Etoile Eveillée s'assit et se tourna vers Soleil du Matin. Depuis peu, il semblait plus fatigué. Elle se demandait la raison.

"- Sa mort t'a beaucoup affecté non ?" Demanda-t-elle. "Tu as l'air plus... absent en ce moment. Tu sais, tu peux tout me dire."

Etoile Eveillée passa sa queue autour des épaules de Soleil du Matin. Elle comprenait que trop bien sa douleur. Pendant des lunes, elle avait senti la même, avant d'arriver dans le Clan du Crépuscule.

"- Je comprends ta douleur, avant d'arriver dans le Clan j'ai ressenti la même pendant de trop nombreuses lunes. Elle m'a fait devenir l'ombre de moi-même. Je pense que la douleur finit par s'estomper, mais en effet, rien ne sera plus comme avant. Mais je suis certaine d'une chose, elle a assisté à tout cela. Elle veille sur toi, et je suis certaine qu'elle se réjouit de notre victoire."

Etoile Eveillée enroula sa queue autour des épaules de Soleil du Matin. Quoi qu'il arrive, elle se promit de toujours veiller sur ses chatons.

( Fin T.T )

Le félin suivait la féline aussi sombre que la nuit dans ces chemins qu'il avait l'impression de redécouvrir à chaque fois qu'il les empruntait. Il n'avait jamais réussi à apprendre le territoire, à part les frontière, à force de les traverser, il avait finit par apprendre où elles étaient.
Il progressait plutôt bien, il savait à peu prêt chasser et se battait relativement bien pour un félin tel que lui, bien que ses différentes blessures, bien que cicatrisé depuis le temps, le ralentissait légèrement.
C'est arrivé aux champs des fleurs jaunes qu'ils s'arrêtèrent, Fracas prit un instant pour observer les fleurs en bourgeon qui ne tarderaient pas à laisser des fleurs sublimes, il en était persuader. Les deux félins étaient plutôt démarquable ici, leurs pelages sombres au milieu de la verdure... Cela l'amusa quelque peu, échappant alors un léger ronron de sa gorge.

Le félin releva le regard sur Mûre Noire, se disant au passage que ce nom lui allait plutôt bien, avant de se positionner. Il avait vue et revu cette position avec Fleur de Myrtille, sur les différents sol, les différents environnements. En réalité il n'avait pas de réel difficulté, seul son manque de muscle pouvait le pénaliser.
Avant que Mûre Noir ne lui donne son avis, il s'était déjà redresser et avançait dans le champ.

-On peut cueillir les fleurs ? Hein ? J'suis sure que Nuage Impie sera content si je lui en ramène !

Fracas releva son regard de cendre sur le féline d'ombre comme s'il là découvrait avant d'hocher la tête, bien qu'un peu déçu.

-On s'entraine à quoi ?

Tu le voyais partout, tu l'entendais rire, il était contre toi la nuit, tu sentais son odeur, tu avais le goût de ses larmes sur la langue, et pourtant, il n'était plus là. Chaque ombre te faisait croire à sa présence, tu t'attendais à chaque instant à le voir sortir d'un recoin, pour te dire que tout allait bien se passer, mais il n'était plus là. Il n'était plus là et toi, si. Tu détestais le clan des étoiles pour ne pas t'avoir laissée les rejoindre, tu détestais le guérisseur qui t'avait soignée, tu détestais les regards de pitié des membres du clan, tu détestais le ton compatissant de ton père, tu détestais le sourire de peine de tes cousins, tu détestais les paroles rassurantes de ton ex-mentor, tu détestais les pleures des anciens, tu détestais son nid vide à côté du tiens, tu détestais le creux humide où vous vous reposiez, tu détestais la pouponnière où vous aviez grandi, tu détestais le territoire que vous aviez visité ensemble, tu détestais le lac où il était mort et les sapins qui l'avaient tué, tu détestais le chant des oiseaux qui le réveillait, tu détestais les lapins qu'il aimait tant, tu détestais tout et tout le monde. Ton coeur était habité de rage et de peine, tu t'étais renfermée et toute la joie qui autrefois t'occupait avait complètement disparu. Tu n'étais plus qu'un fantôme, une carcasse sans âme, grisée de vivre.

