deux crocs étincelants furent dévoilés par ses babines retroussées. Les murmures avaient changé. Ils ne lui racontaient plus diverses morbides histoires. Ils ne susurraient plus leurs désirs scabreux. Les funèbres mélodies s’étaient tues un instant avant de reprendre de plus belle. Qui est-ce ? Qui est-elle ? Nous entend-elle .. ? Elle est jeune… Prometteuse ? Plus jeune qu’Orage à son arrivée. Elle est belle.Viens ici, minette… Nous ne te ferons aucun mal ! Tu pourrais simplement nous écouter. Cela fait si longtemps que personne ne nous écoute… J’ai de jolis mensonges à te narrer. Les chants de nos guerriers noirs.Que fait-elle ici ? Qui l’a amenée ? A-t-elle trouvé la route toute seule ? Mais comment ? La fille d’une hordienne ! Vive l’Empire !Menace d’Orage n’avait rien à faire de leur rumeur semblable à une vague grondante. Elle les avait stoppés dans leur nénie, dans leurs lamentations. Il en voulait à cette inconnue d’avoir rompu le calme étrange de ces lieux. « Tu es nouvelle sur ces terres. » Etait-ce Fureur des Erinyes qui l’avait guidée à lui ? Il n’en serait pas surpris. Pour apaiser sa colère ? Qu’il se défoule sur une clanique ? Pour qu’il la tue, mettant en œuvre leur vengeance ? Les pattes de la féline apparurent avant son museau. Ombre parmi les ombres, elle leva le même regard que lui. Deux perles dorées, dures, méfiantes. Elle avait l’air si… fière. Encore petite, mais elle grandirait vite, prendrait en épaules pour satisfaire la taille d’une combattante émérite. Dangereuse. Sa stature ne trompait pas et même la fumée de la forêt n’était pas suffisante pour cacher son odeur. Une forte similaire à cette traître d’Horizon Déchiré. Le clan de la nuit. Haut sur pattes, Menace d’Orage quitta le creux de l’arbre où il regardait jusqu’alors le ciel embrasé en écoutant les plaintes des défunts guerriers. La colère monta par vagues de chaleurs entre ses griffes. Une lueur dangereuse émergea de ses prunelles. « Et tu viens du clan de la nuit, gronda-t-il. Que fais-tu ici nuiteuse ? Ces terres ne sont pas dignes de tes précieuses origines. » |
| | | BouleClan de la Nuit
Messages : 794 Points de RP : 9529 Surnom : Ecu ou (E)cusette ou Dragé. Genre : Personnage Principal : Nuage de Pénombre ♀ | N
| Sujet: Re: La Forêt Enflammée Sam 3 Juin - 15:58 | |
| L o u v e
Il n’y aurait jamais de lendemain, Nul avenir dans ce puits éternel Rien que des flammes et l’éternité de la solitude
@Apollon Rien ne semblait vouloir lui donner tort dans cette existence où elle commençait à se déliter. Ses contours s’étiolaient comme une goutte de sang tombée dans l’eau : par volutes, Nuage de Louve sentait parfois ses pensées et ses émotions arrachées à elle, se distordant autour de son corps sans plus vraiment y coller. Elle avait connu des moments d’absence depuis le décès de Douceur du Styx, aggravés au départ de Petit Renard et Petit Léopard ; son esprit se disloquait hors de sa portée, perdu dans le temps, vagabondant de ses propres pattes sur des terres où elle n’arrivait jamais à revenir consciemment. Elle se dissociait, sans peur et sans effort, sans qu’un événement particulier ne se passe -simplement lorsque l’ennui s’abattait. Il lui fallait sans cesse lutter depuis sa naissance : contre les autres et contre elle-même. Si elle voulait rester maîtresse de ses pensées, elle devait batailler contre l’évasion et se concentrer, forcer son cerveau à réfléchir. Et puis, fatiguant, elle finissait par baisser sa garde et ce qui avait été contenu jusqu’ici se mettait à fuir par le biais d’une foultitude de failles, grossies à mesure que le débit de son esprit s’écoulait. Il se mettait à gronder en-dehors d’elle, torrent en fusion, et mettait parfois quelques secondes à se rassembler -parfois plusieurs minutes.
La jeune chatte crut à une errance lorsqu’elle revint à elle, mais l’odeur de bois brûlé manqua d’abord de la faire paniquer. Le cœur battant, elle chercha de vue des mouvements et signes de ce qui se passait, et en constatant l’absence totale de félin.e.s autour d’elle, Nuage de Louve finit par réfléchir par elle-même en se croyant seule contre l’incendie. Mais en observant plus attentivement, les indices apparurent : il ne faisait pas chaud. Il n’y avait pas un bruit. Il n’y avait aucune odeur de fauve. Rien que celle, étouffante, de l’écorce calcinée, du bois réduit en cendres, des feuilles crépitantes encore. Pourtant, aucune flamme dressée véritablement devant elle… Alors elle comprit.
La Forêt Sombre.
Son deuxième voyage en ces terres nocturnes hostiles à la lumière et le réconfort. En découvrant à quel point ces lieux brûlaient d’un feu invisible mais éternel, Nuage de Louve fit le parallèle avec les monts enneigés où elle avait rencontré Nuée Ardente : à leur façon, l’épais manteau blanc embrumé comme la forêt plongée dans les lueurs ardentes étaient des prisons où nageaient les âmes égarées. Seules, très probablement. Des reflets d’émotions, peut-être même des fragments de vie et d’instants décisifs incarnés dans ces paysages torturés. Elle se mit à marcher, sans réel but, cette fois avec le sentiment étrange d’être en terrain familier -loin d’être amical, mais elle y avait rencontré un esprit et était persuadée que, si elle était là de nouveau, ce devait être parce que, comme Nuée Ardente le lui avait expliqué, son esprit voulait venir ici. La même question revint : « qu’est-ce qu’il vient y chercher ? » et encore aujourd’hui, la réponse lui manquait. C’était comme nager dans l’eau sans voir le fond : elle savait le faire, il fallait traverser, mais tout ce qui était susceptible d’arriver pendant la traversée la prendrait par surprise, arrivant sans être vu.
