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La Cénote aux Étoiles

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Lascar
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Lascar


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MessageSujet: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeSam 24 Avr - 17:40

La Cénote aux Étoiles La_czo10
Petite cavité isolée proche de la mer. C'est ici que les chefs et guérisseurs communient avec le Clan des Étoiles. La lune se reflète dans l'eau grâce à une ouverture dans la roche. On peut y accéder par le continent, ou par la plage de galet sur laquelle donne la grotte. Elle se situe entre les territoires aubistes et crépusculiens.
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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeMar 14 Sep - 15:36

Marcher, marcher, toujours avancer
Car l’avenir est plus beau là-haut,
Je le vois d’ici, en haut de la dune,
Marcher, marcher, toujours avancer
Ne jamais abandonner


https://www.youtube.com/watch?v=jeaS3lY16o4
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La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbAxolotl avait marché des jours durant, sans s’arrêter, le museau dressé vers l’horizon, humant cet air frais et empli de vie. Il avait bravé les tempêtes, traversé des champs de moutons et de chevaux, couru sur des routes enragées de voiture. Il s’était mêlé à des félins sans jamais perdre sa quête des yeux : trouver la mer, pour elle, pour lui, pour eux.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbLa solitude ne lui pesa jamais, car toujours Lac de l’Hiver l’accompagnait. Il lui raconta tout, tout son règne de chef, tout ce qu’il lui était arrivé après sa chute du ravin, et elle en fit de même ; son histoire avec Ombre de Fougère, ses chatons. Jamais le félin doré ne s’était senti aussi à sa place, perdu dans l’univers, en quête de sens.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbEt puis un jour, un beau jour où l’aube se levait, l’air changea. Il se fit doux, salé. Pur. Lac de l’Hiver lui avait soufflé quelques mots : monte cette dune. Il l’avait fait, détalant à une vitesse folle. Il avait plongé ses pattes dans le sable, s’y était enfoncé, avait failli tomber, s’en était relevé et avait repris sa course. Alors il la vit. La mer, l’océan, celle dont il avait parlé à tant et tant de félins. Elle était là, caressant ses oreilles avec délicatesse, lui soufflant un vent frais sur le museau. L’embrun s’échouait sur la plage au milieu des algues, et ce fut le plus merveilleux spectacle qu’il lui eut été donné de voir.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbL’ancien meneur s’était rapproché, hésitant, de crainte qu’elle ne l’emporte comme un fleuve, mais son courant était plus doux. Les vaguelettes lui léchèrent les pattes et la joie explosa dans son cœur. Redevenant un chaton, le Axolotl qu’il avait été bien des lunes auparavant, il se mit à sautiller, à chasser les coquillages, il marcha tout le long de la plage, ne quittant jamais l’horizon des yeux, s’amusant de ses traces de pattes que l’eau venait effacer. Lac de l’Hiver l’accompagnait, riant de ses enfantillages, brillante d’étoiles. Entre un mot et un vivant, ils filaient le parfait amour, après des lunes de route à braver les dangers et veiller sur leur unique enveloppe corporelle.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbQuand vint la nuit, Axolotl refusa de quitter la mer et trouva une petite cavité, tout à son bord, parsemée de galets. L’eau était turquoise et la lune offrait une luminosité salvatrice grâce à une magnifique ouverture au-dessus de sa tête. Les étoiles n’étaient cachées par aucun nuage et l’observaient. Même ici, le clan des étoiles veillait sur lui. Lac de l’Hiver le rejoignit, pressa son museau contre le sien, et tous deux décidèrent de vivre ici. Il pouvait entendre la mer, les mouettes, les clapotis de l’eau, tout en ayant le luxe de se baigner si l’envie lui en prenait. Il dut par ailleurs apprendre à chasser et trouver de l’eau clair, car celle salée de sa cénote donnait plus soif qu’autre chose. Un fleuve plus doux prenait sa source en amont, dans les montagnes, et venait juste se déverser dans l’océan. Il n’avait même pas à aller loin !
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbRien ne souriait plus à la vie d’Axolotl, qui passa ses plus merveilleux jours dans cette petite grotte. Seulement, il se faisait déjà vieux, son corps avait tant enduré depuis sa chute du ravin, qu’il savait ne pas pouvoir vivre aussi longtemps que Clarté Nocturne et Tornade Boréale. L’envie de se battre l’avait quitté pour ne plus profiter que de ce petit coin de paradis. Il ressembla bien vite à un vieux félin, des poils sur le museau, et ses pattes le faisant souffrir. Lac de l’Hiver observait les ravages de la vieillesse sur ce matou qu’elle connaissait depuis qu’il était chaton, tout en sachant qu’il la rejoindrait bientôt parmi les étoiles.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbUne nuit, alors que tout était calme, la pluie avait cessé de frapper la mer et la cénote était humide, elle vint se frotter à lui pour lui tenir chaud.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bb « Il faut que je t’avoue quelque chose, commença-t-elle.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbJe t’écoute.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bb— Les clans ont dû quitter leur territoire, la maladie et la terre avaient tout détruit. L’arbre de vie s’est même fané et nous aussi avons dû délaisser nos terres étoilées.
»
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbLes oreilles dressées d’inquiétude, Axolotl ne put s’empêcher de se demander s’il n’aurait pas dû rester pour les aider. Si seulement il avait su !
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bb « Ils vont bien ?
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bb— Il y a eu beaucoup de morts, mais Clarté Nocturne et Esprits des Glaces vont bien, je te l’assure.
»
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbLe vieux matou se redressa, fébrile sur ses vieux os.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bb « Je dois aller les chercher ? »
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbCette demande, d’une dévotion totale, fit sourire Lac de l’Hiver qui secoua la tête.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bb « Ils viendront par eux-mêmes, cesse de les materner.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bb— Je ne les materne pas.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bb—Tu es comme un grand-père qui a oublié son âge !
»
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbAxolotl ronchonna que ce n’était pas vrai et se rassit. Lac de l’Hiver avait raison. Il ne serait pas capable de les atteindre, quand bien même elle l’aurait guidé, et il ne se sentait pas plus capable de porter des chatons. Il était impuissant.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bb « Pourquoi m’en parles-tu, alors ? »
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbLa féline ivoire posa sa mâchoire sur son dos.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bb « Tu es le fils des trois clans, tu as du sang de l’aube, du crépuscule et de la nuit, et c’est pour cette raison que tu pourras être la racine de notre nouveau territoire. Cette cénote sera le nouvel arbre de vie, grâce à toi. Mais pour ça, je dois t’emmener avec moi. »
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbLes mots raisonnèrent dans l’esprit du vieux meneur, qui plongea ses prunelles dorées dans celles de sa compagne. Il n’hésita pas, se sentant prêt, plus prêt que jamais.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bb « Alors emmène-moi. »
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbCe n’était pourtant pas sans regret que Lac de l’Hiver se redressa. Quand il vit enfin son visage, des larmes venaient glisser sur ses joues. Sa douleur l’atteignit de plein fouet, en même temps que la conscience que son destin se trouvait entre ses pattes. Il n’y avait pas d’autre issue possible. Ils devaient le faire, à deux. Pour la rassurer, il pressa son front contre le sien.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bb « N’aie pas peur. Je suis heureux de servir les clans une dernière fois.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bb— Toute notre vie sera derrière-nous alors
, murmura-t-elle, la gorge nouée.
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbOui, et nous pourrons offrir la vie à notre tour grâce à cette cénote. Ce n’est pas la fin, Lac de l’Hiver, ce n’est que le début. »
La Cénote aux Étoiles Alin-a-4b4f0bbElle n’avait de toute façon pas le choix, se dit-il. Douloureusement, la guerrière étoilée lui toucha le museau, de la même manière qu’un mentor touchait celui de son apprenti, et Axolotl sentit la vie lui glisser entre les griffes. Alors que, en tombant du ravin, il l’avait retenue de toutes ses forces, en cet instant il la laissa fuir, le délaisser, rejoindre la douce eau de cette demeure qui l’avait protégé des vents et intempéries. Sa vie ne fut pas seule, car les larmes étoilées de Lac de l’Hiver heurtèrent à leur tour la surface, mêlant l’âme de l’aube, de la nuit, du crépuscule à celle du clan des étoiles. Ainsi recommença une nouvelle boucle, ainsi les vivants rejoignirent de nouveau le clan des étoiles. Ainsi se conclut l’histoire d’Etoile Balafrée et Lac de l’Hiver, là où elle s’était toujours tenue : entre la vie et la mort, sur le fil de la peine et de l’amour, au service des clans et de ceux qu’ils aimaient.

Toi,
Moi,
L'éternité,
Six mètres au-dessus des nuages.

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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeDim 2 Jan - 11:54

~Découverte de la Cénote~
Brume de Soleil, Nuage de Source, Clarté Nocturne, Nuage d'Obscurité et Berceuse du Venin

Le guérisseur marchait aux côtés des autres, le temps semblait être arrêté maintenant qu'ils étaient parvenu en ces lieux, il ne manquait qu'une seule chose, le lieu de communion avec les Etoiles. C'était à eux de le trouver désormais, c'était leur mission, à eux cinq.
Observant un instant l'air se formant en nuage, Ivresse se sentit trembler. Comment allaient-ils trouver ce lieu ?
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Mûre Noire
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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeDim 2 Jan - 18:12

(je rappelle aux guérisseurs actif qu'on a un rp en cours au centre des camps, merci d'y répondre !)
La Cénote aux Étoiles Latest?cb=20190502174446


       Brume de Soleil marchait accompagnée de ses deux apprenties. Même si elles étaient devenues plutôt indépendantes, et qu'elle les laissait souvent au profit de son rôle de seconde, elle devait pour l'instant toujours jouer le rôle de la guérisseuse. Les autres guérisseurs étaient persuadés que le voyage était finit et que le Clan des Étoiles allait communiquer avec eux, Brume de Soleil craignait que ce ne soit pas le cas, et n'avait de toute façon aucune confiance aux guérisseurs ennemi. Elle marmonna :


-"Le Clan des Étoiles a-t-il trouvé un endroit pour communiquer avec nous ? A-t-il vraiment voulu qu'on s'arrête ici ?"

___________________/_/_/
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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeMar 4 Jan - 9:34

Nuage d’Ecaille - Recherche du Clan des Etoiles - La Cénote aux Etoiles

La jeune chatte cheminait aux côtés de sa camarade et son aînée, ainsi que des autres guérisseurs. Ils ne s’étaient pas rassemblés ainsi depuis des lunes et ils l’intimidaient toujours autant. La novice n’est pas une forte tête, à prendre la parole ou à guider les autres. Etre un simple soutien pour les autres lui suffit et elle craint le changement. Beaucoup pensent qu’il s’agit là de leur nouveau territoire, que leur voyage touche à sa fin. De ce que la jeune chatte a compris du message, tout semble correspondre. Les ancêtres restent pourtant silencieux, comme perdus eux aussi. Peut-être est-ce là une épreuve pour tester leur foi. Cela l’inquiète. Et si elle n’est pas à la hauteur ? Si, malgré ses efforts, les clan des étoiles ne la juge pas digne de devenir guérisseuse ? Que fera t-elle ? Mieux vaut ne pas y penser pour le moment.
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Étoile Impériale
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Étoile Impériale


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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeMar 4 Jan - 22:05

(Désolée je fais ça en une fois, j'aurais pas le temps, après D: PS : c'est un cénote d'après Google xD)

✨ CLARTÉ NOCTURNE ✨
La Cénote aux Étoiles Ma-bot10


La Cénote aux Étoiles Bluest10

« Tu es le fils des trois clans, tu as du sang de l’aube, du crépuscule et de la nuit, et c’est pour cette raison que tu pourras être la racine de notre nouveau territoire. Cette cénote sera le nouvel arbre de vie, grâce à toi. Mais pour ça, je dois t’emmener avec moi. »

Cette migration touchait bel et bien à sa fin, la guérisseuse le sentait. "Par-delà les hauteurs de la nuit, trouvez votre félicité sur les rives de l’eau salée" cette prophétie n'avait jamais quitté la mémoire de la vieille chatte, alors qu'elle tâchait de maintenir le cap vers ces mystérieuses rives d'eau salée, qui correspondait bien au nom de "mer". Lorsqu'ils ont vu cette fameuse mer du haut des monts, lorsqu'ils y étaient enfin arrivés, la veille au soir, la guérisseuse s'était sentit enfin légère depuis bien longtemps. Comme si le vide immense qui l'avait accompagnée durant toute ce voyage, quelque chose l'avait comblé, quelque chose l'appelait, ici, sur ce nouveau territoire encore méconnu. L'appel était si lointain mais si proche en même temps. Si familier qu'elle en avait le tournis. Malgré la fatigue, malgré son appréhension, elle n'avait pas attendu pour rejoindre les autres guérisseurs, ne pouvant pas perdre de temps : il fallait retrouver ce qu'il manquait aux Clans. Et seul le Clan des Étoiles, le quatrième de Clans qui les liaient depuis toutes ces innombrables lunes était le seul à pouvoir les souder entre eux et les faire redevenir comme avant. Les trois Clans que la guérisseuse avait toujours connu. Cheminant près de Berceuse du Venin, Brume de Soleil, Nuage d'Obscurité, Nuage de Source et Nuage d'Écaille, Clarté Nocturne finit par hocher la tête vers la guérisseuse et lieutenante du Clan du Crépuscule, la mine sérieuse :
- J'en suis persuadée. Nous sommes sur les rives de l'eau salée, il n'y a plus aucun doute.
Pourtant, ils cherchèrent toute la journée, en vain. Épuisés, démoralisés, les cinq guérisseurs ne savaient plus où chercher car ils avaient tout fait. Le moindre recoin, le moindre arbre, la moindre grotte... alors qu'ils pensaient à se séparer à la nuit tombée pour rentrer et en parler à leurs chefs respectifs, Clarté Nocturne sentit soudainement son coeur pulser dans sa cage thoracique, ses pattes s'embrasèrent d'une énergie nouvelle, un sentiment de hâte et d'empressement lui créa le sentiment de vouloir prendre son envol pour rejoindre leur ancêtres, par delà les nuages. Elle redressa alors la tête, inspirant en fermant un instant les yeux. Clan des Étoiles, si vous vous trouvez ici, guidez-nous jusque'à vous, je vous en supplie. Une brise se souleva dans sa fourrure tachetée, murmurant un léger message dans son passage. Cette voix grave et douce, elle la reconnaissait. Entrecoupée par une autre plus claire et chatoyante, qu'elle connaissait également. Le soulagement qui la submergea lui coupa presque la respiration.
Viens.
Portée par ces voix, elle fit signe aux autres de la suivre et se traîna à tête du groupe, tête relevée vers l'horizon, marchant comme si elle était née en ces lieux. N'entendant plus les autres chats de la patrouilles, son ouïe n'était que tournée vers ces murmures qui la guidaient jusqu'au bord de mer, où les vagues léchaient doucement la plage de galets, sans un bruit, brillantes sous la lune scintillante. Bien sûr, elle ne savait où elle allait, mais ses pattes la portèrent sans qu'elle n'ait à y songer, longeant la plage avec assurance. Happée, elle avait l'impression de vivre dans un rêve éveillé, tout étincelait autour d'elle, elle ne voyait que le chemin qui s'ouvrait à elle : une petite cavité isolée, proche de la mer, et surtout, invisible de l'extérieur. Sans attendre, Clarté Nocturne s'y glissa et après une légère descente dans un tunnel serré, cela amena à l'un des spectacles les plus époustouflants de sa vie. Une grotte aquatique karstique semi ouverte se dressait devant eux, où les lueurs de la lune et des étoiles venaient s'y refléter avec douceur sur une eau turquoise et lumineuse, comme si la Toison Étoilée gorgeait la source du cénote. L'émotion prit Clarté Nocturne de court, et des larmes emplit ses yeux, sans qu'elles ne tombent. Le corps tremblant, elle vit de l'autre côté deux silhouettes qui les observaient, côte à côte si proches que leurs flancs se frôlaient observant la vieille guérisseuse avec un doux sourire sur leur visage. Une femelle blanche et brune claire et un mâle doré courroucé de cicatrices. Leurs pelages étaient illuminés d'étoiles, signifiant qu'ils venaient tous deux du Clan des Étoiles. Lentement, ils s'estompèrent et le reste de leur étoile vinrent rejoindre la source aux pattes des cinq chats. En s'approchant, Clarté Nocturne put apercevoir dans l'eau des centaines de milliers de silhouettes étoilées sans en reconnaître d'autre, mais cela suffit à convaincre la guérisseuse.
Le Clan des Étoiles était là, tout près d'eux :
- Merci, Étoile Balafrée et Lac de l'Hiver, de nous avoir conduit ici, souffla t-elle alors, sentant son coeur se serrer à la pensée de ses anciens amis, disparus il y a des lunes de cela. Très chers camarades, fit-elle finalement, s'arrachant malgré elle à la vue du cénote pour se tourner vers eux, les larmes aux yeux, je crois que nous avons trouvé ce que nous recherchions !

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« Anata ga kureta nukumori ga
Fukaku, fukaku
Ima haruka na toki wo koe
Michi watatteku »
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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeMar 4 Jan - 22:22

☆ Nuage d'Obscurité ☆
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Leur nouveau territoire. Nuage d'Obscurité avait du mal à se faire à cette idée. Pour elle, leur chez eux étaient derrière eux depuis longtemps. Elle avait du mal à penser qu'un jour, elle puisse se sentir ici chez elle. Malgré tout, elle gardait un léger espoir : celui que le Clan des Etoiles soit déjà sur ces terres, les attendant. Alors, elle suivit Clarté Nocturne, semblant suivre une piste que seul elle connaissait.

C'est quand elle emmena les guérisseurs dans une cavité proche de la mer que l'apprentie guérisseuse reprit espoir. Devant eux se dressait une grotte aquatique, réfléchissant la lumière des étoiles et de la lune. Et alors, elle les sentit. La présence des chats disparus. Elle pourrait jurer sentir l'odeur de Fleur de Lavande, et celles plus ténues de Petite Nuit et Patte Sombre.

"- Ils nous attendaient, on est bien chez nous." Murmura-t-elle, excitée.

Mais alors, elle entendit le souffle de Clarté Nocturne, à ses côtés. Etoile Balafrée ? Son père était ici ? Fleur de Lavande avait toujours dit que l'ancien chef était le père de ses chatons. Nuage d'Obscurité eut un frisson en pensant à cela. Quel genre de père abandonnerait ses chatons ?

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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeJeu 6 Jan - 18:40

Les pas finirent par se perdre. Ivresse avait beau être persuadé qu'ils étaient au bon endroit, trouver le clan des Etoiles se trouvait être bien plus compliqué que ce qu'il aurait pensé. Où était ses ancêtres ? Où se cachaient-ils ? Bien qu'il ne savait pas réellement ce qu'il s'était passé, la motivation soudaine de Clarté Nocturne eu le don de lui redonner espoir. Elle ne ferait pas ça pour rien, elle avait sentit quelque chose. Et c'est alors, après encore une petite marche, qu'ils trouvèrent ce lieu, isolé, protéger, une cénote caché de tout. Il n'avait pas besoins de voir ses ancêtres pour les sentir, et il savait, à cet instant précis, qu'ils étaient là. A côté, Clarté Nocturne fixait des silhouettes invisibles pour le lieutenant mais lorsque l'eau glacial s'illumina d'étoile, il su. Ils avaient réussi, ils y étaient arrivé. S'asseyant au bord de l'eau, il leva alors la tête vers le ciel, fermant les yeux. Un parfum doux et mielleux l'enveloppa alors.

-Berceuse.

Il ne put alors retenir un sourire apaisé. Oui, ils étaient bien chez eux.
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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeLun 10 Jan - 14:33

| Cœur de Sapin - Quenotte de Fennec |

Sa discussion avec Berceuse du Venin achevée, la féline au doux pelage crème descendit dans la cénote pour y découvrir une magnifique eau transparente. La nuit était tombée, la lumière de la lune et des étoiles venait se refléter sur l'eau claire, Quenotte de Fennec sentait comme plein de présences rassurantes autour d'elle. C'était intimidant de se retrouver en ce lieu mystique, mais apaisant également. Elle s'allongea auprès de l'eau et en lapa timidement la surface, aussitôt emportée dans un sommeil étrange.

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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeJeu 13 Jan - 20:52

La Cénote aux Étoiles Etoile10
« Dans la noirceur de ce monde, vous étiez ma seule lumière»

Le lieutenant ne comprenait pas réellement ce qu’il se passait alors que ses pattes le menaient vers la petite cénote. Le nouveau territoire tant attendu dansait sous ses pattes alors qu’il entendait les pas de ses deux camarades près de lui. Idylle Toxique les avait mené en sécurité, avait mené la construction du nouveau camp, puis elle était montée sur ce maudit promontoire, elle avait fait ses baptêmes, puis elle avait abdiqué, comme si son rôle était désormais terminé. Peut-être était-ce vrai après tout. Peut-être que ce voyage était fait pour sa sœur mais que ce commencement n’était pas pour elle. Mais, que venait-il faire dans tout ça ?
Secouant la tête sous le ciel étoilé, il entendit Lotus Fauve ronronner d’un certain amusement.

-Qu’est-ce qu’il y a ?

Gronda le guérisseur d’une voix plus dure qu’il ne l’aurait réellement souhaité, mais la guerrière n’en tient pas rigueur.

-Rien, tu as l’air complètement désespéré, je trouve ça amusant.

Œil d’Améthyste lança un regard froid à la féline mais Ivresse secoua la queue afin qu’elle ne réponde pas. Il avait trouvé important de faire les choses bien cette fois-ci, lui qui s’était rendu à l’Arbre de Vie seul pour son baptême d’apprenti guérisseur et celui de guérisseur, cette fois-ci, une autre guérisseuse l’accompagnait, ainsi que Lotus Fauve au vue du territoire encore peu connu qu’ils traversaient.

-Tu sais ce que je pense de tout ça.

Miaula-t-il à l’intention de sa fille adoptive qui soupira avec mécontentement.

-Tu es lieutenant, t’aurais dû refuser.

Berceuse du Venin se tut alors. Non, il n’aurait pas pu, et la guérisseuse le savait parfaitement mais il ne dit rien, s’arrêtant enfin devant l’entrée de la Cénote.

La lune se reflétant dans l’eau par une ouverture donnait un aspect mystique au lieu qui était assez isolé pour qu’aucun bipède ne s’y aventure. Ils étaient en sécurité ici. Son regard se perdait entre l’eau et les étoiles alors que les deux autres aubistes l'observaient avec impatience.

-Je ne peux pas faire ça.

Le miaulement du guérisseur résonna sous la voûte et le silence suivit ses paroles comme une mélodie. Il sentit le regard interrogateur de la guerrière blanche et noir sur son pelage alors qu’Œil d’Améthyste s’approchait légèrement de lui ne cachant pas son irritation.

-Qu’est-ce que tu racontes encore ? Le clan à besoins de toi.

-Non, c’est faux, et tu le sais, le clan à seulement besoins d’un meneur.

Alors seulement il releva son regard en direction de la guerrière qui se tenait légèrement en retrait. Leur regard se croisèrent et comme un éclair dans les yeux bleus de la féline, elle eu l’air de comprendre l’insinuation du lieutenant.

- Attends tu … tu ….

-Je veux que tu deviennes la meneuse de l’Aube.

Confirma le guérisseur alors que les yeux de la guerrière se mettaient à briller. Elle était jeune, oui, mais expérimentée et Berceuse du Venin avait confiance en son jugement. Lotus Fauve tourna son regard vers la guérisseuse.

-Je présume qu’on devra s’en contenter.

Miaula cette dernière alors avec une pointe d’amusement dans la voix, jetant tout de même un regard noir vers Berceuse du Venin. La guerrière écarquilla les yeux alors qu’elle sentait cette nouvelle information naître en elle. Elle allait devenir la meneuse de l’Aube ! Elle l’avait dis à Jaguarondi, on ne l'oubliera pas !

-Bon aller, dépêche toi, de toute façon, si le clan des Étoiles ne t’accepte pas, il sera bien obligé d’y aller.

Alors motivée, Lotus Fauve s’approcha de l’eau, toujours avec le même regard émerveillé.

-Toi aussi tu devrais y aller, tu as des réponses à demander.

Miaula le guérisseur l’intention de sa fille adoptive qui obtempéra et rejoignit ses ancêtres.

La Cénote aux Étoiles Rp25
« Et quand je lève les yeux vers vous,
On dirait que le monde tremble. »

Maintenant il était là, seul devant les corps endormi de ses deux camarades, son regard croisait régulièrement la voûte céleste alors qu’il se sentait à chaque fois défaillir un peu plus. Et puis ce qui devait arriver arriva. C’était comme une force plus puissante encore que lui-même, il ne contrôlait plus ses propres pattes, non, il avança simplement, lapant à son tour l’eau et s’allongeant entre ses deux camarades. Bientôt, il rejoignit Lotus Fauve dans le clan des Etoiles.
Ses ancêtres n’avaient pas l’air particulièrement surpris de son arrivée, au contraire de la guerrière qui était quand même légèrement perdue. La guerrière bicolore s’approcha du guérisseur.

-Qu’est-ce que tu fais là ?

-Je ne veux pas devenir meneur
Miaula-t-il avec un léger sourire.Mais ta grand-mère avait confiance en moi, je dois le faire.

Lotus Fauve eut un instant l’air déçu, un grand félin s’approcha alors des deux amis. Ivresse la reconnut presque immédiatement.

-Salutation Etoile Eternelle.

-Salutation Berceuse du Venin, on dirait que tu t’es décidé finalement.

Le guérisseur hocha positivement la tête, il était peut-être plus prêt qu’il ne le pensait…

-Attend quelques instants, tes amis vont arrivés.

Ivresse hocha une nouvelle fois la tête et regarda les étoilés disparaître, tout comme sa petite-nièce qui rejoignait alors la terre ferme.

La Cénote aux Étoiles Andrew10
« Trop occupé à aimer les autres, il en avait juste oublié de s’aimer un peu. »

Observant autour de lui, le lieutenant ne se sentit pas seul un instant, au contraire, il ne s’était jamais sentit aussi entouré et, enfin, de nouvelles fourrures étoilés commencèrent à apparaître. Neuf pelages au total, et le guérisseur se sentit apaisé en comprenant qu’il n’y en aurait pas plus, il ne souhaitait pas d’une grande cérémonie comme certains chef lui avait raconté, il était heureux de pouvoir partager ce moment avec des amis et non pas des inconnus, bien qu’il n’y voyait pas ses enfants morts durant le voyage. Bien sure, il aurait voulu s’approcher, aller à la rencontre de son frère et de sa sœur, de ses amis, mais il ne pouvait pas bouger, et alors que son regard croisa un autre tirant sur le jaune, il s’approcha de son pelage noir constellé de tâche blanche. Un meneur né étoilé, ça avait toujours été ainsi que le guérisseur l’avait vue.

-Ne t’en fais pas, ce ne sera pas long.

La voix d'Étoile résonna dans le silence de la prairie.

-Il n’y aura pas beaucoup de conseils et de souvenirs ce soir, tu sais ce que tu dois faire, tu seras un bon chef, nous en sommes tous persuadés. Alors, ce soir, je te donne ta première vie. Moi, Etoile, je te donne l'Égoïsme, pour que tu parviennes toujours à trouver du temps pour toi et que tu ne te perdes jamais.

L’ancien meneur déposa sa truffe sur l’épaule de son ami qui sentit un air froid le traverser de toute part. Ce n’était pas une sensation désagréable, ni douloureuse, mais il se sentait revivre. Etoile s’éloigna quelques instants après sans laisser à Berceuse du Venin le temps de réagir.

La féline s’avançant désormais était presque transparente, son pelage ne brillait pas autant que celui d'Étoile, mais elle avait une présence qui émanait jusqu’au guérisseur. Accueillant cette nouvelle atmosphère sans restriction, Ivresse se laissa happer par ce que dégageait son ancienne mentore.

-J’ai toujours su que tu ferais de grandes choses. Tu as toujours su te distinguer par ta bienveillance et ta générosité. Tu as toujours fais passé la vie des autres avant la tienne, c’est pourquoi je te donne la Hargne, afin que tu puisses te battre pour ce qui compte jusqu’à ton dernier souffle.

Berceuse du Venin ne put dire un seul mot, Rose des Vents ne le lui en laissa pas le temps, cette vie-là fut plus agréable encore que la première. L’émotion qui parcourut le lieutenant était indescriptible, et lorsque la défunte rejoignit le rang des Etoiles, il sentit ses pattes trembler, comme s’il venait de courir durant des heures.

Attendant à peine quelques instants, le guérisseur vit apparaître une nouvelle silhouette qu’il reconnut comme les autres, en un instant.

-Souffle du Zéphyr.

Souffla le matou gris et noir à la vue de son vieil ami, qui lui rendit un sourire timide. La mort avait emporté le guerrier sur l’ancien territoire, le feu avait pris son corps dans une étreinte éternelle. Et le matou si peureux était mort courageux. Son ami avait sauvé deux chatons ce jour-là, Ivresse ne l'oubliera jamais.

-Je suis venu te donner la Résolution Berceuse du Venin. Pas celle qui te donne envie d’abandonner face à des difficultés. Mais celle qu’il te faut pour accepter les évènements inévitable.

Encore une fois, on ne lui laissa pas le temps de réagir aux paroles du matou que ce dernier lui effleurait déjà le museau. La vie parcourut son être sans la moindre douleur et Ivresse commença à s’y habituer. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi les vies devaient-être aussi douloureuses pour certains, alors qu’elles étaient si douces pour lui.

Souffle du Zéphyr retourna à sa place et un nouveau matou apparut.

La Cénote aux Étoiles Annie-10
«Elle ne sait plus où sont les vivants et où sont les morts. De quel côté est la vie. »

-Papa !

S’exclama le matou, sentant un grand soulagement alors qu’il le rejoignit dans une certaine précipitation. Ivresse se blottit contre son pelage, un ronronnement résonnant dans sa gorge. C’est avec un même ronron qu’Euphorie du Flamenco accueillit son fils, alors qu’un sourire fleurissait sur son museau.

-Je suis tellement fier de toi.Miaula le matou en s’écartant légèrement, rompant le contact entre les deux matous. Tu es devenu un très bon guérisseur, un bon père, et tu seras un bon chef, j’en suis persuadé. Je te donne alors la Vitalité, afin que tu croies toujours en tes rêves.

La vie reçu ne fut pas la même, Berceuse du Venin le sentait au fond de lui, seul une grande tristesse le prenait, celle qu’avait ressenti son père de son vivant, puis une décharge puissante le prit, électrisant son corps de toute part. C’était ça la sensation de vitalité.

Un vide suivit la vie que son père lui avait transmise, un vide tel qu’il avait l’impression de disparaître, que tout était fini. Le guérisseur allait-il rejoindre ses ancêtres maintenant ? Il devait dire ne pas savoir quoi penser de cette option, il n’avait jamais réellement voulu vivre. Mais la sensation de mourir qui le prenait le dépassait complètement. Et ses enfants ? Et Passion ? Non, il ne pouvait pas.

La Cénote aux Étoiles Geran-10
« C’est à la lune qu’il a dit pour la première fois leurs prénoms, qui rappelaient pour toujours comment elles étaient venues au monde, et pour toujours le monde se souviendrait d’elles. »

Regardant ses ancêtres avec les yeux écarquillés, il vit le pelage roux et clair tirant sur le foncé d’une de ses filles adoptives. Son odeur enivra le museau d’Ivresse qui ferma un instant les yeux. Il avait toujours su que les enfants d’Etoile Dévorante et de Lac des Nénuphars ne l’avait jamais vraiment considéré comme un père, mais… Il ne savait pas comment se définir auprès d’eux. Un mentor ? Un ami ? Peu importait à vrai dire, il les avait vu grandir, les avait soutenus et aidés du mieux qu’il le pouvait, le reste n’avait finalement pas tant d’importance. Toute sa vie il se souviendrait des moments passés avec eux, et même s’il n’avait pas pu le protéger de la mort, il savait qu’ils avaient été heureux de leur vivant.

-Aube Brumeuse.

Miaula le lieutenant alors qu’un sourire fleurissait sur son museau. Il n’était pas question d’être triste, il se devait de profiter de ce moment, il ne savait pas quand il reverrait la féline.

-Bonjour Ivresse. Je suis ici pour te donner ta prochaine vie. Celle de la Désinvolture. Je sais que tu n’en a pas beaucoup en toi alors je te donne une partie de celle que j’ai comme tu nous as donné l’amour que tu avais.

Ce fut certainement la vie la plus agréable qu’il eut reçu jusque là, comme une chaleur enivrante qui sondait son corps pour atterrir en plein dans son cœur, c’était le couché de soleil qu’il regardait chaton et qu’il admira plus tard avec ses fille adoptive. Celui où il avait aidé Nuage Majestueux et Nuage d’Onde à monter sur la pouponnière pour qu’ils puissent l’admirer tous ensemble. Il ne savait pas si c’était cette désinvolture qui lui prenait les tripes ou l’amour dont Aube Brumeuse parlait, mais ce qui était certain, c’était que c’était l’une des meilleures sensations qu’il avait ressenti.

Le prochain félin à s’approcher serra le cœur de Berceuse du Venin qui se sentit complètement désarmé.

Que… Qu’est-ce que tu fais là ?

Mais sa question se perdit dans un silence assourdissant. Le matou noir et blanc en face de lui ne répondit pas, s’avançant simplement et posant son museau sur l’épaule de son ancien compagnon. Le lieutenant ne comprenait vraiment pas et, lorsque le matou fit demi-tour, son nom échappa de la gueule du matou gris constellé de noir.

Sans Nom ! Finit-il par s’exclamer, un silence s’ensuivit et Ivresse sentit l’air lui manquer. Qu’est-ce que tu fais là ?

L’ancien solitaire baissa la tête vers ses pattes avant de déposer son regard dans celui de son ami.

-Tu as choisis ton clan et ta famille, et moi j’ai choisi ma liberté. Mais le clan des Etoiles est toujours resté dans mon cœur. Apprend à vivre pour toi et à te délaisser de ta culpabilité. Accepte un peu de ma liberté.

Sans Nom se détourna alors, le regard triste, rejoignant les rangs des étoilés.

La Cénote aux Étoiles Davidc11
« Pourquoi attendre deux heures avant la fin du monde quand on peut tout détruire maintenant ? »

-Je n’ai jamais été un bon frère pas vrai ?

Le guérisseur sursauta à l’entente de cette voix. Il avait la sensation que son cœur s’emballait et en même temps c’était comme s’il perdait tout d’un seul coup. Il était réellement heureux de voir son frère, mais en même temps, il n’avait qu’une seule envie : lui sauter dessus afin de lui faire la peau. Il lui avait promis. Promis que tout se passerai bien pour Œil d’Améthyste et il l’avait vue se détruire à petit feu à cause de Lavande. Bien sure, maintenant qu’elle comprenait ce qu’il se passait, elle arrivait un peu mieux à gérer les choses. Mais ce pour quoi il lui en voulait plus encore, était le fait d’avoir fait appel à Nuage de Berceuse pour le dissuader d’intervenir lors du baptême.

-Je sais, et je ne comprends toujours pas ce qui vous pousse à faire certaines choses. Tu sais que je suis très loyal et que le clan à toujours été le plus important pour moi.

Le guérisseur sentit ses muscles se raidirent et ne laissa pas Constellation Parasite poursuivre.

-Ne commence pas, je te vois arriver. J’ai toujours fait tout mon possible pour faire mon devoir du mieux que je pouvais. J’ai toujours fait passé mon clan avant moi-même et tu le sais très bien.

-Ce n’est pas ce que j’ai dis.

-Tu n’as pas eu besoin. Sa voix se fit sourde. On sait tout les deux ce que tu penses, Nuage de Berceuse puis Sans Nom. Je n’ose même pas imaginer ce que tu as pensée lorsque Braise du Ciel attendait nos petits alors que j’étais encore guérisseur.

Les deux frères restèrent quelques instants sans bouger, se jonchant du regard, mais Berceuse de Venin finit par baisser la tête. Il n’avait pas gagné, mais ils étaient tous les deux perdants et le lieutenant le savait parfaitement.

-Même si ce mot n’a pas la même signification pour nous deux, je souhaite te donner la loyauté. Celle qui te permettra de toujours être présent pour ton clan.

Leurs truffes se touchent avec délicatesse et il sentit un grand apaisement s’emparer de lui. Il ne savait pas vraiment si c’était la loyauté de son frère qu’il ressentait ou sa propre acceptation, mais durant un instant, sa culpabilité s’était envolée.

Il restait deux silhouettes dans les félins présents et la huitième s’avança sans attendre. Son pelage noir constellé de tâche encore plus foncé était surélevé par du blanc sur son dos et ses oreilles. Sa présence lui serra un peu plus le cœur.

-Je suis contente de te voir.

Miaula Splendeur Utopique de sa douce voix rassurante.

-Je sais qu’il y a beaucoup de choses que tu aimerais me dire, et moi aussi à vrai dire, mais nous trouverons un autre moment. Cet instant, c’est le tien Ivresse. Et j’aimerais te donner la méfiance. Pas celle qui te paralyse et t’empêche de voir le bon chez les autres, mais celle qui t’en donne assez pour faire preuve de clairvoyance.

Le lieutenant accepta les paroles de sa sœur sans broncher, il ne chercha même pas à dire quoi que ce soit d’autre. Non, il ferma les yeux au contact de sa truffe, laissa l’énergie qu’elle lui transmettait s’emparer de son corps avant de la regarder partir sans un mot de plus.

La Cénote aux Étoiles Cristo10
« Il est là, assis, à fixer le néant devant lui.

C’était terminé, Ivresse le savait au regard que ses ancêtres lui lançaient. Désormais, il avait huit vies et pour une raison qui lui échappait, il ne se sentait pas réellement angoissé à l’idée de prendre la place de sa sœur. C’était comme s’il était vraiment prêt, que c’était ce qu’il devait faire.
Alors, une dernière silhouette s’approcha. Élancée et toujours parfaite que dans son souvenir. Il lui en avait toujours voulu de ne pas l’avoir prévenu pour Hérisson Vénérable, mais à sa vue, il sentit toute sa colère fondre en un instant.

-Sylphide Ethérée…

Sa voix était presque brisée, comme si toute la tristesse qu’il avait accumulée menaçait de voler en éclat. Cela faisait tellement longtemps qu’il ne l’avait pas vue, depuis la trahison de son neveu. Ca remontait à si loin et pourtant il s’en souvenait parfaitement.

-Bonjour Berceuse du Venin. Je… Nous nous somme dis que je devrais te donner ton nom de meneur.

Le lieutenant sentit son cœur se serrer un peu plus. Elle, celle qu’il avait toujours considéré comme sa mère mais n’avait jamais pu lui donner de nom. Il trouvait ça plutôt ironique venant du clan des Etoiles qui avait laissé Miracle Tempétueux lui donner son nom d’apprenti guérisseur. Mais peu importait désormais, il avait gardé son nom jusque là mais Sylphide lui donnerait celui qu’elle voudrait.

-Berceuse du Venin, tu as reçu huit vies, le clan des Etoiles approuve ta nomination et c’est avec joie que je te donne ton nom de chef. Jusqu’à ce que la mort t’emporte, tu te nommeras Étoile Guérisseuse.

Le nouveau meneur laissa un léger ronronnement s’échapper de sa gorge alors que ses anciens camarades clamaient son nom.

