Humm … ?
Nuage de Tournesol ouvrit les yeux encore lourds de fatigue. Se redressant pour analyser l’environnement inconnu qui l’entourait, le jeune chat laissa perdre son regard à contempler la beauté d’un paysage qu’il n’avait jamais admirer auparavant. Une forêt luxuriante reposant sur des collines escarpées, teintées par la couleur orangée d’un soleil qui se couchait. Une rivière fendait cette forêt, serpentant en long en large entre ces arbres, en épousant leurs contours. Mais dans cette forêt aux aspects de paradis, résonnait un vide complet, un silence total, presque assourdissant. Ce grand bois, ne comportait pas la moindre once de vie en lui.

-Où suis-j….

Tournesol ne put finir sa phrase que de nombreux flashs de souvenir lui parvinrent. Ses parents, Lotus, Pavot, Calla. La Nuit, leur peur, la colère. Son père, Piga, tristesse. Sa fratrie, sa mère, leur sécurité. Margay, Atlantide, le pacte. Sa fratrie, sa mère, Astre du Levant. Méduse, l’horreur, leur sécurité.  Sa famille, Margay, leur sécurité. Leur sécurité, leur sécurité. Piga, Chaos, son sang.

- Je suis mort. Je suis mort. Je suis mort. Je suis mort. Je suis mort. se murmura-t-il de plus en plus bas. Fait chier… étouffa-t-il finalement dans un sanglot

Tournesol se recroquevilla sur lui-même, dévasté par le constat de son échec. Sa mort n’était pas le nœud du problème, loin de là ! Le véritable problème résidait dans le fait que Piga soit toujours en vie ! Qu’une autre folle le suivait désormais ! Que Calla devait toujours être bloquée dans cette mission de vengeance ! Et que malgré tous ses entrainements, tous ses sacrifices, malgré la mort de Petite Méduse, sa famille demeurait toujours en danger… Mais que pouvait-il y faire désormais ? Maintenant mort, que pouvait-il bien accomplir ? Rien.
Se résignant à cette triste réalité, le félin bicolore prit alors la décision de suivre le cours d’eau pour descendre jusqu’à la jetée. J’ai vendu mon âme en pactisant avec Atlantide, je ne suis bon que pour la Forêt Sombre, alors autant s’y trouver un coin moins pire que les autres. Le petit apprenti vagabonda alors sur les berges abandonnées de toute vie. Posant une patte devant l’autre, et répétant cette opération, des millions de fois, enchainant les jours et les nuits de marche. Cette rivière ne semblait pas posséder de fin, presque infinie, mais aussi étrange que cela fut, nulle fatigue, nulle faim ou nulle soif ne vinrent perturber la marche silencieuse de Nuage de Tournesol. En pleine introspection, les seuls maux qui l’accablaient, étaient psychologiques. Tournesol regrettait, regrettait avec amertume les choix qu’il avait pris tout au long de sa vie, sincèrement. Et pourtant, si cela devait se refaire, l’apprenti n’hésiterait pas la moindre seconde, car protéger sa famille resterait sa priorité à tout jamais. Conscient de ce paradoxe, le matou accepta sa punition. Si pour expier ses peines, il devait passer une éternité à trouver une embouchure qui n’existe pas, alors il se soumettrait à sa propre punition, et l’exécuterait.
Les lunes passèrent, et la fatigue, qui pendant longtemps s’était faite absente, faisait désormais partie de Tournesol. Le moindre pas en avant consituait un combat, chaque respiration lui brulait les poumons, tandis que ses paupières devenaient plus lourdes que la pierre. La rivière elle ne perdait en rien de son calme, de son énergie, se moquant presque de la faiblesse de Tournesol. Mais alors que le mâle roux et blanc s’apprêtait à s’écrouler aux portes d’une seconde mort, un horizon se dégagea. Une étendue de bleu s’étendant par-delà la ligne d’horizon. Une étendue d’eau à la surface lisse et aux expressifs grondements. Le désespoir de Tournesol se perdit en même temps que sa voix. Ce dernier reprit alors de plus belle son avancée mortuaire pour finir par atteindre le rivage sablonneux. Tournesol s’y écroula. Jamais il n’avait autant marché, jamais il n’avait fait preuve d’une telle endurance, mais jamais il n’avait été aussi fatigué. Et juste avant que ses yeux ne se ferment totalement pour le plonger dans le noir, l’apprenti repéra 2 étoiles, brillant avec splendeur, dans un ciel supposé abandonné de leurs présences. La Forêt Sombre possède ses étoiles maintenant ? pensa-t-il dans un sarcasme avant de s’endormir.
Lorsqu’il se réveilla, ces étoiles qui l’avaient tant intrigué n’étaient plus. Le ciel était redevenu d’un noir pur, celui qui absorbe tout et ne rejette rien. Elles scintillaient pourtant d’un si bel éclat l’autre soir, Tournesol en était déçu. Le défunt se leva donc et commença à se balader aux bords de ce rivage plongé dans la nuit. Quand soudain, il l’aperçut ! une des étoiles du jour dernier, cette fois posée sur le sol. Poussé par sa curiosité, il ne put s’empêcher de s’en approcher. L’étoile n’était pas encore clairement distinguable, mais un parfum s’en dégageait à présent. Nuage de Tournesol ne mit pas une seconde avant de reconnaitre cette odeur. Son ventre se noua, ses pas se firent plus hésitants, sa respiration plus irrégulière. Était-ce bien lui ? Vraiment ? A quelques mètres désormais, l’étoile prenait une forme féline. Un petit félin, au pelage tigré identifiable entre mille. Aucune erreur possible, Poésie Lyrique se tenait bien là, droit devant lui.
Tournesol se figea, son père fit de même. Le regard plongeait dans celui de l’autre, personne ne prononçait un mot. Leur gorge nouée, leurs membres tremblants, leurs yeux larmoyants laissant transparaitre leur culpabilité, les mêmes reflets. Le fils ne réussit pas à attendre une seconde de plus et se précipita dans la fourrure de son père, pour y fondre en larme. A cause du règne de Cauchemar, les deux n’avaient pas pu passer beaucoup de temps ensemble de leur vivant. Mais Tournesol gardait toujours en mémoire, leurs échanges de regard qu’ils avaient lors que son père passait devant la pouponnière. Des regards brefs, mais suffisant pour que Tournesol comprenne l’amour que son père portait à lui et sa fratrie. Sa mort fut si brutale, et l’évènement déclencheur de tant d’autres. N’arrivant pas à sécher ses larmes, Tournesol se confondit en excuse auprès de son père :