Ce fut le cas de la silhouette qui immergea du paysage incendiaire alors qu’elle en faisait jusqu’ici partie : l’instant d’avant invisible encore, elle se mit à brûler devant Nuage de Louve, gorgée d’une colère bouillonnante. L’apprentie sursauta et se mit aussitôt sur la défensive : elle s’attendait à revoir Nuée Ardente et sa robe d’étincelles et de craquements de lave, mais le félin devant elle n’avait rien à voir avec la défunte ténébreuse. Il s’agissait d’un jeune mâle, moins gros mais bien plus agressif (ses crocs et ses griffes en témoignait). Sa fourrure paraissait avoir roussi du même feu que les lieux, lui donnant les mêmes teintes orangées et vives, l’ombrant des mêmes ombres. Des prunelles de braise, à la clouer au sol si elle n’avait pas rencontrée Nuée Ardente un jour. S’il ne l’avait pas rabrouée comme il le fit, avec une hargne méprisante, et n’avait pas senti aussi fort, Nuage de Louve aurait été certaine qu’il s’agissait d’un esprit ; mais l’absence de… surnaturel autour de lui donnait plutôt l’impression qu’il avait vécu ici et non péri ici. La sensation était subtile mais suffisamment criante pour que l’apprentie doute. Dévisageant le matou sans se démonter, et sortant les griffes en réponse pour lui signifier qu’elle était prête à se battre contre lui, et cracha à ses paroles. C’était tellement bizarre d’être appelée « nuiteuse » avec le ton d’une insulte… ! Toute sa courte vie, elle n’avait jamais réussi à appartenir à ce Clan et voilà qu’avec sa seule odeur, ce chat la réduisait à son appartenance. Comme s’il n’y avait pas autre chose à chercher. Comme si cela disait tout d’elle… Et cela la mit en rogne, déclenchant un drôle de déclic. Je ne suis pas une nuiteuse ! S’entendit-elle enrager en son for, incapable de se reconnaître dans ce qu’il décrivait.
« Je suis une clé, un passage vers le Clan de la Nuit, mais pas une nuiteuse, » rétorqua Nuage de Louve en martelant ses derniers mots à crocs découverts.
Elle réalisait l’odeur de cet inconnu maintenant qu’elle se concentrait sur lui plutôt que sur la Forêt Sombre. L’hypothèse qu’il n’en était pas un membre mort se renforçait : il empestait comme sur une frontière très spécifique que Puissance du Berserk lui avait faite découvrir.
« Je te retourne ta question : que vient faire un chat du Zénith ici ? On vous dit pacifistes, pas le genre à fréquenter ces terres. » ___________________/_/_/ Moi j'adore la race humaine avec du sel et du mezcal - Et sans mentir timal j'suis sentimental - Brutal en sortie mentale - L'irréel me manie mal - Apparu un jour d'hiver - Voici l'homme-animal
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| | | Menace d'Orage EtouffantTête du Zénith
Messages : 728 Points de RP : 2660 Surnom : Ambrie Personnage Principal : Menace d'Orage étouffant les Etoiles (Z)
| Sujet: Re: La Forêt Enflammée Dim 4 Juin - 23:15 | |
| Comment pouvait-elle clamer ne pas être nuiteuse ? Tout la liait à ce clan, sa force, son physique, son odeur. Ses pattes étaient bâti pour correspondre à l'archétype des siens : des brutes sans cervelle, de gros guerriers malhabiles, favorisant la force brute à toute réflexion. Horizon Déchiré ne faisait pas exception à la règle. Menace d'Orage l'avait bien remarqué lorsqu'ils s'étaient entraînés ensemble. Derrière des gestes sûrs et puissants se cachaient les stigmates de techniques limitées par des corps trop imposants. Sauf que favorisant la fourberie, l'intelligence, la planification, l'armée du Zénith saurait venir à bout de grosses brutasses uniquement bonnes à sortir les griffes et montrer les crocs. Au rythme des pas d'un tigre, Menace d'Orage s'approcha de la féline. Que voulait-elle dire par “une clé” ? Un passage ? Elle n’était pas un sentier, pas un fleuve, pas une étoile, pas un pont. Elle n’était qu’une féline a priori perdue, non invitée en ces lieux. Une intruse. Menace d'Orage aurait pu faire le lien avec le traitement qu'il avait subi dans le clan du crépuscule, où tous considéraient qu'il n'avait pas sa place. Il aurait dû le comprendre, mais cette forêt était chez lui. Son antre de paix. Il n'était pas juste une question de territoire, mais de pénétrer une intimité que les clans ne connaissaient pas. Tout était si intrusif, là-bas. Tous étaient concernés par la vie de chacun. Alors qu'ici, dans la forêt sombre, chaque arbre pouvait dissimuler un secret, une machination inavouée. Ici, deux traîtres pouvaient se parler et jamais jamais les clans n'en seraient au courant. Un arbre craqua autour d'eux, comme s'il ployait sous la tension que les deux félins généraient du fait de leurs émotions. Orage ne ferait qu'une bouchée de cette nuiteuse. Elle se réveillerait brisée, couverte des plaies qu'il lui aurait infligé en ce monde. Elle subirait le même traitement qu'Horizon Déchiré lui avait fait subir. La douleur. Le regret. Un sourire malsain lui déchira les babines tandis qu’un soubresaut de hâte contracta son coeur. Non, lui aurait conseillé Fureur des Erinyes. Patiente. Le moment n’est pas encore venu. MAIS QUAND ? avait-il envie de hurlé. Quand pourrait-il enfin se battre ? Plonger ses griffes dans le sang ? Ses crocs dans des veines ? Quand pourrait-il cesser de réfléchir pour ne plus que profiter d’une vengeance délectable ? Il savait toutefois que son Ange gardien avait raison. Agir trop vite - se défouler maintenant sur cette apprentie - prouverait à tous que quelque chose de sombre se tramait ici. Qu’ils devaient encore plus se méfier, se préparer. D’autant plus que le physique de Menace d’Orage était plus que reconnaissable. Horizon Déchiré comprenait immédiatement. Elle était brusque, nuiteuse, mais pas bête à ce point. Malgré toute la mauvaise foi du monde, le terrien était bien obligé de l’admettre.