La Cénote aux Étoiles Benjam10
« Un pas après l’autre. Être avant de devenir. Le conseil précieux d’un absent. »

Se réveillant en sursaut, le guérisseur sentit immédiatement la fraîcheur du sol sur son pelage. La pierre était glaciale et la nuit calme, le pelage de ses camarades ne réchauffait plus l’atmosphère solitaire qui s’étendait face à lui.
Sortant du creux où il s’était abrité, le matou gris et noir regarda un instant autour de lui. Les collines par lesquelles ils étaient arrivés dansaient de nouveau sous ses pattes, sur le côté, il pouvait percevoir la mer qui s’agitait au gré du vent, tout était étrange. Les ronflements des malades, la respiration des chatons et des reines, les chuchotements des apprentis, plus rien n’existait ici. Seul le vent sur son pelage lui faisait ressentir quelque chose et seul le bruit du grand chemin du tonnerre en contrebas accompagnait ses pensées. Les yeux tournés vers le ciel, il fixa les étoiles qui étaient désormais les seuls à pouvoir transporter son message. Alors, dans un souffle, il murmura :

Ma chère Passion, j’ai fait un rêve ce soir, j’ai rêvé de mon passé, celui qui m’a guidé jusqu’à toi et nos enfants. Je sais, je n’ai pas été de tout repos et nous avons affronté à deux les obstacles que la vie a mis sur notre passage. Désormais, je dois les affronter seuls. Car ce n’est pas seulement de mon passé que j’ai rêvé, non, j’ai fais le plus beau rêve du monde : celui que je te revenais.
Tu as été celle que j’attendais, au plus profond de mon cœur, je t’ai aimé plus encore que je n’avais jamais aimé, mais tu sais, j’ai dis ces mots à Odyssée du Golem : parfois, le devoir c’est la mort de l’amour. Comment pourrais-je alors te regarder dans les yeux alors que je choisis le devoir ?
Je pars mon amour, je ne sais pas où, ni si je reviendrai, mais je pars pour me retrouver, retrouver l’enfant que j’étais et l’adulte que je voulais être. Notre clan à besoin de ça. Je suis désolé, de cette Cénote je ne rentrerais pas.


Les étoiles brillantes dans le ciel étaient comme inaccessibles, il savait que jamais son message n’arriverait à destination, mais autre chose se produisit, un pelage étoilé se forma bientôt sous ses yeux. C’était comme revoir son passé, la sensation que les choses qui avaient existé avait disparu et qu’il redevenait ainsi chaton, le chaton un peu joueur mais surtout terrifié par le mal qu’il pouvait faire aux autres. Celui qui était toujours défini comme doux et altruiste alors que ces mots ne signifiaient plus rien à cet instant, face au pelage blanc et crème tacheté de sa vieille amie.

-Bonjour Berceuse du Venin.

Cette voix arracha tout ce qui restait au guérisseur, c’était comme une hécatombe qui s’écrasait sous lui, l'enterrait vivant, jamais il n’aurait pensé revoir ce pelage, jamais il n’aurait pensé réentendre cette voix. Et pourtant, elle lui apparaissait comme l’un de ses ancêtres dans ses rêves, à la seule différence qu’il ne rêvait pas, Ivresse l’avait su à l’instant même où son regard s’était posé dans les yeux dorés de l’ancienne guérisseuse.

-Lac des Nénuphars ?

Ces deux mots résonnent comme une question sans réponse. Pourquoi son nom sonnait-il comme une interrogation ? Il voyait pourtant son pelage et sentait son odeur.

-Pourquoi es-tu si surpris ?

Demanda alors la défunte d’une voie douce. Et alors, la réalité le frappa.

-Tu n’as rien à faire là, je… Je ne suis plus guérisseur.

Finit alors par lâcher Berceuse du Venin qui regarda son amie avec détresse. C’était ça, n’est-ce pas ? Il n’était plus guérisseur. Il n’était plus rien.
Mais, le regard brillant, la femelle secoua la tête avec détermination.

-Qu’est-ce que tu peux être idiot quand tu t’y met. Miaula-t-elle dans un ronronnement amusé. Tu seras toujours guérisseur, où que tu sois. C’est pour ça que je suis là.

-Comment ça ?

-Je sais ce que c’est, de se perdre et de ne plus savoir où est sa place. J’ai aimé mon clan natal et encore plus celui qui m’a adopté, mais c’est dans l’Aube que mes petits ont grandi, avec une autre famille encore. Elle marque une pause. Parfois… On a besoins de prendre du recul pour pouvoir s’y retrouver.

-Mais tout est très clair ! J’ai des petits, une compagne, une vie que j’aime dans un clan avec lequel j’ai grandi. Ma place est avec eux !

-Alors pourquoi t’es-tu enfui ?

Et cette question laissa l’Aubiste pantois. Il était parti. Il avait fui son clan, donné des responsabilités à Lotus Fauve et avait simplement fui.

-J’ai vécu en tant que guérisseuse de nombreuses lunes, mais ma seconde vie ne m’a pas suffit à vivre comme une mère. Alors, avec l’accord du clan des Étoiles, je voudrais que tu reçoives cette vie pour que tu aies une chance de réussir.

Le guérisseur observa alors la féline étoilée comme si elle n’était pas réelle. Une vie ? Mais… Et puis avant qu’il ne puisse lui poser la moindre question, la guérisseuse balaya l’air d’un geste de la queue.

-Ne pense pas que cette vie sera une chance, elle te donnera beaucoup plus que tu ne le pense, une seconde chance, oui, mais elle te donne aussi le poids des morts qui n’ont pas eu cette opportunité. A travers cette vie, je te donne aussi ton avenir et ton destin, auquel tu ne pourras pas échapper éternellement. Tu es lié à ton clan et à bien plus que lui.

La guérisseuse s’approcha alors et effleura d’un geste élégant le museau de son ami. Et alors, une vive douleur écartela Berceuse du Venin qui sentit les poils de son échine s’hérisser. Il ne pouvait pas bouger, les yeux grands ouverts, il sentait son souffle s’accélérer.

-A travers ce toucher, je te donne le Courage. Tu en auras besoins, quel que soit la vie que tu souhaiteras mener.

Et alors, Ivresse revit tout ce qu’il s’était passé.

Les deux corps étendus sur le sable de la cénote lui faisait face, allongé, ils avaient tous les deux l’air si apaisé… Et lui ? Et lui alors, que faisait-il alors ? Il était devenu lieutenant, bien qu’il fût resté guérisseur dans son cœur, il savait bien qu’il n’avait plus réellement cette fonction. Il était devenu père, avait aimé Braise du Ciel sans se poser de question, et il n’était plus lui-même. Qu’importe ce que les autres pensaient de son rôle, lui le savait, il s’était trahi lui-même.
Alors que son regard passa de son ami à sa fille adoptive, il se leva et partit sans se retourner. Il avait confiance en ses camarades, ils n’auraient pas besoin de lui. Il ne passa pas par le camp du clan, bien conscient qu’en voyant sa sœur, ses enfants et sa compagne il ne serait plus capable de partir, alors, il passa par les terres nuiteuses. Il essayait de se faire discret, se dirigeant vers les montagnes qu’ils avaient traversées pour venir jusqu’ici, mais une odeur imprégna ses narines et il se figea. De tous les nuiteux, il fallait que ça tombe sur lui. Mais il ne laissa pas le temps à son ami de réagir.


-Je pars.

Il ne regarda même pas le meneur, pouvant parfaitement imaginer ses yeux s’écarquiller par la stupeur de l’annonce. Il l’entendit ouvrir la gueule, mais il l’arrêta immédiatement.

-Non. S’il te plait Etoile de Miel. Je t’en pris.

Alors qu’il avait tenu jusqu’ici, il sentit ses pattes chanceler et il retint un hoquet de tristesse. Son cœur se serrait et il se sentit défaillir.

-Pourquoi ?


-Parce que ce n’est pas moi. Ce n’est plus moi. Je ne sais même plus qui je suis, mais je ne suis pas ce félin là.

Enfin, il se tourna vers le matou doré et croisa son regard bleu. Il allait expliquer, se justifier par tout les moyens, mais finalement il se tut. Rayon de Miel le savait. C’était une certitude désormais que le solitaire avait. Son camarade comprenait. Alors, une idée lui effleura l’esprit.

-Viens avec moi.

Ils se jaugèrent un instant.

-Nous savons tout les deux que cette vie n’est pas faite pour nous, nous n’avons rien de meneur ou de lieutenant, viens avec moi.

Mais le meneur recula d’un pas, brisant le cœur d’Ivresse.

-Il était mon meilleur ami.

Répondit-il alors comme si cette simple phrase voulait tout dire. Et c’était le cas. Si Idylle Toxique était morte, il aurait très certainement honoré son poste comme elle le lui avait demandé.


-Il était ton meilleur ami.

Répondit alors le guérisseur en hochant la tête, signe qu’il comprenait. Il s’approcha du guerrier, enfouissant son museau dans son pelage duveteux, inspirant une dernière fois son pelage.

-Adieu mon ami.

Et il s’était détourné sans se retourner, sentant le regard bleu du nuiteux sur son pelage. Il venait de renoncer à la seule vie qu’il connaissait, il venait de renoncer à tout ce qui lui restait. Puis, il avait trouvé cette ouverture dans la pierre où il avait pu s’abriter les temps de se reposer. Et, maintenant, Lac des Nénuphars s’éloignait et la douleur disparut immédiatement. La femelle blanche et crème était à quelques longueurs de moustaches de lui et souriant, son pelage étoilé commença à disparaitre dans la nuit.

-Sert-en à bon escient, Ivresse.


La Cénote aux Étoiles Lotus11
« Le chaos n’est pas un gouffre, le chaos est une échelle. Seule l’échelle est réelle. Seule l’ascension importe. »

Là, debout face à ses ancêtres, la guerrière se rendait compte de ce qu’il se passait. Elle sentait son cœur battre à un rythme effréné mais ce n’était pas l’angoisse ou la peur, non, elle vivait, pour la première fois depuis des lunes elle vivait réellement. Cette occasion que lui offrait son grand-oncle était unique, elle ne pouvait passer à côté. Autour d’elle, une plaine, verte et scintillante des esprits qui l’accompagnait. Face à elle, des silhouettes, elle n’en connaissait aucune, ils étaient des étrangers pour elle, pas de Poésie Lyrique, pas de Nuage de Tournesol. Il n’était qu’un sale traître. Seulement ces formes et ces couleurs, des étoiles accrochées à leurs pelages.
L’un des ancêtres s’avança alors, pratiquement transparent, on ne distinguait même plus la couleur de ses yeux.

-Lotus Fauve. Tu es ici car Berceuse du Venin s’est désistée. Ce n’est pas chose habituelle et les membres du clan des Etoiles se sont concertés. Il marqua une pause. Et si les étoilés refusaient ? Et s’ils lui retiraient son rêve ? Tu es jeune et tu n’as pas beaucoup d’expérience. Son cœur se serra alors qu’elle se sentait défaillir. Non, ils n’avaient pas le droit ! Mais tu es une bonne guerrière et tu as de grandes valeurs, tu seras la prochaine meneuse du clan de l’Aube

Les yeux écarquillés, Lotus Fauve n’en revenait pas. Ils étaient sérieux là ? Ils lui avaient fait une frayeur pareil pour si peu ? Baissant la tête dans un soupir rassuré, la guerrière bicolore sourit alors, ravi.

-Tu dois savoir que le rôle de meneur est important, ce n’est pas un jeu, tu auras de nombreuses nouvelles responsabilité.

-Je suis pas idiote.

Répondit-elle alors de but en blanc. Le chat-fantôme soupira légèrement avant de disposer.

La Cénote aux Étoiles Courag11
« Le monde est partout le même, né du chaos et de l’explosion, il avance en s’effondrant. »

Une première silhouette approcha, fine et petite, son pelage était parfaitement lustré.

-Bonjour Lotus Fauve. Je suis Nuage de Cœur.

La guerrière redressa la tête, légèrement étonnée face à la présence du jeune apprenti.

-Tu étais l’apprenti d’Etoile Damnée ? Celui qu’il a laissé se noyer ?

Le matou tricolore hoche doucement la tête.

-En effet, c’est moi.

Lotus Fauve reste quelques instants sans bouger, il ne l’avait pas connu, Nuage du Cœur étant mort bien avant sa naissance, mais elle était revenue dans l’Aube le jour où sa grand-mère avait révélé le subterfuge. Elle ouvrit la gueule, mais l’apprenti l’arrêta.

-Peu importe, je suis ici désormais. Tous les mots ne me ramèneront pas à la vie. Je dois te donner ta première vie, celle de la Justice. Il y aura des félins que tu aimes qui te trahiront, d’autres qui te seront loyaux et que tu détesteras. Quoi qu’il se passe, tu dois faire peser la justice sur ceux qui le méritent.

Nuage du Cœur s’approcha alors et déposa son museau sur celui de la future cheffe. La douleur qui vint avec cette vie fut violente et lui arracha un feulement sauvage. Toutes les vies étaient si douloureuses ? Jamais elle ne le supporterait ! Et comme si l’étoilé avait entendu ses supplications, il s’écarta, emportant la douleur avec lui.

La Cénote aux Étoiles Espoir14
« Le jeune homme en colère a perdu, sa révolte n’a servi à rien, et il sait que plus jamais il ne sera fier de lui. »

Une autre silhouette, plus brillante que la précédente, elle n’a pas besoins de dire un seul mot pour que Lotus Fauve l’a reconnaisse. Elle non plus, elle ne l’a pas connu, mais les histoires des anciens et des guerriers lui donnent vie chaque jour qu’elle n’a pas connu.

-Tu es Nuée de Braise, pas vrai ?

La féline noir constellé de blanc et de roux hoche doucement la tête, dans son regard on voyait sa révolte échoué, celle qui avait sonné la fin de l’Aube, celle qui avait sonné sa fin, à elle.

-Tu dois certainement te demander pourquoi j’ai fait ça.

-C’était idiot.

La guerrière étoilée secoua la tête.

-Non, c’était nécessaire. Peu importe que ma mort était inévitable, je ne pouvais pas le laisser faire.

-Ca n’a rien changer.

-Si, ça a donné de l’espoir.

-Mais tu es morte !

-Tout le monde doit mourir, autant le faire pour ses convictions.

Lotus Fauve comprenait, d’une certaine façon, c’était cette même raison qui l’avait poussé à ne pas être nommé apprentie dans la Nuit. C’était ce qui l’avait poussé à être aussi loyal envers son clan.

-Lotus Fauve. Pour ta deuxième vie, je souhaite te donner le courage. Tu en auras besoins, chaque jour que tu passeras à la tête du clan, il te faudra du courage.

Plus violente encore que la précédente, cette vie fut d’une violence qu’elle n’avait jamais connu, elle avait la sensation qu’on l’ouvrait en deux, comme si c’était possible, et puis tout disparut, la tête lui tournait mais elle était toujours sur ses pattes alors que Nuée de Braise avait déjà rejoint le rang des étoilés.

La Cénote aux Étoiles Perszo13
« Ce ne sont pas des Hommes qui meurent. C’est un système qui vit. »

Les vies s’enchainèrent, c’est Cœur de Sapin qui s’approcha ensuite, son pelage blanc noir et crème rayé lui faisait face dans une certaine élégance. Elle était belle ainsi, aussi étrange que tout cela puisse être. Cette vie là ne fut pas aussi douloureuse que les autres, en comparaison, elle était presque douce.

-Moi, Cœur de Sapin, je te donne avec cette vie la Connaissance. Un meneur à besoins de ça pour mener un clan vers une vie plus saine.

Puis ce fut une autre silhouette, celle de Nuage Automnal, elle était restée jeune dans sa silhouette, ses enfants avaient vécu plus longtemps qu’elle.

-Je suis ici pour te donner le Respect. Celui qu’un meneur doit porter à son clan et aux autres clans.

Une nouvelle fois, aucune réelle douleur, une faible sensation de picotement qui s’évapora en quelques secondes. Puis elle fut remplacée. Humour de Nuit prit sa place devant Lotus Fauve, un nouveau félin, une nouvelle vie.

-Je te donne la Patience. Parfois certaines décisions te sembleront évidentes, mais tu dois savoir prendre les bonnes opportunités.

Lotus Fauve hocha la tête en signe de remerciement avec que la féline grise et noir se retire.

La Cénote aux Étoiles Pardon11
« La violence dans la violence, l’inhumain dans l’humain. »

Le pelage de la guerrière doubla de volume lorsque le nouvel arrivant s’approcha et qu’elle le reconnut. Son pelage roux tigré de brun était reconnaissable entre mille. Elle l’avait aperçu, bien qu’elle ne s’en souvienne que très peu, elle s’en souvenait.

-Je ne veux pas de vie qui vienne de toi.

Cracha-t-elle alors que Croc de Renard restait de marbre.

-Pourquoi ça ?

-Tu étais avec Etoile Damnée, tu l’as soutenu, c’est à cause de félin comme toi qu’Onde Claire a dû nous emmener.

Un silence s’installa alors que Lotus Fauve avait sorti les griffes. C’était un traître qui se tenait devant lui, la source de ses problèmes.

-Si je suis là, c’est parce qu’on se ressemble bien plus que tu ne le pense. La féline blanche et noire ouvrit la gueule pour protester mais Croc de Renard ne lui en laissa pas le temps. Qu’est-ce que tu ferais pour ton clan ? Qu’est-ce que tu ferais pour y rester, pour faire ce en quoi tu crois ? Ose me dire qu’à ma place tu n’aurais pas suivi Etoile Damnée.

Lotus Fauve aurait voulu le dire, protester, mais au fond elle savait qu’il avait raison, elle ferait tout pour son clan, elle chasserait tous les félins qui le mettrait en danger, c’était le clan avant tout, avant la famille, avant les amis, rien d’autres ne comptais plus que le clan.

-Je suis là pour te donner la loyauté Lotus Fauve.

Et alors la douleur ne fut jamais aussi forte. Elle emprisonna son cœur et le compressa aussi violement que s’il voulait l’arrêter. Elle n’arrivait plus à respirer et alors que Croc de Renard s’était déjà éloignée, elle avait toujours l’impression de suffoquer. Petit à petit, elle reprit une respiration calme et la douleur se dissipa lentement. C’était ça ? Toute la violence dont elle était capable pour son clan ?

-Enchanté Lotus Fauve.

La voix là sortit de ses pensées et son regard se posa sur un matou inconnu et plutôt atypique. Son regard bleu sombre affinait un visage pour la moitié noir. Le reste de son corps restait pourtant d’un blanc parfait, illuminé par les étoiles.

-Je suis Alliciance de Minuit. Je n’aurais pas dû être présent, c’était Lac des Nénuphars qui aurait dû te donner cette vie. Mais elle ne pouvait pas être là.

Ma guerrière hocha légèrement la tête alors qu’elle essayait de se souvenir ce qu’on lui avait raconté sur ce guerrier.

-Je suis ici pour te donner l’Amour.

Il ne laissa pas Lotus Fauve réagir et posa son museau contre celui de la future meneuse. Elle ne sentit pratiquement rien, peut-être s’était-elle trop préparée à la même douleur que la vie précédente. Alors elle se détendit et vit Allliciance de Minuit rejoindre ses ancêtres.
Puis un grand félin roux aux yeux verts s’approcha.

-Je suis Etoile Eternelle. Je vais te donner ta dernière vie. Je sais, tu n’en as eu que huit, mais les choses sont ainsi. Je te donne la réflexion, afin que tu sois seul maître de tes décisions.

La sensation ne fut pas douloureuse non plus, mais elle là sentit là traverser de toute part et alors elle sut que c’était fini. Elle venait de recevoir huit vies, et Etoile Eternelle se tenait toujours devant elle.

-Excepté Alliciance de Minuit et moi-même, tout les félins présent ici sont morts durant le règne d’Etoile Damnée, tu as reçu les vies de ton clan alors que tu étais dans un autre. Voit cela comme un signe, tu as toujours été une aubiste.

Alors, tout les félins s’approchèrent, il y eut un léger silence, puis un miaulement sortit de la foule.

-Etoile Sauvage !

Et ce chant fut repris à l’unisson. Chaque félin présent reprirent son nom et alors elle sentit toute les vies l’envahirent réellement. Elle était prête, elle était faite pour ça.

Se réveillant dans le froid du petit matin, Etoile Sauvage regarda quelques instants autour d’elle jusqu’à repérer Œil d’Améthyste faire les cent pas à quelques longueurs de queue. Le poile hérissé, la guérisseuse avait réellement l’air furibonde.

-Où est Berceuse du Venin ?

Demanda la meneuse qui ne voyait pas son grand-oncle.

-Il est partit.

La féline aux yeux bleus claire resta un instant sans comprendre.

-Où ? Il est rentré au clan ?

-Non.

Cracha alors la guérisseuse avant de sortir de la cénote et de prendre la direction du clan de l’Aube. Alors, Etoile Sauvage là suivit. Berceuse du Venin était réellement partie ? Mais…
Elle ne se posa pas plus de question, Ivresse était partit, il ne valait pas mieux que les autres.

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« Je sens la folie des Hommes qui me gagne. »

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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeDim 16 Jan - 11:55

Découverte de la Cénote - Brume de Soleil


        La troupe de guérisseurs entrèrent tous dans une grotte où l'humidité ne faisait aucun doute. Les fines gouttelettes lui glaçaient le sang, et devant tant d'obscurité Brume de Soleil ne pouvait s'empêcher d'être rebutée. "C'est vraiment ici que nos ancêtres nous attendent ? Dans cet endroit des ténèbres ? Cela ne se peut..." Mais au même instant, les pelages de tous les félins s'hérissèrent. Une présence devant eux. Non, une multitude. Plus nombreux que tous les Clans réunis. Devant elle une silhouette familière avançait. Son pelage blanc et ses yeux bleus ne faisaient aucun doute. La douce voix d'Étoile Éristique clama, tandis que la chatte écaille se relevait plus fière et déterminée que jamais :


-"Tu es chez toi Brume de Soleil. Ici le Clan du Crépuscule prospèrera. Et toi, tu le mènera à sa gloire avec notre aide."

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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeLun 17 Jan - 11:53

~Nuage Etoilé~
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"Un pas après l'autre. Etre avant de devenir. Le conseil précieux d'un absent."

L'apprentie avançait sans trop savoir où aller. Elle avançait juste, laissant ses pattes là guider là où elles le désiraient. Son père était partit, sans rien dire, sans un au revoir, il était partit, laissant son clan, laissant sa famille.
Là, devant elle, une grotte s'ouvrait devant ses yeux, la cénote. Oui, elle savait où elle était, sans réellement savoir pourquoi elle était là.
Avançant dans le lieu sombre, elle s'était allongé prêt de l'eau, observant son reflet dans l'eau. Est-ce que son père était là haut ? D'une façon ou d'une autre ? Elle hésita un cours instant avant de laper l'eau. Elle se sentit s'endormir et pourtant en ouvrant les yeux, elle se retrouva dans la cénote.

-Qu'est-ce que tu fais là ?

La voix fit sursauter l'apprentie qui se tourna dans sa direction, mais personne n'était présent.

-Où êtes-vous ?

Mais personne ne lui répondit. Elle sentit une force passer à ses côtés mais toujours personne.

-Pourquoi tu es là ?

-Je... Je veux voir mon père.

-Et qu'est-ce qui te fais dire qu'il est là ?

Nuage Etoilé se figea. Alors il était réellement partit ?

-Qu'est-ce que tu fais là, Nuage Etoilé. Pour de vrai.

-Je... Je ne sais pas.

Répondit-elle d'une voix tremblante.

-Je me dis que... Si je prend sa place alors... On lui pardonnera... Ou je sais pas.

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux mais la présence vint se coller à elle, dans un geste réconfortant.

-Alors tu veux apprendre à être guérisseuse ?

Elle hésita un instant avant d'hocher la tête.

-Alors c'est ce que tu seras.
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Precious
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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeSam 2 Avr - 18:02

La Cénote aux Étoiles Mzqy

~Mort d'Etoile Pourpre~


Toute sa vie, Etoile Pourpre l'avait dédiée à son clan. Honneur et Devoir, tels étaient ses mots d'ordre. Elle réalisait toujours ses tâches avec rigueur sans se plaindre. Elle s'appliquait au travail, toujours loyal envers son clan. Elle était un modèle de la parfaite petite guerrière décrite dans le code du guerrier. Aujourd'hui elle dirigeait le clan avec fierté, sous le regard bienveillant de ses ancêtres. Etoile Pourpre n'avait en apparence rien a se reprocher. Elle n'avait jamais failli a son devoir. Elle avait toujours obéi sans jamais remettre en question les ordres. Jamais elle n'avait cessé de faire passer le bonheur des autres avant le sien. Combien même elle avait souffert, elle avait su enfouir ses craintes, ses désirs et ses émotions afin d'être celle qu'on attendait qu'elle soit. Elle avait été jusqu'à s'interdire d'aimer. Pourtant, il existait un chat que Etoile Pourpre avait trahi, encore et encore, continuant de lui mentir sans relâche. Une personne qu'elle avait rejeté, la bannissant de sa propre vie.

Ce chat, c'était elle même.

Sa petite voix intérieure qui ne demandait pourtant qu'une seule chose : vivre. Étoile Pourpre l'avait toujours cachée au fond d'elle, la laissant si peu sortir. Elle avait prétexté faire passer le clan avant tout. Réaliser ses devoirs sans laisser ses émotions se mettre en travers de sa route. Mais ce n'était qu'un mensonge. Un immense mensonge. Et il était temps pour la féline de répondre de ses actes. La vérité devait éclater, à n'importe quel prix.
_________

Vais-je vraiment mourir ?

Après tout ce chemin parcouru, tous ces obstacles franchis, nous étions enfin arrivés sur notre terre promise. Nous étions enfin voués à la paix et au bonheur. Tout semblait si calme, si parfait.  Alors pourquoi devrais-je partir maintenant ? Ca n'avait aucun sens. Que signifiait tout ça ? J'aurais espéré que Brume du Soleil ai la réponse. Elle savait tant de chose, elle savait toujours trouver les bons mots. Mais pas cette fois.

Je me souvenais encore de son regard désolé. Rempli de tristesse et de pitié. Elle m'avait annoncé il y a quelque jour que j'étais malade. Quelques vertiges et moments de faiblesse, ce n'était rien de plus. Sans être certaine du diagnostic, elle n'avait pourtant jamais été aussi sûre de ma sentence. Je n'avais plus que quelques jours a vivre. La maladie me rongeait discrètement de l'intérieur. Les premiers signes étaient apparus, silencieux, et pourtant la guérisseuse les avait tout de suite identifiés. Je n'avais pas voulu y croire. Je lui avais crié dessus. Aujourd'hui je m'en voulais. Elle avait seulement voulu m'avertir. Mais comme toujours j'avais fermé les yeux. Pourquoi ? Pourquoi étais-je si en colère ?

En vérité je connaissais déjà la réponse. Je n'étais pas en colère contre Brume du Soleil et son diagnostic ridicule. J'étais en colère contre la vie. Contre le clan des étoiles. Contre moi. J'étais en colère car je n'avais pas vu la fin venir. Je n'avais en rien profité de ma vie, la dédiant entièrement aux autres, et je comprenais aujourd'hui. J'étais seulement triste de ne pas avoir eu droit au bonheur comme chacun de mes frères et de mes amis avant moi, qui avaient connu le bonheur d'être aimé et d'aimer en retour. Le bonheur de fonder une famille.

J'avais toujours été excellente dans tout ce que j'entreprenais. La chasse, le combat, la pêche, je battais chaque guerrier a plate couture. Je m'étais entraîné dur pour ça. Mais aujourd'hui je réalisais que tout cela n avait aucune importance. Car j'avais échoué a la chose la plus importante. Être heureuse. Lorsque je voyais Souffle Hivernal, incapable d'attraper le moindre poisson, incapable de tenir un discours cohérent devant une foule, incapable de prendre des décisions raisonnées... Lui qui était pourtant si heureux au milieu de ses enfants, fier d'avoir fondé une famille. J'avais toujours cru qu'il n'avais rien compris a la vie. Mais finalement c'était moi qui n'avait rien compris.

Pourquoi je ne m'en rendais compte que maintenant ? J'étais stupide. Il me restait si peu de temps. J'avais tout gaché. J'avais été si idiote. La grande Etoile Pourpre si intelligente  n'était qu'une véritable cervelle de souris. Je ne savais pas quoi faire. J'avais peur. Peur de devoir affronter la mort seule. Peur de ne pas avoir le temps. Peur de mourir pleine de regret. Alors j'avais fermé les yeux. Prétextant qu'il me restait tout le temps du monde. Jouant à l'idiote encore une fois.

Brume du Soleil n'avait rien dit à personne. Je lui en étais redevable. Surement attendait-elle que je fasse moi même une annonce. Sur ce point là, je l'avais certainement déçue.
~
Chaque jour, je me levai avec la ferme intention de faire de cette journée la plus belle de toute. Aujourd'hui était une journée comme une autre. Et pourtant, le chant des oiseaux était des plus mélodieuse. L'odeur du printemps plus fraiche encore. La brise plus délicate. Était ce le monde qui se réveillait paisiblement de la saison froide ? Ou moi qui m'éveillait enfin ?

Nuage d'Argent déboula soudain dans le camp, ignorant qu'il venait de sonner le début de la fin.

"Un... un tigre ! Non... un lion... Un lion des neige !

Un lion des neiges ? Qu'est ce que c'était encore que cette histoire ? Ca n'existait pas, les lions des neiges. Je m'approchai de l'apprenti tout tremblotant. Sa peur, elle, était bien réelle.

- Qu'y a t il ?

"Un monstre gigantesque, juste à l'entrée du camp !"


Brume du Soleil me lança un regard inquiet. Étions nous attaqués ?

-Reste ici. Nous allons voir de quoi il retourne.

Je me dirigeais vers l'entrée du camp, méfiante. Brume du soleil me suivait, tandis que les autres guerriers attendaient, le regard paniqué. Le stress s'emparait de moi tandis que j'avançais dans le tunnel. Je redoutais le pire. Qu'avait encore inventé le clan des étoiles pour nous tester ? C'est alors que je le vis. Son pelage luisant à la lumière du soleil, caché derrière le feuillage.

Esprit des Glaces.

-Ce n'est que toi.

J'étais soulagée. Mais pas seulement parce que le lion des neiges n'était finalement qu'un matou inoffensif. J'étais soulagée de voir Esprit des Glaces en face de moi, tel un espoir dans la pénombre. Et pourtant, je n'avais aucun droit. Je n'avais cessé de le repousser ces derniers jours. Encore et encore. Il avait toutes les raisons de me détester. Et pourtant il était la, face à moi, avec son sourire éclatant.

Esprit des Glaces m'avait paru pesant au début. Revenant tel une sangsue qu'on ne cessait de repousser encore et encore. Mais sans que je n'arrive a l'expliquer, je m'étais habituée a sa présence. Le voyage nous avait rapproché et j'avais trouvé un certain réconfort auprès de lui. Il ne posait pas de question. Il se contentait d'être là. Ni plus ni moins.

Puis j'avais commencé a remarquer ses sourires de plus en plus présents. Puis des yeux si hypnotisant. Et enfin si rite éclatant, auquel j'avais fini par mêler le mien. Ce n'est que lors de l'accident de mon frère, que j'avais réalisé. Esprit des Glaces n'avait pas hésité une seul seconde a sauver Souffle Hivernal d'une mort certaine. Je lui étais si reconnaissant pour ce qu'il avait fait. Mais je l'avais rejeté. J'avais été si froide avec lui. Je voulais qu'il s'éloigne de moi, le plus loin possible. Je ne voulais plus jamais le revoir.

C'était illogique. Même moi je ne me comprenais pas. Mais aujourd'hui, ca me paraissait évidement. Je n'avais pas rejeté Esprit des Glaces. J'avais juste fui comme une idiote apeurée. J'avais eu peur de m'avouer que je l'appréciais plus que ce que je laissais pensé. J'avais eu peur de l'accepter, de souffrir, de trahir mon propre clan et mes convictions. Je m'en voulais d'avoir osé l'apprécié un cour instant. Lui qui n'était qu'un ennemi.

Pourtant lorsque je le voyais ainsi, avec son air idiot, le pelage couvert de cristaux, il n'avait en rien l'air d'être mon ennemi. Tentant de justifié mon soulagement, je lui expliquai la situation.

-Nuage d'Argent était persuadé qu'un espèce de lion des neiges allait attaqué le clan

Le ridicule de la situation me frappa soudain en pleine face. Pauvre Nuage d'Argent ! Esprit des Glaces lui avait fait une sacrée peur.

"Et bien, il est connu que les apprentis ont une imagination débordante, n'est-ce pas ?

Il semblait à la fois amusé par la situation et gêné d'avoir provoqué une tel frayeur au sein du clan du Crépuscule. Son sourire était si rayonnant que je n'arrivais pas a détacher mes yeux de lui. Je m'empressai de lui rendre son sourire, ne voulant pas paraître trop insistante à le regarder ainsi. Pourquoi devais-je toujours réagir comme une chatonne face à lui ? Ce sentiment m'exaspérait. Heureusement, Brume du Soleil nous laissa un instant seuls, ayant surement capté l'atmosphère étrange qui s'était installée entre moi et le lieutenant de la nuit.

Ne sachant trop par quoi commencé, je marmonnai :

-Et bien...

"Je me disais que tu voudrais peut être venir à la cenote pour qu'on y recoive nos neuf vies. Qu'en dis-tu ?"


Il avait l'air si déterminé que j'en restais bouche bée. C'était donc la raison de sa venue ? Mais pourquoi ? Pourquoi y aller avec moi ? Moi qui l'avait rejeté, détesté sans aucune raison. Je n'en avais que faire de recevoir des vies auprès de mes ancêtres qui nous avaient abandonnés. Pourquoi faire ? Mourir dans quelques jours ? Quel était l'intérêt ? Mais il ne me quitta pas du regard. Je le lisais dans ses yeux. Il ne partirait pas sans moi. Parce qu'il m'avait choisi. En dépit de ce que je lui avais fait subir, il me voulait toujours a ses côtés.

Alors pourquoi n'arrivais-je pas a faire de même ? Pourquoi devais-je toujours rejeter ceux qui osaient m'aimer un peu trop ? Pourquoi ne pouvais-je tout simplement pas me jeter contre lui, frottant mon pelage au sien, jurant que je voulais passer mes derniers jours a vivre avec lui ? Parce que c'était bien ce que voulait cette petite voix au fond de moi, qui se faisait si forte en sa compagnie. Esprit des Glaces avait réveillé en moi la chatonne pleine d'ambition et de rêves. Celle qui voulait aimer autant que d'être aimé. Celle qui avait été seule bien trop longtemps. Mais a quel prix ? Trahir mon clan ? Souffrir lorsqu'il m'abandonnera a son tour ? Le jeu n'en valait pas la chandelle. Je savais que je finirais par perdre tout. Mais j'avais tellement envie d'écouter cette petite voix qui me suppliait. Pour la première fois de ma vie, j'avais envie de n'en faire qu'à ma tête. Au diable les engagements et responsabilités. Au diable l'honneur et la rigueur.

Je voulais aimer ce chat. Je voulais l'aimer plus que tout au monde. Et j'emmerdais tout le reste. C'est alors que je pris une décision. Me redressant, je déclarais d'un ton solennel.

-Allons y.
~

J'avais laissé la garde du clan à mon frère. En tant que guérisseuse, Brume du Soleil nous accompagna. Esprit des Glaces était également avec un camarade. Le petit cortège s'avançait vers ce lieu mystérieux, où si peu avaient déjà reçu leur vie. Mais je n'y allais pas pour recevoir la bénédiction du clan des étoiles. J'allais leur voir pour faire part de ma décision.

En chemin, je remarquais bien l'humeur maussade de Brume du Soleil. Elle s'inquiétait. Je ne pouvais pas lui en vouloir.

-Tu devrais penser à ce que tu veux vraiment.

J'avais interrompu le silence qui s'était installé, la surprenant par la même occasion. Elle me regarda, essayant de comprendre ou je voulais en venir.

-Tu es une guérisseuse formidable, Brume du Soleil. Et tu ferrais une cheffe formidable. Lorsque je t'ai choisi... j'ai prétendu que c'était par défaut. En vérité c'était toi que je voulais à mes côtés. Tu étais celle en qui j'avais le plus confiance. Mais aujourd'hui ... tu dois faire un choix. Tu dois réfléchir à ce que tu veux vraiment. Pas a ce que le clan veut de toi, ou même nos ancêtres. Mais au choix qui te rendrait le plus heureuse.

Brume du Soleil voulu répondre mais Esprit des Glaces nous interrompue en annonçant que nous étions arrivés.

La cénote était magnifique. Elle n'était pas aussi majestueuse que l'arbre de vie mais elle dégageait une atmosphère magique. Impénétrable.

"Il est l'heure."


J'hocha la tête. Après un dernier au revoir a ma lieutenante, je s'engageai dans la petite grotte accompagnée du futur meneur de la nuit. Une étendue d'eau se dressait devant nous. Esprit des Glaces commença a boire l'eau, et je le suivis. Quelques instants plus tard, je sentis mes paupières s'alourdir. Et en un éclair, un doux sommeil s'empara de moi.
~

Lorsque mes yeux s'ouvrir, je distinguai le pelage d'Etoile du Matin face à moi. Etoile du Matin ! Je n'arrivais pas a y croire, elle était là, juste devant moi. J'avais envie de me serrer contre elle, de lui dire à quel point elle m'avait manquée. Mais sa mine inquiète m'arrêta dans mon élan. Quelque chose n'allait pas. Je le sentais.

-Etoile du Matin...

"Bienvenue parmis nous, Étoile Pourpre."


Au loin, je les distinguai tous. Ils apparurent chacun leur tour, tel des étoiles dans le ciel. Je reconnu mon frère, ainsi que nos parents. Il y avait Souffle Lointain, ou encore Constellation Étoilée. Tous étaient là, me souriant avec bienveillance. Je pris alors la parole, plus déterminée que jamais à prendre mon destins en pattes.

-Je suis prête a recevoir mes vies. Mais avant tout, je devais vous annoncer quelque chose...

"Etoile Pourpre... je suis si désolée... mais ca ne va pas être possible."


Je ne comprenais pas ce qu'elle voulait dire.

-Vous ne voulez pas écouter ce que j'ai a dire ?

"Ce n'est pas ça... mais tu ne peux pas recevoir de vie. Tu ne peux plus."


Que voulait-elle dire par là ? Pourquoi me regardait-elle avec ce regard si triste ? Je baissai alors les yeux sur les pattes. La vérité m'éclata au visage. Je brillais. Je brillais de milles feux, comme tous ces chats face a moi.

-Non...

"Je suis désolée, Étoile Pourpre. Mais il est l'heure."


Etoile du Matin continua de se pourfendre en excuses. Comme si elle avait quelque chose a voir avec ce qui se passait. Mais elle n'avait rien a se reprocher. J'étais morte. Voilà pourquoi je me tenais devant eux tous. Voilà pourquoi je brillais. Je n'étais pas arrivé ici pour recevoir mes vies. Je n'étais pas ici pour prendre un deuxième envol.

J'étais ici pour les rejoindre.

-Non...

Je sentais des larmes couler sur mes joues. Tout cela n'avait rien de réel et pourtant, leur goût salée semblait bien réel.

-C'est impossible, je ne peux pas...

Je sentais la colère monter en moi, effaçant soudainement la tristesse qui s'était installée.

-Non, je ne veux pas !

J'avais hurlé sans m'en rendre compte. J'avais l'air d'une chatonne capricieuse qui ne voulait pas accepter la mort. Pourtant j'avais ce désir ardent de vivre, plus intense que jamais. Il bouillonnait en moi. Je voulais redescendre en bas, je voulais enfin vivre, dire oui à Esprit des Glaces, l'aimer sans relâche, ne jamais le quitter, vieillir a ses côtés. Ils n'avaient pas le droit de m'enlever ça, pas au moment où j'avais enfin décidé d'être heureuse ! Je leur interdisais ! Etoile du Matin essaya de me calmer mais je renchérissai déjà.

-J'ai fait tout ce que vous m'aviez demandé, j'ai guidé ce clan a travers les montagnes, j'ai mis de côté chacun de mes sentiments pour mené a bien ma mission, jamais je ne vous ai déçu, pas une seul fois !

"Malheureusement, la mort est une insaisissable. Nous n'avons aucun contrôle sur elle. Si seulement nous avions eu le choix..."


Je ne voulais pas entendre ses excuses. Je voulais vivre.

-Non....

Je ne pouvais plus empêcher mes larmes de couler. Elles brouillaient petit a petit ma vue. Ma gorge se noua, incapable de produire le moindre son. J'allais mourir, sans jamais avoir pu aimer. Je n'étais qu'une idiote. Une idiote qui avait vécu une vie sans vivre. Et qui voulait vivre maintenant qu'elle était morte.

-Je veux... je veux recevoir mes vies.