-Je suis désolé. J’ai… j’ai pas réussi, à les mettre hors de danger. J’ai été le dernier des enfoirés, et je n’ai pas réussi. Je t’en prie excuse-moi. suffoqua-t-il dans ses larmes.

Pour réponse, Poésie Lyrique, dont les émotions le privaient de parole, lui sourit avant de le serrer encore plus fort contre lui et ce pendant 2 longues heures silencieuses. Blottit contre son père, le petit chat bicolore se détendit, savourant cet instant qu’il n’était pas sûr de mériter.
Ce moment s’interrompit de lui-même lors de l’arrivée d’un grand matou au pelage ébène constellé d’étoiles.

-Salutation Nuage de Tournesol. miaula l’ancien meneur de la Nuit, Etoile Polaire.

-Bonjour Etoile Polaire. Répondit timidement l’aubiste.

Nuage de Tournesol n’avait pas non plus beaucoup connu le guerrier à la robe jais. Mais ce dernier l’avait accueilli, ainsi que toute sa famille lorsqu’Etoile Damnée la menaçait. C’était ce même meneur qui l’avait baptisé et attribué son premier mentor. De nombreuse fois le jeune chat s’était imaginé sa vie s’il était resté au sein du Clan de la Nuit. Une vie où sa famille aurait été à l’abri du danger, une vie sans ce rôle d’idiot, une vie sans entrainement meurtrier. L’interrogation de Nuage de Tournesol revint alors à son esprit mais le nuiteux le devança :

-Tu ne pense pas être digne de reposer dans le Clan des Etoiles ? le questionna-t-il.

-Non… je ne pense pas l’être. Admit Tournesol en baissant les yeux de honte.

Etoile Polaire resta impassible, droit de toute sa hauteur, examinant le jeune défunt de ses yeux au bleu océan. Après une poignée de secondes passées à hésiter, le matou répondit :

-Rend-toi sur les hauteurs de la jetée. Expliqua-t-il en pointant le lieu de sa queue. Elle t’expliquera pourquoi le Clan des Etoiles ne condamne pas les chats comme toi.