« Tu n'es certainement rien de tout ça», railla-t-il, mauvais.
Alors, à la place de l’attaquer, Menace d’Orage s’inspira de sa première rencontre avec Horizon Déchiré. Ses pattes jusqu’à maintenant menacantes perdirent en lourdeur. Il ne rentra pas les griffes, sa méfiance ne se dissipa nullement, mais la haine fut remplacée par une curiosité presque truculente. Il se glissa à la droite de la féline, souple, langoureux.
« Les clans n'ont aucune idée de ce que nous sommes, chuchota-t-il. Ils s’en font une idée, se satisfont de caricatures car ils sont incapables de voir au-delà de leur museau. Leurs préjugés les aveuglent. »
Et les tueront. La fin de sa phrase se lisait parfaitement dans ses prunelles, sans qu’il n’ait à le prononcer à haute voix. D’ailleurs, en cet instant, il fixait la nouvelle venue droit dans les yeux, à quelques centimères d’elle. Si proches que leurs souffles s’entrechoquaient comme la fumée de cette forêt. Il continua, d’une voix toujours basse et sifflante, une voix de serpent :
« Penses-tu que j’ai une place ailleurs ? Que je pourrais obtenir meilleur entraînement qu’ici ? Que je pourrais faire entendre mon nom en restant dans les rangs des clans et de la tribu ?» @Nuage de Louve |
| | | BouleClan de la Nuit
Messages : 794 Points de RP : 9529 Surnom : Ecu ou (E)cusette ou Dragé. Genre : Personnage Principal : Nuage de Pénombre ♀ | N
| Sujet: Re: La Forêt Enflammée Mar 6 Juin - 14:29 | |
| @Apollon
La tension grimpait à chaque seconde, repoussant l’apogée électrique où l’un d’eux craquerait et se jèterait sur son adversaire les tripes dévorées d’une adrénaline surpuissante. Dans ses entrailles, des picotements remuaient comme des langues de serpent : petits à-coups, sensation de retournement de viscères et d’enserrement. Bientôt, elle étoufferait sous la pression d’un affrontement qui paraissait inévitable. Le matou était plus imposant qu’elle : des pattes plus épaisses que les siennes (elle n’était qu’une jeune apprentie, et même si le dénivelé de son territoire musclait ses pattes, Nuage de Louve possédait une morphologie longiligne) : il ne ferait qu’une bouchée d’elle. Elle le sentait. Et il le savait très bien. Le Zénithien avait adopté une posture prédatrice en lui tournant autour et, sans avoir vu ses muscles se contracter, il paraissait tendu de partout maintenant, sur le point de lui bondir à la gorge. Elle-même se sentait si crispée qu’elle redoutait que ses muscles soient tétanisés et réagissent trop lentement lorsque le matou attaquerait. La gorge nouée mais le regard toujours embrasé par la détermination de lutter -encore et jusqu’au bout-, Nuage de Louve tint bond, ne le quittant pas une seule seconde des yeux. Qui qu’il soit, il réveillait en elle les braises ardentes qui ne demandaient qu’un souffle pour se remettre à brûler…
Et tout à coup, il inspira et changea d’attitude. Sous son regard empli de méfiance et d’incrédulité, l’inconnu se métamorphosa, réarrangeant les courbes de sa silhouette et reformatant ses muscles avec souplesse. Au lieu de détendre Nuage de Louve, cette transformation la fit tiquer.
Une feinte ?
Ce manque d’expérience de combat l’empêchait d’anticiper les mouvements de son adversaire ; la colère l’a dit fulminer. Grondant lorsqu’il s’approcha d’elle, elle s’écarta en crachant, les oreilles rabattues, une patte suspendue en l’air, la démangeant d’aller lui arracher les oreilles puisqu’il se mettait aussi proche d’elle. Qu’est-ce qu’il lui prenait de venir frôler sa truffe comme ça ? Son odeur enveloppait maintenant la jeune chatte comme une chape de brume, enroulée autour de sa nuque et glissant sur son museau, glissant dans ses narines, glissant dans son corps… Malgré tous ses efforts, Nuage de Louve ne put réprimer un frisson, déstabilisée par l’aspect sensuel qui se dégageait maintenant du corps du matou et dont il jouait délibérément. Leurs yeux rivés l’un dans l’autre, ils se toisaient de si près qu’elle pouvait compter les poils sur l’arête de ses joues, et son nombre de moustaches. Il miaula quelques mots, mielleux -dangereux, et Nuage de Louve se rendit compte qu’elle avait retenu son souffle, tendue. Le cœur battant, elle l’écouta murmurer ce qui sonnait autant comme une prophétie qu’une mise en garde. Ses questions ne permettaient pas de doute quant aux réponses attendues. Ce félin était une boule de chaos imprévisible, chaque mot grondant comme la menace d’un orage dans sa gueule déformée par un rictus mauvais.
