Ils étaient morts. Ils étaient tous morts. Le corps de Lynx, celui de Gecko, la disparition de Serpent et de Condor. Ils n'étaient plus là ! Seul restait Harfang et Louve, cette dernière étant partit chasser, le petit mâle était seul, endormi, devant sa mère qui faisait les cent pas, le regard fou.
Comment ils avaient pu disparaitre ? Comment sa si petite fille avait pu s'envoler ?

La voix de son fils tira la femelle de ses pensées, revenant avec violence à la réalité. Elle avait recommencé, Louve s'inquiétait à chaque fois qu'elle recommençait faire les cent pas, comme si chaque pas là rapprochait d'une folie certaine. Mais elle ne pouvait pas s'en empêcher, elle avait une envie constante de partir et détruire chaque clanique qui se présenterait sur son chemin.
Mais la vision de Harfang apaisa presque immédiatement Belladone qui le rejoignit.

-Tout va bien, je suis là, désolée. J'étais perdu dans mes pensées.

C'était la raison principal pour laquelle Belladone laissait son filas avec Louve, Héron et Abeille, elle avait du mal avec ses questions, que c'était la faute de la reine.

-Je ne suis pas triste, je m'inquiète pour nous.

Miaula-t-elle avec une douceur.

La réponse du chaton donna du baume au coeur de la féline qui ronronna légèrement.

-J'en suis persuadé. Tu seras un grand matou et très doué. Bientôt, on rejoindra le camp avec les autres, tu apprendras aussi des autres. Je suis sure que ça te plaira.

L'évocation de sa fille fit frissonner la féline qui entoura son fils de sa queue dans un ronronnement doux.

(On s'arrête là ?)

(vui :3)

Orage patrouillait, analysant le territoire qui s'imposait à lui. Bien sûr, il patrouillait seul, comme a son habitude, bien que Cobra lui ai déjà parler de patrouille en groupe.

Mais trop méfiant, le solitaire préférais gérer ce genre de chose par lui même, et surtout, sans potentiel menace dans son dos!

Il s'approchait d'une construction de bipèdes lorsqu'il remarqua la présence d'un matou blanc tacheté de noir... Ou noir tacheté de blanc, selon le point de vue! Ce dernier semblait être un piètre chasseur, et le matou roux ne pu s'empêcher de renifler de dépit en constant ses techniques de chasses.

-Tu essayais de l'attraper, là?

Fragrance/Golem


Même dans le brouillard le plus total, la vie arrivait encore à surprendre le matou qui était depuis balloté au sein de sa propre existence. Voilà quelques jours que Vertige l'avait rejoins, soit bien la dernière personne qu'il attendait ici. Malgré cette présence et celle des trois chatons, Golem ne parvenait toujours pas à se relever, celui-ci restait debout uniquement par obligation, par devoir. Mais au fond de lui, il espérait sincèrement rendre son dernier souffle par mégarde, tomber sur un blaireau qu'il ne pourrait battre, etre malade du jour au lendemain sans raison, n'importe quoi qui le soulagerait. Pourtant, dans ce tourbillon de tristesse et de peine, une colère bouillonnait de plus en plus fort, serrant ses tripes avec à chaque fois plus de rage. Ce Clan des Etoiles, ces ancêtres bienveillants ! Ceux que tant admirent et acclament ! Des incompétents ! Des meurtriers maudissant des innocents ! Des lâches tellement entrelacés dans leurs idées qu'ils laissent éclater des guerres encore et encore, sans ne rien faire pour que cela change ! Voilà leur vrai visage.
Concentré dans sa traque, le matou se remplissait petit à petit de haine tandis qu'il se rapprochait de sa proie. Et lorsque cette dernière fut à porté, le fauve extériorisa tout ce qu'il avait sur le coeur, massacrant plus qu'inutilement un moineau qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment.
Du sang partout sur les babines et les pattes, la respiration haletante, Golem prit 10 secondes pour s'allonger et se remettre les idées en place. Ses sautes de colère se faisait de plus en plus régulières, et le nuiteux en était le premier contrarié. Dans son repose, Golem s'assoupit sans prêter gare à sa sécurité. Quelques minutes plus tard, le voilà qui marchait sur une terre de rêve. Plusieurs fois dans sa vie l'ancien meneur avait eu l'occasion de parcourir le territoire du Clan des Etoiles dans ses rêves. Ce rêve était différent, ce territoire n'était pas saupoudré d'étoile, et semblait vide de toute présence.