Elle ?
Sans demander l’idée de cette personne, Nuage de Tournesol salua son père et Etoile Polaire pour se mettre en route. Comment pourrait-il se permettre la moindre demande dans ce contexte ? Le Clan des Etoiles semblait l’accepter dans ses rangs, alors peu importe qui voulait converser avec lui, il s’y rendrait sans la moindre protestation. Après une petite marche suffisante pour réveiller les douleurs acquises durant le périple, Tournesol arriva au point de rendez-vous où seul le vide l’y attendait. Pas de chat à l’horizon, aucun guerrier, guérisseur ou même apprenti. Seule la mer tapait contre la roche dans un fracas relaxant.

-Tu en as mis du temps. Miaula une voix fendant le silence.

La fourrure de Tournesol s’hérissa à la seconde où il entendit cette voix. Cette voix un peu aiguë qui l’avait hanté tant de lunes. Cette voix appartenant à la personne qui représentait l’ensemble de ses regrets et de sa culpabilité. La voix de Petite Méduse. La chatonne sortit des buissons pour s’installer à la gauche de l’apprenti…, comme la dernière fois. La gorge nouée par le regret et le ventre meurtri par le stress, aucun son ne s’échappa de sa bouche. La très jeune féline reprit donc à nouveaux la parole :

-Ta marche à durer combien de temps ?

-Je … Je ne sais pas, j’ai arrêté de compter à partir du troisième jour. Réussit-il à déglutir.

-Oui je comprends, je n’ai pas eu la foi de compter non plus, mais Petit Requin si. On a marché pendant plus d’une lune d’après lui. Expliqua Méduse avec entrain. Ensuite un ancêtre de la Nuit est venu nous chercher pour nous amener ici.

Arrête…

-Tu verras ici c’est drôle, c’est une sorte de migration constante ! Tous les clans se côtoient sans cesse, on arrive presque plus à faire la différence. Ça me fait penser à ce que Golem racontait, sur le fait qu’on ne soit pas si différent. Ici ça parait si naturel.

Je t’en supplie… arrête.

-Oh et il faut que je te montre le Sommet des Etoiles ! s’exclama-t-elle. Tu verras c’est magnifique, alors c’est compliqué d’y grimper, mais la vue est splend…

-ARRÊTE ! rugit Tournesol la tête basse. Pourquoi tu fais comme si rien ne s’était passé ?! Pourquoi ne me cries tu pas dessus ? Pourquoi est-ce qu’il n’y pas de colère dans ta voix ?! Pourquoi veux-tu encore me voir ? Je t’ai trahi et abandonné à ton sort alors que tu n’étais qu’une chatonne ! Je t’ai laissé te faire tuer ! Alors pourquoi ?!

La mine enjouée de Petite Méduse se durcie alors, laissant transparaitre un sérieux évident. Un voile de silence vint se poser sur la jetée. La tension grimpa dans l’air qui devenait de plus en plus sec. Méduse resta stoïque pendant de longues secondes qui parurent une éternité pour le chat roux et blanc, regrettant déjà ses paroles. La petite ayant le plus de raison de vouloir ma mort accepte de me parler, et je lui parle comme ça ?! Mais qu’est-ce que je fais… Non, je ne peux pas, je ne peux pas faire semblant plus longtemps.

-Je t’avais bien dit « A plus ! » Nan ? répondit Méduse comme si cela relevait d’une évidence. Il fallait donc bien que je te revoie. Puis bon, ce n’est pas toi qui m’as tué.

-Non non non, je l’ai laissé t’emporter sans… sans dire un mot. C’est comme si je t’avais tué. balbutia l’aubiste. J’aurais dû tenter de te sauver, qu’importe si j’y perdais la vie, mais certainement pas laisser cette folle t’arracher ta vie. Je suis désolé, par pitié je n’oserai jamais te demander ton pardon, mais je suis désolé. Si seulement je pouvais te faire comprendre à quel point cela me hante. Je ne devrais même pas être là pour te le dire…. Ma place est dans la Forêt Sombre… pas ici.

La tête alourdie par la culpabilité et le regret, Tournesol, n’osait plus regarder autre chose que ses pattes. Celui-ci ne se rendit donc compte qu’au dernier moment lorsque Méduse vint se caler dans son poitrail, ronronnant de toute son âme comme une mère rassurerait son chaton. Statufié, Nuage de Tournesol, ne se hasarda pas à faire le moindre pas, restant le plus immobile possible.

-Ta place est bien ici. La Forêt Sombre est une punition, jamais le Clan des Etoiles ne punit ceux dont le seul crime est d’avoir trop aimé. Que voulais-tu faire en dehors de mettre ta famille à l’abris ? rien, je le sais, alors je pense que ta mort est déjà une sanction bien suffisante.