« Leurs règles les aveuglent, rétorqua la jeune chatte, sa patte toujours en l’air et son échine toujours hérissée, répondant en écho aux sifflements du matou par des grognements gutturaux. Tes paroles ne valent pas grand chose pour la Tribu ou les Clans : tu n’es qu’un chat parmi les ombres, là-bas. »
Elle s’extirpa de l’enveloppe de son odeur, trop perturbée par tant de proximité avec un chat qui avait eu envie de l’égorger si intensément quelques instants auparavant qu’elle avait cru sentir ses griffes arracher sa peau. Il n’était pas son allié, pas après ce qu’il avait dit.
Je sais très bien ce que tu penses de moi. Tu l’as très clairement exprimé juste avant, chat.
Ses yeux lancèrent des éclairs.
« Que crois-tu que je vienne faire ici ? Chercher à me faire égorger par un zénithien ? (Cette fois, les nerfs suffisamment à vif par cette rencontre et toute l’adrénaline que le guerrier avait générée en elle, Nuage de Louve feula.) J’ai mon propre chemin ici, tout comme tu sembles avoir trouvé le tien. Garde tes griffes pour les claniques. » ___________________/_/_/ Moi j'adore la race humaine avec du sel et du mezcal - Et sans mentir timal j'suis sentimental - Brutal en sortie mentale - L'irréel me manie mal - Apparu un jour d'hiver - Voici l'homme-animal
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| | | Menace d'Orage EtouffantTête du Zénith
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| Sujet: Re: La Forêt Enflammée Mar 6 Juin - 19:31 | |
| Menace d’Orage cilla lorsque l’apprentie leva la tête et montra les crocs. Oserait-elle ? Oseras-tu ? demandèrent silencieusement ses yeux. Au plus infime mouvement de balancier de sa patte, l’orage éclaterait. Même une illusion semblait suffisante pour que les nuages grondant ne déversent enfin toute la tension dévorante de leurs émotions. Une simple flamme trop vivace dans le ciel, externe à toute cette rencontre, aurait pu la faire voler en éclait. De manière préméditée ou non. N’importe quel démon de cette forêt, appréciant le spectacle, aurait eu les clés en pattes pour rompre l’équilibre et tout ravager. Mais personne ne le fit. Ni ces anciens traîtres ni la forêt. Peut-être retenaient-ils leur souffle, eux aussi. Car Menace d’Orage avait bien conscience qu’ils n’étaient pas seuls. Cette féline le ressentait-elle aussi ? Ces regards voyeurs, cachés derrière et dans les arbres nus ? Ils patientaient, curieux de savoir si cette rencontre se concluerait en bain de sang. S’il avait été l’un deux, le terrien aurait fait de même. Après tout, la monotonie de cette forêt rendait la moindre nouveauté palpitante de vie. Si elle comptait le vexer, en lui rappelant que son nom n’avait pour l’instant aucun écho, c’était raté. La victoire n’en serait que plus belle, de partir des ombres et de s’élever au soleil. D’autant plus qu’une lame avait plus de chance de toucher sa cible en jaillissant des ténèbres. Oh, bien évidemment que les reflets du soleil pouvaient être, eux aussi, un recoin où se cacher, mais Menace d’Orage n’avait pas eu la chance de naître au bon endroit au bon moment, de pouvoir cacher son ambition derrière de belles valeurs, telles que la générosité et le don de soi. Il trimait dans la merde depuis des lunes déjà. Il ne serait jamais une Etoile. Il ne serait jamais flamboyant. Et il ne chercherait jamais la lumière, probablement pas plus que la rédemption. Il se complaisait dans les ombres, la forêt sombre, et lorsqu’il tranchererait la nuit, quand une aube pourpre grandirait sur les clans, alors peut-être que son nom s’élèverait comme un mauvais présage, une lune en plein jour, mais certainement pas un soleil. Elle rompit la distance entre eux deux. Menace d’Orage ressentit ça comme une victoire, un peu comme quand, chaton, il jouait à celui qui clignerait des yeux en premier. Consciente du danger, débectée par son odeur de zénithien ou rendue mal à l’aise par leur proximité, elle avait préféré imposer une distance de sécurité, car elle savait qu’elle perdrait. Qu’importe les éclairs que lui lancèrent ses prunelles jaunes, l’inconnue avait fait un pas en arrière. Elle lui avait laissé du territoire. Elle avait capitulé de moitié. Certes, il s’agissait d’une bataille gagnée d’avance et toutes ne seraient pas aussi aisées, mais qu’il était bon de savourer sur ses babines le goût d’une domination temporaire. “ Tu pourrais t’être perdue, minauda-t-il. Avoir été attirée ici par des cauchemars, par des félins fort dangereux.” Un sourire dévoila ses crocs. Peut-être un jour, serait-il aussi un de ces félins dangereux capables d’en attirer dans cette forêt. Fureur des Erinyes ne lui avait jamais enseigné. Il lui poserait la question. Dans toute les cas, cette mention aux “félins dangereux” relevait plus d’une certaine forme de raillerie, car elle en confrontait déjà un. Si elle n’avait pas été attirée par l’un d’eux, c’était bien dommage. Menace d’Orage pencha un peu la tête vers elle, intrigué. Elle s’était vantée ne pas être nuiteuse et lui avait conseillé de “garder ses griffes pour des claniques.” Mais dans ce cas, qu’était-elle ? Une solitaire ? La forêt sombre ne leur était pas destinée, ni ouverte, de ce qu’en savait le terrien. Pourrait-elle être déjà défunte, sans le savoir ? L’énigme était fort complexe pour un esprit aussi peu imaginatif tel que celui d’Orage. “ Alors dis-moi. Quel est ton chemin, si ce n’est pas celui d’être une clanique ou une nuiteuse ? Epargne-moi ta notion de clé et de passage qui n’ont aucun sens. Qu’es-tu ?” |
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| Sujet: Re: La Forêt Enflammée Mar 13 Juin - 0:46 | |