Etoile du Matin fut surprise de ma demande. Elle échangea un regard avec un matou que je n'arrivais pas a discerner. Puis, elle finir par accepter. Peut être comprenait-elle mon chagrin, celui de ne pas pouvoir finir ses jours auprès du chat qu'on aimait.
~

Souffle Lointain s'approcha. Celle qui avait été ma mère durant toute mon enfance, qui avait séché mes larmes et qui m'avait réconforté. Elle se tenait là, devant moi. Elle n'avait pas changée. Elle était comme dans mes souvenirs. Si belle, si bienveillante. Je retombais en enfance.

"Je suis heureuse de voir, Etoile Pourpre. Même si j'aurais préféré que les circonstances soient... différentes. Je suis si fière de toi. Dans cette vie, je t'offre la bienveillance. Mais entre nous, voilà déjà longtemps que tu l'as. Tu as toujours été bienveillante envers tes frères, tes nièces et neveux, ainsi qu'envers ton clan. "

D'un geste de la queue, elle rattrapa mes larmes comme elle le faisait autrefois. La vie qu'elle venait de me donner cependant ne vint pas jusqu'à moi. Elle partit de moi, me quitta avant de s'envoler dans les étoiles. Je la regardais s'éloigner, tandis que Souffle Lointain disparaissait déjà sans que je ne m'en rende compte.

~

Le matou qui suivit était imposant. Son pelage argenté me rappela soudain tant de de souvenir. Etoile de Brume. Mon mentor. Lui qui m'avait tant appris.

"Tu n'as pas changé d'un poil, Étoile Pourpre. Toujours la même apprentie trop sérieuse. Tu as toujours eu de grandes ambitions et tu as réussi a les atteindre. La vie de je t'offre ne te sera plus d'une grande utilité malheureusement. Je t'offre l'ambition."

Je lui accordai un sourire triste et chaleureux. Il m'avait tellement manqué. Avec lui, je m'étais toujours senti en sécurité. C'était comme si il me donnait la force de soulever les montagnes. Comme pour la précédente, la vie s'éloigna de moi, sortant de ma poitrine. D'un geste de la queue, Etoile de Brume me salua, avant de disparaître dans la pénombre.

~
Constellation Étoilée fut la suivante. Mon amie de toujours avançait d'un pas calme, le regard plein de sagesse.

"Étoile Pourpre ", me salua-t-elle.

-Constellation Étoilée, comme je suis heureuse de te revoir...

"J'avais prévu de te donner la confiance en toi. Mais quelle idée ! Tu as toujours été confiante dans tout ce que tu entreprenais, tu n'hésitais jamais."

-Encore aujourd'hui, je sais ce que je veux.

"Je le sais, oui, je le sais."


La vie s'éloigna, et la féline également. Je les regardais en silence, sans me lasser de ce spectacle a la fois merveilleux et si triste.

~

C'est un petit matou qui se présenta a moi. Il n'avait pas l'air très confiant. D'un pas hésitant il s'approchait. Il jetait des coups d'oeil derrière lui, comme pour se rassurer. Je reconnu la silhouette de mon frère qui l'encourageait a avancer.

-Bonjour Litige d'une nuit. Le saluais-je dans un sourire.

"Bonjour ma tante. Je... je voulais te donner le pardon. Pour te remercier de m'avoir pardonné la mort de mon père.."

-Allons, voilà longtemps que je t'ai pardonné.

"Alors tu n'en auras plus besoin. "


Je lui fit mes au revoir, tandis que ma quatrième vie s'envolait.

~

Alliciance d'une nuit approcha. J'étais heureuse de voir qu'il veillait toujours autant sur ses enfants. Il avait l'air heureux. Si épanoui. Rien à voir avec le matou épuisé qu'il était devenu autrefois.

"Salut soeurette. Alors comme ca on ne veut pas mourir ?

-Tu me connais. Toujours aussi bornée.


Il rigola de vive voix. Je lui en avais fait voir de toutes les couleurs. Lui aussi. C'était ainsi que ça fonctionnait, entre frère et sœur.

"Tu n'as pas besoin du courage que je voulais te donner. Tu as toujours été la plus courageuse de nous trois. Et je sais que tu as encore assez de courage pour ce que tu t'apprête a faire."

J'hésitais un instant. Il devait être si heureux de me revoir. Mais il avait compris ce que je m'apprêtai a faire et ne m'en voulait pas pour autant.

-Tu ne m'en veux pas de ne pas rester avec toi ?

"Je t'ai abandonné tant de fois. Et toi tu as toujours été la pour moi. Pour Souffle Hivernal. Il est temps que tu nous abandonne a ton tour, que tu pense un peu a toi."


Je le remerciai de tout mon cœur. Il était si compréhensif et je savais a quel point prononcer ces mots était douloureux pour lui.

-Au revoir, Alliciant.

"Au revoir, Cristal."


Il disparut, emportant avec lui la vie qu'il voulait me confier.

~

-Papa... Maman...

L'émotion me gagna. Ils étaient là tous les deux, me regardant avec amour. Jamais je n'avais oublié leur pelage. Lorsque j'étais triste, je pensais toujours à eux. Et ils me remontaient toujours le moral. Pluie de Givre et Etoile de Minuit.

"J'aimerais te donner avec cette vie la loyauté. Mais pas seulement la loyauté envers ton clan. La loyauté envers toi même. Mais tu semble l'avoir enfin compris désormais. Je suis heureuse que tu ai pu faire ton choix, comme j'ai pu faire le mien pour suivre ton père.

Elle lança un regard pleins de tendresse à mon père. Il était vrai que ma mère venait du clan de l'Aube et mon père du Crépuscule. Un amour que tout interdisait pourtant, mais qu'ils n'avaient jamais laissé tomber.

"Quant à moi, je viens te donner la vie plus importante de toutes. Je n'ai jamais cessé de te regarder, espérant que tu l'acceptes enfin. Il aura fallu attendre aujourd'hui pour que tu choisisse d'écouter ton cœur. Je te donne l'amour, ma chérie. Même si je n'ai jamais cessé de te le donner de ton mon être, même dans l'au delà. "

-Merci.... Merci a tous les deux. Je vous aime si fort...

"Nous aussi ma chérie. Nous t'aimerons toujours."


Ma mère m'accorda un dernier sourire, avant de disparaitre avec mon père. Mes deux vies partirent a leur tour, me laissant seule avec moi même.

~

Etoile du Matin fut la dernière a apparaître. Elle semblait avoir compris à présent à quoi rimait toute cette mascarade.

"Tu ne veux pas rester n'est-ce pas ?"

-Je suis désolée Etoile du Matin.... mais je dois y retourner. Je veux y retourner. Je l'aime, je... je ne peux pas mourir alors que je viens tout juste de l'accepter...

"Je te comprends. Si je n'avais pas pu vivre un instant de bonheur avec ton frère, je pense que j'aurais pris la même décision que toi. Dans ce cas, tu auras besoin de cette vie.
"

Elle s'approcha de moi. Mais cette fois ci, pas pour m'enlever une vie, mais pour m'en donner une.

"Je te donnes la liberté. Fais en bon usage."

Tout disparu en un éclair. Le noir total s'offrait à moi. La chance de réécrire une nouvelle vie entre deux mondes. J'avais refusé de rejoindre le clan des étoiles pour une seule et unique raison. Plus rien d'autre n'importait désormais.

Je voulais rejoindre Esprit des Glace et l'aimer comme j'aurais du le faire depuis toujours.
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Petite Dune
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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeSam 2 Avr - 19:12

Je me devais de faire une note avant de poster mon texte de chef ; comme vous le verrez, il n'est pas complet. Malgré mes multiples essais, je ne suis pas parvenue à trouver le courage de l'écrire en entier. J'espère que vous ne m'en voudrez pas, mais l'essentiel y est, à savoir l'amour de Glace pour Pourpre, et l'occasion pour Epsy de préparer son texte.
Peut-être que je reviendrais un jour écrire la suite de ce texte... mais comme vous le savez, je ne reviendrai pas rp. Considérez tous mes personnages comme morts (sauf Calla qui mourra après le mandat de sa sœur) mais s'il-vous-plaît, n'écrivez pas le texte de leur mort.

Je suis désolée, je vous souhaite à tous le meilleur.


******

Sous cette brume incessante et cette neige éclatante, je n’avais pas peur. J’allais vers mon destin, les yeux mi-clos et le cœur tambourinant comme un écho dans ma poitrine. Où que j’aille, le clan des Etoiles semblait veiller sur moi ; que ce soit la veille, lorsque j’avais mangé sous le regard attendri de ces billes lumineuses, ou ce matin, tandis que j’avais quitté mon clan sous le vent glacial qui semblait hurler mon prénom. J’étais rassuré, presque convaincu que rien ne pouvait m’arriver. Esprit des Glaces. Fils du vent et enfant des eaux, je bravais la poudreuse dans l’espoir de devenir celui en qui ils auraient confiance, celui qui les protégerait, et qui les nourrirait. J’espérais, moi aussi. Je n’étais pas motivé par la peur, mais par la nécessité de me forger mon propre destin.

Tandis que je cheminait à travers les arbres - le pelage ébouriffé par un vent violent - la vision du corps d’Étoile de Miel me revint. Sa toison dorée flamboyait sous un soleil terne, assombrie par l’eau salée. J'avais longuement contemplé cette coquille vide et ces yeux autrefois rieurs rendus vitreux par la mort ; j'avais été si troublé que je n'avais pas tout de suite été capable d'aligner les quelques mots que je me devais de prononcer pour honorer sa mémoire. C'était un félin, qui qu'il soit, qui m'avait tiré de ma torpeur par de douces paroles. Je ne me souvenais plus qui avait été ce loyal camarade, ni ce qu'il avait prononcé. Tout ce dont j'étais capable de me rappeler, c'était la dépouille de mon cousin - meneur et ami - et l'odeur nauséabonde qui me prenait la gorge, m’empêchant presque de respirer. Nous l'avions veillé après une assemblée éprouvante avant de l'enterrer, la gorge nouée par le chagrin et les yeux humides de larmes. Elles me rappelaient l’eau salée qui lui avait ôtée la vie, mais je chassais cette pensée de mon esprit. J'espérais à présent qu'il avait trouvé son chemin jusqu'au clan des Étoiles ; Étoile de Miel avait été un félin juste et loyal dont la douceur avait charmé le clan entier. Il méritait de vivre encore longtemps. Peut-être le reverrai-je ce soir. Peut-être le rejoindrai-je un jour.

Une image vint troubler mes pensées, me laissant hagard quelques secondes face à deux yeux d’un bleus profond et un doux pelage gris et blanc. Malgré tous mes efforts lors du périple pour mettre de côté mon attirance envers Etoile Pourpre, je me devais bien d’admettre que j’avais fini par laisser aller mon cœur. La meneuse du clan du Crépuscule avait eu droit à la même destinée que moi : après avoir perdu une amie - Etoile du Matin - elle s’était vue baptisée cheffe. La différence entre nos deux chemins résidait dans l’inattendu, causé par le trahison de Majesté Vénéneuse. Cristal Pourpre s’était vue devenir Etoile Pourpre sans s’y attendre, de manière soudaine, frappée par le destin. J’avais eu le temps de me préparer ne serait-ce qu’un peu. “Que vais-je faire lorsqu’il ne sera plus là ?” ou “Un jour, devrais-je vraiment prendre sa place ?” étaient tant de questions que je me posais au fil des jours.

Je décidais de dévier de mon trajet pour rejoindre le clan du Crépuscule ; je ressentais le besoin de la rejoindre et, je le savais, la meneuse devait elle aussi récupérer ses neuf vies. Elle accepterait. Je ne cessais de me le répéter pour forcer mes pattes à avancer, pour convaincre mon esprit effrayé qu’elle n’allait pas me rejeter. Parvenu devant l’entrée du camp, un petit félin - probablement apprenti d’après sa carrure, mais tout récemment baptisé - fit le gros dos, avant de filer chercher un chat plus âgé : quelques secondes plus tard, Brume de Soleil et Etoile Pourpre traversaient le tunnel, faisant bruire les feuilles sur leur passage. A ma vue, leurs visages s’apaisèrent, passant de l’effroi au soulagement. “Ce n’est que toi”, miaula la meneuse dont l’attention faisait battre mon cœur bien plus rapidement que de coutume. “Nuage d’Argent était persuadé qu’un espèce de lion des neiges allait attaquer le clan”. Je baissais légèrement la tête, surpris de voir à quel point j’étais couvert de cristaux transparents, sans compter ma carrure impressionnante. Je voulais bien croire que mon apparition soudaine avait effrayé le novice, mais jamais je n’aurais imaginé être comparé à un si gros félin. “Et bien... il est connu que les apprentis ont une imagination débordante, n’est-ce pas ?” miaulai-je avant de sourire. Qu’elle me rendit presque aussitôt. Après un rapide coup d’œil à sa meneuse, Brume de Soleil retourna au camp, nous laissant seuls. “Et bien...” commença-t-elle de son éternel ton glacial, que je coupais aussitôt : “Je me disais que tu voudrais peut-être avec moi à la cénote pour qu’on y reçoive nos neuf vies. Qu’en penses-tu ?” miaulai-je, luttant pour ne pas dévier du regard. Je n’étais pas ce genre de félin timide et facilement intimidable - au contraire, j’étais celui qui effrayait même les plus grands - mais ce que je ressentais pour la meneuse m’empêchait d’être tout à fait moi-même.

Contre toute attente, elle accepta. D’une voix adoucit, sans doute par la tension incertaine qui régnait entre nous et mon regard plein d’espoir, elle exprima son accord avant de faire quelques pas. Le message était clair : nous partions sur le champ. Elle prit tout de même le temps de héler un guerrier pour lui expliquer la raison d’une courte absence, puis nous partîmes tous deux sur le sentier qui menait à la cénote. Tout du long, nous discutâmes, laissant peu à peu le froid qui scellait notre cœur pour laisser places à une discussion animée et ensoleillée.

Nous avions traversé les montagnes et les plages de galets, affronté vents et flocons avant de parvenir à la cénote. J’étais frigorifié, mais bien trop concentré sur ma tâche pour m’en soucier : l’idée de rencontrer le clan des Etoiles me réchauffait bien plus qu’un soleil en plein été et la présence de la meneuse me maintenait bien éveillé. Le lieu sacré était entouré d’une épaisse couche de neige que je peinais à traverser. Je n’avais pas senti la présence d’autres félins tout le long du trajet - hormis Etoile Pourpre - et pour cause, il faisait un froid terrible. Nulle proie ne se risquait à sortir par ce temps et, par conséquent, aucun félin ne daignait chasser aujourd’hui. Le ciel, en revanche, présageait une belle journée le lendemain.

Lorsque je mis enfin le museau à l’intérieur de la grotte, je fus aussitôt frappé par l’odeur qui s’en dégageait : un mélange fabuleux de renfermé et d’étoiles. J’appréciais l’endroit un instant, savourant le reflet de la lune sur l’eau froide tandis que le soleil se couchait doucement, teintant l’espace de nuances oranges et roses. C’était un spectacle agréable, pensai-je avant de me pencher vers la source. Celle-ci me renvoyait mon reflet, un assortiment de blanc et de gris avec, au milieu, deux perles bleues glaciales ; durant mon enfance, j’avais tardé à comprendre pourquoi certains jeunes félins m’évitaient. J’avais finalement réalisé, après avoir découvert mon reflet dans une flaque, que j’arborais constamment une expression terriblement froide et austère. J’avais fait nombre d’effort pour paraître plus jovial, sans succès, et m’étais finalement accepté tel que j'étais vraiment. A mes côtés, son pelage frôlant le mien, Etoile Pourpre semblait avoir suivi le même chemin. Elle possédait les même nuances que mon pelage, et nous avions le même regard.

Avec un soupir, je lapai l’eau qui s’étendait sous mes pattes sales. Elle avait le goût du sel, mais rien de plus. Je m’étendis de tout mon long près de la berge, prenant garde à laisser suffisamment de distance pour ne pas risquer de chuter : il faisait si froid qu’une telle baignade me vaudrait assurément la mort. Je préférait prendre mes précautions, même sous la protection de mes ancêtres. Etoile Pourpre se blottit contre moi, et je retint le besoin de lui exprimer mes sentiments. Ce lieu magique était propice à ce genre de déclaration ; il baignait quiconque d’une douce lueur amoureuse. Mais il était réservé à nos ancêtres, et je n’étais de toute façon pas certain que ce soit réciproque. Alors, le cœur battant, je ne murmurai qu’un “à tout à l’heure”.

***

Je me réveillai dans un creux formé par quelques roches solidement ancrées dans la montagne ; à mes pattes s'étendait un précipice dont la chute m'aurait sans doute empêché de rejoindre mon clan après ce rêve. Le fond, boisé et brumeux, ne m'inspirait rien d'agréable ; je détournais aussitôt le regard par peur d’y être attiré. Autour de moi, la neige avait laissé place à une fine pellicule de givre; le ciel gris, à une vive traînée orangée qui s'étirait à l'infini sous mes yeux ébahis. Etoile Pourpre n’était pas là, assurément. J'étirais mes membres douloureux, engourdis par un sommeil profond. Pourtant, je ne dormais sûrement que depuis quelques minutes à peine, allongé à la cénote, blotti contre celle qui dirigeait le clan adverse.

J'entrepris de grimper les quelques rochers qui menaient au sommet de la petite montagne brune et grise ; là, s'élevaient quelques arbres dénudés dont le vent faisait crisser les branches. La roche était dure et glissante, laissant peu de ressources pour les quelques herbes qui demandaient à se développer. Nerveusement, j’arrachais quelques brins de mes griffes pour me détendre. Bien que l'idée de rencontrer mes ancêtres ne m’effrayait pas, j'avais tout de même du mal à contenir ce mélange d'excitation et de curiosité qui m'empêchait de tenir en place. De mes yeux plissés, je tentais d'apercevoir l'un des membres du clan des Étoiles ; m’apparaitraient-ils comme une forme brumeuse, ou plutôt comme une pluie d'étoiles ? Je n'en avais aucune idée, mais je n'allais pas tarder à le découvrir. Je franchis les quelques queues de renard me séparant de l’autre versant de la montagne, tombant nez-à-nez avec une vallée verdoyante bien que couverte de cristaux lumineux.

Des lunes durant, j’avais essayé d’imaginer à quoi ressemblait le paysage de nos ancêtres. Une plage de sable doré, une forêt enneigé, ou simplement des nuages blancs et soyeux. Ce n’était rien de tout ça bien sûr, et la réalité était un peu moins féérique que ce que m’avait dicté mon imagination. C’était simplement une prairie immense, givrée bien que peuplée de petits rongeurs. C’était tout ce qu’il y avait d’étonnant, d’ailleurs : un lieu rempli de proie alors que le lieu ne s’était pas tout à fait remis de l’hiver. N’avaient-ils pas froid ?

***

Tandis que je balayais l’espace d’un regard à la fois déçu et curieux, je distinguai deux formes félines. Parmi ce givre resplendissant se trouvaient mon père et ma mère. Le pelage gris sombre du premier contrastait fortement avec la toison rousse de la seconde, mais leurs deux paires d’yeux brillaient du même éclat fier et sauvage. Tous deux semblaient en plein forme, resplendissants de santé après avoir affronté une mort douloureuse. Aucune trace de sang ne venait tâcher leur pelage, aucune douleur ne venait assombrir leurs regards. Je me retrouvais en chacun d’eux : la loyauté de mon père et la froideur sensible de ma mère ; face à eux, mes barrières glaciales semblaient fondre, comme exposées au soleil chaud de la saison des feuilles vertes. Mes deux parents avaient rejoints les étoiles de nombreuses lunes plus tôt, mais j’avais toujours eu une grande difficulté à combler le manque que cela avait provoqué en moi. La disparition de l’entièreté de ma fratrie - décimée petit à petit par les dures lois de la nature - n’avait rien arrangé.

- J’espérais vous revoir, miaulai-je avec un sourire timide avant de faire quelques pas. Sans attendre, mon père combla le vide entre nous, aussitôt rejoint par ma mère. Ironie du Désespoir, Avenir du Brasier, vous m’avez tellement manqués. Je savourai le goût de leur prénom, que je n’avais plus prononcé depuis des lunes, et que je n’avais plus non plus entendu, comme s’ils avaient tous deux été oubliés.

Les mots semblaient manquer de leur côté aussi, mais ils reprirent vite contenance. C’étaient des guerriers, après tout, avec le cœur solide. En outre, je le savais bien, ils n’étaient pas là pour s’émouvoir, mais bien pour me donner mes vies après la mort d’Etoile de Miel.

****************************************

Etoile Blanche.
Etoile Blanche, tel était mon nom de meneur. Celui que je porterais jusqu’à ma mort - c’était certain -, celui qui faisait de moi le responsable de tant de vies félines, de tant d’espoir. La fierté que j’avais lu sur le visage de mes parents me rendait fou de joie, et je sentais l’agitation se mouvoir dans mon poitrail. J’étais fier, moi aussi. Les chats qui s’étaient présentés ce soir comptaient tous pour moi : Souffle de l’Avalanche, Splendeur du Glacier et Amour Ephémère bien sûr, mais aussi Souvenir Foudroyant, Etoile Balafrée, Etoile Polaire et Etoile de Miel. Ils m’avaient donné une part d’eux-mêmes, une portion de leur esprit que je garderai toujours caché au creux de mes entrailles.

Malgré l’empressement qui me secouait le patte, je ne pensais pas tout de suite à rejoindre mon clan. Ainsi, lorsque j’ouvris les yeux, mes premières pensées furent pour Etoile Pourpre, assoupie à mes côtés.
La fine lumière qui éclaire son visage.
Ses oreilles finement sculptées sur le dessus de son crâne.
Ses pattes si douces, repliées contre son corps.
La froideur terrible qui en émane.
Le contraste frappant entre l’ondulation de ses poils sous la caresse du vent et l’immobilité de tout son être.
Son poitrail,

qui, durant les longues secondes qui s’écoulèrent sans que je n’ose respirer, ne se souleva pas une seule fois. Pas même lorsqu’un cri désespéré s’éleva dans l’air humide. Pas même lorsque je m'effondrai sous le choc et la peine.
Je réalisait avec stupeur que jamais, jamais plus Etoile Pourpre - que j’avais tant aimé, mais que tout nous avait éloigné - ne se réveillerait. Tout ce que je pouvais faire désormais, c’était hurler mon amour au ciel puisque je n’avais trouvé le courage de le faire de son vivant.
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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeDim 24 Avr - 23:46

Odyssée du Golem
"Greatness has a cost"


Etoile Blanche n’était plus. Une mort tragique pour un chat muet dans le silence depuis son retour de la cénote. Odyssée du Golem s’était évertué à tenir le clan à bout de patte en attendant son retour en forme. Etoile Blanche avait prouvé à de mainte reprise la solidité de son mental, mais la blessure était cette fois trop profonde, même pour lui, même pour Clarté Nocturne. La guérisseuse et doyenne du clan prenait sur elle, se montrait forte et rassurante comme à son habitude, mais l’impact du nouveau décès se sentait. Et comment lui en vouloir ? les chefs qu’elle servait semblaient tous destinés à mourir de façon tragique sans qu’elle ne puisse rien y faire. Cheminant à ses côtés jusqu’à la cénote en compagnie de Nuage d’Ecureuil, le lieutenant était lui aussi préoccupé. La nuit qui venait serait de loin la plus importante de sa vie, rien ne devait être laissé au hasard.
 
-Tu te souviens de ce que tu dois faire si… si cela arrive. Demanda le mentor.
 
-Oui, mais, je n’ai pas envie d’avoir à le faire… répondit le jeune apprenti inquiet.
 
Odyssée du Golem le couva d’un regard bienveillant avant de lui donner un petit coup de museau dans l’épaule. Nuage d’Ecureuil était un gentil chat, loyal et soucieux des autres. Son dévouement dans les projets de son mentor, lui apportait une aide et un réconfort primordial. Un brave chat qui aurait sans le moindre doute bientôt une belle place parmi les guerriers du clan.
 
-Je ferai en sorte que cela n’arrive pas. le rassura Golem
 
L’entrée de la Cénote aux Etoiles se dessina devant eux, sous la lumière pâle d’une lune entourée d’étoile. Golem inspira profondément et plongea dans la grotte. L’air qu’il huma était comme nulle part ailleurs, humide et aéré à la fois, frais et chaleureux. Aux bords de l’eau, Clarté Nocturne lui expliqua de quelle manière il pourrait rentrer en communication avec leurs ancêtres. Il suffit de boire… plutôt simple. Pensa le matou en se penchant au-dessus du petit lac. Son cœur s’accéléra à la simple vue de son reflet sur l’eau. Les doutes remontèrent à la charge, et des centaines de question se bousculaient dans sa tête. Comment va-t-il réagir ? Est-ce qu’ils vont m’avoir ? Ai-je oublié ou raté un point ? Le vrombissement de son esprit manqua de lui faire perdre l’équilibre. La pression ne l’épargnait pas, bien qu’il aimait prétendre le contraire.
 
-Laissez moi 5 minutes s’il vous plait. Intima Golem.
 
Tout va bien… Tout va bien.  Je le fais pour la Nuit, je le fais pour Etoile Blanche, pour Flots, pour Brume, pour Orque, et Obscurité. Je le fais pour ceux qui sont partis et pour ceux qui viendront.
Collectant ses forces et reprenant confiance, Odyssée du Golem lapa l’eau étoilée de la cénote et se laissa emporter dans un sommeil profond.
 
 


Lorsque qu’il se réveilla, le décor s’était métamorphosé. Le matou bicolore se situait désormais dans une luxuriante forêt, dont la lisière dévoilait une belle plaine vallonée. Au pied d’un arbre se tenait de dos, un guerrier à la fourrure blanche et grise, rayée de noir. Malgré les nombreuses lunes qui s’étaient écoulées, Odyssée du Golem reconnu sans peine l’ancien guerrier de la Nuit, Eclair Foudroyant, mort juste avant la migration. Il s’approcha pour s’asseoir aux côtés de son ainé et avant qu’il ne puisse prononcer le moindre mot, le guerrier des étoiles le devança :
 
-C’était bien la migration ? voulut-il savoir.
 
-Oui, malgré tous les dangers. Je suis sûr que ça t’aurait plu, pas pour les mêmes raisons que moi cependant.
 
Bien sûr, rien ne pourrait effacer les drames et les pertes, mais … Découvrir tous ces lieux, braver des épreuves intenses, s’émerveiller presque chaque matin. Oui la migration laissait de biens beaux souvenir dans la mémoire de Golem, des souvenirs qui auraient enchantés l’aventurier qu’était Eclair Foudroyant. Cependant, plus que la découverte des lieux, c’était surtout l’unité dont les 3 clans avaient fait preuve, qui importait aux yeux du lieutenant. La preuve que les clans n’étaient pas si différent.
 
-Tu es là pour me donner une vie ? interrogea le nuiteux.
 
Eclair Foudroyant ne fut pas un chat proche de Golem de son vivant. Le voir ici était donc un vrai étonnement. Pourquoi voudrait-il offrir une vie à un chat qu’il ne connait presque pas ?
 
-Oui, y a une partie de moi qui veux croire en ton projet. Miaula en réponse Pacifide comme si ce dernier lisait dans les esprits. Alors avec cette vie je te donne la Liberté. Ne sois pas prisonnier de tes choix, mais sois libre en les prenant. Et incarne la liberté aux yeux du clan.
 
Eclair Foudroyant s’avança pour toucher le front de Golem lui transmettant sa vie. Le lieutenant sentit dans la seconde un courant électrique lui parcourir tout le corps. Ses muscles se contractèrent et son cœur s’emballa encore plus que précédemment. Être libre était une force, mais aussi une source d’inquiétude, une source dont Odyssée du Golem prit la pleine mesure à cet instant.
 


 
Une fois la douleur passait, Golem rouvrit les yeux, constatant qu’il se trouvait dans un tout nouvel endroit. Un souterrain semblait-il. Les racines des arbres s’entortillaient pour fabriquer une galerie à l’air étouffant. Une faible lumière en provenance de l’entrée éclairait le tunnel. Une queue se posa sur son épaule et l’odeur familière d’Ombre Furtive lui sauta aux narines. En joie, le lieutenant se précipita pour enlacer son ami, qui lui rendit son geste par un large sourire. Accompagné par le frère d’Obscurité, Golem comprit enfin où il se trouvait. L’ancien terrier de renard… dans l’ancien territoire …
Aphone, le lieutenant ne parvint pas à trouver les mots qu’il souhaitait déclarer à son ami. Il aurait aimé dire sa peine de ne plus pouvoir parler avec lui chaque soir, que le clan se souviendrait de lui, qu’il était désolé de ne pas l’avoir sauvé, mais rien ne sortit de sa bouche. Attentionné, Ombre le comprit, et se chargea de briser le silence :
 
-Odyssée du Golem, il y a bien des lunes, tu m’as prêté ton Courage ici-même, laisse moi te le rendre avec cette vie. Déclara-t-il solennellement.
 
Les yeux humides, Golem acquiesça et se pencha pour recevoir sa deuxième vie. Au contact de son défunt camarade, le lieutenant sentit tout son corps bruler de l’intérieur, comme dévoré par un incendie incontrôlé. Un brasier féroce dont le son se confondait avec un feulement guerrier. Prit de vertige, le grand félin put soupirer une fois la douleur passée. D’un geste de la queue, Ombre Furtive lui pointa la sortie du terrier, la cérémonie ne faisait que commencer. Attristé de ne pouvoir rester plus longtemps, Golem s’exécuta, saluant une ultime fois son compagnon avant de bondir hors du trou.


 
Aveuglé par la lumière blanche et vive du soleil, il lui fallut quelques secondes pour de nouveau voir correctement. Le nuiteux se trouvait au beau milieu d’une clairière remplie de mille violettes, entourée par 4 immenses arbres. Un chêne, un cerisier, un sapin et un saule pleureur. A leurs branches, étaient perchés 4 félins, 4 anciens nuiteux le scrutant avec attention. Silence des Loups, Tornade Boréale, Souffle Infernal et… Etoile Blanche. Le regard du vivant volait d’un arbre à l’autre, observant ému ces félins qu’il avait jadis admiré et tenté de copier.
 
-Odyssée du Golem… mon lieutenant. S’élança Etoile Blanche. Nous t’avons enseigné nos connaissances.
 
-Notre façon de chasser. Compléta Souffle Infernal.
 
-Nos techniques de combat. Enchaina Tornade Boréale.
 
-Et comment comprendre les autres et leur parler. Suivit Silence des Loups
 
-Savoir attraper chaque proie, ne plus perdre de bataille et l’art de la communication, voilà ce qui fait un bon guerrier, mais ce n’est pas ce qui fait de toi un bon chef ! miaula durement l’ancien meneur à la robe crème.
 
Dans une coordination parfaite, les 4 félins étoilées sautèrent de leur perchoir respectif pour s’approcher du matou bicolore.
 
-Un chef se doit de ne pas être bon, mais d’être le meilleur ! expliqua Tornade Boréale. Avec cette vie je te donne l’Exigence. Entraine-toi sans relâche pour offrir chaque jour ce que tu as de mieux à ton clan.
 
Un sourire en coin, la guerrière ayant retrouvé toute sa splendeur et sa grâce, effleura l’épaule du museau du nuiteux qui fut à nouveau assaillit de douleur. Mais cette fois préparé, Golem encaissa cette vie mieux que les deux premières, et répondit à la femelle un sourire satisfait et fier. Sauf que de l’autre côté, Souffle Infernal s’approcha sans laisser le temps au matou de récupérer.
 
-Un chef se doit être le meilleur, et pour être le meilleur il faut savoir reconnaitre ses tords et savoir demander de l’aide. Avec cette vie je te donne l’Humilité.
 
La douleur n’avait pas eu le temps de partir, qu’une seconde vague déferla dans tous les os et muscles du lieutenant. Se sentant tomber, il planta ses griffes dans la terre et se concentra pour ne pas s’écrouler. Je ne flancherai pas aujourd’hui !
 
-Un chef se doit d’être aidé, et pour cela, il faut qu’il fédère autour de lui, que l’on veuille le suivre jusque dans la mort s’il le faut ! Je donne la Grandeur, sers t’en pour inspirer ton clan et pour l’unir dans un but commun !
 
La voix de Silence des Loups écarquilla les yeux d’Odyssée du Golem. Il n’était pas remis ! il n’était pas prêt pour une troisième vie aussi vite ! Avant qu’il ne prononce un mot, il senti le museau de l’ancienne cheffe sur son dos, et une onde de choc explosa dans son poitrail. Sa vision se doubla et l’équilibre précaire qu’il gardait jusque là fut réduit à néant. Le lieutenant s’effondra sur le flanc, haletant. Les pattes de son meneur arrivèrent devant lui. Golem lui supplia d’une voix presque éteinte de lui laisser une poignée de secondes, juste un peu !
 
-Un chef ne peut pas reculer Golem, un chef ne peut pas s’effondrer, il doit rester fort, encore et toujours. Avec cette vie je te donne la Résilience, puisse tu toujours rester debout alors même que tu es au plus bas.
 
Cette quatrième vie d’affilée fut celle de trop pour le mâle brun et blanc qui malgré ses efforts ne parvint pas à garder connaissance.


 
Lorsqu’il revint à lui, tout était noir. Sa tête lui faisait horriblement mal, chaque membre de son corps voulaient s’en aller et ses paupières étaient lourdes. Combien d’heure s’était écoulées ? et où était-il maintenant ? Il n’y avait pas le moindre arbre, pas de ciel, pas un oiseau, pas une souris, rien de vivant, rien de concret. Juste une immensité de noir s’étendant à perte de vue. Aux aguets, le grand mâle scruta les environs, à la recherche d’une personne pouvant l’aider, sans résultat. C’est alors, qu’une lueur scintilla au loin. Une douce lumière réconfortante à l’odeur de pavot. Guidé par le parfum des plantes, Odyssée du Golem s’en approcha à pas feutrés et découvrit deux chatons jouant à côté d’un immense tas de fleur de pavot.  Un petit à la robe courte robe grise, et une autre au pelage blanc et châtain, zébré de noir. Les deux boules de poils mirent un temps à se rendre compte de la présence de l’adulte, mais lorsque ce fut le cas, leurs yeux s’illuminèrent et tout deux foncèrent se blottir contre Golem. Bien qu’interloqué devant cette réaction, le lieutenant ne les repoussa pas pour autant, et les accepta contre lui.
 
-Tu nous as manqué Thémis ! miaula la jeune chatonne.
 
La fourrure de Golem se dressa en entendant ce nom. Thémis, le nom que lui avait donné sa mère. S’ils le connaissent… alors c’est qu’ils doivent être… Rhéa et Océanos. Son frère et sa sœur, enfant de Sopor. Tremblant Thémis, les enlaça, les yeux aux bords des larmes et savoura ce court moment silencieux avec eux.
 
-Bon c’est pas tout mais on nous a dit que tu allais devenir chef ! s’exclama Océanos en ronronnant. Et du coup on doit te donner deux vies !
 
-Oui ! c’est vrai ! J’allais oublier ! Il faut donner quelque chose avec aussi. enchaina sa sœur dans un rire.
 
Les deux chatons se mirent en position, léchèrent leur poil pour se faire tout beaux et bombèrent le poitrail. Jouant chacun un air solennel, un sourire immense se dessinait malgré tout sur leur petite bouille de chaton. Leur insouciance et leur amusement contrastaient avec l’importance de l’évènement, ce qui amusa beaucoup leur frère. Cependant, dans leur yeux, se planquait une émotion, bien plus sérieuse.
 
-Thémis, avec ces deux vies, nous te rendons ta mémoire. déclara Rhéa.
-Ces souvenirs sont inoubliables pour nous, sans exception. Et même si tu t’en ai fait bien d’autres certainement encore plus beaux, j’espère qu’ils te plairont autant qu’à nous. Expliqua son frère dont la voix se transforma en sanglot.
 
Devant la peine des deux chatons, leur frère se dépêcha de les rejoindre pour les serrer à nouveau contre lui. Les deux vies se transmirent, sans la moindre douleur. Les souvenirs de Golem remontèrent avec douceur dans son esprit, les bons et les mauvais. La colère de leur père, les après-midis passées à chercher des graines de pavot, les séances de jeux où Thémis finissait toujours perdant. Les rires, les siestes, les câlins de leur mère.
 
-Ils sont parfaits. Leur chuchota Thémis pour les rassurer. Plus jamais je ne les oublierai. C’est promis.
 
Sa phrase finit, Golem se sentit partir, comme engloutit par un sommeil de plomb, l’éloignant de son frère et sa sœur qu’il venait tout juste de retrouver. Le guerrier tenta de rester pour partager plus de temps avec eux, luttant contre cette force l’aspirait, en vain.


 
Odyssée du Golem se releva avec difficulté. Ses muscles endoloris par les épreuves peinaient à le maintenir debout, mais la fin était proche, et il fallait tenir. Alors prenant une ultime respiration, le lieutenant ouvrit les yeux et découvrit avec stupeur un lieu qu’il ne connaissait que trop bien. La pouponnière, celle de l’ancien territoire. Celle ayant connu ses longues journées d’ennui. Celle ayant vu Petite Obscurité et lui, chatons, passant déjà leurs journées à chahuter. Leurs deux nids étaient toujours là, collés au plus proche de l’autre, une proximité perdue depuis leur baptême d’apprenti. La même mousse, la même faible luminosité, le même air sec. C’est ici que tout commença pour Odyssée du Golem. Ici qu’il se réveilla sans le moindre souvenir de son ancienne vie. Ici qu’il rencontra pour la première fois…
 
-« Bonjour Golem. Miaula une voix familière dans son dos
 
Le matou se retourna et le vit, comme des lunes auparavant. Droit de toute sa hauteur, le poil propre, le regard transperçant. Le guerrier respecté de son vivant, dont les histoires étaient aujourd’hui comptées aux chatons désireux de grandes aventures. Etoile Polaire se tenait là devant lui, pour la première fois depuis cette attaque de faucon où sa dernière vie l’avait quitté. Une mort à son image, un sacrifice pour sauver l’un des siens. Difficile de l’imaginer mourir autrement tant l’ancien chef s’était donné chaque jour pour la Nuit.
 
-Bonjour Papa. Répondit-il la gorge serrée.
 
Sa seule envie était de plonger dans le poitrail du guerrier de jais pour ne plus en ressortir. Il n’en fit cependant rien, le simple fait de l’avoir appelé « Papa » représentant déjà un acte suffisamment audacieux. Dans un sourire, se fut l’ancien mentor qui brisa cette distance, venant se blottir contre Golem avec bienveillance. Il était son sauveur, son mentor, son chef, son modèle et maintenant son père. Le lieutenant dépassait aujourd’hui avec une bonne marge l’ancien chef, signe du temps qui s’est écoulé.  
 
-Viens on va marcher un peu. » Lui indiqua Etoile Polaire.
 
Sans discuter les ordres, Odyssée du Golem le suivit en dehors de la tanière, puis tous deux sortirent du clan. Le matou bicolore redécouvrit ébahi et ému, ces anciennes terres que les clans avaient fuies, aujourd’hui parsemées de petites étoiles, comme si le territoire lui-même s’était envolé rejoindre le Clan des Etoiles. Les deux guerriers vagabondèrent alors en silence, retournant sur les lieux de leurs entrainements. Chaque arbre, chaque buisson, chaque rocher, abritait un souvenir, une anecdote, un rire… L’arbre couché, où Golem exerçait son équilibre, le coin de mousse aux pieds des montagnes pour des cessions de combat et surtout, les rives du lac. Sur ces berges ensoleillées, Etoile Polaire lui avait appris les valeurs des clans, comment être un bon mentor, un bon chef, les idéaux d’un guerrier et tous les enseignements forgeant aujourd’hui la personnalité du nuiteux. Tous deux assis aux bords de la surface scintillante du lac, leurs regards braqués vers l’horizon, la dernière leçon commença.
 
