Rappel du premier message :

Située au cœur d'une attraction, cette petite chute offre néanmoins de quoi se désaltérer, chasser, et même dormir. C'est un lieu plein de verdure et, malgré les bateaux remplis de bipèdes hurlants qui passent toutes les dix minutes environ, il est presque impossible de repérer les félins.

A l'évocation des meurtres, Ivresse sentit un grondement monter dans sa gorge alors qu'il essayait tant bien que mal de garder un pelage lisse, mais il était trop tard. Au premier corps retrouvé, la plupart des aubistes avaient décrétés qu'il était préférable qu'Opéra des Etoiles s'occupe de ça, personne n'avait l'air de comprendre et d'un seul coup, sa cicatrice à l'épaule le lança. Il le revoyait, chaque nuit il revoyait ce visage si doux essayer de le tuer, et chaque journée il regardait derrière lui, de peur que ses vieux démons réapparaisses. D'une voix bien plus dure, Ivresse répondit d'une voix bien plus froide.

-Et qu'est-ce que tu en sais, toi, de ce qui anime la personne qui fait ces crimes ? Comment peux-tu simplement prétendre savoir le pourquoi du comment ? Certains tue pour le code, d'autre par loyauté, d'autre encore le fond pour accéder au pouvoir, ou encore simplement par curiosité. Et puis y a ceux qui le font en pensant sauver ceux qu'ils tuent. Explique moi, comment tu sais ce qui l'anime ? Peut-être que c'est à cause du code. Oui. Ou peut-être que ce sont des félins plus facile à atteindre. Surtout qu'il n'y a pas que des sang-mêlé dans les victimes, et que des sang-mêlés ne sont toujours en vie.

Il releva son regard dans ceux du matou, mais il n'était pas là, il était bien plus loin.

-Tu ne peux deviner ce qui pousse les autres à commettre des atrocités. Il y a bien souvent aucune explication, juste une folie.

Le matou ne broncha pas lorsque son ainée durcit la voix, continuant de se tenir bien droit et d'argumenter comme on lui avait toujours appris à faire :

-Je ne crois pas en la folie pure. Il y a toujours une explication, rien ne vient sans rien, mais je ne pense pas t'apprendre quelque chose en te disant ça. Mais si tu n'arrives pas à te rendre compte que la majorité des victimes sont justement des sang-mêlés, je ne sais pas comment tu pourrais comprendre. C'est un fait, un chat parmi nous tue des sang-mêlés, voilà qui prouve largement ce que je dis. Les enfants souffres autant que les parents, voir plus. En fait je devrais plutôt dire que toute personne différente souffre, sans même partir dans les extrêmes des meurtres. Et ces lois encourage à cette stigmatisation.

Berceuse du Venin savait les origines étrangères du guerrier et pourtant il savait également que c'était Etoile Polaire qui l'avait élevé. Comment leurs points de vues pouvait-être alors si différent ?

-Ne me dis pas ce que vivent les félins différents.

Miaula-t-il alors bien plus durement qu'il ne l'aurait voulu, avant de baisser la tête, prenant une grande inspiration et de reprendre contenance.

-La folie existe Odyssée du Golem, peut-être appels-tu ça autrement, le mauvais, la méchanceté, peu importe, elle existe, elle habite chacun de nous sans aucune distinction. La seule différence c'est que certains n'arrivent pas à gérer les pensées qui les traversent, peu importe leurs origines. Je sais comment on considère le sang-mêlé, j'en suis moi-même un, je sais que le code du guerrier fait de nous des êtres qui ne devraient pas exister, j'ai vue des reines mourir en mettant au monde leurs petits et entendre le reste du clan murmurer que c'est la punition que lui réservait le clan des Etoiles pour sa traitrise. Mais la vérité c'est que peu importe ce que le code dit, ce n'est pas ça qui fait de nous des êtres si horrible, c'est la loyauté. Et à moins de vouloir un simple et unique clan, la loyauté existera toujours.

-La loyauté est une qualité faisant de nous des guerriers respectables, pas un défaut. Par contre es-tu en train de me dire que tu as osé me sortir que les enfants-sang mêlés n'en souffraient pas alors que tu as toi même vécu ces choses ? interrogea-t-il avec agacement.

"un simple et unique clan" Je me demande souvent si ce n'est pas en effet la solution.

Ivresse secoua la tête.

-Non tu ne comprend pas. Ce n'est pas d'être un sang-mêlé que j'ai souffert, ça, ce sont les parents qui y sont jugé, mais demande à n'importe qu'elle aubiste qui existe, je ne pense pas qu'un seul se souvienne que moi ou ma soeur en somme. Ce qu'on souffre, c'est de l'absence, celle d'un ou des deux parents, le sentiment de ne pas être voulu, qu'on est regretté, mais c'est la loyauté qui fait ça, pas le code, les parents pourraient changer de clans, certains le font, mais ça demande de trahir les siens.

-Avec tout le respect que je te dois, la personne qui se trompe en se moment, c'est toi. Les petits sang-mêlés sont également jugés par les membres des clans. Je suis sincèrement ravis que cela ne vous soit pas arriver à toi et ta soeur. Mais affirmer que les petits ne souffrent pas, ne serait que renier une réalité.

Reprenant son souffle en même temps que son calme, Odyssée du Golem reposa sa pensée voilée par les émotions. Au fond leurs deux opinions n'étaient pas tant éloignées, mais divergeaient sur certains points seulement. Le matou reprit alors calmement.

-Excuse-moi, Berceuse du Venin, je ne m'énerve jamais ainsi d'habitude. Je respecte ton avis, même si je pense que certains points sont erronés. Permets moi cependant une dernière remarque. Je ne suis pas le seul à remettre en question certaines règles du Code du Guerrier, je le vois de plus en plus. De plus gardes en tête que certains chatons n'ont pour le moment connu que le système de cortège, sans frontière définies, sans réelles séparations, ils ont grandit dedans et y forgent leurs valeurs. Je ne sais pas ce qui arrivera à la fin de ce grand voyage, je ne sais même pas s'il y aura une fin, mais je ne serai pas étonné que d'importants changements aient lieu à ce sujet.

Ivresse se tut. Cette conversation ne mènerait à rien, les expériences étaient bien trop différentes pour qu'ils puissent chacun comprendre ce que pensait l'autre et d'où leurs venait ces certitudes. Peu importait, Odyssée du Golem avait raison sur un point : ce voyage emmènerait à de nombreux changements.

-Pour le bien de tous, j'espère pour toi que c'est vrai. Marmonna-t-il. Mais ne te fais pas trop d'illusion non plus.

Alors qu'il allait poursuivre, des bruits de pas se firent entendre et Fléau Nocturne apparut derrière les deux félins.

-Faut que tu viennes.

Le guérisseur hocha légèrement la tête avant de se tourner vers le nuiteux.

-Ce fut un plaisir Odyssée du Golem.

Il le salua d'un signe de queue avant de suivre l'ancien hordien.

(Fin)