Le regard absent, Nuage Scindé observait son partenaire de patrouille pousser et gratter le sol rocailleux, les bouts de gneiss et de calcaire venant dissimuler l’écureuil trempé et sanguinolent sous ses pattes. Le bruit crissant des pierres ne parvenait que faiblement à ses oreilles, masqué par le bourdonnement de la pluie battant contre la roche. Perdue dans ses pensées et bercée par le clapotis rythmique, la féline laissa ses yeux vagabonder le long des rosettes du pelage de Couronne d’Ortie.
Pour un félin du Clan de la Nuit, il n’était pas particulièrement imposant. Ses souvenirs étaient flous, mais…elle croyait se rappeler de ce chaton de l’autre bout de la pouponnière, frère de la portée des fleurs, un peu trouillard. Elle essayait de placer quelque part, mais à vrai dire, il était nulle part dans sa mémoire. Tout ce qu’elle avait réellement retenu de son enfance, était son frère, sa mère, avec quelques bribes de Sybille, Espérance et Éthérée ainsi que de son père. Et pourtant, il lui semblait que lui et Dragon étaient proches.
Le matou pivota sur lui-même, ses prunelles bleues s’accrochant aux siennes, avec la petite pépite verte s’agitant dans le coin de son regard. Il sembla dire quelque chose. Mais la pluie ne laissa parvenir que des fragments de mots jusqu’à elle. Crevasse fixa un instant le matou, avant de finir par marmonner une affirmation, peu préoccupée par ce qu’il avait bien pu vouloir lui dire.
Le cri strident qui retentit au-dessus de sa tête, cependant, sut immédiatement capter son attention, et aussitôt, Nuage d’Ardoise se précipita au bord du rocher pour observer les cieux. La silhouette familière volant entre les nuages, comme une croix filant dans le vent, résonna dans l’esprit de l’apprentie comme le son lointain du tonnerre. Sans attendre une fraction de seconde, Crevasse bondit entre les rochers, dévalant la pente à la suite de l’oiseau. Ce même oiseau qui s’était mis à hanter ses pensées, ce faucon qui semblait la suivre peu importe où elle allait depuis ces quelques jours. Elle l’apercevait dans les morceaux de ciel entre les pins, perché entre les pics des montagnes, tournoyant au-dessus des vallées, elle entendait son cri même sans le voir…comme un appel. Un signe.
Le cœur battant, Nuage Scindé bondissait de rocher en rocher, le ventre à terre, le regard rivé vers le ciel, plongeant finalement au sol, là où le petit rapace s’était posé.
Il était là. Secouant l’eau de ses plumes sous le petit rebord du haut du Toboggan, une souris accrochée à ses serres. À quelques pas seulement. Enfin…
Plaquée contre le calcaire imbibé, Nuage d’Ardoise prit le temps de calmer sa respiration, avant de ramper dans sa direction, les gouttes dégoulinant sur son visage. Tout rejoignait cet instant-là. Ce faucon existait pour la mener jusqu’ici. Pour lui montrer. Quelque chose ou quelqu’un. Il faisait partie du grand tableau. Elle devait l’attraper. Elle allait l'attraper.
Crevasse se rua vers l’avant. Le faucon prit aussitôt son envol. Ses ailes fouettèrent l’air au-dessus du tunnel qui plongeait vers le bas, cependant, la féline ne recula pas. Bondissant au-dessus du presque-précipice, elle sentit ses griffes s’accrocher au plumage de sa proie qui s’apprêtait à piquer vers le bas. Et ensemble, ils chutèrent contre le calcaire lisse et ruisselante du Toboggan. La féline sentit son dos s’écorcher contre la paroi rocheuse tandis qu’elle dérapait le long du couloir, avant de refermer ses crocs autour du cou de l’oiseau.

