Plaine liant le reste du territoire au Creux des Collines, située du côté de la rivière appartenant en amont au Clan de la Nuit et en aval au Clan du Crépuscule, zone de conflits.

Appartenance :
• Janvier 2022 à mars 2024 - Aube ;
• Mars à août 2024 - Crépuscule ;
• Août 2024 à ... - Aube.

Margay Solaire était parti à l'aube, seul, pour chasser en solitaire. L'air était encore frais, et de la rosée perlait sur les brins d'herbe. Tout ce que le matou appréciait. Le cœur léger, il s'approcha de la prairie chatoyante pour y chasser. Sentant une souris, il se tapit et s'approcha d'elle à pas léger. Mais soudain, un coup de tonnerre retentit, faisant fuir le rongeur.

"- Cervelle de souris, avoir peur d'un coup de tonnerre." Gronda le matou en se redressant, et en continuant sa recherche d'une nouvelle proie.

Bien vite, il vit la frontière aubiste. S'apprêtant à faire demi-tour, une odeur âcre lui fit dresser les poils. Cet endroit puait le chien. Margay Solaire se dit qu'il allait le signaler aux autres de sa tribu, quand un grondement sourd retentit. Ce n'était pas encore un coup de tonnerre. Se tournant, il fit face à un énorme chien, les babines retroussées sur des énormes dents, qui aboya en courant vers lui. Le matou noir et blanc se mit à courir, paniqué, le molosse sur ses talons. Il entendit un bipède, au loin, essayant de rappeler son animal.

Margay Solaire franchit la frontière sans même s'en rendre compte, cherchant un arbre dans ces immensités plates. Il sentait le souffle moite du chien sur sa queue alors que ce dernier se rapprochait petit à petit du félin. Du coin de l'oeil, le matou noir et blanc vit un terrier de lapin. Sentant que c'était son unique chance, il bifurqua d'un coup vers le trou béant, et y plongea, alors que la mâchoire du chien claqua dans le vide. Haletant, Margay Solaire ne pouvait qu'observer le molosse creuser la terre, la retourner petit à petit à la recherche du matou. Sa queue toucha la fond du terrier à force de reculer. Il était pris au piège.

"- Je refuse de mourir comme un lapin." Gronda Margay Solaire à lui-même, alors qui se jeta en avant pour griffer la truffe du chien de toutes ses forces.

Le molosse jappa de douleur, alors qu'il se mit à creuser plus furieusement, et que le matou noir et blanc le griffait de plus en plus, jusqu'au moment où le chien réussit à attraper sa patte, le tirant hors du terrier.

Margay Solaire feula, alors qu'il griffa l'œil du chien. Cela n'eut que l'effet de le rendre encore plus enragé, alors qu'il cherchait à mordre le matou, qui se débattait et le griffer dès qu'il s'approchait trop. Le chien avait posé sa patte sur son poitrail, l'empêchant de fuir et lui coupant la respiration. Des fourmis noires vinrent couper la vision du matou, alors qu'il sentait ses forces lui quitter, et qu'il suffoquait.

Alors que Margay Solaire pensait qu'il était perdu, un feulement d'un autre félin lui redonna un soupçon d'espoir. Le chien se tourna vers l'autre, cherchant à l'attraper. Le tribal fut ainsi libérer, et se releva d'un bond pour apercevoir son sauveur. Il s'agissait de son frère.

"- Griffe d'Eyra !" Souffla Margay Solaire, hébété que de tous les chats de ce territoire, ce soit son frère qui vienne le sauver.

L'élu se jeta alors sur le molosse, travaillant en paire avec son frère pour déstabiliser l'énorme chien, et le pousser à fuir. L'espace d'un instant, le matou noir et blanc se mit même à penser qu'ensemble, ils gagneraient ce combat, comme cela aurait dû toujours être. Deux frères travaillant côte à côte. Ils combattaient en symbiose, comme il y a longtemps, dans cette pouponnière. C'était comme si toutes ces lunes de tensions et de séparation n'avaient jamais existées. Mais cette pensée dura un instant de trop. Quelques instants qui auraient pu être utilisés à esquiver les crocs du chien, qui se refermèrent violemment autour de sa nuque. Fou de rage d'être mené par le museau par deux animaux plus petits et plus faibles, le chien jeta le corps du félin noir et blanc en l'air, alors que sa blessure à la nuque laissait échapper du sang.

Margay Solaire ne sentit qu'une violente douleur, accompagné d'un choc alors qu'il tombait sur le sol, puis ce fut le noir complet.


Il se réveilla dans une plaine immense, plongée dans la nuit. Malgré le manque de soleil, la plaine était éclairée comme en plein jour par la lumière des étoiles. Margay Solaire se releva, et vit Effroi Impavide, le regardant. Les deux matous se regardèrent un instant, comme deux reflets d'un seul et même chat. Puis, le plus jeune brisa le silence, en murmurant :

"- J'ai perdu une vie, c'est ça ?"

Son père hocha doucement la tête.

"- Je dois y retourner. Griffe d'Eyra est en danger !
- Malgré tout notre courage, il y a certaines choses qu'on ne peut sauver." Souffla son père dans un murmure désolé, avant d'agiter la queue, disparaissant petit à petit.

"- C... Comment ça ?" Hoqueta Margay Solaire, alors que son père disparu, le laissant sans réponse. L'obscurité l'engloutit de nouveau, avant qu'il ne se réveille en haletant, sur le champ de bataille.

"- Non ! Griffe d'Eyra !" Cria Margay Solaire en voyant tomber le corps sans vie de son frère.

Les yeux vitreux de celui qui avait partagé tous les jeux d'enfances du matou noir et blanc lui donnèrent une nouvelle force, une rage sans équivalent. Feulant comme un lion, le matou sauta sur le dos du molosse, et le griffa encore et encore. Le chien jappait de douleur, et essayait d'attraper le félin sur son dos. La voix lointaine d'un bipède se fit alors entendre, et le canidé jugea alors qu'il était beaucoup mieux de se réfugier contre son maître que de se faire taillader par cette petite proie enragée.

Margay Solaire se retrouva alors là, seul, le pelage couvert de sang. Il fonça vers le corps de Griffe d'Eyra, et plongea son museau dans son pelage. Il ne sut combien de temps il resta comme ça, à veiller seul sur le corps de son frère. Mais quand l'aube se leva, et que l'odeur d'une patrouille lointaine lui parvint, le matou se leva finalement, et après avoir jeté un dernier regard douloureux vers celui qu'il adorait tant, alla vers son territoire en boitant, la tête basse et le regard vide de douleur.