-« Apprenti à l’âge de 4 lunes. Guerrier à 12 lunes et ce malgré un entrainement ralenti par une patte cassée. Mentor 3 lunes plus tard. Et encore quelques lunes plus tard, promu avec trois vétérans dans un rôle de lieutenant pour épauler Etoile de Miel en pleine migration, tout cela seulement âgé de 21 petites lunes. énuméra Glace d’un ton neutre. C’est ce qu’on appelle une ascension éclaire, certainement trop rapide même. Mais bon après avoir été écrasé par tes responsabilités, tu t’es relevé, as regagné en responsabilité sur le même rythme effréné, menant les guerriers du clan lors d’une attaque de solitaire, pour ensuite devenir lieutenant et prendre en charge le clan dans sa totalité lorsque ton chef en était incapable. Et maintenant te voilà, assis à mes côtés, pour recevoir ta neuvième vie. »
 
Golem pourtant si bavard ne prononça pas le moindre mot. Muet comme une tombe en écoutant Etoile Polaire résumer son parcours au sein de la Nuit. Un parcours dont il était fier. Lui l’ancien solitaire sans nom et mémoire, se tenait maintenant sur le territoire du Clan des Etoiles, prêt à se faire nommer « Etoile », la tête remplie de souvenirs inoubliables.
Le guerrier à la fourrure ébène constellée se tourna enfin vers son fils, plongeant ses prunelles bleues dans les yeux ambrés d’un Odyssée du Golem impatient.
 
-« Je t’aime comme si tu étais de moi Golem, tu as toujours eu ma confiance, je t’ai toujours soutenu depuis ton arrivé. Mais tu t’aventures dans une voie que je ne peux valider. Déclara Etoile Polaire avec tristesse.
 
-Je le sais, je le sais très bien. répondit le matou brun et blanc dont les oreilles venaient de se coucher.»
 
Oui, Golem le savait, depuis tout petit à vrai dire. Ses idéaux, sa mentalité étaient semblables en presque tous points à ceux de son héros, voilà pourquoi tous deux s’aimaient autant. Mais Golem savait pertinemment que les méthodes pour y arriver, si divergentes finiraient par les séparer. Le lieutenant le savait, et s’y était préparé depuis des lunes et des lunes. Préparé à ce moment où il le décevrait pour la première fois. Pourtant, en dépit de cette préparation, la douche fut glaciale. Une partie de lui avait espéré recevoir l’approbation du Clan des Etoiles, un espoir maintenant disparu en poussière.
 
-« Je t’en prie, renonce à tout cela et deviens chef. Tu es fait pour ce rôle, ne gâche pas tout maintenant. supplia l’ancien chef nuiteux.
 
-Non je ne gâcherai pas tout maintenant. Je ne gâcherai pas mes efforts, voilà pourquoi je ne renoncerai pas à mes projets. »
 
Etoile Polaire baissa les yeux, attristé, soupirant avec peine. Il s’approcha d’Odyssée du Golem et colla son front contre le sien, comme pour lui transmettre une vie. Une douleur transperça la poitrine du matou, le convulsant dans tous les sens dans des hurlements de douleur ! Une douleur sans comparaison avec ce qu’il avait enduré jusque-là. Aucun temps de répit ne lui fut offert et une deuxième vague de souffrance le saisit, puis une troisième, une quatrième, une cinquième, une sixième, une septième et une ultime huitième. L’air lui manqué, comme lors d’une noyade lorsque les poumons brûlent de toutes parts. Des plaies béantes, semblable à celles que peuvent laisser des blaireaux, se faisaient sentir sur chacun de ses muscles. Tout son corps pulsait et se contractait sous la douleur et son énergie se vidait intégralement. Dans l’incompréhension la plus totale, Golem se roula par terre, griffant frénétiquement le sol à proximité pour encaisser la douleur en vain, et priant pour ne pas perdre la raison. A bout, il s’évanouit à nouveau, souffrant et épuisé.
Les oreilles sifflantes et la tête endolorie, le matou se rouvrit les yeux quelques heures plus tard, dans un décor drastiquement différend. Il se situait désormais au centre d’une combe étoilée et tout autour de lui, des milliers de guerriers d’antan le regardaient avec attention et sévérité. Etoile Polaire était lui en tête de groupe. Le guerrier bicolore se redressa tant bien que mal, encore engourdi par la douleur avant de demander :
 
-« Qu’as-tu fait ?.
 
-Il t’a retiré tes huit vies. Répondit un matou d’un ton réprobateur. Le chat n’était pas très grand, mais couvert de cicatrices et de balafres sur le museau et sur sa robe crème et noire. Le Clan des Etoiles ne t’approuve pas en tant que chef du Clan de la Nuit. La politique que tu souhaites menaient rentre en total contradiction avec nos valeurs ancestrales et ne fera que prendre bien trop de risque à ton clan ! Tes projets prétentieux sont un danger pour la stabilité de la forêt, une erreur grossière poussée par ta vantardise rentrant en contradiction avec la volonté du Clan des Etoiles. J’ajouterai que …
 
-Non n’ajoute rien. L’interrompit Golem avec autorité.
 
Son poil doubla de volume, ses griffes se plantèrent dans la terre étoilée et ses pupilles s’affinèrent comme des meurtrières. Entendre des paroles aussi stupides qu’ignorantes après la déception encourue et les épreuves traversées, énerva Golem comme rarement il ne le fut. Il s’avança vers l’inconnu balafré, l’assassinant d’un regard directif, avant de dévisageait la foule amassée dans la combe. « Vos valeurs ancestrales… ma vantardise… mes projets dangereux… Oui c’est tellement plus simple de voir les choses ainsi. Vous avez raison et j’ai tort. C’est plus agréable, pas de remise en question comme ça. Mais il ne vous est jamais venu à l’esprit que les problèmes des clans puissent venir des règles actuelles que vous chérissez tant ?! Nooon, im-po-ssi-ble que vous soyez dans l’erreur ! » Le mépris dans la voix du matou n’était plus dissimulé et ses yeux foudroyaient l’assistance. Qu’avait-il à perdre ? rien, alors autant leurs déclarer le vrai fond de sa pensée. « Mon projet est dangereux d’après vous ? Je vais vous dire ce qui était dangereux ; nous faire voyager des lunes et des lunes pour nous amener dans un territoire où DES CHATS VIVAIENT DEJA ! Je n’ai rien vu de plus stupide ! Evidement qu’une guerre allait éclater ! Vous allez me faire croire qu’il n’y avait aucune autre terre inhabitée c’est ça ? Plusieurs chats claniques sont morts et les solitaires se sont fait DECIMER ! Et tout ça… c’est votre faute. Alors je vais vous dire, votre volonté, je n’en ai pas grand-chose à faire. Vraiment… je m’en fous. Surtout celle d’un chat si vieux que tout le monde a oublié son nom » Des cris d’indignations se firent entendre dans la foule. Certains chats étoilés regardaient le nuiteux avec dédain, d’autres semblaient vouloir lui sauter dessus. Etoile Polaire lui était figé sur place devant ce spectacle.
« Et vos règles, c’est le même principe ! Le Code, une très belle idée, de belles intentions. Mais les tragédies sont pavées de bonnes intentions ! » Le poil de son ex-mentor se leva, mais Golem l’ignora, le discours de sa vie commençait. Sa plaidoirie la plus importante. « Ces lois sur les frontières ne font qu’accentuer la haine et la crainte entre les clans. Celles pour les relations entre guérisseurs ou interclan ne font que forcer des chats innocents à réprimer des sentiments qu’ils ne peuvent choisir ! Ces lois avaient certainement une utilité à leur création. Mais aujourd’hui elles ne sont que sources de malheurs. Je n’en peux plus de devoir respecter des règles qui condamnent des sentiments plus que légitimes, des règles qui stigmatisent des relations et les enfants qui en découlent. Certains sang-mêlé sont même tués pour leurs simples origines ! Ces lois sont là depuis l’aurore des clans et pourtant les relations interclan non jamais cessées. Jamais ! Lorsque l’on aime, on ne choisit pas, même pour les plus loyaux et dévoués des guerriers. »
Des images d’Etoile de Miel, de Fracas du Dragon, de Fleur de Lavande et d’encore bien d’autres lui revinrent en tête. Tous des chats qui servaient leur clan avec passion et engagement. Ils n’avaient pas souhaité désobéir et qui avaient souffert dans ses dilemmes. « L’amour c’est la mort du devoir » lui avait un jour compté Berceuse du Venin. « Pourquoi les deux devraient-ils s’opposer ? » pensait aujourd’hui Golem.


« Je n’en peux plus de supporter et défendre des lois qui nous encourage à vivre confinés derrière des frontières sous prétexte de nos différences, nous faisant ignorer tous les points que nous avons en commun ! Ces lois nous poussent juste à la haine et à la crainte de la différence. Cette même haine et cette même crainte qui sont les sources de toutes nos guerres. Je ne veux plus de cela pour mon peuple et pour les peuples que je côtoierai ! Qu’ils soient claniques ou solitaires. Grands ou petits. Qu’ils croient en vous ou non. Peu m’importe, je les accepterai et je bâtirai avec eux un clan meilleur. »


Le silence retenti dans la combe alors que les derniers mots finissaient de résonner. Un silence de mort, le silence des morts. Plus aucuns guerriers n’osaient prendre la parole. Par hésitation ou pour avoir étaient vexés ? Changeaient-ils d’avis ? L’espoir remonta en Golem aussi vite que Souvenir Immaculé pouvait courir après un lapin. Si cette histoire se terminait bien, si le Clan des Etoiles l’acceptait, le lieutenant aurait toute légitimité auprès de ses camarades, et enfin une vie paisible pourrait s’envisageait.
« Cela détruirait les clans… Une guerre éclaterait. Miaula une vétérane
-Le code n’a jamais arrêté les guerres. Je propose une nouvelle solution. Rétorqua Golem dans la seconde
-C’est de la folie, les idéaux comme les tiens ne marcheront jamais pour diriger un clan ! accusa un autre.
-Personne n’a essayé avant ! Alors personne ne peut le savoir ! Par contre les horreurs que le Code engendre tout le monde peut les constater.
-Avec ta politique, les clans ne seront plus des clans ! rien d’autres qu’un ramassis de chats ne se ressemblant pas le moins du monde !
-Si pour vous les clans se résument à une vie de guerre pour défendre des frontières vide de sens alors ce n’est peut-être pas plus mal qu’ils disparaissent !!! rugit Odyssée du Golem avec témérité.
 
Une nouvelle fois, le silence s’imposa. De toute évidence, le nuiteux enchainait blasphèmes sur blasphèmes aux oreilles des ancêtres. Des parjures et encore des parjures, rendant muet les plus loquace des guerriers étoilés. Ce dernier fut celui de trop, la limite à ne pas franchir. Etoile Polaire, qui n’avait osé prononcer le moindre mot, s’avança pour faire de nouveau face à son ancien apprenti.
 
-La décision du Clan des Etoiles est sans appel, accepte là. Tu te réveilleras et laisseras le soin au clan d’élire un autre chef. déclara-t-il la gorge serré, mais le ton ferme avant de tourner les talons pour rejoindre les autres.
 
-Et si je refuse ? interrogea Odyssée du Golem, dont la question figea son père sur place. Et si à mon réveil, je ne dis rien de tout cela ? Si à la place je leur affirme avoir reçu votre bénédiction ?
 
Fou de rage, le matou balafré sortit les griffes tout en approchant d’un Golem immobile. L’insolence du lieutenant le piquait à vif, et Golem ne s’en privait pas. Plus il s’énervait, plus la victoire lui échappait.
 
-Si tu oses mentir ainsi, alors nous nous ferons une joie de rendre une petite visite à une guérisseuse du clan pour qu’elles se chargent de dévoiler la vérité. Cracha-t-il avec mépris et haine.
 
-Dis moi à laquelle des deux vas-tu essayer de retourner contre moi ? Celle qui m’a vu grandir et qui a toute confiance en moi, ou ma compagne ? rétorqua Golem plein d’une malice condescendante. Et si tu veux en parler à un autre chaton, un ancien ou même un guerrier. Sache que je n’aurais aucune pitié à les faire passer pour des jeunes ayant juste rêvés, des séniles ou pour des guerriers coupables de trahison envers leur chef. Vous avez perdu, c’est tout.
 
-Et si je te tue ici même ? Tu ne te réveilleras point, donc point de mensonge, et les 4 clans seront en sécurité. Nous sommes des guerriers pas des chatons, mon petit. Tuer pour préserver notre clan nous l’avons déjà fait et nous n’hésiterons pas à le refaire.
 
Cette dernière phrase eu l’effet d’une explosion jetant un froid à toute l’assemblée présente. La tension dans l’air atteignit un point de non-retour. Un vent se leva dans la combe, couvrant les murmures et la réflexion des ancêtres. Mais si leurs paroles ne se distinguaient pas, leurs expressions faciales suffirent à transmettre le message. Oui, ces guerriers pouvaient le faire, et Golem deviendrait l’un des grands ennemis exilés dans la Forêt Sombre.
Mais alors que les poils se levaient dans l’assistance et que les griffes sortaient de leurs fourreaux, Odyssée du Golem pouffa de rire. Un rire sincère qui laissa tous les chats présents pantois. Perdait-il la tête ? Ne les pensait-il pas sérieux dans leur menace ? Ou paniquait-il simplement ? Incrédule devant ce spectacle, le balafré vu son animosité se changer en désarroi, tant son opposant ne lui semblait pas maitre de ses pensées et actes.
 
-Allez-y, tuez-moi. Mais vous perdrez quand même. miaula Golem sardonique. J’ai beaucoup discuté avec les anciens dans ma jeunesse. Son regard se posa sur Silence des Loups pendant une brève seconde. Et bien que cela ne soit pas courant, on m’a raconté que les chats s’entrainant avec la Forêt Sombre conservaient leurs blessures au réveil. Mon apprenti, n’est pas venu pour décorer. Si je meurs, couvert pas vos blessures, il a pour mission de prévenir tout le monde, que le Clan des Etoiles, a tué sans raison visible, un chef apprécié de son clan, avec Clarté de Nocturne pouvant attester que les blessures ne sont dus à rien d’autre. Il le racontera aux enfants, aux apprentis, à mes amis et mes frères. D’après vous, combien continuerons à vous respecter après ça ? Vous briserez votre image d’ancêtres bienveillants et la confiance de nombre d’entre eux. Vous ne serez plus que des tyrans. Alors je vous laisse le choix, mais pouvez-vous vous le permettre ?
 
Encore une fois, le balafré fut incapable de répondre, assimilant avec peine cette nouvelle donnée. Les jeux étaient faits avant même le début de la cérémonie. Depuis le début, il se débâté dans le vide, brassant de l’air avec force et vigueur, face à quelqu’un qui se savait d’ores et déjà vainqueur. Une humiliation que l’auto-proclamé chef ne se priva pas d’accentuer, s’avançant pour susurrer à l’oreille du guerrier étoilé une vengeance cette fois purement personnelle :
 
-Ce n’est pas agréable, n’est-ce pas ? De devoir choisir ainsi, d’avoir deux options dont aucune n’est satisfaisante ? C’est à s’en rendre malade de stress, ça coupe l’appétit, le sommeil. Personne ne veut vivre ça n’est-ce pas ? … Je te souhaite la bienvenue dans la vie de ma compagne, j’espère que tu t’y plairas.
 
Odyssée du Golem se retourna, clôturant lui-même cette cérémonie qui aurait dû être une joyeuse fête. Comme prévu, aucun guerrier d’antan n’essaya de le retenir par la force. Seuls les visages familiers de ces proches partis avant lui le retinrent un court instant. Ceux d’Etoile Blanche et de Silence des Loups inquiets, celui de Nuage de Tournesol comme à son habitude indescriptible, et Petite Méduse, à ses côtés, attristée au possible, mais surtout, Etoile Polaire… De la tristesse et de la déception mélangées à une peur palpable. Je suis désolé. Désolé de ne pas être celui que tu espérais. Désolé de t’avoir offert un tel spectacle. Désolé de devenir ton ennemi. Mais j’applique tes enseignements « Être prêt à tout sacrifier pour le bien du clan ». Pour le bien du clan, je sacrifie notre relation, notre proximité, l’amour que tu pouvais avoir en moi… Ils me traiteront certainement de traitre, d’arrogant ou de fou, tu feras peut-être même parti d’eux. Ce n’est pas grave, car je suis persuadé que cela va marcher, même si je n’ai pas neuf vies, même si je n’ai pas votre accord, même si je n’ai plus ton soutien. J’en suis sûr !
Dans un silence assourdissant, le décor autour de lui se décomposa morceau par morceau, puis les premiers félins commencèrent à s’en aller, comme ils étaient venus, en silence.  La vision de Golem s’obscurcit en quelque seconde, effaçant la silhouette de son père. Le matou sentit sol humide de la cénote sous son long pelage et la présence de Nuage d’Ecureuil, allongé tout proche de lui. Il ouvrit les yeux et découvrit Clarté Nocturne, postée non loin, observant en silence. A son réveil, son apprenti roux se pressa dans la fourrure bicolore de son mentor en ronronnant.
 
-Bienvenue à toi, Etoile du Golem. Miaula son neveu avec excitation
 
Le nouveau chef lui lécha affectueusement le crâne tout en se relevant, puis sortit. Une discussion avec Clarté Nocturne s'imposerait sous peu. Dehors, la nuit régnait depuis plusieurs heures dans le ciel de la forêt. Une nuit sans lune ni étoile, couverte de nuages.


Dernière édition par Epsy le Jeu 22 Juin - 23:02, édité 1 fois
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Source Maléfique

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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeSam 21 Mai - 15:45

Nuage de Source/Étoile du Soleil


Nuage de Source suivait avec exitation la meneuse, même si elle le cachait. Elle s'était entrainée dure pour devenir la prochaine guérisseuse, maintenant ça allait être le moment tant attendu. Son frère, Nuage de Brochet était mort... Quoi qu'elle l'ai jamais apprécié énormément, ça la rendait quand même triste. Quand on lui parlait de son frère, elle réagissait froidement pour cacher ses émotions. Elle se secoua un coup et entra dans une sorte de grotte, à la suite d'Étoile du Soleil. Elles s'arrêtèrent près de la source. Étoile du Soleil se mit à parler :

-Moi, Étoile du Soleil, ancienne guérisseuse et maintenant meneuse, j'en appelle à nos ancêtres pour qu'ils se penchent sur cette apprentie. Elle s'est entraînée dur afin de comprendre la voie du guérisseur et avec votre aide, elle servira son Clan pendant des lunes. Nuage de Source, promets-tu de respecter la voie du guérisseur, de rester en dehors des rivalités claniques et de soigner ton Clan, même au péril de ta vie ?


Nuage de Source inspira un coup, prenant le temps de réfléchir. Elle ferait de son mieux, c'était sûr. Elle n'aurait plus besoin d'être gentille avec la meneuse, elle pourrait enfin être elle même. L'insupportable Nuage de Source serait enfin de retour !

- Oui.

- Alors par les pouvoirs qui me sont conférés par le Clan des Étoiles, je te donne ton nouveau nom. Nuage de Source, à partir de maintenant, tu t'appelleras Source Maléfique. Nos ancêtres rendent honneur à ta maturité et à ta sagesse. Puisses-tu bien servir ton Clan.

Source Maléfique s'allongea par terre et ferma doucement les yeux, comme la meneuse lui avait conseillée de faire. Maman, Étoile du Matin... Nuage de Brochet... J'aimerais vous voir. Deux chats apparurent devant elle. Son frère dans toute sa splendeur et... une chatte magnifique. Elle se précipita au côtés de son frère.

- Nuage de Brochet ! Tu vas bien ?

Le chat sourit en la voyant s'inquiéter, il la frola avant de passer près de la chatte. Il se tourna alors vers sa soeur et dit, tout sourire :

- Oui. Il faut aussi que je te présente maman.

Source Maléfique s'avança doucement, les yeux rivées sur l'ancienne meneuse du clan d'on elle était maintenant la guérisseuse. Étoile du Matin lui sourit, l'encourageant à s'avancer.

- Je suis fière de toi ma chérie. Fais de ton mieux pour protéger ton clan.

- Je ferais de mon mieux, maman.

- Bien. Je vais devoir partir maintenant...

- J'ai une question avant que tu partes. Pourquoi tu nous a abandonnée ?

- Je ne voulais pas partir, Source Maléfique. Je veillais sur vous de là haut.


Source Maléfique sourit. Pas un demi sourire, un vrai sourire. Étoile du Matin et Nuage de Brochet se retournèrent et partir. La guérisseuse les regarda partir, heureuse d'avoir pu leur reparler. Elle ferma les yeux puis les rouvrit, dans le monde des vivants cette fois ci. Elle voulut parler de sa rencontre à Étoile du Soleil mais l'ancienne guérisseuse l'en empêcha : il fallait garder ça pour soit. Elles rentrèrent au camp du clan du crépuscule.
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Nuage de Reflet
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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeLun 23 Mai - 16:30

☆ Nuage d'Obscurité ☆
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Baptême

Sans un bruit, deux silhouettes se découpaient sous le ciel de cette fin de journée. L'une d'entre, en tête, avec sa démarche particulière, menait la plus petite, semblant nerveuse. C'était le grand jour, Nuage d'Obscurité allait confronter leurs ancêtres pour savoir si elle allait devenir une guérisseuse à part entière. Ses relations avec son père et avec Etoile du Golem la rendaient nerveuse. Qu'est ce que le Clan des Etoiles allait en dire ?

Cependant, Clarté Nocturne semblait confiante, alors qu'elle s'engouffra dans la cavité au bord de la falaise. L'apprentie guérisseuse jeta un coup d'œil vers la mer, en contrebas, venant se fracasser contre les rochers. Elle se rappela de ses paroles avec Golem, cette nuit-là, dans la source chaude.

"S'ils ne m'acceptent pas… Nous partirons pour le Zénith."

Elle eut un petit soupir. Actuellement, cela était impossible. Mais elle savait une chose : qu'importe ce qui se passerait ce soir, elle serait toujours avec Golem, même si elle devait devenir reine, ou quelque chose d'autre. Elle avait essayé de vivre sans lui, et cela avait été impossible, la rendant étourdie.

La chatte crème regarda l'obscurité de la cénote, avant de s'y plonger à son tour, à la suite de sa mentor. Celle-ci l'attendait devant l'étendue d'eau cristalline, ses yeux brillants de fierté et d'émotion. Les deux chattes s'assirent, attendant l'heure où la lune viendrait éclairer la surface d'eau.

Cela sembla une éternité pour Nuage d'Obscurité, quand enfin l'eau s'éclaira de mille feux, comme si toutes les étoiles du ciel étaient venues pour voir l'apprentie. Clarté Nocturne se tourna vers la plus jeune chatte, et lui demanda :

"- Tu es prête ?
- Oui, allons-y."


Miaula doucement Nuage d'Obscurité, en se levant face à sa mentor. La chatte grise prit son souffle, avant de miauler d'une voix solennelle :

"- Moi, Clarté Nocturne, guérisseuse du Clan de la Nuit, j'en appelle à nos ancêtres pour qu'ils se penchent sur cette apprentie. Elle s'est entraînée dur afin de comprendre la voie du guérisseur, et avec votre aide, elle servira son Clan pendant des lunes. Nuage d'Obscurité, promets-tu de respecter la voie du guérisseur, de rester en dehors des rivalités claniques et de soigner ton Clan, même au péril de ta vie ?
- Oui.
- Alors, par les pouvoirs qui me sont conférés par le Clan des Etoiles, je te donne ton nouveau nom. Nuage d'Obscurité, à partir de maintenant, tu t'appelleras Aube Obscure. Nos ancêtres rendent honneur à ton dévouement et à ta sensibilité. Puisses-tu bien servir ton Clan."


Sur ces mots, Clarté Nocturne toucha le front de la chatte crème avec son museau. Aube Obscure releva la tête et ronronna un peu. C'était un magnifique nom. Il lui rappelait que ses pattes étaient dans deux Clan, et qu'il pouvait y avoir de la lumière en elle.

Elle savait quoi faire, à présent. L'heure de la confrontation avait sonné. Doucement, elle s'approcha de l'eau des Etoiles, et en lappa quelques gorgées. Aube Obscure s'allongea sur le sol, alors qu'elle se sentit partir dans un sommeil plein de rêves.

La Cénote aux Étoiles Milky-10

Elle se réveilla sous un ciel étoilé semblant s'étendre jusqu'à l'infini. Il faisait nuit, mais les étoiles éclairaient autant qu'en plein jour. Devant elle, s'étendait une étendue d'eau calme, qui reflétait la lumière des étoiles. Aube Obscure se leva, avant de se retourner et de voir de nombreux chats étoilés, la regardant. Elle en reconnu beaucoup. Etoile de Miel, Etoile Polaire, Souffle d'Onyx, et devant eux tous, se tenaient Ombre Furtive, Petite Nuit, Patte Sombre, ainsi que Fleur  de Lavande. Aube Obscure eut l'impression de plonger dans de l'eau froide quand elle s'aperçue de l'absence de Flots Polaires.

"- Où est Flots Polaires ?" Demanda-t-elle, en regardant Etoile Polaire.

Ce dernier détourna les yeux, faisant comprendre à la chatte crème, dans un frisson d'horreur, qu'il était absent du Clan des Etoiles. Elle s'apprêtait à s'indigner quand ses frères et sœurs ne s'avancèrent vers elle, suivi de leur mère. S'attendant à de douloureuses paroles, Aube Obscure baissa la tête devant Fleur de Lavande. Cependant, celle-ci la lui fit relever avec sa queue.

"- J'aurai dû être présente pour vous. Tout ce manque d'amour que tu as subi, tu fais en sorte de le combler, en te trouvant un compagnon, une famille. Hérisson Vénérable… Était un chat horrible, et j'ai essayé de vous en protéger. J'ai échoué pour toi."

Aube Obscure fut touchée par les paroles de sa mère. Timidement, elle alla contre la chatte blanche et noire, miaulant désespérément :

"- Je suis désolée, c'est de ma faute si tu es morte.
- Non, mon destin était de partir à ce moment là, sans connaître la joie d'élever des chatons. Veille sur eux, je t'en prie.
- Je te le promets."


Ombre Furtive se rapprocha, avant de lui murmurer à l'oreille :

"- Tu feras une super guérisseuse."

Le cœur d'Aube Obscure bondit de joie, alors qu'elle réalisait qu'elle allait devenir guérisseuse. C'est alors qu'elle remarqua un matou couvert de cicatrices s'approcher d'elle. Sa famille recula alors, laissant le vieux matou des étoiles face à elle. Il avait un regard furibond.

"- Assez de niaiseries ! Si tu veux devenir guérisseuse, tu dois promettre que tu feras tout pour stopper ton compagnon !"

Aube Obscure eut l'impression de tomber d'une falaise. Tout ce chemin accompli, pour au final se faire voir refuser, quelques instants après son baptême.

"- Je ne peux pas le stopper." Miaula-t-elle, plantant ses griffes dans le sol, comme pour s'ancrer face à la colère de ses ancêtres. "Mon rôle est de soigner les chats, de considérer mon Clan comme mon petit, de le soigner et de le protéger, et de soutenir mon chef, quoi qu'il arrive ! Ses choix ne sont pas forcément en adéquation avec ma volonté, mais je l'aime, et j'aime encore plus mon Clan. Cependant… Moi, j'ai foi en vous, et je considère votre parole comme la mienne. Si vous me dites que je ne mérite pas de servir mon Clan en tant que guérisseuse, alors je me retirerai. Mais je ne stopperai pas Etoile du Golem, je le respecte trop pour ça."

Un murmure vint de l'assemblée, alors qu'une vieille chatte s'écria :

"- Le Clan de la Nuit a besoin d'une nouvelle guérisseuse !
- On ne peut pas la refuser, ou alors il faudrait aussi rejeter Clarté Nocturne !"
Lança un chaton, sa petite voix dénotant avec ses paroles sérieuses.

Le vieux matou balafré grogna, en feulant :

"- BIEN bien bien ! Tel est ton choix, jeunette ? Tout sacrifier pour vivre ton amour en tant que guérisseuse ?
- Oui."
Miaula Aube Obscure avec assurance.

Les yeux du matou lancèrent des éclairs, alors qu'il regarda Aube Obscure avec un sourire sinistre.

"- Le Clan de la Nuit paiera pour ses négligences, tôt ou tard, et vous serez tous touché. A ce moment là, les guérisseurs se rendront compte de leur erreur, pour avoir laissé tomber un Clan dans l'obscurité."

Cela sonnait comme une prophétie, dans le cœur d'Aube Obscure, et elle frémit, alors que son ancêtre continua :

"- Ton nom n'est pas en adéquation avec ce que tu vas faire pour ton cher Clan. A partir de maintenant, tu seras Nuit d'Obscurité, et ce nom te rappellera toute ta vie que ce sont tes décisions qui ont jetées le Clan de la Nuit dans les ténèbres."

Nuit d'Obscurité ouvrit la bouche, comme pour protester, mais aucun son n'en sortit. Elle était comme terrorisé par le matou balafré.

"- Et pour avoir osé donner une descendance à ce chat, ta portée sera maudite par les Etoiles !"

Un murmure monta des rangs du Clan des Etoiles, mais Nuit d'Obscurité ne savait pas s'il était acclamateur, ou désapprobateur. Elle tremblait trop pour que ses pensées soient rationnelles, et elle posa sa queue autour de son ventre, comme pour protéger ses chatons. Alors que les autres chats disparaissaient, le vieux chat balafré regarda Nuit d'Obscurité, avant de murmurer d'un ton lugubre :

"- Le Clan de la Nuit paiera pour avoir suivi un félon rejeté des Etoiles."

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"- Ce n'est pas un félon !" Hurla Nuit d'Obscurité, en se relevant d'un coup, faisant sursauter Clarté Nocturne. Elle était de nouveau dans la Cénote, face à l'eau qui était désormais sombre. Haletante, elle se tourna vers son ancienne mentor, avant de murmurer :

"- Je… Suis guérisseuse… Mais sous le nom de Nuit d'Obscurité. Ils… Ils sont en colère contre nous."

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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeDim 29 Mai - 0:13

Un gros DÉSOLÉ pour ce monstrueux retard et ce texte biennnnn nul comparé à vos chef d'oeuvres, mais entre mon inexistence de talent et mon mandat qui tombe ÉVIDEMENT en plein dans la période de l'année la plus chargée pour moi, rip :,)
Et désolé par avance à Chips, Flammy, Ambrie, Symphi, Précious, Pichou et Roncy pour le massacre de leur perso, pour les images j'ai fait au mieux mais j'avoue que j'ai pris plaisir à tenter de trouver aussi fidèle que possible :3


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Les deux femelles marchaient vers la Cénote aux Étoiles, mais pas seule, au grand dam de la chatte écaille. En plus de Étoile Pourpre, le futur meneur de la Nuit les accompagnait. Elle n’aimait guère Esprit des Glaces, comme quasiment tous les membres du Clan de la Nuit. Mais la meneuse l’avait convaincue de leur faire confiance. Après un bref au revoir, puisqu’elles allaient vite se parler de nouveau, Étoile Pourpre et son compagnon de fortune allèrent au contact de la Cénote, tandis que la chatte aux yeux dorés resta à distance.

-« Salue nos ancêtres de ma part. » miaula Brume de Soleil, confiante

Mais au bout de quelques minutes elle sentit que quelque chose n’allait pas. Le corps de Étoile Pourpre était inerte, ses moustaches ne frémissait plus. Mais surtout, elle avait un mauvais pressentiment. Quelque chose que seul un guérisseur pouvait sentir. Elle n’hésita pas une seconde à pénétrer dans le lieu sacré pour se placer aux cotés de son amie. Son état était très inquiétant, son coeur bâtait beaucoup trop faiblement. Ce n’était pas le premier chef qu’elle accompagnait, elle avait l’expérience, cet état n’était pas normal. Elle jeta un regard assassin vers l’autre matou lui aussi endormit « Si tu lui as fait quoi que ce soit je n’hésiterai pas à te tuer dans ton sommeil, neuf fois si il le faut. » Elle devait en avoir le coeur net, ou régler le problème elle même. Elle ferma les yeux, établissant la connexion avec le Clan des Étoiles.

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Elle était près de leurs ancêtres. Elle le sentait. En tant que guérisseuse elles les avait visitées maintes fois, et celle là n’était pas bien différente. Après quelques secondes, elle entreprit à chercher la meneuse, inquiète de ce qui avait bien pu arriver. « A-t-elle été rejetée ? Ou tuée par Esprit des Glaces ? » Mais elle ne se tritura pas l’esprit longtemps, puisque la vétérante s’approcha d’elle d’un pas assuré. Son allure n’avait rien à voir avec les derniers jours : elle avait retrouvée sa vigueur et sa force d’antan. Le Clan des Étoiles l’avait donc soignée ? Il lui avait fait don d’une vie ! Mais quelque chose clochait. Son allure était parfaite, trop parfaite. On aurait dit… un guerrier étoilé.

-« É… Étoile Pourpre ? » murmura Brume de Soleil, le coeur lourd
-« Cela ne sert à rien Brume de Soleil, je ne suis plus du même monde. »

Ces quelques mots, simples mais froids, abattirent la femelle écaille. Étoile Éristique, Étoile Rêveuse, Étoile du Matin… et maintenant Étoile Pourpre ? Ne faisait-elle que perdre les meneuses qu’elle servait ? Était elle seulement digne du rôle de guérisseuse ? N’étant pas sûre de comprendre la situation, elle bredouilla :

-« Tu… tu es…? »
-« Je ne suis ni morte ni vivante. Le Clan des Étoiles m’a donné une vie pour vivre encore en quelques sortes parmi vous, mais je ne peux revenir en tant que chef du Clan du Crépuscule. Tu dois les mener. »

Ces derniers mots résonnèrent à l’infini dans sa tête. « Je dois les mener ? Moi ? Moi meneuse du Clan du Crépuscule ? » Cette notion lui semblait à la fois si familière et si loin. Un rêve d’enfance qu’elle s’était interdit depuis des lunes. Sa nomination en tant que lieutenante l’avait de nouveau fait espérer, mais Étoile Pourpre devait les mener pour de nombreuses lunes… Comment aurait-elle pu deviner ce brusque retournement de situation ?
Puis elle se souvint des paroles d’Étoile Éristique, il y avait des lunes de cela. Elle était promise à une grande destinée. Depuis toute jeune elle était persuadée qu’elle était spéciale, qu’elle devait être la manifestation vivante du Clan des Étoiles. Mais elle s’était persuadée qu’elle était condamnée à le faire en étant guérisseuse, inactive… Tel était son vrai destin finalement ? Ne pouvant laisser de place au doute, elle miaula avec conviction :

-« Très bien ! Je vais le faire ! Je mènerai le Clan du Crépuscule, avec le Clan des Étoiles à mes côtés. »

Puis tout devint blanc, et elle s’effondra.

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La chatte écaille était dans une plaine illuminée, la lumière l’irradiait et baignait tout au point quelle ne pouvait distinguer l’horizon.  Brume de Soleil avait une sensation très étrange, bien différente des fois où elle avait communiqué avec ses ancêtres en tant que guérisseuse. « Suis-je morte ? Le Clan des Étoiles m’a rejeté en tant que chef ? »
Un matou tacheté gris et blanc aux yeux bleus s’approcha d’elle. Son aura était transparente, à vrai dire il était encore difficile de discerner les contours du pelage du matou, ou sa couleur.  Il n’était ni grand ni musculeux, bien que son physique laissait deviner qu’il apprenait précédemment au Clan du Crépuscule.

-« Bonjour Brume de Soleil, je ne m’attendais pas à te revoir sous cette forme. »

Les paroles du félin ramenèrent la chatte écaille bien des saison en arrière. Des souvenirs lointains, brumeux… aussi brumeux que le félin lui même

-« Tu es… »
-« Non non ne t’inquiète pas, je suis bien vivante ! »

La coupa la guerrière en ronronnant, lui adressant un sourire malicieux, alors qu’à ses côtés l’Étoilé restait silencieux, attendant son heure.

-« Mais alors qu’est-ce que tu fais là ? »
- « Je viens te léguer l’une de mes vies, annonça-t-elle toute fière, en souriant. »

Brume de Soleil la dévisagea, ça n’avait rien de protocolaire ce qu’elle lui disait. Sa meilleure amie avait-elle défié le Clan des Étoiles ? Promesse Chimérique s’empressa de la rassurer :

-« J’ai demandé tout à l’heure et les ancêtres ont accepté, alors nous voilà ! Je te présente Rêve de Cristal, un ancien guérisseur du Clan ».

Le matou la salua d’un hochement de tête, toujours silencieux, laissant la future meneuse piloter. Il ne semblait pas du genre à s’imposer, et il savait sans nul doute que la féline crème avait à présent compris comment cela devait se dérouler.

-« Tu es d’accord ? »
-« Évidemment, c’est un honneur et je saurai m’en montrer digne n’en doute pas. »
-« Oh oui je n’ai aucun doute là-dessus. »

Elle ronronna, et recula d’un pas, tandis que Rêve de Cristal s’approchait de sa meilleure amie. C’était tout de même étrange comme façon de faire, d’imposer son museau ainsi sur la truffe d’un inconnu, et même quand ça n’était pas un inconnu ! Envoyer une décharge sans prévenir par contact physique impromptu… Toujours était-il qu’à la façon de ceux qui l’avaient précédé, l’ancien guérisseur accompli ce geste rituel et entama sa rengaine :

-« Avec cette vie je t’offre la tolérance, utilise-la à bon escient pour faire face à chacun sans préjugés, sans être naïve pour autant."


Des dizaines de saisons étaient passées depuis. Le matou n’en était devenu que plus translucide, sans changer pour autant, tandis que Brume de Soleil avait perdu l’énergie de sa jeunesse, mais pas sa foi. Elle murmura :

-« Je m’en souvient… Tu m’avais donné la vie de la tolérance. » le matou hocha la tête, elle s’empressa à répondre « Je ne l’ai pas perdue, elle est toujours avec moi. Je la donnerai volontiers pour protéger mon clan jusqu’à sa perte, mais en tant que guérisseuse ce n’était pas chose aisée. Cependant je peux la rendre si besoin. »
-« Pas la peine. Le Clan des Étoiles te la donnée, elle est à toi.  Tu auras de maintes occasions de t’en servir pour le Clan. »

Brume de Soleil acquiesça, essayant de cacher au maximum sa satisfaction. « Évidement que je suis digne d’avoir cette vie ! Comme toutes les autres d’ailleurs. Elles seront bien utilisées Clan des Étoiles, j’en fais le serment. » Mais alors qu’elle voulait continuer à échanger avec l’ancien guérisseur, celui disparaissait déjà dans la foule de félins. « Quel étrange personnage… »

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La prochaine silhouette à s’avancer fut bien plus familière pour Brume de Soleil. Bien que les souvenirs étaient encore plus lointains, comment pouvait-elle oublier la meneuse qui l’avait vu naitre et grandir ? La femelle au pelage gris pâle avait l’air au summum de sa puissance : musculeuse, fine et légère, une guerrière du Crépuscule. Elle avait l’air heureuse d’être là. Étoile d’Aiguille miaula :

-« Es-tu prête à recevoir tes huit vies en tant que meneuse, Brume de Soleil ? Et à abandonner définitivement ton poste de guérisseuse ? »
-« Oui. »

La réponse de la chatte écaille était ferme, sans une once de doute dans sa voix. Elle avait à peine laissé le temps à la meneuse de finir sa phrase. Cette dernière répondit, ses yeux verts brillants d’amusement :

-« Cette réponse ne m’étonne guère. Très bien. Je te donne une vie pour que tu mette le Clan du Crépuscule au dessus de toute chose. Il y a toujours eu trois clans mais celui du Crépuscule est le plus grand. Garde cela en tête à chaque instant. »

La femelle tricolore était préparée à la sensation qu’elle allait ressentir à chaque vie. De la souffrance. De la douleur. De la tristesse. De la fatigue. Tout ce qu’elle allait ressentir durant son mandat. Mais cette première vie fut tout le contraire : elle lui donna de l’énergie, de l’ambition, l’envie de mener son clan à la victoire à chaque bataille… Elle en était même avide de recevoir ses autres vies, enfin plus avide qu’avant. Elle gonfla son poitrail, fière de sa puissance, et miaula d’une voix forte :

-« Merci Étoile d’Aiguille, je ne te décevrais pas. »


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Un corps fin et élancé, typique de son clan, une fourrure écaille très similaire à la sienne, des yeux verts chaleureux… L’image de sa sœur avait pourtant commencée à s’effacer de sa mémoire, mais quand elle la vit, elle ne su quoi dire. Que pouvait-elle dire ? Fournaise Océanique était morte seule, sans ses sœurs, dans l’indifférence de la guérisseuse. Source de Lune n’était même pas dans les Clans à sa mort… Mais la jolie femelle n’avait pas l’air de lui en vouloir, pas du tout. Elle semblait heureuse, sereine. Alors que Brume de Soleil cherchait encore ses mots, Fournaise Océanique miaula d’un ton simple et naturel :

-« Je te fais don de la vie de l’amour. Aime ton prochain. Aime ton Clan. Aime ta famille. »

Lorsque sa truffe toucha la sienne, un éclair de douleur la transperça. Des hurlements de félins tambourinaient ses oreilles. Des mises bas, des accouplements, des morts… L’origine de la plupart des liens : l’amour. L’amour appelle la vengeance et la haine. Il engendre sa vie mais aussi sa fin. Après plusieurs séries de spasmes de douleur, Brume de Soleil se redressa et miaula fièrement :

-« Il ne me reste plus de famille, hormis les chatons d’Étoile du Matin. Mais cela ne m’est pas indispensable. J’ai des camarades et un Clan, ce sont ma famille désormais. »
-« Il te reste plus de famille que tu ne le penses. » coupa sa sœur d’un coup, sans qu’elle ne s’y attende « Dans le Clan de l’Aube. Il y a mes chatons, mais également ceux de Source de Lune. »

Brume de Soleil resta gueule bée. Elle mis du temps à comprendre et à assimiler les mots. Ce n’était pas possible. Elle savait que sa sœur écaille était partie pour le Clan de l’Aube, ce qui les avait fortement éloigné, la guérisseuse n’approuvant pas du tout son manquement au code. Mais Source de Lune ? Comment cela se faisait-il ?