Sonnée, blottie contre la pierre, les flots descendant de partout autour d’elle, glissant contre ses flancs écorchés dont les plaies s’étaient réouvertes, Crevasse se laissa un instant bercer par les mouvements de l’eau grouillante, qui se mêlait à son propre sang. Clignant des paupières, son regard vairons glissa sur l’oiseau étalé à ses côtés, ses ailes, brisées, son cou tordu, sanguinolant. Puis, suivant le ruisseau, ses yeux coulèrent le long d’un corps félin gisant entre les pierres, avant de disparaître au bord d’un précipice. Et là, dissimulées par la brume et la pluie, se trouvaient les terres du zénith, enveloppant la rivière endiablée qui coulait jusqu’au Lac Rose puis la mer déchaînée. Quand soudain, sous l’océan de nuages noirs, l’horizon s’embrasa sous la lumière d’un soleil couchant, se dévoilant entre l’étendue d’eau salée et la voûte nébuleuse, dans une fine bande de ciel. Et sous cette lumière, un prisme de reflet pourpre illumina les vagues, s’écoulant jusqu’à la bouche du Lac du Matin, l’incendiant de cette couleur de sang. Le zénith brûlait.
Un gémissement retentit cependant à ses côtés, et le corps inerte se réveilla, soudainement secoué par un tremblement furieux. C’était Couronne d’Ortie, le visage lui aussi ensanglanté, son œil gauche coulant comme une rivière. Se hissant donc sur pattes, Nuage Scindé s’approcha du matou, et le contempla un instant gigoter de peur. Pourquoi ? Elle en savait trop rien. Mais cela n’avait pas d’importance. Elle l’avait attrapé. Elle avait vu. Le voyait-il aussi ?
Ardoise se pencha alors vers l’avant, posant une patte sur l’épaule du matou pour l’y secouer, venant passer un coup de langue sur l’œil blessé du matou d’où coulait le liquide poisseux en cascade.

« Hé ! Regarde. Je l’ai attrapé ! »

Un sourire fiévreux était venu se faufiler sur ses babines, éclairant son visage dissonant d’une expression sincère que l’on apercevait que rarement sur la féline tigrée-mouchetée.

« J’ai trouvé ! Trouvé ce qu’il voulait me montrer. Regarde, le Zénith… ! »

Pivotant vers l’horizon, le regard de Crevasse attrapa tout juste les derniers rayons écarlates, avant que les couleurs ne tournent à nouveau au rose violacé grisâtre.


@Couronne d'Orties

« Beau… ? »

Beau ? Beau. Nuage d’Ardoise posa un instant son regard sur le matou affalé sur la pierre, ses muscles semblant trop épuisés pour trembler de froid, tandis que la pluie leur lissait le poil. Puis elle reporta son attention sur l’horizon, qui s’assombrissait un peu plus à chaque ronronnement de vague. La phrase que le matou venait de prononcer n’était qu’une simple observation, sans quelconque dimension ou gravité, pourtant il semblait si…apaisé par celle-ci. Le regard vide, perdu, la féline chercha à saisir ce sentiment qui était parvenu à réconforter Ortie, mais rien ne lui vint. Il n’y avait que le vide, et cette image d’une terre en feu, imprégnée dans sa mémoire comme un sceau.

« Ce n’était pas ça que je voulais te montrer. Mais je suppose que ça va aussi, juste ça. », miaula-t-elle, légèrement las.

Cela voulait sans doute dire qu’il n’était pas destiné à l’avoir vu... Couronne d’Ortie ne faisait pas partie de l’échiquier. Ou tout du moins, pas encore.

« Clarté Nocturne…, marmonna-t-elle, presque malgré elle, en écho aux mots du matou. C’est à cause d’elle que tu as eu peur ? »

Une lueur de curiosité brilla dans ses yeux vairons. La reine était morte lors du combat contre l’Empire. Cet Empire qui leur avait volé tant à tous deux.

Lueur d'Obscurité a écrit:

Nuage de Violettes ronronna d'amusement. Elle ne se serait pas doutée qu'une simple partie de chasse entre apprenties serait aussi distrayante.

"- On sera direct promues guerrières avec ça !" Pouffa-t-elle.