-Pourquoi dis-tu ça alors qu'aucune explication ne pourrait excuser ce que j’ai fait.

-Non, c’est une évidence. Mais elles me permettent de te comprendre. Miaula-t-elle en se reculant pour fixer les yeux de Tournesol. D’autres ne souhaiterons pas le faire, Petit Requin est bien plus dur que moi par exemple. Mais j’essaie de me mettre à ta place, et je pense que si j’y étais, j’aurais agi comme tu l’as fait. Expliqua la chatonne étoilée avant de reprendre avec malice. Maintenant, si tu souhaites vraiment « expier » tes fautes… apprends-moi ce que je n’ai pas eu le temps d’apprendre. Je t’avais dit que ça serrait sympa que l’on fasse notre apprentissage ensemble après tout.

Vraiment ? alors tout va m’être si simple ? Un pardon gratuit de la chatonne que j’ai trahi, sans conséquence ou reproche. Je vais juste m’en tirer comme ça ? En profitant de la gentillesse abusive de Petite Méduse ? Non. Je ne le mérite pas… alors je vais tout faire pour m’en montrer digne un jour. Je vais faire vivre à cette petite tout ce que je lui ai arraché. Tenter de remplacer tant bien que mal la vie qu’elle n’a put avoir. Et seulement quand cela sera fait, je pourrai me regarder dans un reflet.
L’apprenti sortit de sa stupeur, se dépliant de toute sa longueur. Déterminer à racheter ses torts, Nuage de Tournesol releva la tête et déclara en souriant pour la première fois depuis des lunes :

-Très bien, alors commençons ton entrainement Nuage de Méduse.

Ivresse des Etoiles avait longuement hésité. La trahison de Golem ne devait pas condamner la Nuit, il le savait mieux que quiconque, mais ses responsabilités auprès de Nuage d'Opale étaient bien plus dure à assumer que ce qu'il avait pensé. Il ne pouvait rien pour la Nuit, il avait beau essayer de trouver des solutions, il était impuissant. Et pourtant, l'un de ses fils y vivait et le guérisseur ne pouvait le laisser dans cet enfer.
Alors il avait fini par trouver, si il ne pouvait rien faire, ce n'était pas le cas des vivants, et il savait qui serait parfait pour cela.

-Réveil toi.

Miaula-t-il froidement en secouant doucement Brume de Cendre qui était apparut sous son regard impassible.

Le guérisseur attendit quelques instants que le matou retrouve ses esprits et comprenne où il était avant de se redresser et de lui faire signe de venir, l'emmenant au bord de la source aux souvenirs, brumeuse et à peine visible.

-Nous devons parler. Tu dois te reprendre en patte, Brume de Cendre, ton clan à besoins de toi.

Le guérisseur sentit son pelage doubler de volume face aux paroles du matou.

-Fautaise. Tu es bien plus fort que ce que tu penses. La preuve, tu as libéré ton clan de l'emprise de Golem. Les choses n'ont pas bien tourné par la suite, je dois bien l'admettre, mais tu ne pouvait prévoir Cobra. Tes actions sont louables, tu as fait passer ton clan avant tes sentiments et le lien qui t'unissait à ce traitre. Alors si, tu en es capable.

Ivresse des Etoiles se tourna alors vers Brume de Cendre en crachant, le pelage hérissé. Ce n'était pas dans son comportement de s'emporter, mais le matou savait parfaitement qu'il devait absolument ouvrir les yeux du matou.

-Et pourtant ils n'ont rien fait eux. Nuit d'Encre et Kinkajou Carmin ne craignait rien à arrêter Golem, ils n'avaient aucun lien avec eux, même ton oncle Flots Polaires a préféré sauver son frère de coeur plutôt que de sauver son clan. Alors arrête un peu de te lamenter sur ton sors, tout le monde aurait pu intervenir, et pourtant tu es le seul qui l'a tué, qui a mis tout ses principes de côté pour le bien de son clan. Il accrocha ses pupilles bleus cristalline dans le regard du matou. Souviens toi du nom que tu as reçu, Brume Embrasée. Jamais tu n'as été destiné à t'éteindre.

Ivresse fut presque soulager de voir que le guerrier cédait. Il savait que ça n'allait pas être simple, il savait que tout serait différent pour lui, qu'il mettrait du temps à accepter sa destinée. Et il était peut-être encore trop tôt pour tout lui dire. Il devrait faire son propre chemin aussi, de son côté, pour grandir, évolué et redevenir ce félin au destin tracé.