Toujours troublé par sa présence dans ses lieux dépourvues de vie, Golem navigua à vue dans cette forêt lugubre par bien des aspects. Etait-ce là que les morts finissent leurs jours lorsque le Clan des Etoiles ne les jugent pas digne de lui ? Etait-ce là que la Forêt Sombre grommelait sa colère dans l'ombre ?
Le matou n'eut nullement l'occasion de poursuivre qu'un parfum aubiste atterrit aux portes de son museau. Ses oreilles se tournèrent en direction de la source, et Golem remonta précautionneusement jusqu'à la source. Ce peut-il que cela soit...? Non elle est sur le territoire des clans... Tous les chats claniques avaient-ils décidés de le rejoindre ou était-ce encore le destin qui s'amusait avec l'ancien chef. Après quelques secondes de marche, il tomba nez à nez avec cette chatte au regard que nul ne possédait. Un regard d'un violet aussi profond que l'océan et le ciel. Un regard qui, d'aussi loin qu'il s'en souvenait, avait toujours intrigué le matou tigré. Un regard qui pour la première fois, ne semblait plus éteint, mais remplie d'autres émotions. Le regard éteint se trouvait désormais en sur le visage bicolore de Golem, qui sans qui ne su l'expliquer, se réjouit de la présence d'Oeil d'Améthyste. Une joie balayer d'un revers de la queue lorsque son interlocutrice prit la parole.

-Non... Je ne suis pas encore mort. Je suis désolé que cela te soit arrivé, surtout à ton âge. miaula Golem, sincèrement peiné.

Son poil se hérissa lorsqu'il réalisa la véritable ampleur de cette discussion. Pour la première fois depuis Flots Polaires, Golem était confronté, dans une discussion calme, à quelqu'un connaissant la vérité sur ce qu'il avait fait.

-Sans toi ? Pourquoi ne tiendrais-je pas sans toi ? Nos merveilleux ancêtres ont du te raconter en détail ce que je leur ai fait tout seul. Remarque les connaissant, ceux-ci ont du se faire une joie d’omettre leur humiliation pour mieux festoyer ma chute...

Son ton se voulait sûr et fier, mais la détresse transparaissait à quiconque l'ayant déjà entendu. Lui qui contrôlait auparavant chacun de ses faits et gestes, se retrouvait incapable de maintenir une voix ferme plus de 5 secondes.

Leurs regards ne se croisaient plus, ils se fixaient à présent. Un long silence précéda la prise de parole du nouveau venu, durant lequel les iris violacés et les ambres scintillantes des deux félins entrèrent en collision. Pourtant, aucune animosité ne régnait et les deux anciens claniques semblaient rassurés en la présence de l'autre, en ces terres hostiles. Ils représentaient à eux deux la seule vie de cette étendue brumeuse et froide et animaient de leur aura chaleureuse les lieux. Un frisson de soulagement parcourut la féline crème lorsqu'elle apprit qu'elle ne parlait pas à défunt mais elle s'empressa de masquer sa bienveillance et miaula "Je suis bien contente d'avoir quitté votre système ridicule. Ici, personne pour brailler ou se battre, puisqu'il n'y a réellement personne. "
Oeil d'Améthyste était lucide, elle se doutait que cette qualité qu'elle attribuait à ce territoire rendrait son quotidien insurmontable dans quelques temps, si seulement la notion existait encore. Mais pourtant, il y avait réellement quelque chose d'apaisant à ne plus entendre les querelles de ses congénères à longueur de journée, ou toute autre futilité qui s'en rapprochait. Elle reprit : "Tout ne s'est pas passé comme prévu, hein ? J'avais raison, la dernière fois que l'on s'est croisés n'est-ce pas ? " Une pointe de fierté se laissait percevoir dans son miaulement, mais ce qui résonnait était surtout rempli de regrets. Il avait sûrement été le seul de la forêt à ne pas l'avoir déçue durant sa vie, et voilà que maintenant il se retrouvait piégé ici, dans un lieu qui ne lui était pas destiné.

Quitté votre système ? Jamais une discussion ne laissa Golem aussi perdu que celle-ci. Ce qu'était devenue l'ancienne guérisseuse aubiste demeuré le plus épais des mystères pour lui, tant ses phrases embrouillaient sa réflexion. Cependant de la clairvoyance, Améthyste semblait, elle en détenir plus que tout en clan réuni. Oui, des lunes auparavant, cette dernière avait mis en garde le meneur qu'était alors Golem. Le nuiteux s'était préparé à une éventuelle trahison, aux actes qu'il devrait accomplir pour maintenir son autorité, mais jamais il n'aurait imaginé que la trahison ne provienne de là. Jamais, au grand jamais Golem n'aurait pu craindre son ancien apprenti, son fils...
La gorge serré, le matou brun tigré ne sut quoi répondre à Oeil d'Améthyste, la réalité se montrait encore trop dure à digérer, à accepter... Ses yeux toujours plongés dans les siens, je ne parvins qu'à souffler aux bouts de longues secondes de silence :

-Oui.