-« Tu n’est pas seule. Leur noms sont… »
-« N’en dis pas plus ! Cela ne m’intéresse pas. Toi et Source de Lune avez bafoué le code du guerrier, en ayant des relations malsaines. Ces petits sont des clan-mêlés et ne devaient pas exister. »

Les mots de la guérisseuse frappèrent dur sur la chatte isabelle. Elle resta sans voix, le regard triste et les oreilles basses. « Quoi ? Elle s’attendait vraiment à ce que j’exulte de joie en apprenant que mes neveux et nièces sont des erreurs ? Au secours ! » Elle reprit d’un ton tout aussi irrévocable :

-« Je ne sais pas si ils ont conscience de ce qu’ils sont ou si ils savent qu’ils ont une famille ailleurs, mais franchement je ne l’espère pas. Qu’ils vivent leur vie de leur côté, je vivrai bien la mienne. »

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Fournaise Océanique regagnait le rang de ses ancêtres, la queue et les oreilles basses, sûrement déçue. Alors qu’un soupçon de culpabilité allait la toucher, une nouvelle silhouette se détacha des guerriers étoilés. Les poils bruns se mêlant aux blancs, et les mêmes yeux dorés que les siens. Étoile du Matin, son autre sœur. Elle avait perdu la vie pendant leur long périple pour trouver leur nouveau territoire, en laissant derrière elle sa portée orpheline. Bien que peur proches au départ, la mort de Fournaise Océanique et sa nomination au poste de lieutenante les avaient rapprochés, si bien que sa mort l’avait profondément déchirée. Mais l’ancienne meneuse ne semblait point triste, au contraire, elle miaula d’un ton très doux :

-« Chère sœur, merci pour avoir prit soin de mes petits, et du Clan. Je m’en suis allée en paix vers la Toison Argentée. » après une série d’échanges de ronrons, elle reprit d’un ton sérieux « Avec cette vie je t’offre la passion. La passion pour ton Clan, ton peuple, le combat, tout ce que tu aimes. »

Cette vie fut bien étrange. Elle n’était pas désagréable, bien au contraire. Brume de Soleil sentait de l’excitation, de la frustration, de l’envie… Tout au fond d’elle lui donner l’envie d’exploser, de feuler très fort, de griffer, d’aimer. Ce n’était pas une sensation complètement agréable, puisqu’elle avait envie de refouler toutes ces pulsions, mais elle ne pouvait, elle devait les embrasser. Un ronron étrange sortit d’elle, un ronron venant de ses entrailles.

-« Merci Étoile du Matin. Ne t’inquiètes pas pour nos camarades, avec moi le Clan du Crépuscule est en sécurité. »

Sa sœur lui lâcha un dernier ronron, puis fit marche arrière, visiblement satisfaite et rassurée, tandis que Brume de Soleil attendait fièrement sa prochaine vie.


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Une magnifique chatte gris argentée s’avançait vers elle. La chatte écaille reconnu rapidement Étoile Rêveuse. Elle avait succédé à Étoile Éristique, et avait précédé sa sœur. Les deux félines n’étaient pas particulièrement proches, mais la femelle aux yeux verts était une élue des étoiles, elle méritait donc tout le respect de Brume de Soleil. La rencontre fut plus formelle que les précédentes :

-« Salutations, Étoile Rêveuse. »
-« Bonjour Brume de Soleil. Tu as été essentielle à cette migration et tu as soutenu ardemment mes deux successeurs. Merci. »
-« Je n’ai fait que mon devoir, rien de plus. »

La femelle gris parlait d’un ton enjoué et joyeux, loin du caractère de la chatte écaille, réservée et taciturne. La chatte ne se sentait pas particulièrement spéciale en tant que guérisseuse. Sa vraie histoire allait s’écrire à partir de maintenant !

-« Très bien. Avec cette vie je t’offre l’optimisme. Le passé du Clan du Crépuscule était grandiose, mais c’est son avenir qui importe. Tu dois l’aborder positivement, et penser au futur que tu vas léguer à nos chatons, un futur heureux. »

Cette vie fut très agréable pour Brume de Soleil. Elle ressentit des émotions peu communes pour elle, comme si tout s’illuminait. Pendant un instant elle cru être dans le corps de Étoile Rêveuse, et ressentit une foule d’émotion positives envers beaucoup de chats qui jusqu’alors lui était inconnu ou insignifiants : Chagrin d'Un Jour, Œil d’Ether, Souffle Hivernal, Spectre Nocturne… Morts ou vivants, elle se sentait plus proches de ses chats qu’autrefois. Étrange sensation, elle essayait tant bien que mal de profiter encore de toutes ses émotions positives qui commençaient à se dissiper tandis que la meneuse repartait, le pas léger, vers le groupe de chat.


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Brume de Soleil commençait à fatiguer. Recevoir toutes ces vies, ces émotions, ces souvenirs… C’était beaucoup à endurer pour un chat. « Pas étonnant que la pauvre Étoile Pourpre ne pouvait supporter autant, c’est aussi dur physiquement que mentalement. » Deux matous se dirigeaient désormais vers elle. L’un crème tigré, l’autre gris clair, tous deux les yeux bleus. Ils avaient une stature très différente mais étonnamment se ressemblaient. Leur pelage était bien plus translucide que les félins qui s’étaient précédemment présentés à elle, mais ils avaient l’air moins âgés que Rêve de Cristal. Le mâle crème s’avança et miaula d’une voix charismatique :

-« Bonjour Brume de Soleil, je suis Étoile de Genêt. »
-« Et moi Saumon Gris. »
-« Nous arpentions le territoire du Clan du Crépuscule bien avant la naissance même d’Étoile d’Aiguille. Quand nous sommes nés, le Clan s’appelait encore le Clan du Soir. »

Brume de Soleil ne pu se retenir à lacher un hoquet de stupeur. Le Clan du Soir ? Elle avait entendu ce genre d’histoires quand elle était à la pouponnière, mais pour elle cela relevait plus du mythe que de la réalité. Et maintenant ils étaient là, devant elle. L’émotion que cela lui procurait était presque aussi forte que celle qu’elle avait en recevant les vies précédentes. Ses poils étaient hérissés et elle frémissait d’excitation. Elle souffla :

-« C’est donc vrai ce que les anciens disaient… et… ce pourrait-il que vous…? »
-« Oui. Je suis celui qui a fait naitre le Clan du Crépuscule de celles du Clan du Soir, après la tyrannie d’Étoile du Jaguar. »
-« Et moi je suis son frère, et le mentor d’Étoile du Jaguar. »

Réalisant la grandeur de la chose, la femelle écaille se prosterna longuement. C’était les félins qui avaient amené le Clan du Crépuscule vers un nouvel âge d’or. Il y avait eu des difficultés, des trahisons, des meurtres, mais le Clan avait de nouveau été respecté sous leur règne. Elle murmura :

-« Je suis si honorée de vous rencontrer. Toute ma vie j’ai essayé de marcher dans les traces de grands guerriers d’antan, mais je n’aurais jamais pensé vous rencontrer en vrai. »

Les oreilles des deux matous s’affaissèrent, et ils baissèrent la tête.
-« Ne dis pas de telles choses, nous n’avons guère été parfaits durant nos vies. »
-« Surtout moi, qui ai collaboré avec Étoile du Jaguar. » poursuivit le matou gris, qui avait l’air honteux de lui même, quoi qu’il ai bien pu faire « Mais toute cette violence m’a apprit beaucoup de choses, et je suis désormais en paix, prêt à guider avec mon frère les futurs meneurs du Crépuscule. » il se redressa, et miaula d’une voix plus assurée, avant de plonger ses prunelles dans les siennes « Avec cette vie je t’offre l’indépendance. Tu dois compter sur tes camarades mais pour les protéger tu ne pourras compter que sur toi même, et le Clan des Étoiles. Et surtout tu dois réfléchir par toi même, et ne pas te laisser influencer par les mauvaises personnes. »

C’est seulement à ce moment là qu’elle se rendit compte de la cécité du matou gris. Comment n’avait elle pas pu s’en rendre compte plus tôt ? Mais ses pensées furent instantanément coupées par une immense douleur. La solitude, la frustration, l’isolement… Beaucoup de sensation que Saumon Gris avait dû connaitre, d’autant plus intensément qu’il ne pouvait pas constater la beauté de la forêt ou du ciel avec ses propres yeux. « Je n’imagine pas pire vie que la sienne… » Une multitude de questions lui venaient en tête. Était-il un félon ? Croyait-il que ce qu’il avait fait était juste ? Était-il toujours amer ? Aimait-il son frère ? Mais déjà le matou aveugle reculait pour laisser la place à son frère, dont la stature était bien plus imposante. Le matou parla d’une voix assurée :

-« Avec cette vie je t’offre la bravoure. La bravoure pour reconnaitre tes erreurs. La bravoure pour combattre tes faiblesses. La bravoure pour remettre en doute tes plus profondes certitudes. Utilise la à bon escient, et non uniquement contre tes ennemis. »

Son coeur battait comme en pleine bataille. Rien ne pouvait l’arrêter, pas même une patrouille entière de matous du Clan de la Nuit. Son souffle s’accélérait. La mémoire d’une dizaine de batailles lui revint à l’esprit. Du sang, de la sueur, de la douleur…mais pas que. Des sentiments bien plus profonds, bien plus terribles que l’exaltation du combat.

-« Merci à vous deux, je n’oublierai jamais cette rencontre. Puissiez chasser encore de nombreuses lunes sur la Toison Argentée. »

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Son calvaire était presque finit. Une dernière. Une dernière vie. Et pas n’importe laquelle. Elle l’attendait. La vie ? Non. Celle qui allait lui offrir.

-« Tu es là. »
-« Je suis là. »

La femelle blanche aux extrémités sombres, aux yeux bleus et au corps souple et svelte se tenait devant elle. Étoile Éristique n’avait point changé, pourtant combien de saisons s’étaient écoulées depuis sa disparition ? Trop. Bien trop. Mais qu’en était-il de sa meilleure amie de toujours ? L’avait-elle oubliée ? De la distance s’était créée quand la femelle avait pris le pouvoir. Ses responsabilités, les conflits avec les autres clans,

-« Ça y est tu as réussit. Je n’ai jamais douté de toi. »
-« J’ai promis que je continuerai à guider le Clan après ton trépas. Je tiens toujours mes promesses. Tout ce que j’entreprends et ce que j’entreprendrai… Clan du Crépuscule passe avant tout. »

Son amie acquiesça, souriante, comme si elle n’avait jamais douté de sa réponse… « Tu a gardé la foi alors que j’avais faillit la perdre… Tu es une grande meneuse. » Mais le compliment ne sortit pas. Cela resta une boule dans sa gorge. Mais Étoile Éristique s’avança, inébranlable, et miaula fièrement :

-« Avec cette vie je t’offre la noblesse et la foi. Ton destin a toujours été d’être une servante du Clan des Étoiles, tu accomplis désormais leur volonté. Maintenant accomplis ta destinée, Étoile de Soleil. Illumine le Crépuscule jusqu’à ce que tu nous rejoignes, dans de nombreuses saisons. »

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Dernière édition par Saut Agile le Dim 30 Juil - 22:41, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeLun 30 Mai - 21:33

DE NOS JOURS...

La Cénote aux Étoiles Miel-portrait-58657c8

ÉTOILE DE MIEL
Et une étoile de plus.

Leur fourrure se confondait, deux âmes errantes qui s'étaient un jour rencontrées et avaient décidé d'avancer ensemble, avant d'être séparées par le destin ; ils étaient de nouveau réunis, désormais, mais plus pour très longtemps. Chacun avait son propre chemin. L'une, libre et volatile comme le vent, l'autre attaché par un serment qui le liait à d'autres destinées. Ils avaient choisi deux directions opposées, mais cela ne les empêchait pas de partager quelques étapes de cet interminable voyage. Ils se retrouveraient. Étoile de Miel en était convaincu. Enlaçant sa queue une ultime fois à celle d'Odyssée de l'Hirondelle, il posa son front contre le sien et ferma les yeux un instant, savourant ce moment dans toute son intensité afin de le graver au plus profond de son cœur. Elle l'avait accompagné jusque-là, et une fois encore l'avait guidé alors qu'il s'était égaré ; le matou se trouvait bien incapable d'exprimer l'étendue de sa reconnaissance. Alors il ne dit rien, et se détacha simplement de sa compagne en lui adressant un sourire doux et sincère.

-Je t'aime, Hirondelle. À bientôt, souffla-t-il en guise d'au revoir, tandis que ses prunelles se tournaient vers les montagnes qui se dressaient devant lui.

Une silhouette noire l'attendait sur un surplomb rocheux. Son cœur fit un bond dans sa poitrine, et il quitta la chaleur de sa bien-aimée pour rejoindre celui à qui il avait offert sa loyauté. Derrière lui, il entendit sa compagne murmurer d'une voix à peine audible :

-Je t'aime.

Étoile de Miel ne se retourna pas ; il savait ce qu'il quittait, et pourquoi il le quittait. Il n'y avait plus de place pour les doutes, les regrets ou les lamentations : son choix, il l'avait fait de son vivant, et il tiendrait sa parole jusque dans la mort. L'ancien meneur avait décidé de vouer son existence à son Clan, et cette tâche ne cesserait jamais : il devait veiller sur les siens, aux côtés de celui avec qui il avait tout traversé. Lorsqu'il arriva à hauteur d'Étoile Polaire, le mâle doré sentit une bouffée de soulagement l'envahir : sur le visage de son meilleur ami, nulle animosité. Simplement une joie sereine.

-Tu en as mis du temps, plaisanta alors le félin noir en lui donnant un coup de coude, ses yeux pétillant de malice comme aux débuts de leur amitié. Et c'est un euphémisme. Que s'est-il passé ?

Étoile de Miel grimaça puis haussa les épaules, avant de répondre en soupirant :

-Aucune idée. J'ai cru que je ne trouverais jamais le chemin du Clan des Étoiles… Heureusement, Odyssée de l'Hirondelle m'a accompagné.

Une lueur indescriptible illumina un instant le regard de son camarade ; était-ce de la fierté de le voir choisir le Clan des Étoiles plutôt que sa compagne, de la compassion, ou de l'irritation au souvenir de l'entorse au Code qui avait un jour entaché leur relation ? Étoile de Miel ne le saurait jamais, et cela lui était égal. Les deux chefs étaient heureux d'être de nouveau réunis, et c'était tout ce qui importait.

-Bon, tu me fais visiter ou tu te transformes en bloc de glace ? le taquina alors le guerrier doré, un sourire collé aux babines.

Étoile Polaire rit de bon cœur, puis confirma avec force :

-Oui, suis-moi. Il s'est passé beaucoup de choses en ton absence… Je te raconterai tout en chemin.

Et comme un seul chat, les deux acolytes se remirent en mouvement ; leur silhouette luisant d'une étrange poussière luminescente se découpa sur le ciel d'encre et s'y fondit progressivement, disparaissant aux lueurs d'un horizon inconnu.

Depuis le sommet des montagnes qui veillaient paisiblement sur les Clans, les vivants comptaient désormais une nouvelle étoile au firmament.


***


L'air frais de la plaine s'infiltrait dans sa fourrure d'ébène et d'or, le ciel étoilé veillant sur lui alors qu'il dormait profondément ; la brise ne suffit guère à le tirer de son sommeil, qui paraissait si paisible. Pourtant, une agitation fiévreuse animait son esprit habité de rêves étranges : des éclairs de fourrure blanche, une voix cristalline qui appelait son nom et ces yeux myosotis qui le fixaient, pratiquement suppliants. Fracas du Dragon frissonna ; c'était peut-être dû au vent, mais il savait qu'il ne s'agissait pas de cela. De chaotique et effréné, son songe se précisa et gagna progressivement en clarté. Lac de l'Hiver courait vers lui, elle était essoufflée, et la distance les séparant ne semblait pas s'amoindrir malgré les efforts de l'étoilée pour le rejoindre. Le matou sombre bondit alors vers elle, avala les mètres, et en un clin d'œil ils furent face à face. Elle n'avait pas changé, alors que lui commençait à porter les marques du temps et des nombreux combats qu'il avait menés. Mais son apparence ne semblait pas intéresser la femelle immaculée, dont l'air préoccupé alarma le guerrier ; ils étaient loin, bien loin des terres du Clan des Étoiles, alors que faisait l'un de leurs membres ici ?

-Fracas du Dragon, tu dois rentrer, s'empressa alors de miauler Lac de l'Hiver, comme si elle était prise par le temps. On m'a envoyé te chercher, la situation est critique au sein du Clan de la Nuit. Nous avons besoin de toi.

Besoin… de lui ? Alors que la tribu comptait deux autres guérisseuses, et qu'elle était menée par des félins compétents ? Que s'était-il passé ? Et plus encore, qu'advenait-il de la quête dont il avait été chargé ?

-Et Étoile de Miel ? souffla-t-il entre ses crocs, confus. Je dois le retrouver, il…

La chatte blanche le coupa d'un mouvement de queue, puis déclara d'une voix adoucie :

-Il a retrouvé son chemin. Nous l'avons accueilli dans nos rangs. C'est pour cela que je viens te chercher… Ton exil n'a plus de raisons d'être.

Un pincement lui serra le cœur lorsqu'il comprit le sens que renfermaient les paroles de son ancêtre ; le male doré était mort, et il était retourné sur les terres des Clans, certes… mais pas de la manière qu'il avait espérée. Cette nouvelle ébranla le guérisseur, dont la foi n'avait pas faibli un seul instant : depuis le premier jour de son expédition, il croyait dur comme fer qu'il finirait par mettre la patte sur leur meneur, et qu'il le ramènerait à la maison sain et sauf. C'était un espoir qui s'éteignait, et un pan entier de son univers qui s'écroulait pour de bon : sa dernière figure d'autorité, l'un de ceux qui l'avaient élevé et éduqué, avait rendu l'âme. Il ne restait plus que lui. Ses meilleurs amis, sa compagne, tous s'étaient évaporés les uns après les autres, écorchant son âme et ne laissant de son cœur que quelques lambeaux rabougris. Cependant, il y avait toujours ses enfants… Ses précieuses filles. Et son Clan. Le devoir le rappelait auprès d'eux. Et sans même s'en rendre compte, Saurien se réveilla ; les contours de son rêve laissaient lentement place à la clairière au sein de laquelle il avait trouvé refuge pour la nuit. Clignant des yeux un instant, encore ensommeillé, il se redressa lentement et reprit conscience de son environnement, de la réalité dans laquelle il se trouvait. La conclusion de son entrevue avec Lac de l'Hiver s'imposa à lui comme une évidence, et le matou ne perdit plus une seule seconde et se remit en marche sans attendre. Il rentrait chez lui.
_____________________________________________
BIEN DES LUNES AUPARAVANT...

TEXTE DE CHEF D'ÉTOILE DE MIEL
La Cénote aux Étoiles Miel_d10

• AMOUR | Lac de l'Hiver
• LOYAUTÉ | Ombre de Fougère
• PERSÉVÉRANCE | Couronne de Houx
• DISCERNEMENT | Veille des Ténèbres
• SENS DU SACRIFICE | Patte de Givre
• ESPRIT DE FAMILLE ET SENS DES RESPONSABILITÉS | Flamme de Jais & Petite Apesanteur
• COMBATIVITÉ | Éveil du Dragon
• BON SENS | Ironie du Désespoir
• AMITIÉ | Étoile Polaire

L'odeur iodée, le murmure de l'eau sur les galets, les étoiles qui se reflétaient indifféremment sur la surface limpide, parfaite, de la Cénote prenaient Étoile de Miel aux trippes. Un quelque chose d'injustice, un brin d'imposture se dégageaient de cette situation ; qu'avait-il fait, lui, pour mériter de se retrouver ici bien vivant, entier, sain et sauf alors que tant d'autres avaient perdu la vie ? De quel droit se présentait-il devant leurs ancêtres alors qu'il avait échoué à sauver un nombre astronomique des siens ? Pouvait-il vraiment prétendre à ce poste, et recevoir neuf vies supplémentaires ? À ses côtés, Fracas du Dragon parut deviner ses doutes car il brisa le silence sacré de sa voix gutturale, qui tranchait avec l'atmosphère sainte de ce lieu empreint de magie :

-Le Clan de la Nuit compte sur toi. Tu nous a guidés jusque-là, nous sommes en sécurité maintenant. Il est temps pour toi de recevoir tes vies.

Le mâle doré détacha alors ses prunelles bleues de l'onde claire à ses pattes pour les poser sur son camarade, qui le dépassait d'une bonne tête. C'était lui qu'il avait choisi pour l'accompagner plutôt que Clarté Nocturne car il savait que le chemin jusqu'à la Cénote était ardu, et il n'était pas nécessaire de l'infliger à la femelle éclopée. Il aurait apprécié avoir son amie de longue date à ses côtés pour l'accompagner durant cette nouvelle étape de sa vie, mais Fracas du Dragon était un choix plus raisonnable. Hochant finalement la tête aux paroles de son cadet, le meneur s'accroupit au bord de l'eau et en lapa la surface tandis que l'apprenti guérisseur faisait de même, et bientôt les deux mâles furent précipités dans un sommeil imperturbable.

Lorsqu'Étoile de Miel rouvrit ses yeux, toutes les figures qu'il avait un jour chéries et perdues successivement se trouvaient devant lui ; une bouffée d'émotion le submergea tandis qu'il cherchait un visage en particulier, des prunelles mentholées, une odeur de liberté…

-Odyssée de l'Hirondelle n'est pas là, déclara une voix douce, aimante et chaleureuse, qui le ramena en enfance. Elle chasse sous d'autres cieux.

La déception de ne pas pouvoir revoir sa compagne fut légèrement tempérée par le bonheur aigre-doux de faire face à sa mère ; elle n'avait pas changé, toujours aussi angélique que dans son souvenir. Le cœur serré, se sentant à nouveau chaton, il lutta longuement contre les larmes qui lui montaient aux yeux.

-Oh, Lac de l'Hiver… souffla-t-il entre ses crocs, la respiration courte. Tu m'as tant manqué…

La femelle blanche ronronna et s'approcha de lui, l'entourant de sa présence bienveillante.

-Toi aussi, affirma-t-elle doucement. Mais tu t'en es très bien sorti sans moi. Regarde où tu es, aujourd'hui… Si j'avais su que mon petit chaton si insouciant finirait chef ! Tu as fait du chemin, Rayon de Miel- ou devrais-je dire, Étoile de Miel. Même si le Clan des Étoiles n'a pas pu te donner tes neuf vies avant ce jour, nous reconnaissons évidemment ta qualité de chef et tu portes ce nom avec légitimité. Nous allons terminer ce qui a été commencé, et officialiser ce statut qui est le tien en te confiant notre sagesse et tes précieuses vies.

Le mâle doré demeura coi face à cette soudaine reconnaissance, lui qui s'était toujours senti comme un imposteur. Les paroles de sa mère le rassurèrent, et même s'il doutait encore de lui, il se sentit prêt à recevoir l'héritage d'Étoile Polaire. Voyant qu'il n'interrompait pas le silence, Lac de l'Hiver jugea opportun de poursuivre avec un léger sourire :

-Le cœur a ses raisons que la raison ignore, tu sais cela mieux que quiconque, n'est-ce pas ? Je l'ai expérimenté aussi. Avec cette vie, je te donne l'amour. Nous ne choisissons pas toujours qui aimer, mais la décision d'offrir notre loyauté à un félin, une idée ou un Clan nous revient. Puisse cette vie t'aider à t'affranchir des liens qui t'immobilisent, afin que ton amour s'exprime indifféremment des contraintes que l'existence impose.

Étoile de Miel ne comprit pas immédiatement le sens des paroles de sa génitrice, pourtant lorsqu'elle effleura son front afin de lui transmettre cette précieuse vie, tout s'illumina en un éclair. Déchiré entre deux félins, entre un amour éternel mais perdu et un avenir bien réel, tangible, auprès de celui qui emplissait son cœur d'une affection non-feinte. Déchiré entre le passé et le présent, entre la promesse qu'ils s'étaient faites et l'obligation de continuer à avancer pour survivre. Puis la douleur de voir un spectre revenir à la vie et raviver les souffrances d'un dilemme impossible, mais au fil des lunes, une seule chose prônait. Et à la toute fin, cette seule chose demeurait. C'était l'amour. L'amour, indivisible, entier, sincère qui pouvait être multiple, et qu'aucun raisonnement logique ne savait tempérer. L'amour fiévreux de deux âmes sœurs, l'amour tranquille de deux compagnons de vie, l'amour farouche d'une mère pour ses petits, l'amour inaltérable d'un Clan que l'on servait avec ferveur, l'amour de la vie. À bout de souffle, empli du sentiment d'avoir dévalé toute la montagne au pas de course, le chef doré mesura finalement la portée des mots de Lac de l'Hiver. On pouvait toujours réprimer l'amour, il n'en était pas moins un moteur infatigable, inépuisable, et il fallait s'en servir plutôt que chercher à l'enfermer.

-Merci, murmura-t-il alors, déjà épuisé alors que la cérémonie ne faisait que commencer ; mais le soulagement était tel qu'il se sentait prêt à surmonter n'importe quelle épreuve, désormais.

La guerrière immaculée hocha simplement la tête, elle savait que ce qu'il venait de vivre se passait de mots. Reculant lentement pour regagner les rangs des félins étoilés, elle laissa sa place à une silhouette plus massive et bicolore, surmontée d'un regard bleu perçant. Les yeux d'Étoile de Miel se mirent à pétiller et il accueillit l'arrivée de son père d'un ronronnement sonore, tandis que celui-ci le saluait sobrement ; Ombre de Fougère n'était guère sentimental, mais il devinait sa satisfaction de le voir.

-Étoile de Miel… articula-t-il comme pour se familiariser à ce nouveau nom. Je suis fier de ce que tu es devenu, et de la voie que tu suis. Ton parcours n'a pas toujours été irréprochable et tu as fait des erreurs, mais tu en as payé le prix et t'es montré digne de l'éducation que ta mère et moi t'avons donné. Je suis ici pour te transmettre la loyauté, et t'offrir avec cette vie la volonté et la force de te dévouer corps et âme à ton Clan.

Transporté d'émotion par les paroles du vétéran, le matou en demeura muet et baissa humblement la tête afin d'accueillir la truffe humide de son aîné, qui lui effleura le sommet du crâne sans rien ajouter. Étoile de Miel eut alors l'impression d'être éventré vivant tant la douleur qui lui tordait les entrailles était vive ; c'était insidieux, et rayonnait jusqu'aux extrémités de son corps. Inondé, dépassé par la violence de cette vie, il hoqueta en écarquillant les yeux et sentit une panique grandissante l'envahir. Mais il n'avait pas peur de cette chaleur insoutenable qui bouillonnait dans ses tripes ; non, elle faisait partie intégrante de lui. Cessant de lutter, la souffrance s'estompa alors et se mua en une énergie électrisante, brute, qui lui donnait le sentiment de pouvoir soulever des montagnes. Et les contours de la peur qu'il ressentait se précisèrent alors : c'était la crainte pour les siens, pour son Clan. La crainte de ne pas être à la hauteur. Mais cette crainte perdait du terrain, grignotée par la force du dévouement et du travail acharné ; cette force conjointe, née des loyautés de chaque individu de la tribu, permettait de vaincre les démons extérieurs jour après jour. Les impressions se dissipèrent finalement, laissant le mâle tigré tremblant mais le cœur gonflé du sentiment agréable du travail accompli. Relevant ses prunelles bleues vers Ombre de Fougère, qu'il observait avec une admiration nouvelle, il miaula fermement :

-Je ne te décevrai pas.

L'ancêtre opina du chef.

-Je sais, déclara-t-il sans hésiter, confiance et certitude se lisant dans son regard d'azur, identique à celui de son fils.

Les deux félins s'observèrent un long moment en silence, puis le vétéran s'éclipsa en inclinant légèrement la tête. Ce fut un matou au pelage noir qui prit sa place, ses yeux d'un vert perçant le sondant jusqu'au plus profond de son âme ; mal à l'aise, le meneur détourna ses propres prunelles et trépigna sans oser regarder ce démon ténébreux en face. Couronne de Houx l'avait toujours impressionné, de son vivant, et même mort il l'intimidait avec la même intensité. Le guerrier ombrageux ne parut pas se soucier des états d'âme de son interlocuteur et il ne fit rien pour détendre l'atmosphère, se contentant de déclarer avec une autorité naturelle :

-Avec cette vie, je te donne la persévérance. Ne perds pas tes objectifs de vue, et ne laisse rien ni personne tempérer ta motivation.

Le mouvement qu'il fit en sa direction pour lui toucher le front fut bref et sec, et en un frémissement de moustache Couronne de Houx s'était déjà retiré, laissant le chef du Clan de la Nuit seul avec une fièvre maladive qui lui montait rapidement à la tête. Brûlant d'une avidité farouche, rien ne semblait pouvoir apaiser cette faim grondante sinon le but qu'il s'était fixé, Saint Graal dont la quête n'aurait de fin que le jour où il détiendrait son trophée. Cependant, le chemin était semé d'embûches et si sa frustration croissait, son désir d'aller au bout de ses idées n'en était que décuplé. Écumant, ses crocs serrés dans un grincement désagréable, Étoile de Miel crut que le supplice ne s'interromprait jamais ; pourtant, l'arrivée soudaine d'une chatte fluette au pelage brun et blanc fit éclater la bulle d'ardeur dont il était prisonnier et un rire cynique accompagna son retour à la normal.

-Regarde-moi dans quel état tu te trouves, le taquina Veille des Ténèbres, se plantant face à lui après lui avoir trottiné autour pour l'inspecter sous toutes ses coutures. C'est ça, le chef du Clan de la Nuit ? Ben dis, ils les font de moins en moins… charismatiques. Enfin, passons. Je suis là pour te donner une vie, parce que visiblement même dans la mort on ne nous laisse pas de repos, et je vais t'offrir quelque chose dont tu manques parfois grandement. Le discernement. Sers-t-en à bon escient, pour voir l'existence telle qu'elle est réellement, et pas sous le filtre grotesque d'insouciance et d'optimisme dont tu fais preuve à outrage.

D'une pichenette provocatrice, son amie lui asséna sa vie sans davantage de cérémonie, ne lui laissant pas le temps d'en placer une. Et cette vie-là fut insupportable. Si les précédentes avaient été douloureuses et éprouvantes, elles n'avaient aucune commune mesure avec ce qu'il traversait actuellement ; croulant sous le poids de l'univers tout entier, ses yeux voyaient chaque détail, chaque imperfection de son monde avec une précision cruelle et coupante. Les défauts tranchaient dans sa chair à vif comme autant de rasoirs acérés, et des griffes impartiales se refermaient sur lui pour le faire hurler de douleur ; la mort l'attendait derrière chaque arbre, la violence se cachait sous tous les rochers qu'il croisait, l'injustice pleuvait de nuages noirs et menaçants. Pourtant, si l'on regardait plus attentivement, chacun de ces supplices dissimulait un trésor ; pour obtenir la lumière, il fallait souffrir les ténèbres. Mais le résultat n'était jamais garanti. Doute et constante remise en question dominaient l'existence, et pour ne pas avancer à tâtons, il fallait ouvrir les yeux. Ouvrir les yeux sur le mauvais, également, afin de pouvoir distinguer le bon.

-Eh ouais, c'est dur hein mon vieux ? ronronna finalement Veille des Ténèbres, rompant la torture.

Le matou dut s'asseoir tant ses membres étaient secoués de tremblements incontrôlables. Levant un regard perplexe vers sa camarade, il souffla sans oser imaginer la réponse :

-C'est ce que tu vois tous les jours ?

La guerrière garda le silence, mais son sourire en disait long. Regagnant sa place initiale sans juger pertinent d'ajouter quoi que ce soit, elle laissa son tour à un autre félin à la fourrure sombre et aux yeux bleus si familiers.

-Patte de Givre ! s'exclama-t-il avec un hoquet de stupeur.

Étoile de Miel était partagé entre la joie de revoir son frère, et la tristesse de le savoir mort ; au moins, il avait retrouvé son chemin jusqu'au Clan des Étoiles. Il le méritait amplement, après tout ce qu'il avait fait. Accueillant l'interjection du mâle doré d'un hochement de tête humble, le guerrier de jais dit avec tranquillité :

-Je suis mort en paix, rassure-toi. J'ai accompagné tous nos anciens jusqu'à leur dernier souffle, puis je les ai rejoints.

Admiratif, le meneur inclina la tête en signe de remerciement et de respect, puis écouta le matou poursuivre du même ton :

-Je suis là pour te bénir d'une vie essentielle. Je te donne le sens du sacrifice, mon frère, parce qu'il faut parfois renoncer à ce qui nous est cher ou confortable pour assurer le bien des siens.

Posant sa joue contre la sienne, Patte de Givre lui transmit alors une vie entière et indivisible, dégageant une forte chaleur ; lui qui s'attendait à une nouvelle décharge de douleur et qui pensait sentir son âme se déchirer, il fut déstabilisé de constater que seul un profond sentiment d'apaisement l'envahissait. Bien loin d'être diminué, il était au contraire grandi ; et plus il donnait de sa personne, plus il se sentait entier. Le sacrifice… ce n'était pas seulement renoncer. C'était aussi offrir. S'accomplir. Contemplant le mâle noir d'un œil neuf, le vétéran comprit pleinement son choix de rester auprès de ceux qu'ils avaient laissés derrière ; il leur avait offert sa vie, et accompli une destinée plus louable qu'aucune autre. Patte de Givre se retira alors, laissant la scène à deux félins aux tailles hétérogènes : il y avait une guerrière, élancée, et entre ses pattes avançait un petit chaton encore pataud. Les larmes montèrent aux yeux d'Étoile de Miel, qui contempla Flamme de Jais et Petite Apesanteur se poster devant lui. Il était incongru de les voir réunis, elle sa première compagne, et lui le fils qu'il avait eu avec une autre…

-Avec cette vie, nous te donnons l'esprit de famille, commença alors la femelle d'encre, un sourire bienveillant aux babines.

-Et le sens des responsabilités ! conclut le chaton, sous le regard amusé de son aînée.

C'était bien curieux qu'un félin d'à peine quelques lunes ne lui offre une vie si sérieuse, mais le vétéran comprit à la seconde où ses interlocuteurs l'effleurèrent ; le sentiment de culpabilité qui lui ouvrit la poitrine lorsqu'il discerna ce qu'ils insinuaient fut pénible. L'esprit de famille et le sens des responsabilités. C'était prendre des décisions, faire des choix en temps et en heure, laisser l'insouciance pour faire passer son devoir avant, agir au bon moment, et comme il se devait, prendre conscience de la portée de ses actes, de leur poids, et des vies qui dépendaient de soi lorsque l'on fondait une famille. Autant de tâches auxquelles il avait lamentablement échoué. Cette vie le mettait face à ses erreurs, le confrontant à la dure réalité, pour s'assurer qu'il ne les reproduirait pas. Cette vie était cruelle, mais nécessaire. Dans le regard de Flamme de Jais luisait une lueur de regret, dans celui de Petite Apesanteur se devinait une curiosité insatiable qu'une mort prématurée avait rendue éternelle. Le cœur d'Étoile de Miel se brisa, et il murmura d'une voix désolée :

-Je suis tellement navré…

Mais aucun mot ne pouvait réparer les erreurs passées. Sa compagne secoua doucement la tête, et les deux félins s'éclipsèrent à pas lents ; anéanti par l'expérience, le meneur ne remarqua presque pas l'arrivée du suivant, qui se racla la gorge en arborant un air outré.

-Oups, je…

Éveil du Dragon, car c'était lui, le coupa d'un mouvement sec de la queue et tonna durement :

-Je serai prompt. Le Clan des Étoiles me fait une fleur en me laissant te transmettre une vie. Je vais donc t'offrir la combativité. Puisses-tu trouver la force de surmonter toutes les épreuves qui se dresseront sur ton chemin.

Une patte lui vola au visage pour le cingler farouchement, manière peu commune de le gratifier d'une vie, mais il reçut le coup sans broncher et n'eut que le temps de s'interroger sur ce que l'ancien lieutenant entendait par "le Clan des Étoiles me fait une fleur" ; à peine avait-il formulé cette pensée qu'un tonnerre assourdissant lui vrillait les tympans. Au cœur de l'orage, malgré le vent qui l'aveuglait et le grondement incessant des cieux, il fallait continuer d'avancer. Les ronces lui écorchaient les flancs, le sol rocailleux entaillait ses coussinets et l'odeur du sang emplissait ses narines, l'empêchant de repérer le danger. Il fallait lutter contre les éléments et l'environnement pour mettre une patte devant l'autre, garder la tête froide même dans la déroute. Plus d'une fois, Étoile de Miel crut qu'il allait flancher ; pourtant, quelque chose sommeillait en lui et le portait quand le moment semblait critique, et rien ne vint à bout de cette source d'énergie inépuisable. Le chef du Clan de la Nuit cligna plusieurs fois des yeux tandis que le déluge autour de lui s'évanouissait : devant lui, plus aucune trace d'Éveil du Dragon, mais une silhouette grise avait pris place. Son regard, sévère et incisif, semblait le disséquer comme pour s'assurer que le don de cette vie était le bon choix à faire ; se faisant presque violence, Ironie du Désespoir déclara d'une voix sourde :

-Avec cette vie, je te donne le bon sens. Puisque tu sembles devoir mener le Clan de la Nuit, et même si j'aurais préféré le voir revenir à plus compétent que toi, il va te falloir un peu de jugeote pour t'en sortir en limitant les dégâts. Et cela passe par consulter les vétérans de ton Clan, faire confiance aux plus expérimentés, réfléchir à deux fois avant toute action. Si tu n'en es pas capable, alors… tu ferais mieux de dépenser toutes tes vies d'un coup et de laisser notre tribu aux pattes d'Esprit des Glaces.