La veille, ou peut-être était-ce le jour d'avant, tu ne savais plus, le verdict était tombé : jamais tu ne serais guerrière. En plus d'avoir perdu une partie de toi, tu avais perdu ton unique rêve. La seule chose qui te maintenait en vie était la promesse que tu avais faite à Nuage de Déclin, de vivre pour deux, et le désir de prouver à tes parents que tu n'étais pas une moins que rien. La voie de guérisseuse s'était ainsi dessinée devant toi, par refus de rejoindre les anciens et être un fardeau pour ton clan. Tu te fichais de renoncer à chatons et compagnon, car tu te jurais de ne plus jamais aimer.

Assise devant la tombe de ton frère, à côté d'autres tombeaux déjà couverts de jolies jonquilles, tu pleurais, sans le moindre sanglot. Tu étais parfaitement immobile et pourtant les larmes coulaient pour aller rejoindre son cadavre. Tes pattes te lançaient encore, tu souffrais terriblement, mais ça n'était rien comparé à la douleur dans ton coeur. Après de longues minutes, qui s'étaient transformés en heures, tu parlas au vide.

- Je suis désolée Nuage de Déclin, tellement désolée. Tu me manques. Reviens, je t'en supplie, reviens, je... j'ai besoin de toi, je ne vais pas y arriver sans toi, pitié, reviens...

Cette fois, tu sanglotais. Tant que tu n'entendis pas les pas derrière toi.

Le sang avait envahit son regard, il ne voyait plus que ça, celui de Petit Artefact et de Petite Cornaline, alors que, chatons stupides qu'ils étaient, il avait décidé de faire le mur. Celui de son frère et sa soeur, du même évènement, de sa mère, lorsqu'elle avait perdu une vie à ses côtés, de Chemin Brumeux, lorsqu'un voiture l'avait fauché, de Belladone, lorsque ses griffes avaient brisé sa peau et que son sang avait giclé sur son pelage, de son père, lors de ses combats, de Nuage de Soir et Nuage du Déclin, lorsqu'ils les avaient retrouvé, la première avait eu les griffes arrachés et le deuxième était mort, et puis de Rapace des Monts, lorsque son crâne s'était explosé sur le sol et que sa vue avait fait fit de son corps. Toutes ces scènes passaient, alimenter par les autres souvenirs, la peur des oiseaux, les naissances, les batailles, Geai des Chênes, la naissance de sa fille... Tout était devenu flou autour de lui et il ne savait plus où était sa place. La naissance et Petit Espoir avait été une goutte de trop, le lac infernal vivant en lui avait finit par explosé, mais ce n'était pas fini, ce n'était jamais finis.

-Qu'est-ce que j'ai fais ? Pourquoi je n'étais pas là ?

Son murmure s'envola dans le camp vide, personne pour l'entendre. Il n'avait pas su protéger sa famille, ils étaient tous morts ou blessé. Il était le seul, seul ses idées noirs tourbillonnant dans son esprit montrait l'impact de cette vie.

Dans la lande, il marchait lentement, il ne voulait pas rester dans ce camp où l'odeur des blessures emplissait son museau, se dirigeant d'un pas frêle vers la tombe de sa compagne. Compagne... Qu'il était étrange ce mot...
La terre retourné firent monté les larmes aux yeux du matou bicolore qui les retint. Non, il n'avait pas le droit d'être triste, tout était sa faute, il ne pouvait pas pleurer alors qu'il était le seul responsable.
Il s'assit là, un long moment. Le temps filait, les nuages passaient au dessus de sa tête, mais lui, il restait immobile. Complètement immobile auprès de Geai des Chênes. Elle aussi, il l'avait trahi. Il n'avait pas été là quand elle en avait besoins et n'avait rien trouvé de mieux que de faire une fille à Patte de Grenouille.