| @Apollon « L’autre », puisqu’il n’avait pas encore révélé son nom, prenait un malin plaisir à susciter et observer son trouble, déformer ses paroles et jouer avec les limites de ses nerfs. Nuage de Louve n’était pas très douée à ce jeu-là : elle ne se laissait simplement pas marcher dessus lorsqu’elle sentait qu’on commençait à lui écraser les pattes, et cela n’allait pas plus loin que ça. Elle savait montrer les crocs en réponse. Savait sortir les griffes lorsqu’il le fallait. Mais elle ne savait pas étirer un suspens où jouer l’équilibriste entre l’agressivité et la passivité. Elle était la corde tendue et le vide sous les pieds du funambule, mais elle n’avait pas les talents pour se tenir à sa place. Ce matou moucheté au pelage embrasé par les lieux environnants, en revanche… il avait l’allure de ceux qui démarrent les incendies avec ses crocs découvert aux allusions qu’il émettait d’une voix langoureuse. La jeune chatte noire et blanche s’entendit grogner de plus belle à ses interrogations -il n’était pas résolu à se présenter en premier. Qui qu’il soit, vivant ou mort. Soit. Nuage de Louve souhaitait en savoir plus, quitte à jouer le jeu. Sans cacher ce qu’il lui inspirait, mais reposant sa patte pour mieux armer ses muscles, elle siffla entre ses crocs :
« Je doute que ce soit toi qui m’ait attirée ici. Quant à ce que je viens chercher… »
Elle s’arrêta délibérément pour scruter derechef le matou des orteils aux oreilles. C’était une réponse en soi. Ce chat sentait le Zénith mais ne se comportait en rien comme les membres pacifiques de la Tribu. C’était une anomalie. Une anomalie armée de griffes redoutables, Nuage de Louve n’en doutait pas un instant. Comment avait-il pu se retrouver là ? Qui était-il ? A chaque réponse que ce fauve oranger apportait, il semblait susciter une flopée de questions supplémentaires tant il était enveloppé d’une chape de mystères et d’incohérences. Cela devait se lire dans ses yeux ambrés ; elle ne comprenait pas et se méfiait.
« Je viens chercher des réponses ici et tu ne m’aides pas, articula t’elle avec prudence. Je suis bien une apprentie du Clan de la Nuit mais j’ai accepté les enseignements d’une chatte de la Forêt Sombre. Mais toi, qui es-tu ? Tu sens le vivant. »
Garder son nom secret le plus longtemps que possible -cela lui paraissait évident. Si elle avait raillé le matou en retour concernant sa dangerosité, l’apprentie guerrière n’était pas dupe quant à la menace qu’il était susceptible de représenter. Si elle se présentait la première, qu’est-ce qui lui garantissait que ce mâle n’allait pas tout faire pour se réveiller aussitôt, emportant son anonymat avec lui et le secret de Louve ? S’il rapportait son nom, vendait son affiliation à la Forêt Sombre… il ruinerait tout. Pour le moment, il n’avait sans doute pas grand intérêt à le faire, mais il n’en avait pas spécialement à s’allier à elle dont il ignorait tout. Alors elle avait pris le risque d’admettre une partie de ce qu’elle venait chercher -le reste, à vrai dire, était encore une énigme. Ce que la jeune chatte savait pour sûr, c’était quelle était l’ampleur de la colère qui l’animait et la poussait à accepter la patte tendue de Nuée Ardente. C’était la violence de son amertume épaississant sa langue et embuant ses yeux lorsqu’elle contemplait la combe du Clan de la Nuit. C’était l’ambivalence de ses sentiments et la décadence avec laquelle elle jouait avec le feu. Nuage de Louve savait qu’au funambulisme auquel elle s’essayait, elle était mauvaise et risquait de basculer rapidement, mais les pulsions qui l’animaient au fond étaient trop fortes, et l’appel de ces lieux trop envoûtant… Son regard n’avait pas quitté l’inconnu ; désormais, c’était tout son être qui se consumait au travers de ses prunelles, brûlant l’autre venu attiser son feu en minaudant. ___________________/_/_/ Moi j'adore la race humaine avec du sel et du mezcal - Et sans mentir timal j'suis sentimental - Brutal en sortie mentale - L'irréel me manie mal - Apparu un jour d'hiver - Voici l'homme-animal
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| Sujet: Re: La Forêt Enflammée Jeu 15 Juin - 12:55 | |
| Comprenait-elle sa colère ? Pendant un instant, l’inconnue avait semblé comprendre son point de vue, partager sa colère. “Les règles les aveuglent” avait-elle lâché tel une sentence. L’avait-elle dit pour le satisfaire ? En pensait-elle un traître mot ? Menace d’Orage commençait à douter. Il aurait pu se méprendre sur ses intentions. Pourtant, il n’avait pas été insensible à cette idée, celle d’être compris. C’était même cette quête qui l’avait poussé à quitter le crépuscule, celle qui l’avait attaché au premier félin faisant preuve de compréhension à son égard : Margay Solaire. Pendant un instant, il s’était dit qu’elle saurait être son alter égo, quelqu’un avec qui partager sa colère. Sauf qu’elle aurait tout aussi bien pu chercher un de ses camarades, ayant appris que ce dernier trainait dans ces eaux troubles. Elle pourrait vouloir le repecher, le ramener sur le droit chemin comme personne n’essayerait jamais pour lui. Etait-ce des regrets ? Non, il le savait depuis si longtemps maintenant. Il ne valait à ce point pour personne. Un sourire moqueur - vis-à-vis de lui même - lui échappa et il détourna tout juste à temps la tête pour le lui dissimuler. Lui qui pensait avoir fait le deuil de son estime de lui-même. … Non. Il ne s’était pas trompé. En quête de l’apprentissage de la forêt sombre, elle lui était tombé dessus. Ou il lui était tombé dessus. Elle avait embrassé l’obscurité de cette demeure, comme lui. Elle est comme toi. Enragée mais froide, contrôlée mais libérée en même temps, méfiante mais… attirée. Serait-elle véritablement mon alter égo ? Issue du clan de la nuit ? Menace d’Orage voulait en apprendre plus. Quelle était son histoire ? Que lui avait fait Etoile du Phoenix ? Que lui avaient fait tous les nuiteux pour en arriver là ? Les mêmes railleries ? Les mêmes combats pour sauver son nom, son honneur ?