Ses mots étaient durs, mais Étoile de Miel les savait justes. Il avait commis de graves entorses au Code, et même si ses fautes étaient expiées, certains pouvaient à juste titre remettre en cause la légitimité de son titre de meneur. Acceptant donc le jugement de l'ancien lieutenant en inclinant la tête en signe de respect, le matou doré frissonna au contact de son museau et la réception de cette vie le transit jusqu'aux os. Un frémissement parcourut le long de sa colonne et il crut un instant que son sang s'était changé en glace ; immobile, insensible comme les sommets enneigés des montagnes, il portait un regard lucide sur le monde qui s'étendait à ses pattes et voyait distinctement les chemins sinuer sous ses yeux bleus, traçant chaque destinée avec la limpidité de l'eau de source. Les choix devenaient alors évidents, en toutes situations, toutes circonstances, et plus aucun nuage ne venait troubler sa vue. Avec un ultime grelottement, le vétéran revint à la réalité et remercia son aîné d'un hochement de tête pour ce don inestimable qu'il lui avait fait. Silencieux, ce dernier lui tourna le dos et ouvrit la voie à Étoile Polaire, qui s'avança d'une démarche aérienne. Le cœur serré, Étoile de Miel observa son meilleur ami approcher et il serra les crocs pour retenir les sanglots qui lui montaient à la gorge ; sa mort le meurtrissait toujours, et il n'avait jamais vraiment réussi à faire le deuil. Comment le pouvait-il ? Plus qu'un acolyte, il avait perdu un frère.

-Étoile de Miel, ça sonne si bien, ronronna alors son camarade, dont la voix était également troublée par l'émotion. Merci d'avoir pris soin du Clan de la Nuit, et de l'avoir guidé en lieu sûr. Je ne regrette pas de t'avoir fait confiance.

Ces quelques paroles, plus qu'aucune autre, touchèrent profondément le mâle doré.

-Je n'ai fait que marcher dans tes pas et suivre la voie que tu m'avais ouverte, Étoile Polaire, répliqua-t-il en reprenant enfin le contrôle de ses émotions.

Le félin noir sourit, puis poursuivit en haussant les épaules :

-Nous formions une équipe. L'un sans l'autre, nous ne serions peut-être pas allés si loin. C'est pour cela qu'aujourd'hui, j'ai décidé de t'offrir l'amitié… Une vie simple, mais qui permet de gravir des montagnes. Littéralement.

À ces mots, son complice posa son front contre le sien et les deux matous fermèrent les yeux d'un même mouvement, comme liés par un serment implicite. La vie fut douce et animée, tumultueuse et sereine à la fois ; chaleur et froid s'alternaient, s'équilibraient. Défauts et qualités se complétaient, formant un tout parfaitement imparfait.

La sensation se dissipa progressivement. Lorsqu'il rouvrit les yeux, le noir l'entourait. Tout avait disparu.



***


Quelque chose clochait, Fracas du Dragon pouvait le sentir. Il s'était assoupi depuis longtemps après avoir lapé l'eau de la Cénote et conversait avec Floraison d'Automne, qui lui faisait part des réticences du Clan des Étoiles de l'accepter en tant que guérisseur accompli : après tout, il avait eu des chatons avec Écume de l'Atlantide. Il lui expliquait l'importance de respecter le Code du Guérisseur et non plus celui du Guerrier, lorsqu'Étoile Polaire fit soudainement irruption dans leur rêve, brisant l'espèce de bulle intemporelle qui s'était construite autour des deux félins.

-Fracas du Dragon, tu dois te réveiller, vite ! intervint le matou noir, visiblement alarmé.

Le matou écaille écarquilla les yeux ; depuis la mort du meneur, il ne l'avait jamais revu, alors la soudaine apparition le déstabilisa en plus de tirailler une plaie mal cicatrisée.

-Que... Quoi ? Que se passe-t-il ? bégaya-t-il alors sans comprendre la situation, son regard d'ambre glissant du guérisseur au défunt chef.

-Il s'est passé quelque chose durant le baptême d'Étoile de Miel… Il… il a disparu, expliqua rapidement son aîné d'un ton pressant. Il faut que tu te réveilles, et que tu vérifies qu'il va bien ! Le contact avec lui a été rompu soudainement, c'est… c'est totalement inhabituel.

Floraison d'Automne hoqueta à ses côtés, puis demanda avec effarement :

-Il est mort ?

Étoile Polaire haussa les épaules.

-Je ne sais pas. Peut-être. Il a reçu toutes ses vies, puis s'est juste… volatilisé.

Fracas du Dragon n'y comprenait rien. Peut-être s'était-il simplement réveillé ? Pourquoi une telle panique ? Ses prunelles croisèrent alors celles du meneur de jais, qui secoua la tête d'un air désolé et marmonna :

-Pardonne-moi, il faut que tu reviennes à la réalité.

Et en un clin d'œil, l'imposant matou fut de retour sur la terre ferme : le contact avec le sol dur et froid de la grotte l'engourdissait, et il se releva avec difficulté, meurtri par tout ce temps passé dans l'immobilité la plus totale. À ses côtés, là où Étoile de Miel aurait dû se tenir, ne demeurait qu'un vide absolu.

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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeLun 6 Juin - 19:28

La Cénote aux Étoiles Inno39

Baptême chef - Innocence Oubliée.

« Je me souviens, il y a longtemps, on m'a dit de me méfier, lorsque l'on parle d'amour, je l'ai fait ».

Il n'y avait plus de chaleur dans son monde depuis bien longtemps déjà. Attendre après l'amour, l'espoir était une cause perdue d'avance, à la fin on finissait brisé, abattu. Avec le temps, elle n'était plus qu'une âme blessée. Cette petite silhouette, discrète avait vu plus d'horreur qu'elle ne l'aurait voulu. Après tout ça, comment rester saine d'esprit ? Comment vivre joyeusement ? C'était impossible car en voyant la réalité, on comprenait enfin dans quel enfer on vivait.
Le soleil déclinait dans le ciel, entamant sa course pour disparaître, laissant ainsi s'élever la lune dans l'obscurité de la nuit. Quelle ironie. La lune était particulièrement belle ce soir, elle éclairait le chemin comme pour guider la vieille chatte, l'accueillir vers un monde nouveau, un monde meilleur.
Tss, foutaise.
L'ombre se détachant dans la pâle lueur ne s'abaissait pas à espérer. Car la blessure qu'elle occasionnait était des plus douloureuses et la douleur interne était toujours plus longue à cicatriser, si cela était encore possible. Cela aurait pu être un voyage parfait, par une nuit plutôt lumineuse et bienveillante, presque chaleureuse avec une légère brise. La réalité était tout autre, un cauchemar. Le silence qui régnait et qui était si familier à la féline était à présent pesant. Elle avait du mal à respirer sentant un étau enserrant ses poumons à chaque pas. Dans sa misérable vie, elle n'avait tremblée qu'une fois, qu'une unique fois. Le jour de la fin. Son monde avait pris fin avant même de commencer, enterrant sa joie de vivre, sa pureté, sa douceur, son innocence.
Meurtrie, elle était une âme errante attendant interminablement la fin, on lui avait tout pris, elle n'avait jamais cessé de lutter, et peut être même que dans le fond, elle y croyait encore. Elle ne pensait plus devoir devenir, la féline ne faisait plus qu'être. Que reste t-il quand il n'y a plus de vie ? Les souvenirs ? La douleur ? Quoi ?
Rien.
Il n'y a rien car la vie est ainsi faite. Plus d'une fois elle avait tenté de remonter la pente, relativiser mais le monde n'avait eu de cesse de lui arracher ceux à qui elle tenait. A présent, elle ne faisait que survivre, c'était la seule chose à faire, la seule chose possible sur cette terre comparable à l'enfer.
Une nouvelle fois, elle avançait en terrain inconnu, à quoi pouvait-on s'attendre à présent ? Allait-elle enfin avoir une paix ? Voir sa famille ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête mais ne trouvaient pour l'heure, aucune réponse. Le silence qui régnait autour d'elle n'était qu'une image fictive. Au fond de la féline son cœur vrillait dans tous les sens et son esprit était en ébullition.
Pourtant la finalité à tout ceci allait être identique au reste, une déception inévitable.
Innocence Oubliée releva la tête, regardant droit devant elle. Ses iris ambrés s'enflammèrent  souhaitant brûler le chemin qu'elle allait emprunter. Jamais elle n'aurait du être ici. Tout ceci à cause de lui. Sa colère envers son plus proche camarade était palpable. Tous les félins savaient combien il ne fallait pas évoquer l'ancien guérisseur en sa présence. Son courroux serait inévitable. La brûlure de son cœur ne pourrait jamais s'estomper. La preuve encore une fois qu'il ne fallait pas ouvrir son cœur, ne pas faire confiance, cela ne finissait jamais bien. Peut être que d'un autre côté elle l'enviait un peu, il avait suivi son propre chemin, faisant abstraction de tout le reste, c'était courageux, et terriblement idiot. Ivresse avait entaillé une nouvelle blessure dans le cœur de la vétérante, il lui faudrait du temps pour panser ses plaies.

Était-elle éteinte par fatigue ou par les regrets ?


Innocence Oubliée marchait sans s'arrêter, une part d'elle aurait aimé rencontré un obstacle et perdre la vie ici et maintenant. Au moins, ce serait comme si elle n'avait jamais existé. Elle qui voulait simplement porter la mémoire de sa famille, se retrouvait à continuer l'histoire du clan de l'Aube. Un long frisson parcourut son échine à la simple pensée de son père. Étoile Indolore avait lui même portait ce poids sur ses épaules. A présent qu'elle y était, elle comprenait enfin. Il était cependant trop tard pour reculer, dans un sens, c'était peut être le seul moyen pour elle d'en finir. Elle avait accepté ce poids et les responsabilités qui allaient avec. Chaque félin avait son lot de fardeau, celui de la féline commençait à être bien éprouvant à transporter.
Elle avait vu la meneuse précédente s'éteindre, Etoile Sauvage qui était pourtant bien vive et en peine santé avait perdu une majorité de ses vies dans un combat interne au clan, quelle déception, une idiotie. Pourtant elle l'avait fait avec un certain panache. Innocence Oubliée secoua la tête pour chasser ses idées de son esprit. Tout s'était déroulé trop vite, rien n'aurait pu empêcher ce massacre. La féline soupira avant de se replonger sur le présent.
Elle avait parcourut une bonne partie du trajet sans vraiment s'en rendre compte. Tant de chose se bousculait dans son esprit. Elle aurait tant aimé avoir un soutien, quelqu'un sur qui s'appuyer, délester une partie de son poids, de son fardeau. Mais faire ceci reviendrait à exposer sa gorge à l'ennemi, il n'en ressortirait rien de bon. Au moins, au lieu de son fardeau, elle avait laissé le clan en sécurité, Fléau Nocturne veillait au grain, elle le savait. Après tout qui de  mieux pour comprendre une âme damnée, brisée qu'une autre âme comme elle ? Le guerrier était peut être la seule exception à ce jour. La femelle tricolore ne le reconnaîtrait peut être jamais mais elle avait besoin de lui . Il lui faisait baisser ses armes sans qu'elle ne se sente faible. Ce sentiment était différent des autres, comme une accalmie à travers l'enfer de sa vie. A ses côtés, elle se sentait englober dans une bulle salvatrice, pensant ses plaies, elle se sentait bien, aimée et apaisée. L'un comme l'autre n'avaient pas besoin de parler, le regard, les gestes, le comportement suffisait amplement entre eux, ils savaient ce que pensait l'autre et c'était ce qui importait pour la féline. Comme elle aurait aimé faire demi-tour, se blottir dans sa fourrure et tout oublier. Mais ce comportement n'était pas celui d'Innocence Oubliée, peut être un résidu de l'apprentie et chatonne qu'elle avait été mais en aucun cas la guerrière qu'elle était devenue.
Son regard porté vers l'avant, ne semblait pas voir le paysage apaisant qui l'entourait. Il fallut l'aide d'un bruit, plus précisément le cri d'un oiseau au dessus d'elle, pour éveiller l'intérêt de la féline éteinte. Elle prit enfin conscience de son environnement et surtout, de la Cénote se dressant devant elle. L'ancienne reine vit au loin qu'elle y était arrivée. Elle avait réussi, alors pourquoi une part d'elle se sentait si mal ? Pourquoi ce goût amer dans la bouche ? Comme une défaite après un long combat ?
A présent, faire marche arrière semblait impossible, le chemin avait été long, elle ne pouvait pas rebrousser sa route. Fuir. Cela devenait pourtant une obsession, son instinct de survie lui poussait de prendre ses pattes à son cou et de se détourner. Seulement, Innocence Oubliée ne fuyait pas, elle survivait en apnée constante.
Devant l'entrée, l'Aubiste se stoppa incertaine de la marche à suivre. Son regard se reporta vers l'étendue d'eau derrière elle. Quelque chose d'ancien et d'apaisant se dégageait de ces lieux pourtant la féline ne s'était jamais sentie autant exposée et fragile. Qu'est-ce qui pouvait la rendre si hésitante ? Elle qui était si sûr d'elle en règle général.
L'inconnue.
C'était terrifiant de dépendre de quelque chose, d'attendre, d'espérer quelque chose qui ne viendrait peut être jamais. Elle était constamment déchirée entre la douleur inflexible du manque de l'être cher et l'espoir fou de le voir. La lieutenante ne savait pas à quoi s'attendre. Se résignant finalement, elle se détourna du paysage et de son impression apaisante pour rejoindre l'au-delà. Elle serra la mâchoire et avança, une lueur déterminée dans ses yeux. Elle avait voyagé seule, préférant se faire une réflexion pour elle même et ne souhaitant pas être interrompue dans ses pensées. Elle n'avait pas non plus eu trop d'options. La perte de la meneuse et en l'absence de guérisseur, il était hors de question de mettre davantage de félins en difficultés. Crétin. Si seulement elle pouvait faire la peau à Ivresse pour les avoir abandonné ! Il n'avait pas plus mal choisi son moment ! Un grondement sortie de sa gorge qu'elle ravala bien vite, ce n'était pas le moment. Elle aurait tout le temps plus tard. Le clan lui devait bien ça, au moins, une fois. Le moment était enfin venue pour elle. Un long frisson parcourut son échine tandis qu'elle s'approchait, elle pouvait voir la lune se refléter fièrement à travers l'eau cristalline de la grotte. Innocence soupira, ferma un instant les yeux avant se lancer. S'allongeant pour la première fois en ces lieux, elle tenta de faire abstraction de son environnement. Le sol était froid sous elle mais ce fut une sensation de chaleur et de paix qui l'envahit. Chassant presque sa douleur continue. Sentant une énergie nouvelle s'insinuer en elle, la guerrière ne perdit pas de temps pour entrer en contact avec la nappe transparente avant de se dégonfler.

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« Elle voit la peur d'où surgit la colère et le désespoir d'où surgit la haine. »

Le noir se fit peu à peu en elle, l'obligeant à poser les armes. Un combat perdu d'avance, elle devait laisser le destin choisir, elle qui avait toujours lutté de part sa nature, se résignait finalement. Elle obligea son corps à se détendre, paraître moins hostile à l'obscurité et au clan des Étoiles. La lieutenante fit taire ses émotions et fit de son mieux pour ne pas bousculer les choses. C'était remarquable à quel point elle pouvait haïr le clan des Étoiles et en même temps l'aimer.
Le temps fila sans que la minette n'en ait le moindre contrôle. Après un moment qui parut une éternité, Innocence sentit une légère brise souffler sur son vieux corps. Elle se retint de frissonner et se força à ouvrir les yeux mais la faible lueur ne lui permettait pas de voir avec netteté. Elle se sentait seule, elle en avait l'habitude mais c'était elle qui l'avait voulu. Bien qu'elle soit en général seule, le clan était toujours autour d'elle, chaque félin discutant avec joie  de la pluie et du beau temps. C'était différent  à cet instant, pas un bruit, pas un seul son sonore venait détendre l'atmosphère. La féline au regard de braise retenait même sa respiration sans même s'en apercevoir. Il n'y avait personne, elle le sentait avec précision. Son cœur tambourina dans sa poitrine tandis qu'elle subissait cette réalité sans pouvoir y faire grand chose.
La vieille chatte tricolore serra la mâchoire et planta ses griffes dans la terre meuble pour contrôler sa fureur. Il fallait en finir au plus vite, l'attente finirait pas avoir raison d'elle. Alors c'était ainsi, le faible espoir qu'elle pouvait éprouver devait forcément s'éteindre avec déception. Ce n'était pas ce à quoi elle s'était attendu. Pourquoi continuer la torture ? N'avait-elle pas suffisamment perdu ? Les blessures psychiques étaient nombreuses, trop nombreuses même. Elle s'apprêtait à renoncer, à quoi bon attendre, sa déception avait une nouvelle fois gagné.
Cependant, un flash lumineux l'obligea à fermer les paupières. Elle attendit quelques instants avant de les ouvrir à nouveau. Cette fois-ci, elle voyait distinctement les alentours, elle se trouvait dans une plaine, vide, seule. Innocence Oubliée resta immobile et regarda les alentours, malgré son impatience elle se contenait laissant la patte libre au clan des Étoiles. Elle le regrettait déjà. D'un côté ce n'était pas comme si elle avait le choix, elle n'était que le pantin de ses ancêtres, acquiesçant sans broncher les douleurs qu'on lui infligeait.
Un léger bruissement se fit entendre. Comme un appel, une invitation à  venir voir. La guerrière regarda tout autour d'elle cherchant à localiser l'origine du bruit. A nouveau il se fit entendre. Alors elle fit un pas, puis deux, et ainsi de suite pour se diriger vers la source du bruit. Innocence s'approcha d'une forêt qui n'avait rien d'extraordinaire. Pourtant, en entrant dans celle-ci, elle fut surprise par l'obscurité qui y régnait. Ce fut d'abord les senteurs qui alertèrent ses sens. Il y avait des notes familières, elle n'avait aucun doute d'où elle se trouvait. Elle avança avec calme et peut être un peu d'excitation. La lumière se fit enfin sur son environnement. Elle y découvrit sans grande surprise l'ancien territoire de l'Aube. En baissant le regard elle vit son propre corps luire de façon étrange, elle pouvait presque voir à travers elle. Fronçant les sourcils, elle fut obligé de reporter son attention sur ce qui l'entourait en entendant des petits cris d'excitation. Tournant le visage vers la droite, elle vit son pire cauchemar. Alors c'était ça le clan des Étoiles ? Lui montrer son erreur ? Revivre son passé douloureux comme si une vie ne suffisait pas déjà pleinement ?
Son cœur se serra à la vue de sa fratrie qui filait vers l'Entrée du Camp, bondissant de joie. Elle n'eut aucune difficulté à reconnaître sa douce mère. Lune de Cristal avec ses iris si particulier suivant la petite troupe,un sourire peint sur son visage.

-  Non... N'y allez pas... 

Murmura la féline tricolore. Elle se vit elle-même chatonne, petite boule pleine de vie, naïve sur la cruauté du monde, les traits si doux et délicat. Comment avait-elle pu finir ainsi ? La mine renfrogné, le visage froid, marqué par la dure vie qu'elle avait menée ? Et bien, cet épisode constituait un bon commencement.
Les félins présents ne prêtèrent aucune attention à la vieille chatte où alors ils ne l'avaient pas entendu car ils continuèrent à se chamailler, comme si le monde était beau et joyeux. Alors elle tenta de s'interposer mais tous passèrent à travers elle. Comme toujours, elle n'était que simple spectatrice du désastre.
Pourquoi revivre ça ? En quoi cela pouvait-il être un bienfait pour le futur du clan de l'Aube ? Ses aïeuls ne s'amusaient qu'à la torturer un peu plus pour son incompétence. Son cœur s'emballa tandis qu'elle détournait le regard de la scène, cette vision lui étant tout simplement insupportable. Un terrible bruit raisonna dans la petite clairière faisant frissonner la féline qui ne put contrôler les tremblements de son corps. Elle avait beau être forte, avoir combattu sur plusieurs querelles, ce cri qui raisonnait à présent lui glaçait toujours le sang, effrayant la guerrière comme la petite chatonne qu'elle était. Ouvrant faiblement les yeux, elle vit le blaireau massacrer sa mère, du coin de l’œil Petite Ambre se précipita vers Lune de Cristal. Elle ne faisait pas le poids. Le sang coula à flot.

« Maman... Au secours, j'ai peur que ce passe t-il ? Papa où es-tu ? J'ai si peur, que dois-je faire ? Je suis faible et j'ai si peur... »

La petite boule de poil tricolore tremblait de tout son frêle corps, le regard horrifié. Les pupilles de la vieille chatte s'ancrèrent sur la chatonne qu'elle avait été. Elles se fixèrent horrifiées l'une comme l'autre. Toute la terreur de l'instant se peignait sur le visage de son reflet chatonne. Elle aurait dû mourir ce jour-là, ils auraient tous dû mourir. Mais heureusement, son père était finalement arrivé à temps, enfin presque. Depuis ce jour la petite féline n'avait plus pipé mot se gardant un mutisme traumatique. Son esprit était chamboulé comme tout son être, elle revivait chaque jour la même scène et se sentait toujours impuissante. Sa sœur n'avait pas hésité à foncer sur le danger pour protéger sa mère et sa fratrie. Alors pourquoi Innocence avait fui ?

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"Ce n'est pas en fermant les yeux sur son passé qu'elle pourra trouver le repos éternel."


A nouveau un flash lumineux qui l'obligea à clore ses paupières et reculer. Son souffle irrégulier, son cœur battant à une vitesse folle, Innocence Oubliée n'avait pas fière allure. Elle n'avait aucune idée du temps qui s'était écoulé mais apparemment le clan des Étoiles souhaitait la torturer un peu plus, retraçant chaque étape de sa vie. Prouvant qu'en réalité la féline n'avait pas su protéger les siens. Sa mère, son père, sa sœur, son mentor, ses frères, ils avaient tous péris de son impuissance. Le présent n'était pas différent du passé. Elle n'avait pas su protéger sa propre progéniture. Pourtant elle avait fait, à son sens, le maximum mais apparemment ce n'était jamais assez. Pourquoi survivait-elle tandis qu'ils mourraient ? Était-elle un mauvais présage à elle toute seule ?
Une rage sourde monta en elle, l'air se satura de sa colère tandis qu'elle regarda autour d'elle. Sa vision se brouilla tant sa souffrance était grande, elle percevait le corps de son père allongé dans un position qui n'avait rien de naturel tandis qu'il venait de se faire percuter par un monstre. En quoi voir ça, alors qu'elle n'avait même pas assister à la tragédie pouvait aider la femelle ?!

- Pourquoi faire ça ? Montrez-vous bande de lâches !

S'écria t-elle alors regardant autour d'elle. Le clan des Étoiles resta silencieux faisant pester la féline qui n'allait pas en rester là. Elle tournait en rond dans une clairière vide mais elle se sentait épiée ce qui ne faisait qu'attiser son envie de bondir sur le clan des Étoiles. Que des lâches. La vétérante ne pouvait pas regarder la chatonne qu'elle était, dans les yeux. Quand son regard avait vu celui de son image du passé, elle n'avait pu retenir un hoquet en y voyant toute la détresse du monde dans ce regard. Elle n'était encore qu'une chatonne, elle n'aurait jamais dû découvrir la vie ainsi. La femelle  se détourna de la vision de la boule de poil. Elle connaissait la suite puisque c'était son histoire. Il était inutile de revenir en arrière le passé ne pouvait pas être changé.
Toujours aucun signe de ses ancêtres. Sa fureur se mêlait à son incompréhension, elle avait une envie de se blottir en boule, d'oublier le reste, le passé et de cesser d'exister. Sa propre existence était une douleur abominable, une brûlure profonde qui lacérait son cœur et son âme à chaque inspiration. Il n'y avait pas d'échappatoire, qu'allait-il advenir du présent ? Qu'allait-elle encore subir ? Le clan des Étoiles brillait par son absence. Peut être patientait-il, tapis dans l'ombre qu'elle se calme ?   Et puis quoi encore ! Innocence Oubliée n'en avait que faire de toute cette mascarade, sa colère bouillonnait en elle faisant tourbillonner une aura meurtrière autour d'elle. Il était inutile de rester ici plus longtemps, seule sa souffrance semblait se nourrir de ce moment.
Résolue, elle s'assit tentant de garder son calme malgré la montée de colère en elle. Elle ferma les yeux, fit le vide dans son esprit, tentant de faire abstraction de son environnement. Le temps fila sans qu'elle n'ait d'emprise dessus. Puis enfin elle ouvrit les yeux. Elle se retrouvait à nouveau dans la plaine du début, seule, bien évidemment. Ses ancêtres lui tournait le dos ? L'espoir fondait comme la neige au sol, elle avait cessé d'être épaulée par ses aïeuls depuis la mort de sa mère, pourquoi reviendraient-ils à présent ?Après tout, à quoi pouvait-elle s'attendre d'autres ?  Enragée, elle se détourna et chercha à s'éveiller de ce triste rêve.

- Attends !

Cette voix... Innocence Oubliée se stoppa net sous le choc. C'était une petite voix frêle qui lui chamboula le cœur.  Immobile, elle serra la mâchoire se retournant doucement. Son cœur fit un bon dans sa poitrine. Rien. Il n'y avait personne. On se jouait d'elle. Un grondement sorti de son poitrail tandis qu'elle se détournait à nouveau. Foutu débris ! La femelle était contente d'être seule, elle aurait eu beaucoup de mal à se contrôler en présence d'un autre félin. Un rage l'aveuglait peu à peu contre ses origines.

- Maman ...

Son cœur rata un battement. Maman ?! Elle se retourna mais aucune silhouette n'était à l'horizon. Elle était seule. Une idée se fit alors petit à petit dans son esprit. Ses émotions se bousculèrent, son esprit se chamboula, son cœur se serra. Et si...
Peut être qu'en fin de compte, le clan des Étoiles ne se jouait pas d'elle. Peut être était-il simplement dans l'incapacité d’apparaître devant elle. Elle eut l'impression de suffoquer devant cette idée. Cela voudrait dire qu'elle avait abandonné ses proches ! Ils n'avaient pu la rejoindre pour la simple et bonne raison qu'ils ne le pouvaient pas ? Après tout, ses proches avaient péri et avaient été enterré sur l'ancien territoire. Non. Impossible ! Pas ça ! Sa pire crainte se confirmait petit à petit dans son esprit.  Elle aurait dû rester sur l'ancien territoire, c'était la seule chose qu'elle aurait du faire !
Quelque chose d'humide coula sur ses joues. Innocence Oubliée versait des larmes. La guerrière, la combattante qu'elle était n'avait pleuré à chaude larme qu'une fois dans sa vie. La jour de la mort de sa mère. Et pourtant pour la deuxième fois elle pleurait comme une chatonne. La féline semblait bien plus chétive ainsi, elle retrouvait son âme d'enfance, délaissant ses griffes, ses crocs et son caractère irascible.
L'image qu'elle renvoyait actuellement n'avait plus rien de glorieux, seule restait une vieille chatte qui semblait à bout et trop proche de rendre son dernier souffle.
La brûlure des larmes obligèrent la féline à fermer ses paupières pour protéger ses yeux. Le noir qui envahit sa vision se mêla au silence de son environnement. Les seuls bruits qui venaient parasiter l'ambiance étaient les reniflements de la vieille femelle tentant vainement de retenir ses larmes de couler à flot. Une puissante brise souffla sur son pelage tandis que des fines particules lumineuses s'accrochaient à son pelage. Légèrement tremblante, la lieutenante se permit d'ouvrir ses paupières. Son corps se raidit quand elle observa les alentours.
Innocence était à bout et n'en pouvait plus, elle ne savait plus comment se comporter elle qui avait toujours vécu ou plutôt survécu par la colère qui alimentait son cœur, elle ne connaissait rien d'autre. C'était ce qui avait fait sa force tout au long de sa vie.
Un nuage apparut l'obligeant à fermer les yeux. Elle plaça sa patte avant sur ses yeux pour se protéger du vent. Quand tout cessa enfin la vieille guerrière se redressa et cligna des yeux à plusieurs reprises. Son cœur aurait pu se briser en mille morceaux. Ils étaient là, ils étaient bien là !La féline tricolore se sentit si heureuse et si fragile, elle chancelait devant tant d'émotion. Bien sûr elle tenta dans un premier temps de se fermer, comme elle le faisait d'ordinaire mais les voir ici, ainsi, la chamboulait de tout son être.

- Bienvenue dans le clan des Étoiles Innocence Oubliée.

Un félin inconnu du bataillon s'était avancé le regard malicieux. Vieux shnock. La guerrière lui lança un regard noir face à son air un peu trop ravi pour elle. En faisant fit de cette individu, elle observa les félins présents. Son regard se stoppa sur le visage de sa mère. Lune de Cristal était comme dans son souvenir, son air rêveuse, sa joie de vivre se répercutait dans sa façon d'être. Cela invita la féline tricolore à adoucir ses barrières bien que cela soit impossible. Ils n'étaient là que pour un instant, que pour son supplice ultime.
La vieille minette n'oubliait pas la souffrance qu'elle avait enduré juste avant. Alors quoi ? Ils avaient voulu la torturer un peu plus avant de se montrer ? C'était contradictoire de voir Innocence mépriser les Étoilés et à la fois les respecter et les aimer. Ses proches en faisaient parti après tout. La foule se formait peu à peu autour d'elle et la guerrière ne perdait pas son éternel expression revêche. Quelques visages familiers faisaient bondir son cœur mais elle restait bien campé sur ses pattes, inflexible. Elle ne se montrerait plus faible, elle avait fait une erreur, montrer sa souffrance dans un instant de crainte. Cette détermination alimentait son corps tendue par le présent, elle patientait ne sachant pas à quoi s'attendre. Une constation se fit dans un coin de sa tête. Berceuse du Venin n'était pas parmi les félins. Alors il était vivant, parfait. Un sourire carnassier se fit sur le visage dur de la vétérante. Elle lui ferait la peau. Elle lui briserait les pattes, l'égorgerait s'il venait à apparaître devant elle. Ou peut être devrait-elle le traquer ? Cette idée n'était pas pour lui déplaire mais qu'adviendrait-il du clan ?
L'étoilé devant elle, agita la queue, amenant le silence autour de lui et attirant l'attention de la féline qui en oublia ses questions. Tous les félins présent saluèrent la vieille chatte avant qu'une importante bourrasque fasse voler les particules lumineuses. La lieutenante écarquilla les yeux mais fut obligé de les fermer en sentant ses yeux piquer. La féline ne les ouvrit qu'une fois le vent retombé. Et à cet instant, elle contracta ses mâchoires de toute ses forces pour ne pas craquer. La plupart des félins avaient disparus, ne restaient que les visages familiers, les proches de la féline. Malgré toute la volonté du monde, elle ne pouvait retenir un frisson parcourir son échine.

« Tu as assez pleurer, il suffit, ne soit plus faible ! »

Innocence Oubliée se répétait ça en boucle pour ne pas craquer, elle était forte, elle ne voulait pas montrer à quel point cette vision la rendait émotive, combien elle pouvait mourir, ici, aujourd'hui, maintenant cela n'aurait plus d'importance. Ils étaient là face elle, bien là. Après tant de lunes solitaire, elle se sentait entourée d'une onde chaleureuse, alors c'était ça...
Un félin gris argenté traversa les rangs pour se positionner devant elle. Son dos se couvrait de quelques rayures plus foncées, tâchées de bruns. L'éclat de ses yeux envoûtants firent un bien fou à la femelle tricolore. Elle aurait pu se perdre dans ses yeux, ressentir toute la fierté du monde et la chaleur qui s'y dégageait. Étoile Indolore était reconnaissable entre tous. Ses iris étaient tout simplement magnifique, mélange entre le vert et l'ambre avec des reflets de bleu. Dommage que la lieutenante n'ait hérité que de la couleur de l'ambre. Un échange silencieux se passa entre le père et la fille. Innocence ne baissa pas le regard trop captivée par cette vision, son père semblait la jaugeait en silence, un petit sourire peint sur le visage. Le cœur de la féline se réchauffa bien que la douleur de sa disparition ne s'éteigne pas pour autant. Innocence ne pouvait oublier que cet instant de plaisir n'était pas viable sur le long terme, ce n'était qu'un laps court du temps durant lequel sa vie était en pause. Elle respirait à plein poumons, à nouveau. L'air frais s'engouffrait dans son corps revigorant ses muscles, ses os, son cœur et son âme.
Après un moment, Étoile Indolore prit la parole, combien de temps avait duré cet échange ? Aucune idée. Mais à présent les émotions de la féline tricolore était plus stable, comme si le défunt avait régulé le feu intérieur en elle. Ainsi, il l'avait préparé à la cérémonie et à ce qu'il allait se passer à présent.

- Il va être temps de commencer à présent.

Innocence Oubliée cligna des paupières, elle était incapable de faire quoi que ce soit d'autres. A sa grande surprise ce ne fut pas son père qui lui donna une vie, il se contenta de se reculer pour rejoindre les rangs des défunts. La féline tricolore sentit une douleur dans son cœur à cette idée mais elle fut vite remplacé par une peine immense. Elle aperçut deux petites boules de poils, l'une tricolore tigrée, l'autre blanche avec des tâches allant du gris au noir. Petite Paix et Petit Tourment. Ses petits. Ils étaient morts par sa faute, parce qu'elle n'avait pas pu être plus forte, parce que la mise bas avait été compliqué, ils étaient morts à la naissance sans rien connaître de ce monde. Peut être que ce n'était pas plus mal ? Au moins n'avaient-ils pas connu la douleur du vivant. Au moins dans le clan des Étoiles, ils semblaient deux petites lumières pleines de vies et joyeuses. Les noms donnés à ses petits n'étaient pas un hasard, elle avait souhaités donner l'espoir d'une autre vie, le bonheur qu'elle aurait pu vivre. Il portait en chacun de leurs noms, la signification de sa propre vie.

- Maman on va te donner une vie !

S'enquit la petite femelle avec vigueur, son frère, plus en retrait, observait la femelle avec émotion. Il aurait été un grand félin de son vivant si seulement il avait pu vivre assez. La culpabilité s'éprit de la lieutenante qui s'obligea à ne pas se laisser aller, pour eux. Elle devait vivre pour eux, comme elle se l'était promis, bien que ce soit la pire chose pour elle.

- Avec cette vie on te donne l'amour pour aimer les êtres chers et les protéger comme tu l'as fait pour nous.

Petite Paix avait parlé mais ce fut Petit Tourment qui s'approcha timidement pour poser sa truffe sur celle de sa mère. Ce contact d'une douceur divine abaissa les barrières de la guerrière, une larme coula sur sa joue tandis qu'elle contemplait ses petits. Petit Tourment regardait sa mère avec une certaine timidité. L'instant d'après une décharge électrique se fit dans tout son être prenant la féline par surprise. Son corps se contracta sous l'impact de l'assaut mais elle resta immobile, ne souhaitant céder à la douleur. Peu à peu celle-ci s'atténua finalement laissant la féline reprendre sa respiration. Les deux chatons choisirent ce moment pour reculer. Innocence leva un instant les yeux vers le ciel pour recouvrer la pleine maîtrise d'elle même. C'était dur et ce n'était que le début. Une nouvelle ombre fendit les rangs pour se positionner devant elle. Son pelage noir ébène ses iris verts cette sérénité qui se dégageait d'elle. Nul doute sur son identité. D'autant qu'à ses côtés se tenait son compagnon. Étoile Éternelle. L'ancienne mentor de la lieutenante venait de faire son apparition. Bien qu'ayant été son mentor, Étoile Envolée avait été en réalité, bien plus que ça. Une mère d'adoption après la perte de Lune de Cristal. L'ancienne meneuse de l'Aube avait tant fait pour Innocence, elle avait tout supporté venant d'elle et l'aimait malgré son comportement instable. C'était grâce à son mentor que la lieutenante avait repris un goût à la vie après la mort de sa mère, elle avait su briser la carapace de silence dans laquelle Innocence s'était installée. Sans Etoile Envolée, peut être que la lieutenante n'aurait pas été là aujourd'hui. Alors oui c'était contradictoire avec ses pensées mais la féline était reconnaissante envers la défunte, plus que jamais.

- Innocence Oubliée, je vais te donner une vie.

S'enquit la féline sombre en plongeant son regard dans le siens. Elle avait tout connu de la vieille chatte, sa naissance, son insouciance et sa douceur, sa douleur après la mort de sa mère. La perte de contrôle après celle de son père. Son mutisme et sa colère pendant son entraînement, sa fougue et sa répartie à l'approche de devenir guerrière. Tout, jusqu'à son dernier souffle. Étoile Envolée avait vu toutes les phases de la vie de la femelle tricolore. Elle savait mieux que quiconque ce qui se cachait sous sa carapace.  Étoile Éternelle s'avança à son tour, épaulant la féline noire. Ils parlèrent d'une même voix le regard porté au delà de la féline tricolore.

- Avec cette vie, nous te donnons le souvenir pour perpétuer la mémoire de nos ancêtres. Fais renaître le clan de l'Aube.

Étoile Envolée s'avança, posa son museau sur le front de la chatte aux iris dorés. Aussitôt une vive douleur se fit sentir dans sa boite crânienne s'étendant par la suite à tout son corps. Elle semblait brûler de l'intérieur, suffoquant sous les assauts faisant tressaillir son corps. Elle retint à grande peine un hoquet de douleur tandis que sa vision se brouillait de tâches noires. Puis, comme si un vague avait chassé la douleur, en une fraction de seconde, elle ne ressentait plus rien, comme si c'était s'agit d'un songe. Pourtant c'était bien réel. Étoile Envolée toujours devant elle, l'observaient avec amour et bienveillance.

- Ton passé n'est pas une prison, il est la preuve de ta force à tout surmonter. N'oublies pas qui tu es. Nous serons toujours avec toi, où que tu sois.

Après quoi elle se pencha pour poser son front contre celui d'Innocence. Les deux félines fermèrent les yeux à l'unisson, laissant se contact adoucir la solennité de ce moment. Mais toute chose avait forcément une fin. Elle avait reçu deux vies, il lui restait encore trop de douleurs à surmonter pour que ce délicieux supplice se termine. Qui serait le prochain ? La féline scruta la foule à la recherche du prochain ou de la prochaine. Ce fut finalement une prochaine. Et pas n'importe qui puisqu'il s'agissait d'Ambre Cristallisé. Son pelage, savant mélange entre la couleur de son père et de sa mère. Sa sœur s'avança d'un pas assuré. Aussitôt Innocence retint sa respiration. Que faire ? Que dire ? Elle n'avait pas pu tenir la promesse faite à sa sœur. Ambre Cristallisé avait donné naissance avant sa mort. Parmi ses petits, un chaton Petit Cauchemar, bien connu aujourd'hui dans le clan de l'Aube. Innocence vouait une haine profonde pour son crétin de neveu. Mais elle se détestait autant pour ne pas avoir vu les signes, à quel moment avait-il mal tourné ? Pourquoi n'avait-elle pas réussi la tâche confiée par sa sœur ? La défunte avait des allures de combattante, dès son plus jeune âge elle avait fait preuve de courage en tentant de sauver leur mère. C'est ainsi qu'elle avait perdu une partie de sa queue.
La vieille chatte se renfrogna sur elle même, attendant le courroux de la féline argenté. Colère qui n'arriva pas. Ambre Cristallisé arborait un fin sourire bienveillant, le regard qu'échangèrent les sœurs étaient lourds de sens. Sa sœur ne lui en tenait pas rigueur car cela était inévitable, pourtant toutes les deux savaient que cela n'empêcherait pas Innocence de se sentir coupable, au moins avait-elle tenter de l'arrêter dans sa folie. D'un mouvement fluide sa sœur s'approcha de la vieille chatte et  continua la cérémonie.

- Avec cette vie, je te donne le pardon. On fait tous des erreurs mais seuls les êtres bons pardonnent.