Mais le miaulement inquiet de Nuage Boréal la fit revenir à la réalité. Elle passa une patte sur son museau pour y voir quelques gouttes de sang dessus.

"- Oh, à vrai dire, je n'avais même pas senti. Ca ne doit pas être grand chose." Miaula-t-elle calmement, avant de ronronner en voyant que Nuage Boréal l'inspectait sous tous les angles. "Eh t'inquiète, c'est pas ça qui va me faire du mal ! J'ai eu plus mal après la bataille qu'avec ce petit toboggan !"

Nuage Scindé a écrit:

« Beau… ? »

Beau ? Beau. Nuage d’Ardoise posa un instant son regard sur le matou affalé sur la pierre, ses muscles semblant trop épuisés pour trembler de froid, tandis que la pluie leur lissait le poil. Puis elle reporta son attention sur l’horizon, qui s’assombrissait un peu plus à chaque ronronnement de vague. La phrase que le matou venait de prononcer n’était qu’une simple observation, sans quelconque dimension ou gravité, pourtant il semblait si…apaisé par celle-ci. Le regard vide, perdu, la féline chercha à saisir ce sentiment qui était parvenu à réconforter Ortie, mais rien ne lui vint. Il n’y avait que le vide, et cette image d’une terre en feu, imprégnée dans sa mémoire comme un sceau.

« Ce n’était pas ça que je voulais te montrer. Mais je suppose que ça va aussi, juste ça. », miaula-t-elle, légèrement las.

Cela voulait sans doute dire qu’il n’était pas destiné à l’avoir vu... Couronne d’Ortie ne faisait pas partie de l’échiquier. Ou tout du moins, pas encore.

« Clarté Nocturne…, marmonna-t-elle, presque malgré elle, en écho aux mots du matou. C’est à cause d’elle que tu as eu peur ? »

Une lueur de curiosité brilla dans ses yeux vairons. La reine était morte lors du combat contre l’Empire. Cet Empire qui leur avait volé tant à tous deux.

@Couronne d'Orties

Nuage Scindé plissa les yeux, laissant sa tête légèrement tomber sur le côté tandis qu’elle dévisageait un peu plus le guerrier. Pas peur ? Tiens donc. Elle savait discerner la peur dans le regard des autres quand elle la voyait, mais Couronne d’Ortie la prenait visiblement pour une imbécile. Enfin, ce n’était là rien de surprenant. On la prenait souvent pour une simple d’esprit, alors elle s'y était accoutumée.
Non, Couronne d’Ortie n’avait pas eu peur pour elle, il avait été effrayé par quelque chose d’autre. Ses yeux qui allaient et venaient, peinant à s’accrocher à son regard vairon, étaient différents des coups d’œil inconfortables dont elle avait l’habitude. Comme si on l'avait arraché à un rêve.
Voyant que le matou parvenait lentement à se redresser, la féline s’assit à ses côtés, totalement imperturbable, peu importait le déluge autour d’eux, ou le sang qui coulait de l'oeil d'Ortie ou de ses propres blessures. Il lui avait menti, tout d’abord, mais quelque chose dans ses mots avait éveillé sa curiosité.

« C’est sans doute qu’elle est tout près. C’est dans ces moments-là qu’on peut parfois les sentir. Quand la brume joue avec les formes, le vent avec les sons, ou la pluie avec tous nos sens », miaula-t-elle simplement.

Probablement ne la croirait-il pas. Probablement qu’il se braquerait, incapable de voir ou de s’avouer ce qu’il avait pourtant très nettement ressenti. Pourtant, qu’on la regarde de travers ne l’avait jamais troublée.