”Je suis vivant,” répondit-il d’une voix rauque.
Quelque chose se mit à brûler dans sa poitrine. Une envie de la posséder. Il n’avait jamais expérimenté ce genre de désir. Eubora s’était donnée à lui, car elle était dans le besoin et seule. Horizon Déchiré s’était refusée à lui, car elle avait trouvé mieux ailleurs. Menace d’Orage cherchait sa gentillesse, ses sourires, sa douceur, attiré comme il l’était pas sa personnalité solaire. Mais celle féline noire aux yeux d’ambre… Ils partageaient la même noirceur, comme deux étoiles éteintes, dérivant dans l’univers, attirées par le trou noir qu’était cette forêt sombre… pour s’entrechoquer, ici et maintenant. Les forces de leur monde ne pouvaient invoquer le hasard pour justifier cette rencontre. Il en était maintenant convaincu. Ses prunelles se dilatèrent, à mesure que ses réflexions arrivaient à leur terme. Elle était elle aussi attirée par sa noirceur. Voilà la réponse qu’il avait cherché pendant des lunes. Il n’était pas fait pour briller, mais surtout, il n’était pas fait pour graviter autour d’un soleil. Il était fait pour se perdre dans la galaxie aux côtés d’autres étoiles noires, comme lui.
”Le zénith m’a nommé Menace d’Orage, fils sang-mêlé d’une mère crépusculienne, aujourd’hui bannie par Etoile de l’Aube.”
Le terrien ne connaissait pas son père, juste qu’il était un nuiteux parmi le monticule de rats qui composait ce clan, hors cette inconnue. Il s’assit, mais la fixait désormais avec une forme de fascination, pour cacher son voeu de la détenir. Que penserait-elle de ses prochains mots ? Le verrait-elle comme une menace, plus encore que maintenant ? Se rendrait-elle compte des félins qui vaquaient dans cette forêt ? Prendrait-elle peur ? Ne me déçois pas.
”J’ai quitté ce clan avant d’être à mon tour banni pour qui je suis.”
Il pencha son museau vers elle, attendant une réponse, de la peur, de la haine.
”Est-ce que cela répond à ta question ?”
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| Sujet: Re: La Forêt Enflammée Sam 17 Juin - 0:26 | |
| @Menace d'Orage olalala, ce RPPPP !! Mais toute cette toxicité contenue en Menace d’Orage, jpp xddd Il semblait se passer tant de choses à l’intérieur de son interlocuteur : ses yeux étaient des fenêtres ouvertes sur le ciel et tous les nuages, toutes les pluies, tous les printemps et tous les crépuscules qui y passaient se reflétaient sur la transparence de ses iris. Des tempêtes éclatèrent et moururent en l’espace d’une inspiration et du souffle qui suivit ; des crues se déchaînèrent et s’évaporèrent dans un intervalle si court qu’aucune terre n’aurait jamais pu en boire une seule goutte ; le soleil naquit et mourut, avalé par une nuit sans lune, de ténèbres profondes et submergeantes entre deux battements de cils. Le félin se mit à parler et, avec sa voix grondante, son nom parut être une Évidence. Aucun doute n’était possible : « Menace d’Orage » était taillé sur mesure pour correspondre à la largueur de ces épaules, pour posséder ces muscles massifs et contenir le feu incessant dans ces yeux aux iris réduits à des fentes meurtrières. Un instant, Nuage de Louve se sentit véritablement petite : lorsqu’il se pencha vers elle, elle eut l’impression que le ciel tout entier se courbait pour venir frôler son museau. Elle frémit des pattes au bout de la queue, les oreilles pliées au plus près possible de son crâne, et ses grands yeux s’étirèrent comme pour essayer d’apercevoir tout ce ciel qui lui tombait dessus. En vain. Menace d’Orage contenait tant d’éclairs, de grondements, de nuages et d’ombres dans ses seules prunelles que Nuage de Louve ne pouvait voir… quoi que ce soit d’autre. Comment le Clan du Crépuscule avait-il pu avoir en ses rangs aussi longtemps un félin aussi dangereux sans en avertir ses voisins ? Et maintenant, il blâmait le Zénith d’être trop meurtrier ? trop aventureux ? trop menaçant ? La colère frappa, prenant feu instantanément dans l’esprit de la jeune chatte.
Vous avez créé des chats comme lui !! Vous avez créé ce que vous redoutez et tout ce que vous faîtes, c’est rejeter la faute sur les autres ? Sans jamais vous remettre en question !