Sans attendre sa sœur posa sa truffe sur celle de la lieutenante. Un crépitement électrique apparut à la connexion de leurs truffes.  Aussitôt une décharge se répercuta dans tout le corps de la féline tricolore qui contracta la mâchoire et tous ses muscles. Une douleur fulgurante se répandit jusque dans ses membres, elle se sentit foudroyer sur place, incapable de respirer ou de bouger. Il lui était impossible de penser ne serait-ce qu'à bouger. Elle ne pouvait qu'encaisser l'onde de choc en priant pour que ce soit bientôt la fin. Sa sœur rompit enfin le contact brisant la chaîne de douleur en elle. Un sourire malicieux apparut sur le visage argenté de la défunte avant qu'elle ne recule pour laisser sa place à quelqu'un d'autre. Cela laissait un bref instant de répit à la lieutenante qui ne sentait plus son corps. Elle allait succomber à la cérémonie, c'était difficile de croire qu'il lui restait encore six vies à recevoir, si la douleur était intense pour chaque vie, il était certains que son cœur lâche en cours de route.
Un mouvement sur sa gauche brisèrent les pensées de la minettes qui parvint avec peine à tourner la tête vers la source de son attention.  Un matou imposant s'approcha son pelage, mélange de noir et de chocolat rappela de nombreux souvenirs à la la lieutenante. Un sourire ironique apparut sur son visage tandis qu'elle dévisageait son ancien apprenti. Quel phénomène ces deux-là ! Étoile Dévorante avait connu les pires côtés de la féline, ils s'étaient sautés dessus plus d'une fois s'écorchant à vif. Une haine avait grandit entre eux avant que les choses finissent par se calmer. Dans le fond la lieutenante avait finit par l'apprécier bien que ce fut un chemin houleux. Le défunt s'approcha avant de se stopper devant la minette, ils se toisèrent avec un mélange de complicité, de provocation et de respect.

- Avec cette vie je te donne l'honneur. Ne laisse jamais personne piétiner tes choix, fais ce que tu crois être juste.

Et une nouvelle fois elle sentie un supplice lui retourner les entrailles et remonter le long de son échine. Elle sentait le goût acre du sang dans sa gueule à force de contracter la mâchoire. Elle parvint avec peine à ouvrir les yeux et ne put retenir un grondement menaçant en voyant l'ancien meneur arborer une mine moqueuse et satisfaite. La féline tricolore pesta en lui lançant un regard noir. Il y répondit bien sûr par un léger clin d’œil provocateur. Bien que cela agace profondément la féline elle devait reconnaître que c'était plaisant. Tout ce petit monde manquait dans le clan de l'Aube à présent. Enfin, pas trop. Une bref pensée vers Ivresse raviva l'éclat de rage en elle. D’autant plus qu'elle savait que le défunt et son camarade disparu étaient d'une fratrie adoptif. Enfin, à croire que la loyauté c'était un truc de famille. Tout comme Ivresse, Étoile Dévorante avait laissé sa loyauté balancer au fil des lunes, il avait rejoint le clan du Crépuscule puis était revenu dans l'Aube pour seconder son frère.
Innocence fouetta l'air de sa queue, feulant vers le défunt qui s'éloignait. A présent remontée à bloc, elle était semblable à un lion dans une cage bien trop étroite pour lui, menaçant de sortir à tout instant. Le silence s'installa autour de l'assemblée comme si ce changement d'humeur chez la féline faisait hésiter ses ancêtres. Finalement, deux félins s'avancèrent de la minette qui se décomposa légèrement en apercevant ses frères. Le pelage sombre de Mustang Sauvage se mêlait à celui de Loup Balafré. Tout comme elle, ils portaient les souffrances d'une vie qui avait été un bonheur avant de devenir cauchemardesque. Son cœur se mit à battre à vive allure tandis qu'elle contemplait sa fratrie ici. C'était émouvant et effrayant. Elle aurait dû y être elle aussi et ceux depuis longtemps. Mais elle avait lutter contre tout et avait finit par être vivante et connaître ce jour. Innocence Oubliée afficha un pâle sourire émue devant ses frères qui lui répondirent avec autant d’émotions.

- Avec cette vie nous te donnons la fidélité, ton clan est ta famille à toi de les protéger.

Sans attendre ils posèrent leurs joues contre celles de la vétérante tricolore. Elle fut enveloppée par une bulle de douceur comme du coton qui atténua les douleurs dans son corps. Cette vie tombait à pic ! Innocence put sentir l'odeur familières de ses frères, elle en avait presque oublié les senteurs avec le temps. Cette fois-ci elle grava l'odeur boisé dans sa mémoire, elle espérait pouvoir le garder en mémoire dans son retour à la réalité. Le contact finit par se briser brisant la bulle protectrice dans laquelle la lieutenante s'était plongée. Un soupir sorti de la gueule de la féline qui se retint à grande peine de soupirer davantage. Ses frères lui passèrent un coup de langue sur les oreilles affectueusement avant de s'éloigner. Elle se retrouva une nouvelle fois seule face à l'assemblée. Son esprit semblait ailleurs, elle ne parvenait pas à penser correctement. Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé, ni comment pouvait-elle toujours tenir debout. Elle espérait seulement pouvoir profiter davantage, rester auprès des siens, de ses proches de là où était sa place pour toujours. Le temps ne pouvait pas rester ainsi, la bulle de bonheur malgré la souffrance ne pouvait être éternelle. Innocence Oubliée pouvait toujours espérer, le baptême était loin d'être fini. Il n'y eu aucun mouvement, rien qui n'indiqua la suite du baptême. La future meneuse observa les autres félins présents, elle reconnut Cœur de Sapin sur sa gauche non loin de là se tenait Vestige Mystérieux et d'autres félins, tant de félins qu'elle avait côtoyaient et qui étaient morts. Sans elle. Un bref mouvement sur sa droite fit tourner la tête à la minette. Elle hoqueta. Agonie Mystérieuse s'approchait. Il abordait une démarche tranquille, discrète comme il l'avait été de son vivant. On lui avait pris, on lui avait arraché son petit. Elle aurait dû être à sa place et non l'inverse. Il était sa fierté, comme sa fratrie, mais il était mort avant même de découvrir le nouveau territoire. Le cœur de la mère se serra tandis qu'il se tenait à quelques mètres d'elle. Pourquoi ? Qu'avait-elle à offrir de plus ? Elle avait déjà eu une vie longue, périlleuse, si seulement elle pouvait lui donner. Il avait tant de chose à accomplir, elle en était certaine. Malgré ça, au fond d'elle, la minette savait. Il était né maudit, parce qu'il était son fils. Il ne pouvait pas y avoir d'autres explications. L'expression neutre du mâle faisait frémir la féline, sa bouille d'ange lui manquait terriblement. Elle qui n'avait pas voulu être étouffante auprès de ses petits avait vu la mort trop de fois. Elle aurait dû les protéger davantage. En tentant de retenir ses larmes, son regard se porta un bref moment sur l'assemblée. Romance du Héron l'observait avec un regard bienveillant. Innocence reporta son attention sur son fils qui arborait le même regard. Il semblait avoir accepté son destin chose qu'elle ne pouvait pas. Elle vivrait pour lui, pour ses petits et tous ceux morts avant elle.

- Avec cette vie je te donne la justice pour trouver ce qui est juste et protéger le clan.

Sans attendre il posa à son tour son museau sur le front de la femelle qui tressaillit. C'était difficile à croire. Le temps sembla s'arrêter tandis qu'un éclair douloureux traversa le corps de la féline. Rien de nouveau. Elle sembla se plier tant son corps était à bout, elle n'en pouvait plus. Malheureusement elle devait encore tenir. Plus que trois. Trois foutu vies. Au bout de ce qui lui parut une éternité, la douleur s'estompa et son fils releva la tête. Il pressa brièvement sa truffe contre celui de sa mère avant de reculer. Le cœur de la féline tambourinait dans sa poitrine, elle le voulait près d'elle, là, maintenant, et pour toujours. Mais c'était impossible pour le moment. Alors elle l'observa s'éloigner le cœur lourd. Qui pouvait encore lui donner une vie ? Il y avait tant de félin et pourtant l'espoir que sa mère ou son père s'approche s'amenuisait. L'un comme l'autre restaient immobiles, observant la féline avec douceur et bienveillance. Pourtant la barrière de la distance entre eux semblait pour l'heure infranchissable. Ce fut finalement une petite féline blanche avec les extrémités noire qui s'approcha. Innocence Oubliée l'observa un instant, impassible, avant d'éprouver une certaine joie. Étoile Sauvage n'avait pas été une grande proche de la féline tricolore mais le duo explosif avait permis de faire évoluer les choses au sein du clan, pas toujours de la meilleure façon mais au moins elle avait fait quelque chose.  Elle s'approcha à pas de velours, la lieutenante était toujours incapable de savoir à quoi elle pensait. Étoile Sauvage était un mystère de plus dans ce monde mais finalement, ce n'était pas une mauvaise chose.

- Avec cette vie je te donne la force pour combattre le danger, montre-toi digne de qui tu es.

Sans attendre davantage, elle s'approcha de la féline pour lui donner cette vie. Bien évidemment elle ne faisait pas comme tout le monde. Innocence Oubliée n'eut malheureusement pas le temps de se préparer ou plutôt la féline bicolore ne lui en laissa pas l'occasion. Elle se retrouva foudroyé par un éclair qui la fit chanceler tandis que Lotus trottinait pour reprendre sa place, fière d'elle. Innocence Oubliée soupira à bout. Son corps tremblotant ne parvenait plus à s'équilibrer correctement mais une force invisible l'empêcher de s'étaler au sol. L'Aubiste baissa la tête un instant pour tenter de reprendre des forces mais rien ne parvint à la soulager. Une douce odeur parvint jusqu'à la féline qui se releva vivement. Lune de Cristal se tenait finalement devant elle. Ses yeux si particuliers étaient plongés dans ceux de sa fille. Les deux félines se regardaient avec une émotion palpable. Pas de parole, pas de bruit juste le silence, un regard, l'émotion. Il n'y avait pas besoin de plus. Comme la lieutenante aurait aimé retourner en arrière, se blottir contre le ventre de la défunte. Il n'y avait que la chaleur d'une mère pour apaiser la douleur et les blessures. La femelle étoilée prit finalement la parole où perçait une fierté et un amour certain envers sa fille.

- Avec cette vie je te donne la paix pour combattre tes démons, chaque félin porte son passé, il te faudra épauler ton prochain pour le bien du clan.

Elle s'approcha doucement, un sourire aux lèvres et posa délicatement sa truffe contre celle de sa fille. Une douce bulle enveloppa la féline tricolore, elle semblait fragile et solide à la fois mais surtout elle lui faisait un bien fou. Ses plaies, ses douleurs disparurent tandis qu'un bien être se faisait en elle. La proximité avec sa mère lui permis de se sentir petite, fragile et à nouveau insouciante. C'était étrange et plaisant. Sa mère ouvrit à nouveau les yeux, son front se posa contre celui de la lieutenante tandis qu'elle lui murmurait avec douceur :

- Ou que tu sois nous serons là, n'est crainte une mère n'abandonne jamais son petit.

Innocence y croyait pour l'avoir été, elle n'aurait laissé ses petits pour rien au monde. Étrangement ces paroles si simples avaient un impact si grand sur la minette. Comme si un étau s'enlevait finalement. Dans le fond, cette simple phrase, elle en avait rêvé tant de fois. La solitude était sa compagne de vie pourtant même entouré par d'autres félins, elle s'était toujours sentie seule. Un instant le visage de Fléau Nocturne vint se graver dans sa mémoire. Il était le seul qui soulager cette peine, car en amour, on est toujours deux à être seul.
Lune de Cristal finit par rompre ce délicieux moment non sans peine. Elle s'éloigna de quelques pas pour laisser la place à son compagnon. Étoile Indolore s'avança, confiant et tranquille. Il observa la minette tricolore et à nouveau elle se sentait redevenir chatonne. Tout comme au début du baptême elle sentie son père l'aider, il stabilisait ses émotions d'un simple regard, attirant l'attention de la féline par sa simple présence. Une larme solitaire roula sur la joue de la féline. Ses parents étaient si vivants et pourtant si loin d'elle. Pourquoi ? Non. Il fallait qu'elle arrête, elle ne pouvait pas continuer ainsi.

- Innocence Oubliée, il est temps de recevoir ta dernière vie.

Etoile Indolore réduisit les derniers pas qui les séparaient et la lieutenante ne pu que retenir son souffle face à sa prestance. Elle semblait si chétive à côté.

- Avec cette vie je te donne la foi. Crois en nous, nous veillerons et t'aiderons pour le bien du clan. Ne doute pas de notre présence à tes côtés dans les moments difficiles.

Il effleura le sommet du crâne blanc d'Innocence qui ferma les yeux. Ce contact électrisant s'adoucissait au fur à mesure que le temps passait. Bien sûr elle comprenait le sens des paroles de son père mais même chatonne elle aurait voulu protester. Son corps était rigide, il lui était impossible de bouger, elle parvenait à peine à respirer. Lorsque le contact fut brisé, elle ne put que relever la tête et foudroyer son père du regard qui se contenta d'esquisser un bref sourire. Innocence finit par soupirer et lever les yeux au ciel avant de lui rendre son sourire. Elle venait de recevoir  toutes ses vies. Son père ne s'éloigna pas, il s'écarta juste assez pour laisser la place au vieux schnock de tout à l'heure.

- Innocence Oubliée tu as reçu toutes tes vies, il est temps à présent de te donner ton nom de cheffe.

La féline pris une brève inspiration pour se remettre les idées en place. Bien que son nom de guerrière avait été choisi avec soin et qu'il lui allait plutôt bien, elle savait qu'elle ne pouvait déroger à la règle du nom de chef. C'était étrange et inquiétant mais une flamme ardent brulante dans son corps était sur le point de s'embraser. Elle hocha fébrilement de la tête, le regard rivé vers le vieux schnock, les sens en alerte. Il n'avait pas intérêt…

- À partir de ce jour, les clans te connaîtront sous le nom d'Etoile d'Inno...

Ah si, il avait osé. Un profond grondement sortit de l'être de la nouvelle meneuse interrompant le vieux croûton dans ses propos. Derrière elle, la chatte tricolore n'avait aucun mal à entendre les  gloussement de certains félins. Elle savait sans se retourner qu’Étoile Dévorante devait forcément apprécier la scène tandis qu’Étoile Sauvage se délectait de la situation. Le félin se racla la gorge, lançant un regard sévère à la vieille vétérante. Celle-ci sentit une rage monter en elle, il osait la mettre en garde ? Elle s'avança d'un pas. Il était formellement hors de question qu'il ose en dire davantage. C'était peut être un nom qui aurait pu lui correspondre dans une autre vie. A sa naissance elle avait été fière de le porter, en tant que guerrière il exprimait son trouble mais en tant que meneuse, il ne serait qu'une mascarade. Les défunts autour d'elle gardèrent le silence, analysant la scène. Ils savaient ce que ça représentait pour elle certainement. Vraiment Étoile d'Innocence ? Il était vraiment hors de question de l'appeler ainsi, son passé n'était-il pas suffisant ? Ou était l’innocence ? Ce fut finalement Étoile Éternelle qui s'avança d'une démarche réfléchie, il éclipsa le vieux félin sombre et se positionna face à la féline. Il prit la parole d'une voix claire, la posture bienveillante.

- Ce nom ne représente plus qui tu es. Ton passé semble être le fardeau que tu t'infliges, c'est pourquoi nous t'appellerons Étoile Tourmentée.

Innocence accepta tempérant sa colère lisible à travers ses pupilles. Les félins scandèrent son nom tandis qu'elle fermait les yeux prise de vertige. Une sensation de cohésion et d'amour l'enveloppa comme lorsqu'elle était chatonne et qu'elle se pelotonnait contre sa mère. Une légère brise souffla sur son pelage rêche et elle compris qu'il était temps de revenir vers le présent. La meneuse ouvrit une dernière fois les pupilles et perçut sa famille. Sa mère, son père, sa sœur et ses petits étaient tous côté à côte, droits, fiers, et regardaient la femelle avec amour. Ce n'était pas un adieu, juste un au revoir, une promesse de se retrouver, bientôt. Alors, elle se laissa guider sans broncher. L'obscurité l'accompagna tandis qu'elle sentait son corps de plus en plus lourd, de plus en plus douloureux. Elle s’efforça à ouvrir les yeux et vit qu'elle se tenait à nouveau devant l'étendu d'eau. Son corps endolori eu bien du mal à se reprendre lorsqu'elle l'obligea à se relever. Elle était Étoile Tourmentée.  Il était temps à présent de rentrer, le clan l'attendait, elle ne devait plus tarder. Elle fit un pas puis s'écroula.

La Cénote aux Étoiles Innoce10

"Et c'est comme si ces mots faisaient écho à ma vie entière."


Inconsciente, elle ne pouvait rien faire, prisonnière en elle même. Pourtant elle sentait l'énergie affluer tout autour d'elle. Elle savait que ses proches veillaient à présent, qu'ils feraient ce qu'ils pouvaient pour l'aider. Elle devait lutter pour revenir. Elle avait encore des choses à faire. Finalement elle avait encore un proche à chérir et aimer. C'est avec cette détermination qu'elle reprit connaissance, se redressa une nouvelle fois. Le regard fiévreux, elle savait où aller à présent. Chez elle, au sein du clan, prés de son compagnon.
Elle emprunta le même chemin pour rentrer et s'obligea une brève course pour détendre les muscles endoloris de son corps. Les choses allaient pouvoir changer. Finalement, elle avait encore quelque à faire en ce bas monde.


La Cénote aux Étoiles Rossy10

Note de fin:
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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeJeu 21 Juil - 15:33

| Baptême d’Élue |

Yucca Mordoré n’en revenait pas ! Ah non vraiment, elle n’en revenait pas ! Sur le chemin de la Cénote aux Étoiles aux côtés de Margay Solaire et Océan de l’Albatros, elle était tout bonnement intenable, exaspérant sûrement au plus haut point ses camarades qu’elle avait en fait fini par distancer tout en continuant de jacasser. Si elle s’était attendue à ce qu’Astre du Levant démissionne ! Et si elle s’était attendue à ce que ses camarades nageurs la désignent comme leur élue ! C’était fou ! Qu’est-ce que cela impliquait, elle ne savait pas bien, mais elle savait que c’était énorme. Qu’est-ce qu’il allait se passer, une fois à la Cénote ? Il fallait qu’elle y aille, elle s’y était déjà rendue par curiosité, pour découvrir ce recoin d’eau magique, mais elle n’avait jamais communié avec ses ancêtres, contrairement à la majeure partie de ses camarades dotés d’un ange gardien. Peut-être parce que même son sommeil était trop intenable. Peut-être parce qu’elle n’avait pensé qu’à se plonger dans l’eau une fois arrivée là-bas. Ou peut-être parce que tous les chats en mourant devenaient barbants, et ne lui correspondaient donc pas du tout. Sûrement son père lui, n’était pas devenu barbant en mourant !
L’événement qui avait mené à ce retournement de situation n’avait rien de réjouissant, il était même assez tragique puisque Brise Souveraine et Œil d’Améthyste y avaient perdu de leurs petits. Mais à vrai dire, alors qu’elle gambadait vers la Cénote, longeant la côte en profitant de la fragrance de la mer et des vents qui venaient faire rouler les vagues, cela lui était sorti de l’esprit. Enfin après tout, c’était la responsabilité d’Océan de l’Albatros ! Responsabilité ? Ouhla, mais ne perdrait-elle pas en liberté avec ce nouveau rôle ? Pourrait-elle continuer de faire tout ce qu’elle souhaitait ? Pourrait-elle toujours commencer ses journées en sautant de sa tanière directement dans la mer ? Vagabonder dans les recoins du territoire et de ses eaux, croiser divers inconnus et familiariser avec ses camarades au plaisir ? Avait-elle bien fait de prendre ce poste avec le sourire ? Elle doutait soudain, mais s’ils étaient trois, c’était bien pour réduire les responsabilités et garder l’esprit zénithien ! Oui, ça irait. Elle allait bien s’amuser ! Il fallait qu’elle vive, qu’elle découvre, expérimente, et quoi de mieux que ce nouveau rôle pour expérimenter de nouvelles choses ? Elle aurait bien malgré tout interrogé ses camarades sur ses propres questionnements, mais elle se rendit alors compte qu’ils n’étaient plus auprès d’elle. Depuis combien de temps, elle n’aurait su le dire.
Elle arrivait à la Cénote, les galets roulaient dans les vaguelettes, au loin le soleil s’en allait dormir, s’enfonçant paisiblement dans son lit d’eau. Elle passa l’arche et pénétra dans l’antre des étoilés, remontant jusqu’à la Cénote où l’eau s’illuminait sous l’éclat de la lune naissante. Elle s’y plongea, souhaitant faire une petite baignade régénératrice avant de rencontrer ses ancêtres et de savoir à quelle sauce elle allait être mangée, attendant ses collègues au passage. Les voyant émerger dans la lueur astrale, elle s’extirpa de l’eau et lança :

- On se revoit tout à l’heure !

Avant de laper l’eau comme on le lui avait indiqué.
***

Elle ne réalisa s’être endormie qu’en rouvrant les yeux sur un paysage nouveau. Elle eut un instant de flou, d’incompréhension, pourquoi n’était-elle plus dans la Cénote ? Comment pouvait-elle changer de lieu ainsi sans même s’en rendre compte ? Si c’était possible, pourquoi n’avaient-ils pas fait cela pour la migration ? Ç’aurait tout de même été plus simple !

- Bienvenue sur le territoire du Clan des Étoiles, Yucca Mordoré.

Elle se retourna brusquement, qui était ce vieux matou au poil brillant de mille étoiles ?

- Merci !

- Je suis Étoile Balafrée. Les étoiles ont décidé d’accorder aux chefs du Zénith neuf vies, comme dans les Clans, vous en aurez donc trois chacun.

- Mais nous ne sommes pas des chefs…

- Oui oui, aux élus. Acceptes-tu de prendre la responsabilité de la Tribu aux côtés de Margay Solaire et Océan de l'Albatros, et de guider les tiens durant deux années à l’aide des deux vies que nous t’offrons ?

La responsabilité… qu’est-ce que ça sonnait lourd comme mot… Mais Mistral avait confiance en elle, et s’il pensait qu’elle était faite pour ça, il devait avoir des raisons ! Puis, ce serait marrant comme expérience ! Quel mal cela pourrait-il bien faire d’accepter ? Elle n’allait pas devenir chef, juste élue, elle allait juste… Elle verrait bien, pour le moment ça n’était pas très clair dans son esprit, mais toujours était-il que ce serait sûrement riche et amusant !

- Oui !

- Très bien, la cérémonie va donc commencer.

Elle ne savait absolument pas comment cela allait se passer, elle n’avait aucune idée de comment les étoilés administraient leurs vies aux chefs, et désormais aux élus, mais elle n’allait pas tarder à le savoir. Elle n’avait pas peur, elle n’était pas méfiante, au contraire elle était surexcitée et curieuse de la suite. Elle prenait sur elle pour ne pas étaler ses émotions, ses pensées, ses interrogations, d’autant que le matou n’avait pas l’air de vouloir les entendre. À peine avait-il conclu qu’il s’était retourné et était parti, la laissant seule. Elle regardait tout autour d’elle, à l’affût du moindre indice, quand deux chatons firent leur apparition. Cette fois, elle connaissait les étoilés qui lui faisaient face.

- Petite Cornaline ! Petit Artefact !

L’horreur du récent événement lui revint en pleine figure, mais les deux petits avaient l’air en pleine forme ! Comme c’était étrange de se dire que, quand bien même ils étaient là face à elle, elle ne les verrait pas en rentrant au phare au matin.

- Bonsoir Yucca Mordoré ! Nous sommes là pour t’administrer tes vies !

- Ah bon ? Mais comment ça se passe ? Et c’est comment de mourir ? Est-ce que ça fait mal ? Est-ce que vous allez bien ici ? C’était comment de voler ? Vous avez aucun moyen de revenir ? Vous paraissez en telle forme, et vous êtes beaucoup moins translucides que le vieux chat d’avant !

- Tu vas voir, et on n’est pas là pour ça, si on tergiverse Océan de l’Albatros et Margay Solaire devront t’attendre.

Une pointe de regret et de douleur se percevait dans la voix de Petit Artefact, mais quel sérieux pour un si petit être ! Yucca Mordoré n’était pas certaine d’avoir un jour su se montrer aussi sage, était-ce de rejoindre les étoiles qui rendait ainsi même les plus petits chatons ? Ou l’expérience traumatisante qu’ils avaient vécue ? Si c’était les étoiles, alors elle n’avait vraiment pas hâte de mourir à son tour ! Si c’était l’expérience traumatisante, elle était certaine qu’à leur place elle serait restée elle-même, après tout, elle avait risqué sa vie bien des fois à vouloir expérimenter. Ses trois vies l’aideraient à repousser cette fatalité -oh ! et les risques qu’elles prendraient désormais n'en seraient plus vraiment, elle irait à fond ! (n’était-ce pas ce qu’elle faisait déjà ?) est-ce que cela rendrait les choses plus intéressantes ou moins excitantes… restait à le déterminer-.

- Heu d’accord.

Petite Cornaline s’approcha alors et leva le museau vers le sien, miaulant :

- Avec cette vie je t’offre la prévoyance, afin d’être capable d’assurer la sécurité des tiens.

Yucca Mordoré pencha la tête d’un air interrogatif, alors que la chatonne tendait le museau vers elle. La prévoyance ? D’instinct, elle effleura du bout du museau la truffe de la fille d’Œil d’Améthyste et de Zygote de Raptor, et fut alors traversée par un violent électrochoc qui banda chacun de ses muscles et lui prit la gorge, elle sentait tous les risques, pire, les craignait ! ses articulations étaient raidis par la rudesse de l’impact, et lorsqu’enfin la sensation passa, elle se sentit complètement vide. Elle dévisagea Petite Cornaline, incrédule, avant d’esquisser un sourire une fois le choc passé. Était-ce aussi douloureux que de donner la vie ? Elle avait entendu ce que disaient les mères et les soigneurs sur une mise bas, peut-être qu’un chaton aussi souffrait durant celle-ci mais ne se souvenait pas, et que c’était ce que faisait ressentir de nouveau le Clan des Étoiles lorsqu’il administrait des vies ? Toujours était-il qu’elle était désormais dotée de deux vies ! Elle se tourna vers Petit Artefact, prête pour le deuxième combat.

- Avec cette vie, je t’offre la détermination, pour que tu gardes le cap et guide le Zénith jusqu’au bout.

Elle se pencha vers lui pour qu’il effleure sa truffe, et se fit de nouveau foudroyer, l’impact allant de sa truffe au bout de sa queue en passant par ses griffes, la raidissant toute entière, lui donnant la nausée, et pourtant elle ressentait une certaine excitation à tout cela. Elle vivait la même chose qu’un chef de Clan, sans ce que cela impliquait ! Et elle trouvait la douleur grisante.

***

Lorsqu’elle s’effondra au sol, son corps incapable de la maintenir avec tout ce qu’il ressentait, ce fut pour ouvrir les yeux sur l’eau claire de la Cénote. Elle se releva tant bien que mal, son voyage parmi les étoiles était terminé, et elle en revenait dotée de trois vies. Elle ne ressentait pas vraiment de différence en elle, mais elle était ravie. Elle se tourna vers ses deux camarades qui émergeaient également, et miaula :

- C’est un truc de fou ! Vous avez vu qui vous ? Allez on rentre raconter ça !

___________________/_/_/
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Dernière édition par Idylle Toxique le Mar 16 Aoû - 13:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeJeu 21 Juil - 16:35

La Cénote aux Étoiles Matheu21
"Parfois, on touche la vie des gens rien qu’en existant."

Le soigneur marchait aux côtés de ses deux camarades, avançant dans un silence assourdissant, ne faisait même plus attention à ce qu’il se passait autour de lui. Le ciel étoilé accompagnait leurs pas vers ces nouvelles responsabilités. Océan de l’Albatros ne comprenait pas réellement pourquoi il se dirigeait vers la cénote, ou en tout cas pourquoi ses camarades avaient placé leur confiance en lui. C’est vrai après tout, Opéra des Etoiles et Quenotte de Fennec étaient des choix bien plus logique, ils étaient soigneurs depuis plus longtemps, Opéra des Etoiles était même guérisseur dans l’Aube avant de rejoindre le Zénith, alors lui, le plus jeune des soigneurs et des Elus, ne parvenait pas à se faire à l’idée.
Soupirant discrètement, il laissa Margay Solaire et Yucca Mordorée entrer dans la Cénote en premier. Lui était déjà venu, pour son apprentissage, mais l’atmosphère presque mystique qui émanait de cet endroit était toujours déstabilisant pour le matou gris qui prit place à côté de la marine, s’allongeant prêt de l’eau. Il hésita un instant, la tribu lui faisait confiance, peut-être voyaient-ils en lui quelque chose que lui ne percevait pas… Ce fut donc sur cette pensée peu convaincante qu’il lapa la surface glaciale.

L’air chaud qui souffla sur son pelage le fit ouvrir les yeux. Il était dans la plain où il retrouvait souvent Agonie Mystérieuse dans ses rêves, mais aucune trace du matou noir et blanc. Au lieu de ça, c’était une petite silhouette crème et rousse qui s’approchait. Son regard bleu était hypnotisant.

-Qui es-tu ?

Demanda-t-il d’une voix calme sans lâcher le mâle du regard.

-Je me nomme Nuage Céleste. J’étais apprenti dans le Crépuscule. Je suis resté sur l’ancien territoire lorsque les clans sont partit.

Le soigneur fronça légèrement le museau.

-Pourquoi être resté ?

Le félin avait l’air d’être jeune, bien trop jeune pour se condamner sur un territoire destiné à être détruit par les poisons des bipèdes. Le regard de Nuage Céleste prit une expression qu’Océan de l’Albatros ne sut décrypter.

-Cela n’a plus d’importance. Je suis ici pour te donner une vie. Chacun des Elus en reçois trois.

Le matou gris fut assez étonné par cette annonce, mais il en était plutôt satisfait. Pas parce qu’il recevait des vies, cela avait peu d’importance pour lui, mais plutôt parce qu’il sentait que même ses ancêtres l’acceptaient.

-Avec cette vie, je te donne la lucidité. Les temps peuvent être sombres, mais il faut parfois faire la part des choses.

Le petit félin posa son museau sur l’épaule de l’Elu qui se crispa instantanément. Une douleur sourde le prit dans tout le corps au point qu’il dût enfoncer ses griffes dans le sol pour rester debout. Puis Nuage Céleste s’éloigna, emportant avec lui la douleur qu’il venait de donner au soigneur. Il resta dans un coin, à l’écart, alors qu’une nouvelle forme se dessinait.

-Bonjour Océan de l’Albatros, je suis Silence des Loups. Je suis une ancienne de la Nuit, morte en arrivant sur le nouveau territoire.

Océan de l’Albatros hocha doucement la tête, il percevait à peine le pelage de la féline constellé d’étoile, seul ses yeux brillaient dans la plaine.

-Avec cette vie, je te donne le courage. Tu en auras forcément besoins.

Cette fois-ci, c’est sur le haut de son crâne que l’ancienne nuiteuse déposa son museau. La douleur fut plus violente encore. Un gémissement échappa de la gorge du matou gris, son corps trembla et il se demanda un instant s’il n’allait pas s’effondrer. Mais avant que la douleur ne devienne insupportable, Silence des Loups se recula et rejoignit Nuage Céleste.
Enfin, une dernière silhouette se dessina et Océan de l’Albatros fut rassurer de le voir.

-Agonie Mystérieuse !

Miaula-t-il enjoué. Il n’avait pas vue son ange-gardien depuis son baptême de soigneur, et il était réellement heureux de le voir.

-Je suis content de voir que tes camarades t’ont choisi. Je sais que ça doit être étrange, mais je pense sincèrement que tu en es capable. Tu es intelligent et altruiste, ce sont de bonnes qualités pour aider à garder un clan debout.

Les paroles de l’ancien aubiste rassurèrent alors complètement le soigneur. Agonie Mystérieuse avait toujours été d’un grand franc parlé, alors il savait que ses paroles étaient sincère.

-Avec cette vie, je te donne la liberté. Tu as beau être un Elu désormais, cela ne fait pas de ce rôle une prison. Le Zénith est et sera toujours un clan de liberté et d’acceptation, et je sais que tu l’es aussi.

Le félin sourit légèrement. Agonie Mystérieuse posa son museau contre celui de son protégé. Cette vie fut plus douloureuse encore que les deux autres, il eu un instant l’impression que son cœur allait exploser et sa respiration se coupa. Mais une nouvelle fois, à l’instant où l’Elu pensa flancher, son donneur se retira, enlevant de ce simple geste toute la douleur qu’il lui avait transmit. Agonie Mystérieuse rejoignit les deux autres félins, chacun d’eux hocha la tête, et ce fut la dernière vision du matou dans le monde des Etoiles. Il s’éveilla alors prêt de ses camarades qui émergeaient également. L’excitation de Yucca Mordoré fatigua un peu plus le soigneur qui ne revenait pas vraiment de ce qu’il s’était passé. Alors il ne dit rien, se contentant de se redresser afin de suivre ses camarades.

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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeLun 25 Juil - 10:07

» Margay Solaire »
La Cénote aux Étoiles Margay10

Le soleil commençait à décliner, après une chaude journée de la saison des feuilles nouvelles. Les rayons rougeoyants baignaient le territoire des clans d'une lumière sanguine. Margay Solaire ne saurait dire si cela était réconfortant, ou inquiétant. Il n'aurait jamais pensé être élu, et encore moins devoir aller à la cénote pour recevoir des vies. Durant ces dernières nuits, il avait essayé de voir Nuage de Tournesol, l'appelant désespérément dans ses rêves sans étoiles. Le soutien de Cœur d'Argent lui faisait du bien, mais il aurait tant voulu entendre les paroles parfois écorchantes de son premier amour. De tous les félins qui l'encourageaient, seul lui aurait pu le remettre sur le droit chemin, lui dire qu'il se trompait. Le matou noir et blanc, devant le silence de l'apprenti étoilé, s'était résigné à se dire qu'il lui en voulait.

Suivant Yucca Mordorée, avec Océan de l'Albatros sur ses talons, il entra dans la cénote. L'étendue d'eau était encore inerte, et les trois nouveaux élus durent attendre que la lune vienne éclairer les flots étoilés. Margay Solaire posa sa queue sur l'épaule d'Océan de l'Albatros, ne sachant réellement s'il voulait se rassurer lui, ou rassurer le matou gris. Puis, enfin, l'eau de la cénote s'éclaira, baignant la cénote de lumière comme le ferait un soleil, brillant de la lueur pâle de la lune. Les trois jeunes félins s'approchèrent de l'eau, avant de la lapper.

Margay Solaire se retrouva dans une grande plaine, sous un ciel brillant comme en plein jour dû au nombre d'étoiles. Quatre d'entre elles semblèrent bouger, alors qu'elles se rapprochèrent de lui. Le matou noir et blanc eut un mouvement de recul alors que celles-ci prirent la forme de quatre félins. Le cœur de Margay Solaire rata un battement quand il reconnut les trois guerriers étoilés. Son père, Effroi Impavide, ainsi que ses deux sœurs Griffe de Tayra et Poil de Mangouste. Il reconnut plus difficilement le dernier guerrier, ne l'ayant vu qu'il y a très longtemps, mais il finit par reconnaitre Poésie Lyrique, le père de Nuage de Tournesol, ainsi que le chat que Morsure Sinistre avait tué.

Margay Solaire fonça vers ses sœurs pour frotter sa tête contre elles en ronronnant.

"- Vous m'avez tant manqué." Murmura-t-il, avant de redresser la tête et de faire le même geste à son père, pour la première fois depuis des lunes.

"- Nous sommes là pour te donner trois vies."
Miaula Griffe de Tayra à son frère.
"- Vous… êtes tous là ?" Miaula avec hésitation Margay Solaire, alors qu'il cherchait du regard un dernier félin qu'il s'attendait à voir ici.

Les quatre félins firent une tête étrange, que le nouvel élu ne su décrypter, avant que Poésie Lyrique ne disent d'une voix basse et douce :

"- Nous parlerons de lui après, d'accord ?"

Le matou bicolore baissa les yeux, peiné, avant de hocher la tête. Il n'aurait pas pensé que l'apprenti rouquin ne lui en veuille autant d'être allé au bout de son objectif.

Effroi Impavide fut le premier à s'avancer vers Margay Solaire, couvant son fils du regard, bien que dans celui-ci on puisse y apercevoir de l'inquiétude.

"- Tu… feras un bon élu. Mais prends garde à prendre les bonnes décision, et à réfléchir avant d'agir."

Le jeune matou hocha un peu la tête, les moustaches frémissantes d'amusement. Même dans la mort, son père semblait indifférent, toujours à s'inquiéter de tout et de rien.

"- Avec cette vie, je… je te donne le courage. Puisses-tu t'en servir à bonne usage, pour sauver les tiens."

Avec hésitation, son père posa le museau sur le front de Margay Solaire. Une vague de chaleur brûlante l'envahit, alors que ses pattes semblaient être prises de décharge électriques, lui donnant envie de courir sans s'arrêter.

Alors qu'Effroi Impavide recula, Griffe de Tayra et Poil de Mangouste s'avancèrent. Griffe de Tayra semblait inchangée, toujours sûre d'elle, alors que Poil de Mangouste restait légèrement en retrait de sa sœur.

"- Avec cette vie, nous te donnons l'amour." Commença Griffe de Tayra, avant de Poil de Mangouste ne continue : "Partage cet amour tout autour de toi, comme tu l'as fait avec nous quand on était des chatons."

Sur ces mots, les deux sœurs posèrent leur truffe en même temps sur le front de Margay Solaire. Une nouvelle vague de chaleur l'envahit, mais celle-ci était plus douce, et à la fois plus intense, alors qu'elle fut suivie par une impression de froideur, accompagnée par une douleur sourde

"- Je n'avais pas besoin de cette vie pour continuer à vous aimer toute ma vie." Miaula doucement Margay Solaire, les yeux humides, et le souffle court.

Griffe de Tayra eut un petit ronronnement, alors que Poil de Mangouste lui sourit doucement.

Ce fut au tour de Poésie Lyrique de s'avancer vers le jeune matou. Margay Solaire ne sut comment réagir face au père de Nuage de Tournesol, mais celui-ci l'aida en miaulant doucement :

"- Je te remercie. Tu n'as pas cédé à la vengeance comme mon fils et mes filles. Vous avez puni les responsables avec sang froid, Onde Claire et toi."

Le matou bicolore eut un sourire ému. Cela faisait si longtemps qu'il voulait savoir si ce qu'il avait fait était bien ou mal. Il aurait préféré que ça soit un autre félin qui le lui dise, mais il était soulagé tout de même.

"- Avec cette vie, je te donne le sens de justice. Ne cède plus à la rage et à la vengeance, mais sois juste."


Alors que Poésie Lyrique le touchait de son museau, Margay Solaire serra les dents de douleur. Une vague de chaleur brûlante lui serrait le cœur, alors que ses pattes restaient glacées, comme prise dans un lac gelé. Alors que le matou haletait, épuisé après avoir reçu trois vies, Poésie Lyrique se recula, avant de dire :

"- Nuage de Tournesol n'est plus dans le Clan des Etoiles."

La panique envahit Margay Solaire, alors qu'il s'empressa de demander :

"- Mais, où est-il ? Il n'a pas pu disparaître, ni être dans la Forêt Sombre, hein ?"

Les quatre félins le regardèrent sans rien dire, un sourire incompréhensible sur leur museau.

"- Répondez moi, je vous en prie, où est-il ?"

Les félins disparurent sans rien dire de plus, laissant Margay Solaire seul, dans l'incompréhension, alors qu'il sembla tomber, tomber, jusqu'à se réveiller sur le sol de la cénote, haletant et désorienté. Il resta muet tout le chemin du retour, troublé et épuisé.

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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeLun 22 Aoû - 0:20

La Cénote aux Étoiles Edelwe17


Cœur d'Argent se rend à la cénote pour rencontrer son ange gardien.



Le grand jour était arrivé: Coeur d’Argent faisait face à la cénote, et bientôt, face à ses ancêtres. Océan de l’Albatros lui avait expliqué que l’un d’eux serait son ange gardien, un soutien et un guide pour toute sa vie et l’apprenti blanc et roux sentait une nervosité nouvelle envahir sa gorge.

Est ce qu’il allait enfin rencontrer son père? Peut-être même qu’il rencontrerait un ancien guerrier, lointain ancêtre oublié?