-Un jour, ton destin se réalisera. Un jour, ton clan aura besoins de quelqu'un, plus que tout, il aura besoins d'aide. Et tu seras le seul à pouvoir leurs apporter la paix et la stabilité dont ils auront besoins.

Ivresse des Etoiles observa quelques instants le matou. Il hésita entre lui donner plus de réponse et le rassurer ou seulement partir. Il soupira légèrement.

-Le jour viendra Brume, et ce jour là tu auras toutes les réponses à tes questions.

Et, sur ces mots, il disparut.

(Je me suis dis que c'était peut être mieux qu'il le laisse mijoter quand même ^^)

Le silence. Depuis sa mort, c'était tut ce qui existait. Un silence pesant et lourd, lourd de sens. Une condamnation. Voilà ce qu'étais cet endroit, une condamnation à la solitude. Seul sa propre présence le réconfortait, et les souvenirs. Au moins, ça, il n'avait pas oublié.
Marchant inlassablement, il parcourait ces terres qu'il connaissait désormais sur le bout des pattes. Des plaines et des forêts à perte de vue, il ne ressentait plus la fatigue, la faim, les courbatures, les douleurs. Tout ce qu'il percevait, c'était ce silence dans lequel on l'avait condamné. Quelques fois, il parlait à voix haute, sachant que personne ne l'entendrait, simplement pour voir si il pouvait encore le faire. Et puis il voyait ses positions de chasses alors même qu'aucun gibier ne vive sur ces terre et revoyait quelques techniques de combat.
Ca avait été les trois premières lunes, le plus dure, accepter le rejet de tous, il avait tout sacrifier, sa vie, sa famille, ses espoirs, il avait tout laissé tombé pour ses principes, pour sauver le plus important : son clan, et on l'avait condamné. Une seule erreur, qui n'en était pas une.
Un pas de plus, il ne pouvait pas faire autrement, un pas de plus et il avait avancé comme cela, il avait rapidement compris qu'il était seul au monde ici, et la solitude était sa plus grande ennemie. Alors il pensait, à la migration, à ses entrainements, à sa famille. Il se demandait ce qu'était devenu ses enfants, Ombre de Genette, Ecaille de Dragon... Il soupira. Etre loin, n'avoir aucun pouvoir, et ne rien savoir, c'était le plus compliqué. Alors il imaginait Etoile du Golem dans la tanière des anciens, secondé par un chef bien plus ferme, surement Brume Embrasée, qui avait remis le clan sur le droit chemin. Il espérait que son fils, Fleuve, était retourné dans la Nuit auprès de son frère et avait fondé sa propre famille, fier et loyal à son clan, comme il le lui avait enseigné. Il imaginait ses frères et soeurs encore en vie, leurs petits, et les petits de leurs petits. Et puis Orque, cette petite gamine au caractère bien trempé embarqué dans les bêtises de Berceuse et Excellence. Ou peut-être étais-ce Orque qui embarquait les deux femelles qui sait... Il imaginait ses amis, Kinkajou Carmin, Nuage d'Obscurité, Clarté Nocturne, Douceur Florale... Tous heureux et menant une vie paisible, les guérisseuses ayant compris leur erreur et revenant à leur poste, loyal. Il imaginait Nuage Immortel, son apprentie, devenir une grande guerrière et bien qu'elle avait quelques difficultés d'adaptations, il était certains qu'elle réussirait et brillerait comme guerrière. Et il se demandait ce que devenait les enfants de son mentor et d'Atlantide, bien que les deux soient morts, il espérait que leurs enfants ressemblent d'avantage à leur père et qu'ils avaient trouvé leur place, malgré les crimes de leur mère.
Voilà ce qu'il faisait, il imaginait la vie, là-haut, dans le monde des vivants. Il imaginait les choses tel qu'il voulait les voir dans un silence pesant et évocateur. Il évitait de se remémorer son départ, le combat, sa mort, son rejet... Il ne pouvait rien y faire. Jamais il ne reviendrait en arrière.

Quelque fois, lorsqu'il fermait les yeux pour imiter une sieste, certains visages lui parvenait, bien sure, les premiers étaient ceux de ses parents, mais venait ensuite celui de ses enfants et de sa fratrie, mais celui qui revenait le plus, était celui d'Ecaille du Dragon. Il se souvenait de chaque parcelle de son pelage, il se souvenait de sa voix, de son odeur, de ses mimiques ridicules et de son regard expressif.

