Tu étais désireuse de rétorquer au lieutenant que celles qui t'avaient soignée après l'attaque du glouton, n'étaient pas la sage guérisseuse du clan. C'était la mère et la fille traitresses de tout code et toutes valeurs, mais après le décès de Nuage de l'Univers, tu ne préférais pas. Bien que tu n'ai jamais vraiment apprécié la femelle, la perte d'un membre du clan était toujours un drame commun pour la tribu. Tu n'avais pas le temps de te préoccuper de ça, de toutes façons.

- Espérons que nos voisins n'ont pas eu écho de l'attaque et en profitent...

Le zénith s'était marqué comme pacifique, mais aussi comme décadent de toute loi. S'ils fomentaient un plan, ils n'auraient aucune gêne à s'emparer du moment de faiblesse des nuiteux.

Tes moustaches s'agitèrent un instant, presque amusée de la fierté du lieutenant, mais aussi toujours admirative de la rudesse de son esprit. Il vivait et respirait pour le clan dans lequel il avait grandi, avait éduqué des enfants sages et excellents guerriers (bien que l'un fut désagréable à souhait) et perpétuait les valeurs auxquelles tu adhérais tant, tu étais toi aussi, fière d'être guidé par le meneur et son second.

- Le Clan de la Nuit a de la chance d'avoir un meneur et un lieutenant comme vous, les autres clans ne peuvent pas rivaliser, tu as raison.

Si un jour Étoile du Phoenix était amené à tragiquement vous quitter, vous seriez entre de bonnes mains.

Tu n'étais encore qu'une jeune apprentie lorsque le malheur s'était abattu sur le clan de la nuit sans crier garde, tu te souvenais des nuits froides sous la lune, de la faim tordant ton estomac, des blessures et des plaintes résonnant dans les tanières de fortune, mais tu n'avais originellement connu que ça. Le confort du camp, l'aisance d'un territoire, tout cela avait relevé d'un luxe nouveau quand vous aviez repris vos terres, votre tribu était elle encore plus grande avant ?

- Comment c'était, avant l'Empire je veux dire, était-on un si grand clan comme aujourd'hui ?

Tu avais entendu des légendes, écouté des contes, mais la réalité semblait parfois dissimuler, certaines choses étaient mieux dans l'oubli.

Puissance du Berserk & Nuage de Louve

L'odeur du chemin du tonnerre collait à leur pelage comme le sable en sortant de la mer. C'était pour cette raison qu'ils avaient grimpé plus haut dans les montagnes. La source chaude était beaucoup plus impressionnante pendant la saison des neiges, lorsque la différence de température créait d'immenses nuages de vapeur. Nuage de Louve ne pourrait admirer ce spectacle que dans plusieurs lunes. Puissance du Berserk se demanda si elle se souviendra de leur première venue ici, à ce moment là. Où ils en seraient.
Pragmatique, le guerrier attrapa une branche entre ses crocs et la déposa dans l'eau avant de s'enfoncer plus en profondeur dans la source.

"Bon, déjà, tu vas devoir apprendre à flotter, sinon tu couleras comme une pierre."

Pour montrer l'exemple, il leva bien la tête là où il n'avait plus patte.

"Ton arrière-train t'entraînera vers le fond s'il n'est pas bien droit. Pour commencer, tu peux te servir du bâton, le mettre sous toi, pour apprendre."

(ça se voit que j'aime pas écrire des entraînements ??)

Puissance du Berserk la laissa faire en étudiant sa posture. Il était prêt à la réceptionner en cas de glissade ou si elle se coinçait la patte dans une branche ou une algue. Plus ils seraient profonds, moins ce risque courrait, mais Nuage de Louve pouvait toujours présumer de ses forces et ne plus être capable de rejoindre la berge. La féline n'était pas le moins du monde musclée et ne saurait pas se sortir d'un mauvais pas dans l'eau.
Il lui laissa tout de même une distance de sécurité, pour qu'elle soit libre de ses mouvements et ne pas gêner ses battements de patte.
"Respire profondément. L'air dans ta cage thoracique t'aidera à flotter, alors ne le gaspille pas inutilement à parler."
Son ton pince sans rire avait vexé déjà plus d'un apprenti (et guerrier). Puissance du Berserk ne se demanda pas si ce serait le cas de sa nouvelle aspirante. Elle devrait réussir à comprendre d'elle-même qu'il ne se moquait pas.

@Menace d'Orage


Le commentaire de son mentor ne l’aiguilla pas vraiment : en l’absence de consigne concernant ses mouvements -qu’elle sentait imprécis et énergivores-, la jeune chatte se contenta d’obéir et de se concentrer sur sa respiration. Puisque Puissance du Berserk n’était pas très loin, elle n’avait pas à s’inquiéter inutilement de la noyade, même si son cerveau tout entier lui hurlait de sortir de l’eau pour se mettre à l’abris sur la terre ferme.

Je refuse d’avoir ce genre de lacune.

Il lui fallait apprendre à nager pour apprendre à se sauver en cas de besoin. Pas besoin d’aimer ça : il lui suffirait d’être assez à l’aise pour remonter et nager avec ou contre un courant. En gonflant ses poumons d’air, la noiraude sentit que l’eau la portait davantage. Elle se mettait à flotter avec un effort musculaire si amoindri que c’en était grisant. Quelle drôle de sensation que d’être porté sans rien faire ! Les oreilles frémissantes, Nuage de Louve s’attela, à chaque inspiration profonde, à coordonner davantage ses battements de pattes : comme elle était plus légère alors, il était plus simple de chercher des mouvements efficaces sans craindre de couler par mégarde. Elle parvint même à pivoter vers Puissance du Berserk pour l’interroger des yeux, mais sentait que ses muscles déjà brûlaient ; si elle restait trop longtemps dans le bassin de la Source, les choses allaient commencer à devenir compliquées -l’envie de se dépasser, d’entamer déjà un entraînement qu’elle avait si longtemps attendu, en revanche, la poussa à s’abstenir de se plaindre.

« Enchuite ? » Marmonna t’elle entre ses crocs serrés.