Le jeune mâle ouvrit deux orbes bleues pale sur un décor fantomatique. Ou était-il? Est-ce que c'était un rêve? Il ne se souvenais pas avoir quitter le clan, encore.
Devant lui, un couloir de bitume s'étalait à perte de vue, au milieu d'une forêt brumeuse qui lui semblait bien trop calme. Pas le moindre bruit, pas le moindre vent ne faisait vivre ce lieu mort, et le chaton se tourna et se retourna encore et encore pour essayer de trouver quelque chose de familier au milieu de ce désert.
Mais rien ne lui semblait réel, ni même palpable, bien que ses pattes soit encrée dans le sol. Chose étrange, la nuit tombait manifestement, mais aucune lune, ni aucunes étoiles n'éclairait le ciel.
Étrange.... Quittant la route, le petit s'engouffra entre les buissons, à la recherche de son clan, de sa mère et de ses frères et sœurs. Mais rien autour de lui ne lui rappelait les terres des clans. Ou du moins, pas celles qu'il avait entrevues récemment.
-Maman? Tu es là? Finit-il par miauler, essayant de se rassurer en brisant le silence de plomb qui régnait sur le bois. Mais aucun son ne répondit à son miaulement, si bien que le chaton ne savait même plus si il n'avait pas posé la question dans sa tête.
Qu'est ce qui se passe? Je suis ou? Longeant la route, Petit Affranchi marcha longtemps sans rencontrer le moindre être vivant, fouillant pour trouver un soupçon d'odeur, mais tout autour de lui, le monde ne sentait rien. C'était tellement effrayant que le matou continuait résolument à renifler chaque plante, sans en tirer quelconque parfum.
-.....Réminiscence? Est ce qu'il était puni pour ce qu'il avait fait? Est ce que sa mère l'avait finalement banni pendant la nuit? L'entraînant loin d'elle à son insu? Tout seul dans cette forêt vide, il était voué à mourir de faim! Il n'avait rien fait de mal! Sa sœur était morte dans un accident! Revenir à la vie? Pfff, bien sur que non! Elle était juste morte, et lui avait tout fait pour l'aider! Il ne méritait pas ça!
Enfin, un léger ronron résonna dans le lointain, tirant le petit matou de son angoisse. Sans crier gare, Petit Affranchi s'élança aussitôt en direction du bruit, avant de se retrouver sur la plate-bande d'asphalte, face à un monstre rugissant prêt à lui sauter dessus.
Il se paralysa, ferma les yeux trop tétanisé pour affronter la mort en face. Et se réveilla dans la Pouponnière, un froid matin d'hiver.