Tu étais fatiguée ce soir là, mais pas encore prête à dormir, tu souhaitais juste t'éloigner un peu du brouhaha du Clan avant de ne rejoindre la tanière où s'entassaient les corps des chats et chacun s'échappait dans un monde différent. Allongée sur le flan, tu observais le ciel ; le soleil disparaissait dans l'horizon des montagnes en laissant des trainées rosées sur les masses blanches nuageuses, quelques oiseaux survivants à l'hiver partaient rejoindre leur nid, alors que chouettes et hiboux s'éveillaient en silence. Ton regard changea de direction quand tu aperçus, amusée, une petite forme au pelage de feu, de charbon et neige, avancer maladroitement dans l'herbe en contrebas. À qui appartenait-il celui-là ? En quelques bonds, tu te retrouvas en face lui, enfin au dessus de lui eut été plus approprié. Tu te penchas pour regarder les petits yeux à peine ouverts de la boule de poils, il ne devait pas voir bien loin.

- Bonsoir petit chat, as-tu perdu ta mère ?

Tu n'étais pas une grande adepte des chatons, ils étaient bruyants et maladroits, et te mettaient mal à l'aise. Mais tu devais avouer que seul et si petit, celui-ci t'attendrissait. Tu te demandais laquelle de tes camarades en était la porteuse, car tu ne mettais jamais pied dans la pouponnière.

Tu fouettas l'air de ta queue, agacée par le petit être. Cela te rappelait pourquoi tu ne les aimais pas , ils avaient tout à apprendre et se pensaient plus forts que les guerriers les plus belliqueux des montagnes. Ton visage s'écarta un peu du sien et tu grimaças. Bien que tu ne sois pas bien grande, tu surplombais de loin le minuscule chat et ton ombre s'abattait sur lui.

- Et bien vas t'en d'ici, tu n'as rien à faire là. pestas-tu, Les guerriers doivent se reposer pour vous nourrir, si on pouvait ne pas être gênés par vos piaillements incessants.

Tu n'avais pas la fibre maternelle, c'était le moins qu'on puisse dire.