« Je n’ai jamais vu ma mère. Mais parfois je sais qu’elle est là tout proche. Qu’elle m’observe et qu’elle attend. Je le sens. »

Crevasse sentit ses oreilles remuer sur sa tête, alors que le matou couleur ombre semblait se confier à elle. C’était étrange, elle pensait qu’il fuirait la conversation, repousserait de toute force ce à quoi elle faisait allusion. Même si cela signifiait de rejeter sa propre intuition. Peut-être était-ce son souvenir de ce chaton peureux qui lui avait fait préjudice. Peut-être l’avait-elle mal jugé.
Couronne d’Orties semblait déambuler dans la pénombre, ses mots cherchant à rassembler les morceaux, attrapant le vide à la recherche des fils qui le mèneraient à la vérité. Celle qui se cachait derrière toutes ces sensations qui tentaient vraisemblablement de les emmener…quelque part. Crevasse sentit une vague d’excitation se propager en elle, comprenant qu’elle pouvait l’aider, et qu’à deux, ils trouveraient peut-être le noyau, le cœur de toute cette histoire.

« Je vois. Comme si tu plongeais dans les pattes de quelqu’un d’autre. Et tes pensées ne t’appartiennent plus tout à fait. Mais quand même, vous ne faites qu’un. Comme si ton esprit se mélangeait à un autre ! »

Ses mots se précipitaient légèrement sur sa langue, prêts à se bousculer à tout moment, son regard accroché à la silhouette du matou. Se hâtant sur pattes, la féline s’élança à la suite d’Ortie. Et, rondes comme une paire de trous noirs, ses pupilles se clouèrent au regard du guerrier, tandis qu’elle attrapait un peu maladroitement les toiles d’araignées qu’il lui tendait.

« Pour moi, ça commence comme une impression, une intuition. C’est flou et trouble. Parfois ce sont des voix. Souvent c’est celle de Nuée Ardente. », commença-t-elle, d’une voix plus calme et posée.

D’une manière presque inconsciente, Nuage Scindé s’était mise à appliquer les filets blanchâtres sur les plaies du matou. Ses pensées s’apaisaient de fil en fil, mais son regard retournait toujours à celui de son camarade.

« Mais en même temps, c’est limpide. Je sais ce que je suis censée voir. Peut-être que ça tord tout ce qu’il y a de logique ou réel, mais je sais que c’est là et que c’est vrai. »

C’était ce sentiment vague qui l’habitait en permanence, comme si l’univers autour d’elle avait une conscience, comme si les liens qui les unissaient formaient un réseau de racines sous-terraines, créant une forêt, un esprit. Ce n’était pas sa mère qui lui parlait en rêve, elle le savait bien. Son âme faisait partie d’autre chose, à présent. De plus grand. Et c’était cette voix-ci qui lui parvenait.

« Voilà, manque plus que ton œil. »

Revenant museau à museau avec le matou, ses traits s’étaient à nouveau enfermés derrière leur mur de marbre, tandis qu’elle tentait d’un coup de pattes lourdaudes à emmitoufler les paupières ensanglantées de Couronne d’Ortie. Finissant par lui recouvrir la moitié de son visage.

@Apollon

Nuage Scindé cligna des yeux, légèrement prise au dépourvu. Nuée Ardente ? Il ne…savait pas qui elle était ? De qui ils étaient les enfants, elle et Dragon ? Elle qui pensait le clan entier au courant du sang qui coulait dans leurs veines. Ce sang empli d’histoire, de traîtrise et de colère, le sang du dragon. Ne se rappelait-il pas l’étrange reine, allant et venant dans la pouponnière, ses striures rousses crépitant entre l’ombre des feuilles et les rayons du soleil qui s’immisçaient entre elles…ou son aura aussi terrifiante qu’elle avait été hypnotisante ? Avaient-ils été les seuls à la percevoir ainsi et à discerner cette ombre gigantesque qu’elle semblait traîner derrière elle ?

« Nuée Ardente ? Notre mère à Dragon et moi ? Celle qui est morte au milieu du camp en s’entretuant avec Fracas du Dragon ? Les deux cadavres qui sont restés au milieu du camp jusqu’à la fin du siège, tu te rappelles ? Elle faisait partie des traîtres de Cobra. », miaula-t-elle sans une once d’émotion dans la voix, un sourire vide venant même se hisser à ses lèvres.