Le vent s'intensifia, une bouffé vint ébranlé son pelage, mais il ne réagit pas, il n'avait pas le droit. Le ciel s'assombrit, la pluie commença à tomber, une ombre passa. Un aigle, comme il y en avait souvent, mais il ne réagit pas non plus, son pelage ne frémit même pas de peur. Pourquoi faire ? Pourquoi avoir peur de cet être qui lui paraissait finalement si insignifiant. Il devrait venir et m'emporter. Au moins, cette fois, je le mériterai. Mais l'oiseau fit une ronde avant de se diriger vers les montagnes nuiteuse. Le guerrier soupira. Lorsque la pluie se fit plus violente, il resta, et lorsque les gouttes firent places aux grêlons, frappant avec insistance sur son corps, comme essayant de le transpercer, il décida finalement de se mettre à l'abris. Le seul buissons qu'il repéra était plein d'épine, mais peu importait. Un peu de douleur en plus, pour effacer celle que j'ai causé...

Le vert pétillant des feuilles luisaient sous cette pluie infernal, et il passa un moment à les fixé, elles, et les petits fruits rouges accrochés dessus, pétillants, appelant le regard de quiconque passerait par là. Il les fixa jusqu'à ce que la tempête se calme. Désormais, la terre humide laissait échapper les odeurs de la lande, emplissant le félin de nouveaux souvenir. Elle aurait tant aimé ce spectacle... Elle aurait pu y assiste avec moi, si j'avais été là...
De son abris, les petits fruits avaient finit par tomber, une flaque d'eau agrémenté par le suc de quelques baies écrasés. C'est alors qu'il les reconnus. Luisante, attirant le regard... Lors des apprentissages, ont leurs enseignait. Et puis il y avait eu Geai, étendu devant ces mêmes baies. Un ange passa. Un instant d'hésitation aussi. Etais-ce un signe ? Soleil les prit entre les crocs, les ramenant prêt de la terre retourné où il s'était tenu pendant des heures. Le soleil commençait doucement à décliner et, sans réellement prendre conscience de son geste, il prit les petits fruits dans sa gueule et les avala. Lorsque cela fut fait, il y eu un instant. Un instant où tout tourna. Un instant où tout prit une dimension étrange. Il revoyait les jeux avec sa fratrie, les histoires que leurs racontait leurs parents, les entrainements, les discussions pendant des heures, la nuit, avec Rapace des Monts, les rires dans la tanière des guérisseurs alors que Chant des Eaux se retrouvait le visage couvert de toile d'araignée, les baptêmes de guerriers, les apprentis...
Alors qu'un haut le coeur le prit soudainement, il ne réagit pas. Il sentit ses pattes lâché sous ses tressauts, son corps vibrer sous les spasmes du poison, ses yeux se révulser, un humus de bave se dessiner petit à petit autour de sa gueule, et, là mourant sur la tombe de celle qu'il avait toujours aimé, il se sentit étrangement apaisé..

La pluie avait cesser dans un silence assourdissant, le calme était revenu et l'ancien, assis au centre du camp, attendait. Là, il n'avait pas bougé, observant la tanière des guérisseurs avec angoisse. Fleur d'Argent lui avait pourtant affirmer que Nuage de Soir et Rapace des Monts n'étaient plus en danger, pourtant, il savait ce qu'il se passait dans cette tanière, bien qu'il essayait de ne plus y penser, il voyait encore le corps de Geai des Chênes étendu sur le sol froid.
Ce fut seulement lorsque le soleil commença à décliner qu'Aube Filante  se décida à aller se dégourdir les pattes. De toutes façon, il ne serait d'aucune utilité ici. Et, malgré son coeur palpitant et une petite douleur dans les pattes, il se dirigea vers les landes. Il savait que voir son fils revenir le crâne en sang et aveugle avait fatigué son coeur, mais marcher d'un pas lent dans l'air pluvieux lui ferait le plus grand bien pour retrouver ses esprits. Instinctivement, il se dirigea alors vers le Champ de Jonquille. Lorsque les évènements étaient compliqué à gérer, il aimait se recueillir auprès de ses ancêtres. Peut-être, aujourd'hui, allaient-ils lui répondre ?

Les pattes lourdes, il au du mal à finir son trajet, mais là, prêt de la tombe de sa fille adoptive, son fils était couché, Soleil du Matin lui tournait le dos.

-Soleil du Matin ?