Plongeant son regard dans le bassin étoilé, l’apprenti soigneur déglutit encore une fois, sondant son propre reflet avec hésitation.  Cet ange gardien… Edelweiss avait besoin de quelqu’un qui sache prendre les bonnes décisions, de quelqu'un qui le comprenne, de quelqu’un qui l’écoute. Et là, il avait peur. Peur de croiser un regard dur, un regard froid. Un regard de dégoût. Et la personnalisation de cette peur n’était autre que Souffle du Désert, son premier mentor qui avait rejoint leurs ancêtres depuis peu. Le jeune mâle avait tellement peur de se confronter à lui de nouveau, et ce, pour peut-être toute sa vie, qu’il en restait figé au-dessus de l’eau claire.

Son cœur battant follement entre ses côtes à cette idée, Cœur d’Argent ferma un instant les yeux, espérant chasser ses fantômes de son esprit.

S’il vous plaît… Pas Souffle du Désert! N’importe qui, mais pas lui! Il me faut quelqu’un de sage et d’expérimenté! Un guérisseur, ça serait parfait!.... Ah… Non, en fait… Il ne comprendrait pas… pour Margay et moi.

A l’évocation du nom de Margay, le souvenir des mots du matou rejaillirent dans l’esprit du novice.

“-Si une cervelle de souris te demandait si tu voulais le prendre pour compagnon, tu répondrais quoi? Enfin je veux dire…. Une cervelle de souris comme moi? “

A la place de la nervosité, une grande chaleur s’empara du minet qui en ronronna presque tout haut, les yeux toujours clos. Il avait l’impression que son amant l’accompagnait dans ce voyage par sa pensée, et par ces mots. Rouvrant les yeux cette fois plus calme, Cœur d’Argent prit une grande inspiration, jeta un dernier coup d'œil vers Océan de l’Albatros et lappa la surface cristalline.

En un instant, le jeune matou se réveilla de l’autre côté, chez les étoiles. Pas de vent, pas de bruit. Tout semblait figé. Pourtant, de la plaine dégageait une agréable impression de vie qu’Edelweiss n’arrivait pas vraiment à qualifier. Observant avec curiosité le décor nouveau qui l’entourait, le matou entendit le ruissellement d’une eau proche. Anodine, le chant du ruisseau tranchait le silence avec légèreté, attirant l’attention du novice.

Est ce que mon ange gardien est là-bas? Franchissant aisément les ajoncs qui poussait au même endroit, l’apprenti découvrit un amoncellement de rochers gris, d'où jaillissait une source limpide. Chose étrange, au lieu de courir tout le long du territoire, l’eau formait une flaque brillante au pied du roc, sans frémir ni inonder le sol.

Un frisson parcourut l’échine du mâle bicolore. L’eau ne lui rappelait que d’affreux souvenirs qu’il préférait oublier, mais il sentait bien que ses ancêtres l'attiraient à la flaque. Après quelques secondes à hésiter, Cœur d’Argent s’approcha doucement de la surface aqueuse.

Ce n’est rien qu’une flaque… Une toute petite flaque… Se répétait-il en boucle pour se donner du courage. Le poil en bataille, l’apprenti soigneur plongea finalement ses yeux dans la flaque avec une peur non dissimulée.

Face à lui, son reflet lui rendait son regard apeuré. Il n’y avait rien d’autre que lui-même au fond de cette eau étrange. L’eau lui chatouillait les articulations et le remous qu’il avait créé n’apportaient pas plus de détails à ses yeux doucement ambré.

Quoi?... Mon ange gardien n’est pas ici? Sentant petit à petit sa peur se dissiper, Edelweiss releva un museau perdu pour observer encore une fois cette lande étoilée qui ne lui offrait aucune réponse. Un peu déçu, il laissa glisser son regard sur les herbes folles qui l’entourait.

J’ai dû me tromper… Peut-être qu’il est plus loin… Songea t il en reculant pour quitter la flaque angoissante. Mais alors qu’il était au milieu des ajoncs, une tâche coloré attira son attention. Là, dans la flaque, son reflet était toujours là. Et le fixait.

Dans un sursaut de panique, Cœur d’Argent dérapa entre les ajoncs et mordit la poussière. Est ce qu’il avait rêvé? C’était bien son propre reflet qui l’observait?

Les pattes tremblantes, son esprit lui hurlait de fuir alors qu’une froide lueur de raison lui ordonnait de s’approcher. C’était le moment… Ou alors, devenait-il fou?

-Margay… Aide moi… Murmura t il en glissant de nouveau ses pattes avant dans l’eau pour faire face à ce reflet rebel. Les yeux dans ceux de son reflet, un souvenir remonta le temps et refit surface dans sa mémoire.

“-Je regardais ce drôle de chat, au fond de l’eau… On dirait Chardon.”

“-Tu sais c’est… juste un reflet.”


Et tandis qu’Edelweiss comprenait la mesure des mots prononcés bien des lunes auparavant, il se sentit soudainement happé par l’eau et engloutir sans crier gare. L’eau de la flaque se referma sur lui, sans une ride, sans un remou.

Agitant frénétiquement les pattes, le novice se débattit pour remonter à la surface pris d’une panique incontrôlable. L’air lui manquait déjà, ravivant les souvenirs de l’accident, de la mort de son frère, de sa quasi-noyade, quelques lunes auparavant. Comment avait-il pu oublier la douleur de l’eau qui s'infiltre dans les poumons? Le froid mordant de ce liquide glacé? Les ténèbres qui s'emparent de son corps déjà raide?

Cette fois, personne ne pourrait le sauver. Cœur d’Argent devait s’en sortir seul. Il avait envie d’hurler, mais ouvrir la gueule l’aurait conduit à une mort certaine. Alors il se débattait, combattait les flots et les courants, griffait la houle et piétinait les roulis, luttant pour ne pas être entraîné loin de la froide clarté du territoire étoilée, au-dessus de sa tête.

Clan des Etoiles, aidez-moi! Supplia t il mentalement, alors qu’il se sentait irrémédiablement attiré vers le fond de l’eau, malgré ses efforts. La lumière faiblissait, devenait lointaine, jusqu’à n’être pas plus grosse qu’un soleil hivernal, arrachant au novice ces derniers espoirs de survie. Mais alors qu’il se croyait mort, il sentit ses coussinets effleurer une surface douce et mouvante.

Du sable?  Pourquoi y a t il du sable ici?

Sous lui, une nouvelle lumière éclairait son ventre et ses antérieurs. Est ce qu’il s’était tellement agité qu’il avait la tête en bas? Il ne comprenait plus rien, mais son corps remontait vers la lumière… Ou plutôt, descendait vers elle?
Et quelques secondes après, Cœur d’Argent émergea soudain de l’eau, complètement trempé, crachant et toussant tout en essayant de reprendre une goulée d’air. Il sentit le sol sous ses pattes et s’y accrocha du mieux qu’il pu avant de réaliser: Il était dans la flaque. La toute petite flaque. L’eau lui chatouillait les articulations et lui léchait à peine le ventre.

-Qu’est ce… Qu’est ce qu’il s’est passé? Tout azimuté, le novice tenta de se relever, avant de chanceler et de retomber entre les ajoncs pour vomir quelques gorgées d’eau. Essoufflé et tremblant, il glissa un œil vers la flaque brillante et calme. Son reflet avait disparu, et l’eau s’écoulait toujours joyeusement de son roc.

Je… Je dois rentrer! Coassa le jeune mâle, la voix brisée par toute l’eau qu’il avait bu et recrachée. Mais son corps était épuisé par son acharnement à remonter à la surface. Dans un état pitoyable, le novice se redressa, trop effrayé pour céder à la fatigue et fit quelques pas avant de s'arrêter net.

Son reflet l’observait encore…. hors de la flaque.

-Toi….

-Salut p’tit frère! Le salua le matou blanc et roux en s’approchant de lui sans hésiter. T’as l’air d’avoir pris un sacré bain!

Gueule bée, Edelweiss contempla le nouveau venu complètement abasourdi.

-...Chardon?...

-Qui d'autres? Je suis content que tu viennes me rendre visite! La plupart des vieux ne sont pas franchement drôles ici! Ronronna l’ancien crépusculien en se pressant contre son frère.

-.. Je… Je… Nuage Epineux, tu m’a tellement manqué! Explosa t il soudain lorsqu’enfin, son cœur et son esprit acceptaient ce qu’il se passait. Edelweiss avait retrouvé son frère, par delà la mort.

-Je t’arrête tout de suite, maintenant c’est Chardon Épineux! Et ouais! Ça claque, hein? C’est Etoile du Soleil qui m’a baptisé comme ça!

Cœur d’Argent glissa son front contre celui de son frère, couvert de poussière d’étoiles.
-Oui, ça claque… C’est un beau nom! J’aurais voulu… enfin… J’aurais voulu que tu vives plus longtemps pour le porter…

Chardon passa un coup de langue sur le front de son frère et reprit plus doucement: -J’ai fait ce que j’avais à faire, je ne le regrette pas.

-Donc, si je comprends bien… C’est toi, mon ange gardien?

Chardon Épineux acquiesça, un sourire fier au museau et bombant le poitrail.

-Comme tu le vois, j’ai quand même des responsabilités digne d’un grand guerrier!

Edelweiss pouffa: -Oui, je vois ça! Oh, j’ai tellement de choses à te raconter! Commença le matou bicolore avec un regain d’énergie. Je vis dans la tribu du Zénith maintenant, et je suis apprenti soigneur! C’est un peu comme apprenti guérisseur, sauf qu’on peut faire plus de choses comme tout le monde! C’est pas génial? Océan de l’Albatros m’enseigne différentes façon de soigner les autres, et de trouver des plantes. Il est un peu ronchon parfois, mais il est beaucoup mieux que Souffle du Désert! Tu te souviens d’Océan de l’Albatros? On l’a rencontré à une assemblée! Aussi… Je vis avec Margay Solaire! Tu te souviens de lui? Je crois bien que je suis amoureux de lui! J’aurais aimé qu’il puisse m’accompagner à la cénote, mais bon… On ne se quitte presque plus, je pense qu’il m’aime vraiment, t’en penses quoi? Et puis, tu sais, on a plein de projet ensemble, on va-

-Je sais… Ta nouvelle vie semble te plaire… Commença le guerrier étoilé en coupant la parole au novice. Le regard de Chardon Épineux s’était obscurci au fil du récit. Qu’il allait être difficile d’annoncer la nouvelle à Edelweiss…

-Mais prend garde, Edelweiss, à ne pas trop t’y attacher.

-Quoi? Comment ça? Ouvrant de grands yeux surpris, Cœur d’Argent agita ses moustaches d’incompréhension. Pourquoi ne devrait-il pas s’attacher? Il était enfin heureux! Enfin lui même! Bien sûr qu’il s’attachait! Margay Solaire était le matou de sa vie, son entraînement lui plaisait enfin, il se sentait utile et à sa place! Il ne s’était jamais senti aussi bien de toute sa vie, pas même dans la Pouponnière du camp du Crépuscule!

-Qu’est ce que tu veux dire, Chardon?

-Seulement la vérité. Petit frère, ta place n’est pas dans la tribu du Zénith. Ta place est dans le clan du Crépuscule, notre clan natal. Rentre chez nous.

Toute la joie de Coeur d’Argent chuta instantanément alors que son frère lui demandait de retourner dans leur clan d’origine, le laissant sans voix.

-Mais… Ma place est au Zénith! Auprès de Margay Solaire! On a… On a même prévu d’avoir des chatons!

-Edelweiss! Ce n’est pas une demande. C’est un ordre. C’est là qu’est ta place.


-Je… Je ne te crois pas! Tu mens! Cracha le novice en perdant les pédales. C’est faux, c’est complètement faux! Ma place est au Zénith, ils ont besoin de moi! Margay a besoin de moi! Tu.. dis juste ça parce que tu es jaloux! Parce que tu n’as pas vécu le grand amour, alors tu voudrais que j’en sois privé aussi?! Je.. Je ne suis pas responsable de ton accident! L’annonce de son frère ravageait les espoirs et les rêves du matou bicolore, le mettant dans un état de déni et de refus qu’il ne se connaissait pas et brisant les dernières barrières du cœur du novice. Edelweiss ne contrôlait plus rien, et surtout pas ce qu’il disait.

-Cœur d'Argent! Cette fois, Chardon Épineux avait grondé le nom de son frère pour le ramener sur terre. C’est là ton destin! J’ai sacrifié ma vie pour sauver la tienne, désormais, sacrifie la tienne pour en sauver des dizaines d’autres! Deviens le guérisseur du clan du Crépuscule, c’est là qu’est ta place!

L'écho de la voix de Chardon résonnait encore dans la lande que déjà, sa silhouette se dissipait. Alors que tant de mots, tant de questions restaient encore à poser, Chardon Épineux disparut en un souffle et Cœur d’Argent ouvrit deux yeux doucement ambrés sur une cénote étoilée. Deux yeux profondément tristes et lourds de larmes qui refusaient de couler.



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MessageSujet: Re: La Cénote aux Étoiles La Cénote aux Étoiles Icon_minitimeMer 14 Sep - 14:36

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La Cénote aux Étoiles Erupti12

Juste un dernier souvenir...


La fine couche de cendre immaculée qui était tombée la veille lui brûlait les coussinets à chaque pas que Souvenir Immaculé faisait sur son chemin menant à son destin. La rage lui incendiait les pattes, embrasait ses muscles et lui donnait l'énergie nécessaire pour avancer, seule, comme elle l'avait voulu. Pourtant, chaque pas lui coûtait, l'éloignant de la détermination qui l’avait animée quand elle s’était adressée à son Clan, la résignant à accepter ce qu’on lui avait offert, l'obligeant à prendre les devants et reprendre son Clan en patte. Étoile du Golem ne reviendrait pas. Et, ce, malgré l’absence de son corps. Elle ne le retrouverait jamais, Brume de Cendre l’avait vu sombrer dans les ténèbres du torrent au cours d'une seule bataille, celle qui avait explosé sans crier gare un jour dans le camp, transformant son Clan dans les flammes et le sang d’une guerre injustifiée. Trop de chats avaient péri, trop de sang avait coulé. Dont sa sœur, dont son frère... dont l’acteur le plus important. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il avait tout de même neuf vies, il ne pouvait pas la laisser comme ça ! Mais il était nécessaire d’accepter le décès de son chef, de son rival, de son meilleur ami. Etoile du Golem était mort, et le Clan avait besoin de se redresser. Camp détruit et blessée, Souvenir Immaculé n’avait guère eu le temps de partir immédiatement à la Cénote. Comme un coup de malédiction lancé par leurs ancêtres, un incendie s’était déclaré au même moment alors que ses camarades pleuraient leurs camarades et reconstruisirent péniblement leur camp. L'odeur âcre du brûlé embaumait tout le territoire, les arbres le long de la frontière Aubiste étaient noirs et tanguaient dangereusement d'un côté, prêts à s'écrouler sous leur propre poids mort. A ce moment, Souvenir Immaculé s'était fait violence : le Clan avait besoin d'un chef, et si Golem décidait de mourir au pire moment, ce serait sa lieutenante qui prendrait le relais. Les dangers n'étaient jamais écartés, l'avenir brumeux était toujours devant eux et le Clan de la Nuit espérait une nouvelle étincelle qui les guidera à travers ce brouillard. Flocon n'était pas certaine de faire une bonne meneuse. Golem l'avait choisie par leur relation et par leurs valeurs communes, qui déplaisait fortement aux autres. Sa nomination de lieutenant avait fait des vagues : les remarques de ses camarades ne lui avaient pas échappé, tandis que les reproches d'Essor du Faucon résonnaient encore dans ses tympans. Évidemment, rien de tout cela n'avait mis Souvenir Immaculé à terre, bien au contraire, elle était prête à prouver à toutes ces cervelles de souris qu'elle allait devenir ce que tous redoutaient. En effet, elle souhaitait continuer ce que son ami avait commencé. Différemment, certes, ces actions ayant entraîné des batailles pour avoir plus de territoires, Flocon rectifiera des erreurs du passé tout en maintenant des réformes qu'elle appréciait. Si elle avait bien appris quelque chose, c’était que personne ne pouvait avoir ce qu’il souhaitait sans sacrifice. Et ce désir premier pour elle était de maintenir les fondations d'Étoile du Golem. Le sacrifice serait son image mise en péril par les siens et ceux de ses ancêtres. Ces derniers n’allaient pas être tendres avec elle, elle le savait. Allait-elle même recevoir la moindre vie ? Après tout, elle n’a pas été irréprochable ; dupant à multiples reprises son Clan, le désertant complètement pour rejoindre la Tribu du Zénith avant d’être la responsable de la mort de Soufre Nocif. A cette pensée, Souvenir Immaculé planta ses griffes dans la fine couche neigeuse. Elle devait s’attendre à le revoir, elle devait s’attendre à revoir son regard ardent, risquant de la foudroyer sur place. Allait-il se positionner face à elle pour lui transmettre une vie ? Allait-il simplement continuer ses éternelles réprimandes ? Ou seulement la laisser seule face à son destin ? Aucune de ces situations ne lui convenaient. Car il devrait être vivant. Nuage d’Ambre le lui en voulait déjà assez comme cela, malgré les explications de la lieutenante. Il était évident qu’elle réagisse ainsi. Un nuage s’échappa de sa gueule. Si elle avait su. Elle aurait agi autrement avec elle, tout aurait été différent. Sa vie n’était qu’une succession d’erreurs et de mauvais choix. Elle espérait simplement que celui qu’elle avait pris en arpentant le chemin menant jusqu’à la Cénote était le bon. Tout comme elle espérait qu’il y ait quelqu’un pour l’accueillir, là-haut.
Soulagée d’entrer dans la petite cavité qui conduisait jusqu’à la Cénote, enfin protégée du vent glacial que son pelage peu épais ne pouvait amortir, Souvenir Immaculé laissa ses yeux s’habituer lentement à l’obscurité, prudente. C’était bien la première fois qu’elle venait par ici, alors, elle prit son temps pour parvenir jusqu’à la Cénote. Et quelle surprise fusse t-elle pour la lieutenante de découvrir une petite cuvette d’eau d’un bleu aussi turquoise que ses prunelles, illuminée par le clair de lune, passant par une faible ouverture. Soufflée, Souvenir Immaculé observa le spectacle qui se présentait sous ses yeux, comme hypnotisée. Les nuances de bleu se mélangeaient dans le calme nocturne autour d’elle. Ce lieu était si magique car cela lui ôta toutes ses angoisses et sa rage, ne laissant qu’un apaisement bénéfique pour débuter une nouvelle vie. C’était comme si elle était déjà entrée dans le Clan des Etoiles. Alors, pour concrétiser cette expérience, au rythme des indications de Nuit d’Obscurité qui résonnaient encore dans son crâne, elle s’approcha de l’eau et y plongea sa langue pour laper cette eau froide, si glaciale qui la prit aux tripes. Étonnée, elle tressaillit en se reculant subitement avant de s’effondrer presque aussitôt, prête à rêver de leurs ancêtres.

***

« But queens are free to go wherever they like. »

Des voix mélangées et embrouillées l’éveillèrent peu à peu. Souvenir Immaculé releva le museau, la tête lourde, les yeux mi-clos, cherchant à travers une épaisse brume d’où elles venaient. Un flou artistique s’étendait tout autour d’elle, si bien qu’elle ne distinguait pas ce qu’il passait à des queues de renard au-delà. Les membres pensants, la lieutenante lutta pour ne pas vaciller une fois debout. Elle regarda autour d'elle, plissant les paupières, espérant trouver quelque chose à laquelle se raccrocher. Ses pensées se mirent à fonctionner à nouveau. Où était le Clan des Etoiles ? Elle se sentait perdue, se demandant ce qu’elle devait faire ou dire. Nuit d’Obscurité ne lui avait pas parlé d’un tel moment. Était-ce un test ? Elle savait bien que leurs ancêtres n’étaient pas enchantés de la voir, mais l’étaient-ils au point de la laisser seule dans ce brouillard ? Au loin, les voix brouillées semblaient hors d’atteinte. Pourtant... une certaine tonalité lui paraissait si familière que des fourmillements la parcoururent. Des souvenirs et des images la saisirent sur place alors que la propriétaire de la voix se matérialisa dans son esprit. Et le fait de l’entendre si loin et si près en même temps lui apparut comme une offense. Hors de question de passer plus de temps à être prise pour une débile, Souvenir Immaculé serra les crocs et avança tout droit, en direction de cette personne, qui l’attendait sûrement, prête à lui donner sa première vie. Elle accéléra, le souffle de plus en plus court, les pattes de plus en plus légères à mesure qu’elle traversait l’épais brouillard. J’arrive, j’arrive... Attends-moi, Hirondelle !
Elle s’en souvenait comme si c’était hier. Son corps mince et élégant étendu dans le camp, les regards choqués, les murmures attristés, les larmes de ses frères et sœurs, la rage de Petit Flocon. Cette rage, destinée à l’assassin de sa mère, d’abord de vils renards avant de connaître, cette horripilante vérité. Celle qui... celle qui commençait à s’offrir sous ses yeux écarquillés de stupeur :
“Où vas-tu comme ça ? Comment ça, « on devrait rentrer » ? Tu ne comptes pas mettre ce renard hors d'état de nuire ? Quelle piètre lieutenante que nous avons. Enfin, ce n'est pas incroyable, née de sang différent, éloignée de nos coutumes, mère et lieutenante à temps partiel : le Clan du Crépuscule a connu mieux. ”
Souvenir Immaculé s’immobilisa immédiatement, spectatrice d’une scène qui se déroulait juste sous ses yeux. Sa mère, Odyssée de l’Hirondelle, se tenait devant à une chatte crème et blanche aux yeux noisettes. Face à face, les deux chattes semblèrent s’affronter du regard, se renvoyant des réponses acérées. Hirondelle avait le pelage hérissé, le ventre légèrement gonflé, marquant une mise bas précoce alors que l’autre chatte était parfaitement calme, presque menaçante. La tension régnait autour d’elle, rendant l’atmosphère écrasante. Souvenir Immaculé sentit ses poils se dresser sur son échine. Majesté Vénéneuse. C’était bel et bien elle, devant Odyssée de l’Hirondelle, celle qui l’avait froidement tuée, celle dont le corps n’avait encore jamais été retrouvé, celle dont les rumeurs miaulaient tout et n’importe quoi. Pourtant Flocon le savait, elle était forcément vivante, elle ne voyait pas comment c’était possible autrement. Alors même si ce n’était pas réellement l’ancienne lieutenante, Souvenir Immaculé avait envie de l’étriper, de lui trancher la gorge et de lui faire subir tout ce que ses victimes avaient subi. Qu’elle comprenne ce que c’était de souffrir. Pourtant, son corps refusait d’esquisser le moindre mouvement. Ses griffes plongèrent dans la terre alors que sa mère se défendit, et l’angoisse la prit aux tripes alors qu’elle écouta la suite :
“Une bonne lieutenante et future cheffe ne fonce pas tête baissée sans réfléchir, je dois m'entretenir avec Etoile du Matin avant de... elle s’interrompit, humant l’air avant de reculer, horrifiée, Tu sens le renard ! Comment ça se fait ? Tu ne l'as même pas combattu, tu ne sens même pas le sang... Ah ! Tu empestes, je ne reconnais même pas ton odeur !”
Le renard... cela tilta dans son esprit et un frisson d’horreur secoua son corps. Elle ouvrit la gueule, hurlant :
- ATTENTION HIRONDELLE ! C’est elle, le renard !
Mais son cri fut vain, retombant dans un vide sourd, vite remplacé par un léger ricanement venant de Majesté Vénéneuse. La voyant s’approcher dangereusement de sa mère, Souvenir Immaculé rugissa de rage, forçant à son corps de bouger. Pourquoi le Clan des Étoiles était aussi cruel et lui faisait vivre cette scène sans qu’elle ne puisse faire un seul pas pour arrêter ce futur massacre ?  
- Par pitié, laissez-moi partir ! hurla Souvenir Immaculé, incapable de demeurer en place. J’ai compris que vous ne vouliez pas de moi, je...! Laissez-moi reprendre conscience et retourner à mon Clan sans vos putains de vies, je m’en contrefous !
Elle s’interrompit au cri de l’ancienne lieutenante Crépusculienne :
“Récupérer ce qui m’appartiens !”
- NOOOON ! s’époumona Flocon de toute son âme, incapable de lâcher les yeux de la scène, la voyant se jeter sur sa mère. COEUR DE RENARDE ! LAISSE-LA !
Elle ne savait plus ce qui était le vrai du faux. La douleur l’empêchait de faire la part des choses. Comment être sûr que ce n’était pas la réalité ? Comment être sûre que cette scène n'était qu'une réminiscence du passé ? Elle n’avait jamais vu ce moment auparavant, elle ne connaissait rien du meurtre de sa mère, elle ne mesurait pas la cruauté des Etoiles ni même son pouvoir. Étaient-ils capables de la rendre spectatrice impuissante d’un tel moment ? Sous ses yeux larmoyants, Souvenir Immaculé vit la chatte crème plaquer avec fermeté Odyssée de l’Hirondelle au sol en crachant, le ton déformé par une folie naissante :
“ Ce sont tes derniers moments de vie, tu ne rentreras plus jamais au camp, tu ne reverras plus jamais tes proches et tes chatons, tu n'aperceveras jamais l'ombre de tes neuf vies. Tu ne seras plus rien car tu n'as jamais été quelqu'un, ici. »
Flocon hurla une nouvelle fois, l’esprit transpirant de colère et de chagrin. Le sentiment de manque, qui l’avait habité depuis le jour où elle l’avait vue sans vie dans le camp, s’emplifia avec cruauté. Sa tête lui brûlait, ses poumons pulsaient, son cœur menaçait de céder sous sa propre angoisse. Sa mère dégagea sa meurtrière et les deux chattes partirent dans une valse sanglante, s’échangeant les coups avec virulence et sans aucune pitié. L’éternelle haine qu’elles se vouaient l’une à l’autre était perceptibles en cette danse, suant d’une volonté de gagner ce combat. Car le gagner signifierait continuer de vivre. C’était vital, et pour la première fois, Souvenir Immaculé vit sa mère se défendre avec la même technique que sa fille et une certaine fierté s’empara d’elle. Vive et précise, elle savait où frapper et se faufiler pour éviter les coups. Tandis que Majesté Vénéneuse utilisait l’art martial durement enseigné, enchaînant les parades complexes et efficaces, sans aucune erreur. Des jets de sang glacèrent celui de la lieutenante Nuiteuse, incapable de distinguer duquel il s’agissait. Le combat semblait éternel, il était violent et aucune des deux ne cédèrent pendant un moment. Les deux forces étaient égales, aucune ne voulait laisser l’autre gagner. Soudain, à force de persévérance, à mesure de tirer sur ses muscles pour se dégager sur cette force invisible qui la maintenait, Souvenir Immaculé parvint à galoper à toute patte vers le combat enragé qui se tenait devant elle, qui paraissait aussi loin que proche, si facile à arrêter et en même temps si difficile de changer le passé. Mais elle s’empressa de s’en approcher de plus en plus... si bien que...
Un violent coup l’envoya valser au sol. Elle vit trouble, hoquetant sur le sol, tentant de se relever, choquée par cette attaque qui venait de nul part. Cherchant le ou la propriétaire de cet affront, Souvenir Immaculé rencontra ses prunelles d’acier et instantanément cela rajouta de l’huile dans ses veines déjà bien enflammées.
“Splendeur du Glacier, siffla-t-elle, hors d’elle. Je peux savoir pourquoi tu m’as fait ça ?!
- Je devais t’arrêter, rétorqua-t-il avec son calme éternel. Ce n’est pas la direction que tu dois prendre.
- Tu te fous de moi là ?! hoqueta-t-elle tellement surprise que son feulement se déforma dans sa gorge. Regarde plutôt ce qu’il se passe derrière toi !
- Je sais, fit-il simplement sans plus d’explication.
Souvenir Immaculé colla son museau à celui de son guide, les yeux écarquillés étincelants de colère. Comment pouvait-il faire son mystérieux dans un tel moment ? Elle cracha :
- Quoi "je sais" ?! Laisse-moi passer, bon sang ! Tu es aveugle ou quoi, Majesté Vénéneuse ! DERRIÈRE TOI ! Elle est pour nous, à notre merci, on peut faire ce que nous avons toujours voulu ! NOTRE VENGEANCE !
Sans plus discuter, elle le renversa et fila droit vers les deux chattes qui continuaient à se battre. Son cœur se serra avec douleur lorsqu’elle vit sa mère haleter de plus en plus, les blessures plus importantes chez elle que pour son adversaire. Son guide déglutit, visiblement tenté puis durcit son regard acier avec hargne. Il revint à la charge, lui bloquant le passage :
- Je sais ce que tu ressens, moi aussi j’aimerai, mais tu dois résister ! gronda t-il, la repoussant en arrière.
- RÉSISTER ?! Mais je dois aider ma mère ! hurla Souvenir Immaculé. DÉGAGE !
Elle voulut le contourner mais Splendeur du Glacier la rattrapa et la cloua au sol, la maintenant avec fermeté en crachant sans aucune douceur :
- Elle est morte ! Tu m’entends, Flocon ?!
Souvenir Immaculé sentit ses larmes brouiller sa vision, si bien qu’elle ne voyait plus Splendeur du Glacier. Elle serra les crocs, refusant d’entendre ses paroles :
- Elle n’est pas derrière moi. Tu ne dois pas aller là-bas ! Tu  ne dois pas t’y rendre, c’est dangereux, ce n’est plus les terres du Clan des Etoiles ! C’est pas nous... c’est ...! EH ! ARRETE !"
Incapable d’en entendre plus, elle se tortilla avec brutalité avant de lui flanquer un coup de crâne dans le sien. Sa mère avait besoin d’aide, elle ne devait pas mourir une seconde fois. Elle avait l’intime conviction qu’elle pouvait encore changer le cours de l’histoire. Que tout n’était pas qu’une illusion, elle le sentait. Splendeur du Glacier, étourdi, relâcha de quelque peu sa prise et Souvenir Immaculé en profita pour s’en dégager en feulant de rage. Elle reprit sa course avec le peu de force dont elle disposait. Elle courut le plus vite possible, sans se rendre compte de ce qu’elle faisait vraiment. Dans un ultime saut, elle s’interposa entre les deux chattes, ignorant les hurlements de son guide défunt. Face à son ennemie, elle protégea sa mère, qui haleta, les membres tremblants. Se retournant vers Hirondelle, dans l’espoir de croiser son regard émeraude qui l’avait tant apaisée, petite, elle découvrit avec horreur la silhouette de sa mère se troubler avant de s’évanouir dans le brouillard sombre qui les entourait. Nulle étoile, nulle forêt, juste une plaine sombre brumeuse ornait ce territoire perdu et enclavé entre deux mondes :
“Je te retrouve enfin, sombre connasse, siffla Souvenir Immaculé, le souffle court. Je vais te faire la peau pour tout ce que t’as fait jusqu’à maintenant. Tu as détruit des vies, des fratries, des familles, des souvenirs, des joies... je vais te faire regretter tes crimes. Je vais te faire ravaler toutes tes merdes que t’as faites !
Majesté Vénéneuse sourit d’un immense rictus horrifiant et s’approcha de la lieutenante d’un pas lent. Flocon ne recula pas, tout comme sa mère avait fait, son corps était droit et fier, ses yeux turquoises brillaient d’un éclat déterminé. Elle était arrivée au bout de sa quête, c’était ici que tout allait se jouer :
- Ah, tu t’es montrée, je savais que tu tomberais dans le piège. Tu n’es pas plus futée que ta chère et tendre mère... quel dommage que tu subisses le même sort."
Souvenir Immaculé feula aussitôt :
" Va te faire foutre, je t’interdis de parler d’elle ! J’imagine que tu es déjà morte et enterrée, hein ?! Mais ça ne m’arrêtera pas, je vais te faire disparaître d’ici ! Jusqu’à que tu ne sois qu’un mauvais souvenir !"
Mais elle n’eut pas le temps d’attaquer qu’elle vit presque au ralenti Majesté Vénéneuse se jeter sur elle. Une ombre obscurcit la vue que Souvenir Immaculé avait, qui arriva à toute allure sans qu’elle puisse esquisser le moindre mouvement. Devant ses yeux écarquillés de stupeur, sa poitrine se crispa subitement alors qu’elle reconnut qui s’était interposé au dernier moment. Oubliant presque son ennemie, Souvenir Immaculé ne put détacher ses yeux de son corps retomba lourdement sur le sol brumeux, sans aucun bruit. Elle se précipita à son côté, son cœur palpitant à tout rompre. Une plaie béante barrait sa gorge :
“Non... non, non ! s'exclama-t-elle, tentant de secouer son épaule, en désespoir de cause.
Un éclat d’un long rire fou résonna près de son oreilles :
- Si j’avais imaginé ça ! Merci du spectacle, Splendeur du Glacier. Grâce à toi, tout n’aurait pas pu mieux se passer, je n’ai jamais rêvé mieux que de telles retrouvailles en te faisant repartir à nouveau. Tu me surprendras toujours. Bon voyage, dans les ténèbres de l’oubli...
Révulsée, horrifiée, elle comprit avec effroi qu’il venait de la sauver alors qu’elle vit son corps beige et blanc devenir peu à peu transparent alors que ses pattes qui maintenaient l’hémoragie de Splendeur du Glacier retomber dans l’herbe.
Une rage noire s’empara d’elle, devenant incontrôlable :
- A TON TOUR !" hurla-t-elle, se jetant sur elle.
Avant qu’elle puisse atterrir sur elle, autour d’elle, tout vola en éclat. Venin disparu dans ce décor redevenu fumée. Flocon hurla mais le rire de la vieille folle couvra son cri et continuait à résonner autour d’elle, d’envahir ses tympans, la prendre à la gorge, lui donnant la nausée. Elle perdit patte et se sentit basculer dans le vide emplit de ténèbres en dessous d’elle. Elle agita inutilement des pattes et s’enfonça dedans, impuissante face à sa chute lente et interminable. Puis, une souffrance vive immense.
Son hurlement de douleur lui fit ouvrir grand les yeux. Tétanisée, elle ne comprit pas tout de suite où elle se trouvait ni même ce qu’il se passait. Cependant, sa vision était braquée sur l’horrible spectre de sa vision, qui se tenait juste au-dessus d’elle. Majesté Vénéneuse, en chaire et en os, le visage plus âgé et courroucé de cicatrices, la maintenait d’une patte posée sur son poitrail, laissant ses griffes pénétrer sa chaire avec délectation sous les murmures essoufflés et douloureux de Souvenir Immaculé. L’ancienne lieutenante crème et blanche observa celle qui aurait dû devenir la nouvelle meneuse du Clan de la Nuit se vider de son sang de sa large blessure sous sa gorge. Sous son regard froid et sombre, où l’étincelle de folie y dansait bel et bien, Souvenir Immaculé tenta de cracher, de se défendre, mais qu’une gerbe de sang ne sortit de sa gueule. Elle resta immobilisée, sentant avec horreur ses forces l’abandonner. Non... elle ne pouvait pas partir ainsi, subir ce que sa mère et Petite Apesanteur avaient subi, se faire prendre elle aussi dans cette terrible malédiction. Elle commençait lentement à voir flou, mais son ouïe parvint à entendre ces mots :
“Tu vois, ma petite, laquelle de nous deux sera le mauvais souvenir ?”
Elle écarquilla les yeux, les larmes de rage couler de ses prunelles sans qu’elle ne puisse les arrêter. C’était la fin, alors ? Non ! Jamais ! Elle devait se battre ! Où était Splendeur du Glacier ?! Etait-il vraiment... mort  ? Pourquoi était-il venu l’aider ?! Pourquoi mettre sa propre vie en danger pour elle ?! Même mourante, son esprit était vif et explosif, imaginant toutes les possibilités pour attenter sur Venin, sans une seule fois penser à sa propre situation. Elle était seule contre une meurtrière, blessée mortellement à la gorge, dans la Cénote, esseulées de toute frontière ou potentielle patrouille qui pourrait l’entendre hurler à la mort :
“... Ma...
Majesté Vénéneuse dressa les oreilles, attentive :
- Majesté...Véné..neuse... haleta Flocon, le regard assassin, je vais... te tuer...
L’ancienne Clanique éclata du même rire que dans son rêve avant de gronder d’un air mi sérieux mi amusé :
- Tu es bien amusante. Mais je suis au regret de t’annoncer que tu es mal placée pour dire ça. Adieu, Petit Flocon."
Elle sentit qu’elle se fit attraper par la peau du cou, et sans hésiter, la lieutenante se sentit basculer sur le côté. Cela ne pouvait se finir ainsi ! Elle plongea dans l’eau glacée de la Cénote et son corps se crispa instantanément, créant une brutale hypothermie. Alors qu’elle perdait progressivement connaissance, l’empêchant de paniquer à la recherche d’une source d’oxygène, son esprit se détendit peu à peu. Elle pensa à Envolée Florale, qui serait sûrement inquiète de ne plus la voir revenir de la Cénote. Elle pensa également à Essor du Faucon et malgré la rancœur qu’elle ressentait à son égard, elle espérait que quelque part, il était fière de sa sœur, et qu'il accueillerait sans trop de haine, là-haut. Elle songea aussi évidemment à Nuit d’Obscurité, sa cousine et meilleure amie, espérant qu’elle se montrerait suffisamment forte pour passer cette épreuve. Elle la savait courageuse, elle n’en douterait pas. Il le fallait pour les chatons qu’elle portait, même si elle était sincèrement désolée de lui faire subir ça peu après la mort de son compagnon. Elle s’imaginait bien que Nuage d’Ambre serait sûrement ravie que justice soit faite. Tandis qu’elle était déçue de ne pas avoir vu la surprise que Brume de Cendre aurait eue quand Souvenir Immaculé lui aurait annoncé qu’il serait le prochain lieutenant. Elle laissa son esprit vagabonder jusqu’à Margay Solaire, loin dans les terres du Zénith, sachant pertinemment qu’il lui en voudrait de l’abandonner une seconde fois. A son Clan entier qui ne la verra pas revenir, certains se diront sûrement qu’elle a déserté encore une fois et ne serait pas surpris, d’autres sûrement soulagés. Mais elle s’en fichait, ce que les autres pensaient, comme toujours.
La dernière chose qu’elle vit, ce fut la surface de l’eau, éclairée par la lumière de la lune, qui éclairait son corps sombrant au fond des ténèbres du bassin étoilé.

***

Suivant des yeux le corps s’enfonçant de plus en plus au fond des profondeurs de la Cénote, Cobra s’assura que son corps ne remontait pas. L’eau du bassin se teinta progressivement dans une palette de couleur écarlate, reflétant sous la lueur lunaire. Cette vision était tout aussi spectaculaire que hypnotisante. Cobra attendit patiemment que son corps ait complètement disparu avant de se laver les pattes dans l’eau glacée et bénite de la Cénote et de se détourner de son lieu de crime sans jeter le moindre regard en arrière, les yeux fixés sur la suite de ses plans. Le Clan de la Nuit était seul, désormais, désarmé, il ne lui fallait qu’un étau fermement refermé sur lui-même. Puis, ce ne serait qu’une question de temps avant que les Nuiteux ne craquent. Elle avait déjà tout prévu, tout déjà planifié et tout allait se passer exactement elle l’avait imaginé. Aucune faille ne devait briser ses plans, aucun imprévu ne devait avoir lieu. Elle n'hésitera pas à sortir les griffes pour faire taire des voix ou montrer les crocs pour unir les acclamations à son image. La mort de Souvenir Immaculé n’était que la première étape de son projet. Projet qui devenait de plus en plus concret, de plus en plus dangereux, qui attendait les Nuiteux de patte ferme. Cobra sortit de la Cénote, avançant vers son nouveau destin, un sourire dessiné sur ses lèvres sanglantes, marchant vers l’horizon nocturne, sombre et ténébreux, qui l’attendait, droit devant elle.


La Cénote aux Étoiles Venin-10

(Bon, voilà, c'est la fin pour ma Flocon :') j'ai vraiment kiffé la jouer,c'est difficile de m'en séparer mais ce sacrifice est évidemment logique pour ce qui va suivre... Wink donc merci à Epsy de m'avoir donné cette opportunité unique d'avoir mis sur pattes ce projet qui n'était pas censé exister xD J'espère que ce texte un peu bof vous plaira (a) bonne lectuuure (si vous avez la foi mdrr) !)

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