C’était ainsi que les Nuiteux connaissait sa mère à présent. Et il n’était pas difficile pour Crevasse de se dissocier totalement de ses propres paroles. Peu importait ce que les gens croyaient savoir de Nuée Ardente. Elle avait su toucher son essence, ces flammes qui avaient brûlé en elle, ce feu ancien, qui rougeoyait également au fond de ses enfants, soufflant sa fumée sur son esprit.

@Apollon

Il était difficile pour Nuage Scindé de concevoir que sa mère avait disparu dans les limbes de l’oubli, là où l’odeur du sang était toujours aussi profondément ancrée dans ses propres narines. Sa silhouette était présente dans ses songes comme un fantôme, pourtant plus réel encore que tout ce qui l’entourait. Plus vraie que la sensation de la pluie qui débordait tout autour d’eux, plus vraie que le félin en chair et en os qui se tenait à quelques brins d’elle, à peine. Omniprésente, son souffle brûlant enveloppant son corps, suffoquant, presque. Son souvenir si réel, trop réel. Si bien qu’elle ne l’était peut-être pas, qu’elle n’avait peut-être jamais existé.
Crevasse scrutait les prunelles de Couronne d’Ortie, son regard vairon perdu dans un nuage de fumée, des voix tambourinant dans ses oreilles, si fort qu’elles en semblaient presque sourdes. Sauve-le. Protège-le, disaient-elles. Le sang du dragon coule dans ses veines, répétaient-elles encore. C’est un monde qui touche à sa fin. Pour laisser place à un nouveau. Un frisson parcourut ses membres. Et ton frère… Abysse du Dragon.
Tout tournait autour de lui. Elle, la pâle image du matou, comme un fragment arraché à son âme. Un fragment tranchant, né dans les cendres du volcan pour y tailler leur chemin.

« Elle me parle du vent et du feu. De la pluie et de l’orage. Des montagnes et de l’océan. De loups et de dragons. Elle me parle de mon frère, surtout. Des dangers à venir. Elle me dit de le défendre, quel que soit le sacrifice. De l’emmener vers son destin, notre destin. »

Son regard s’était durcit, le bleu prenant des reflets d’acier, tandis que le feu prenait des teintes de soufre. Elle pouvait encore sentir les mâchoires du carcajou se refermer à une griffe de sa nuque, ses griffes venir lacérer son flanc, mais cela n’avait eu aucune importance. Elle revoyait sans cesse la carcasse ensanglantée d’Abysse du Dragon. C’était cette image qui l’avait obsédée lors de leur combat contre la bête. Mais jamais Ardoise ne laisserait quiconque lui prendre son frère. Pas avant de l’avoir emmenée, elle.

@Menace d'Orage

༄ Nuage Hivernal ༄
& Nuage de Crinière

« Allez, fais pas ton chaton, on va pas crever là-dedans. » J'avais miaulé ces quelques mots d'un ton neutre, ni cassant ni bienveillant. Je détestais ce côté là de mon frère : peu enclin à chercher l'excitation et le défi, sortir sur le territoire avec lui était une véritable corvée. Mais je l'aimais plus que tout - bien que l'indifférence que j'éprouvais également à son égard me faisait parfois douter - et je voulais passer du temps avec lui. « De toute façon, je suis là pour te protéger. Je te récupère en bas. » Et sans attendre,, je dévalais le toboggan comme un fou.

༄ Nuage Hivernal ༄
& Nuage Céleste

Je soupirais longuement. Vraiment, longuement. D'une part, parce que mon dérapage à peine contrôlé dans la descente ne m'avait procuré aucun plaisir - pas même un frisson -, d'autre part car le résultat était le même en regardant Nuage Céleste. Pourtant le voir ainsi haletant, visiblement paniqué et effrayé, aurait du me faire bondir - peut-être même aurais-je du me sentir coupable ! Mais j'étais cloîtré là, aussi immobile qu'une arbre sage, à fixer mon frère. Tout ce que je ressentais était un agacement sourd mais inatteignable, qui grondait au fon de mon crâne. Désagréable. « Bon, très bien. »