Ses crocs pointèrent sous ses babines alors qu’elle se noyait dans les océans de flammes qui lui faisaient face. Les Clans étaient plus séniles qu’une souris vieillissante, plus hypocrites que n’importe quelle entité sur ces terres. Et ils accusaient des fauves comme Étoile du Golem d’avoir causé leurs torts ? Ils voyaient à ce point d’un mauvais œil sa progéniture et ses idées ?! N’avaient-ils donc aucune once de pertinence dans la tête ? Comment pouvait-on être à ce point aveugle que la solution toute contenue dans la Tribu du Zénith passât inaperçue ? Cette tribu était une clé, une promesse de paix ! Un refuge si bienveillant et foncièrement bon qu’il accueillait des êtres brimés comme avait dû l’être Menace d’Orage pour devenir la boule de chaos imprévisible et pleine de haine qu’il était aujourd'hui.
Il a failli me tuer juste à cause de mon odeur nuiteuse !
Nuage de Louve n’y tenait plus. Peut-être était-ce un peu de cette tension croissante qui grimpait entre elle et Menace d’Orage, peut-être était-ce le trop plein d’émotions que suscitait cette conversation, ou bien encore un effet secondaire de cette forêt autour d’eux qui semblait consumée en permanence. Mais elle cracha, envoyant ses griffes ouvrir un sillon dans la terre brune sous ses pattes.
« Un peu, oui ! Ironisa-t-elle en toisant le matou. La jugeote de ton ancien Clan ne vaut pas mieux que celle du mien. (C’était son tour maintenant d’exprimer le point de départ de sa colère, le foyer à son feu intérieur. J’ai été mise à part pour avoir toujours soutenu ma mère et honorée sa mémoire après qu’elle ait été suspectée d’être une traîtresse parce qu’elle a gardé secrète l’identité de notre père. Ça a suffi à nous rendre insupportables auprès du Clan qui attendait des preuves de notre loyauté dans la plus grande docilité. Ces sales chiens galeux sans mérite qui dictent les règles parce qu’ils sont simplement nés des bons parents ! » ___________________/_/_/ Moi j'adore la race humaine avec du sel et du mezcal - Et sans mentir timal j'suis sentimental - Brutal en sortie mentale - L'irréel me manie mal - Apparu un jour d'hiver - Voici l'homme-animal
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| Sujet: Re: La Forêt Enflammée Lun 19 Juin - 23:39 | |
| Menace d’Orage n’en revenait pas. Il entendait son histoire des babines de l’apprentie. Tout concordait. “J’ai été mise à part pour avoir toujours soutenu ma mère et honoré sa mémoire après qu’elle ait été suspectée d’être une traîtresse parce qu’elle a gardé secrète l’identité de notre père.” N’était-ce pas toute l’histoire de Nuage d’Aurore ? Considérée comme une traîtresse pour avoir eu des chatons en étant apprentie, pour ne jamais avoir révélé l’identité de leur père. Menace d’Orage l’avait aimé autant que son cœur cabossé lui permettait d’aimer. Elle les avait aimé avec équité, lui et ses frères et sœurs, qu’importe leurs origines. Elle était bien la seule à ne jamais les avoir jugés. Orage s'était toujours vu exister dans ses yeux, avoir de l’importance. Et puis elle était partie et le monde avait commencé à s’effriter comme un arbre frappé par la foudre. Tout s’était enchaîné à une vitesse folle et une lenteur en même temps exaspérante. Orage avait à peine eu le temps d’accepter son départ qu’il devait à son tour partir, et pourtant sa vengeance mettait tant de temps à venir. Peut-être qu'elle attendait la même opportunité. La même vengeance. Une clé. Une taupe au milieu du clan de la nuit. Un passage. Ses mots commençaient à faire sens. Tout faisait sens. Elle était exactement… comme lui. Elle résumait tous ses maux, toutes ses pensées. Elle était le lui qui était resté au milieu des déchets. Elle était cette partie de lui qui combattait pour prouver à tous qu'il en vaut le coup, là où Orage était déterminé à prouver qu'il en aurait valu le coup si les choses avaient été différentes. S'ils avaient été différents. Elle était son passé, il était son avenir. À eux deux, ils pouvaient former le présent. Ils pouvaient créer leur présent. Par toute la forêt sombre. S'était-il trompé ? Avait-il cherché en Eubora et Horizon Déchiré quelqu'un qui n'était pas ? Quelqu'un qu'il n'avait pas encore rencontré mais qui marquerait sa vie au fer rouge ? Bouche-bée, Menace d’Orage la dévisagea. Sa méfiance passive s’évapora. Elle était dans la forêt sombre pour la même chose que lui. A cause des mêmes railleries, des mêmes injustices, de cette même colère dans son cœur. Il regardait dans ses propres prunelles d’or.
"Ils nous pensent inaptes, moins forts, continua-t-il. Parce que notre sang n'est pas pur comme le leur. Ils pensent qu'ils doivent se méfier de nous, alors que nous sommes nés parmi eux, et que nous n'aspirons qu'à devenir comme eux."
Une brume opaque traversa son regard, alors qu'il se remémorait les railleries d'Impératrice, le regard d'Etoile de l'Aube.
"Que nous n'aspirions qu'à devenir comme eux, se corrigea-t-il. Mais maintenant c'est trop tard. N'est-ce pas ?"
C'était une question qui ne demandait qu'affirmation, car leur présence attestait de cette vérité irrémédiable.
"Si tu es ici, c'est que tu as compris que tu ne satisferais jamais leurs attentes. Ils se méfieront toujours. Ils ne changeront pas."
Un frisson le traversa. Il savait quels mots cette apprentie avait besoin d'entendre, car lui-même en aurait eu besoin des lunes auparavant.