Miaula-t-il doucement. Mais le guerrier aux yeux verts ignora son père. Rien d'étonant, pensa l'ancien. Après tout, depuis qu'il avait découvert sa liaison avec la guérisseuse, les deux mâles n'étaient plus vraiment en bon terme. Aube Filante le regrettait d'ailleurs, mais il ne pouvait pas le laisser faire ce qu'il voulait sous prétexte qu'il était son fils. Il s'approcha alors, d'un pas lent, comme un signe de paix. Posant alors sa queue sur ses épaules basses. Sa tête était tourné de sorte à ce que Soleil du Matin ne voit pas son père, alors, l'ancien meneur ne remarqua pas son regard éteint et voilé et sa gueule maculé d'une bave blanchatre. Non, ce qui le fit sursauter, c'était la froideur de son corps. Malgré la pluie, il était étrange qu'aucune chaleur ne se dégage de lui. Il fit un instant danser sa queue sur le corps du cadavre, sentant son coeur s'emballer à mesure que des détails le frappait. Un corps froid, aucun geste du pelage, pas de frissonnement, sa queue complètement immobile, et puis son poitrail ne se soulevant plus. D'un bond, il sauta par dessus le corps du guerrier avant de voir son visage. Il aurait été magnifique si sa face sereine et souriante n'était pas marqué par un regard si voilà qu'il paraissait aveugle et que sa gueule ne dégoulinait pas d'une mousse blanchâtre.

Respire.

Aube Filante recula d'un pas, sous le choc. Il sentit son coeur battre encore plus fort, comme emporter dans une course folle pour fuir un malheur. Mais il n'avait aucun moyens de fuir. Ses poumons le brulèrent et l'image de Geai des Chênes se superposa à celle de son fils. Son fils... Son si petit enfant... Il l'avait élevé, il lui avait conté la migration, l'avait aidé à s'entrainer, l'avait conseillé. Comment tout cela avait pu terminer en dispute incessante, en reproche et à la mort ? Avait-il été un si mauvais père ? Il avait privilégier la loyauté et le clan plutôt que ses enfants, pour quel prix ? Il s'était retrouvé avec des petits estropier qu'il n'avait pas pu protéger, dans la tanière des anciens à broyer du noir, faible et inutile.

Respire.

Un instant plus tard, une douleur fulgurante le prit à l'épaule et il tomba. Faible. Oui c'était bien cela qu'il était. Comment pouvait-il penser protéger son clan s'il n'était même pas capable de protéger ses enfants ? MERDE ! Où est-ce que ça avait merdé ?
Une larme s'échappa de l'oeil de l'ancien meneur, qui ne ressemblait plus à rien, effondré dans les fleurs fané par la pluie, le territoire ressemblait finalement à sa famille, un désert infranchissable, sans âme... Comme lui.
Son coeur, lui accéléra un peu plus, à tel point qu'il pensa un instant qu'il allait exploser sur place, littéralement, ou de son coeur allait soudainement prendre vie hors de son corps et vagabonder dans les landes qu'il avait tant aimé parcourir dans la poitrine de son hôte. C'est peut-être ce qu'il se passa d'ailleurs, accélérant, courant, ayant soif d'aventure et de passion, il vagabonda à toute allure dans les clairières, les champs, passant entre les pattes des quadripèdes étrange enfermé dans une énorme clôture. Plus vite, plus vite, encore plus vite. Toujours plus vite. A force d'accélérer, il finit par s'arrêter, d'une fissure en était ressortit des morceaux, brisé, littéralement.

Ses yeux s'ouvrir sur le pelage de sa compagne, assise, le regard triste et pourtant plein d'amour.

-Tu as été un bon père, Aube Filante.

Ces mots touchèrent le félin qui se rendit alors compte que les battements de son "coeur" étaient revenu à la normal. Etoile Eveillée observa alors autour d'elle, l'air inquiète.

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

Miaula-t-il inquiet.

-Soleil du Matin, il n'est pas avec toi ?

L'ancien meneur fronça le museau, sans réellement comprendre.

-Il n'est pas là.

La voix connu des deux félins les firent sursauter et ils se tournèrent d'un même mouvement en direction de l'ancienne guérisseuse.

-Je crois... Qu'il s'est perdu en chemin.

Le regard de Geai des Chênes s'éteignit un instant, un voile de tristesse dans le regard, Etoile Eveillée là rejoignit et le nouvel arrivant fit de même.

-Il se retrouvera.

Miaula alors la féline grise avec assurance, réchauffant un peu le coeur du guerrier.