"Mais tu es suffisante. Tu es forte puisque tu es ici. Tu vaux le coup et tu as de la valeur, même s'ils ne la voient pas. Surtout parce qu'ils ne la voient pas. Moi, je le vois. Et tu as entre les pattes de quoi changer les choses. De quoi leur prouver."
À mes côtés.
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| Sujet: Re: La Forêt Enflammée Jeu 22 Juin - 18:24 | |
| @Menace d'Orage
Les paroles du matou étaient un puits obscur à la dégringolade envoûtante : à mesure qu’elle s’abîmait dans ses paroles avec l’avidité d’un chaton assoiffé, la chute au sein des ténèbres paraissait plus douce. Un sentier éclairé par des champignons phosphorescents éclairait la nuit noire où Louve posait ses fines pattes : un guide dans cet océan sans lumière, un phare dans cette mer aux remous insondables, un être vivant au milieu du royaume des morts. Menace d’Orage et sa chair résonnaient intimement dans toute la boîte crânienne de Nuage de Louve, et une pulsion inconnue lui grignotait les entrailles. Elle dévorait des yeux le guerrier, happée par le ton de sa voix, toute colère canalisée par les grondements qui émanaient en permanence de sa gorge. Menace d’Orage était le seul et unique félin à lui avoir jamais miaulé ce qu’il miaulait, le seul à percevoir en elle un potentiel et une valeur que nul au monde ne voyait. Une illusion peut-être de ce qui miroitait au fond de ses yeux dorés, mais une illusion à laquelle toutes les fibres de son corps répondaient et voulaient croire. Tout ce en quoi la jeune apprentie aspirait à devenir : suffisante. Forte. Valeureuse. Tout ce que l’on avait jamais vu en ce chaton sang-mêlé fuyard et crachant dès qu’on lui miaulait quelque chose en lien avec sa défunte mère ou ses origines troubles. Dès qu’on la réduisait à cette part de sang qu’elle partageait avec un inconnu et en lequel on redoutait qu’une graine indésirable ne germe. En-dehors de son frère, nul autre chat ne pouvait savoir ces choses-là, intimes, profondes, identitaires, plus coriaces dans son cœur que les gènes transmis par un paternel hors champ.
Nuage de Louve cessa de battre en retraite face aux minces yeux tempétueux de Menace d’Orage, acceptant de s’enfoncer dans les méandres crépusculaires qui y serpentaient. Si le Zénithien se percevait déjà en tout point similaire à la jeune femelle, celle-ci ressentait surtout sa conscience aiguë du mal commun qui les animait, sa perception du bouillonnement incessant dans leur tête et dans leurs pattes. Comme l’avenir donnerait raison au guerrier…
« Ils attendent de nous plus d’obédience et de docilité à cause de notre sang, renchérit-elle, commençant à ressentir une drôle de sensation sous ses coussinets et au bout de sa longue queue, n’en tenant pas compte. Ils en demandent toujours plus, veulent qu’on se rachète de crimes qu’on a pas commis. Tout ça à cause de leurs stupides règles, trop strictes, trop nettes, trop étroites. »
C’était le même feu dans l’expression de Menace d’Orage, son cœur commençait à s’emballer de se confier et se livrer aussi férocement à un chat qu’elle ne connaissait pas. Mais il y avait eu un tel engouement de la part du matou, comme si sa vague d’absolue certitude d’avoir trouvé son binôme avait frappée Nuage de Louve en pleine face et la contaminait maintenant d’un élan qu’elle ne comprenait pas et qui la dépassait. Elle avait vue les barrières de Menace d’Orage céder brutalement après avoir raconté son histoire : elle l’avait vu se métamorphoser une seconde fois, et de la manière authentique cette fois, sans prétendre être un chasseur ou un séducteur. Sous le tremblement du même sol qu’ils foulaient, c’étaient ses murs à elle qui fondaient. Ses coussinets avaient complètement disparu sous la sensation de fourmis dans les pattes maintenant. La novice ne baissa pas les yeux, ne vit pas que le bas de son corps commençait à perdre en éclat dans la Forêt Sombre, qu’il se réveillait. Bientôt l’arracherait à l’emprise de Menace d’Orage. Elle continuait, obnubilée, hochant de la tête en répondant aux questions implicites et explicites qu’il lui avait posées plus tôt et que son corps continuait d’exprimer :
« Ils nous ont façonner différemment : on aspire à devenir tellement plus qu’eux maintenant… »
Son souffle s’estompa dans ses poumons, lui manquant. Cette fois, Nuage de Louve prêta attention aux signaux de son corps -elle hoqueta en voyant la forêt enflammée se troubler et sentant que quelque chose commençait à la tirer vers l’arrière. Elle planta ses griffes dans le sol, cherchant à lutter. S’accrocha aux yeux du chasseur.
« Je suis en train de me réveiller ! » Cracha-t-elle, oreilles rabattues.
Pas déjà ! Pas maintenant !
Elle tenta de lancer une dernière phrase à son acolyte mais la Forêt Sombre l’étouffa, avalant son air, ses mots, son corps. Ses dernières pensées, elles, substituèrent quelques secondes dans la trace vaporeuse qu’elle laissa, dans laquelle Menace d’Orage se précipitait comme pour s’imprégner une dernière fois de son odeur qui s’évanouissait.
On se reverra, hein ? ___________________/_/_/ Moi j'adore la race humaine avec du sel et du mezcal - Et sans mentir timal j'suis sentimental - Brutal en sortie mentale - L'irréel me manie mal - Apparu un jour d'hiver - Voici l'homme-animal
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| Sujet: Re: La Forêt Enflammée | |
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