-Flots Polaires !

Il parvenait même à entendre sa voix quelques fois, à le voir, devant lui, le dévisageant avec ses grands yeux. Après des lunes seuls, ses sentiments ne s'étaient jamais estompé.

-Flots Polaire. Eh !

Ses oreilles vibrèrent. Il lui arrivait d'entendre quelques voix comme celle ci, mais elle était toujours connu du félin allongé sous un chêne. Et, il n'avait encore jamais sentit une patte le secouer de cette manière. Pourtant, il mit un certains temps à ouvrir les yeux, essayant de se souvenir un peu plus longtemps encore des visages de ceux qu'il avait put aimer. Lorsqu'il ouvrit ses yeux vairons, il mit un certains temps à voir la silhouette devant lui. Enfin, il mit surtout un certains temps à comprendre qu'il y avait bel et bien quelqu'un. Il là fixa avec de grands yeux, son regard vairons dévisageant ses moindres mouvements et il put même discerner une petite lueur amusé dans son regard, dissimulé sous une couche de sérieux et d'inquiétude. Un pelage brun et blanc, des yeux ambrés... Bien qu'il ne l'avait jamais rencontré, sa mère lui avait bien assez parlé de ses frères et soeurs pour deviner de qui il s'agissait.

-Tu... Veille des Ténèbres ?

Sa voix était rauque, cassé et il dû s'y reprendre à deux fois pour arriver à prononcer son nom. Mais son regard, lui, ne là quittait pas, s'attendant à tout moment à ce qu'elle disparaisse.

-Je vois que ma réputation me précède.

Répliqua-t-elle alors avec un regard amusé, mais une autre lueur brillait dans ses yeux. Etait-elle... Contente de le voir ? De le rencontrer enfin ?

-Ils... Ils t'ont banni, toi aussi ?

C'était en réalité la seule question qui lui venait. Pourquoi était-elle là ? Qu'avait-elle fait ? Si il avait été seul au monde pendant tout ce temps, pourquoi décider de finalement lui donner un peu de compagnie ?

-Bien sure que non. Je n'ai rien fait pour être banni, je ne le suis pas d'ailleurs.

Rien fait pour être banni... Flots Polaires resta un instant silencieux à cette pensée. Lui, qu'avait-il fait au juste ? Pourquoi avait-il été condamné ? Mais il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit que la réponse qu'il attendait depuis tout ce temps vint à ses oreilles.

-Mais toi non plus.

Elle l'avait prononcé avec tellement de sérieux que le félin gris tigré pensa un instant qu'elle se fichait de lui, ou même qu'il s'était imaginé cette réplique. Mais non, Veille des Ténèbres l'observait avec tout le sérieux du monde.

-Je ne comprend pas. Je suis là car j'ai été banni.

La féline soupira légèrement avant de relever le regard et de plonger son regard dans celui de son neveu.

-Des décisions ont été prise, il y a des lunes, et il n'y a pas vraiment eu de consultation. Les circonstances étaient différentes, les enjeux aussi. Nous devions protéger les nôtres.

Le félin vit rouge.

-Et ce n'est pas ce que j'ai fait peut-être ? Je me suis entrainer plus dure que tout mes camarades, j'ai tout sacrifié pour mon clan, et pourtant tout ce que vous voyez, c'est ce que je n'ai pas fait.

-C'était son destin, Flots Polaires.

-Non ! C'était mon frère !

Il avait feulé ces dernières paroles dans une rage nouvelle, son pelage s'était hérissé et son regard lançait des éclairs.

-Et il a tout détruit.

Les mots de sa tante s'étaient entremêlé dans son esprit et s'était transformé en récit sombre et sanglant. Ses oreilles sifflaient face au choc et un instant il crut qu'il allait perdre connaissance. Pourtant, il était là, assis face à son ainée, simplement sous le choc des révélations. Tout ce qu'il avait imaginé dans son esprit n'avait été que simple calomnie et la réalité lui avait totalement échappée. Il s'était douté que ses scénarios fantasque n'avaient rien de réalistes, mais il ne pensait pas qu'il était autant éloigné de la réalité. Golem avait finit par ouvrir complètement ses frontières et, se sentant plus fort que tout, il avait défier l'Aube en volant son territoire, puis une guerre avait éclatée. Etoile de Soleil et Etoile Tourmentée avaient attaquées, et Golem était mort. Tout aurait dû rentrer dans l'ordre. Bien que Flots Polaire avait sentit son coeur se serrer à la pensé que son frère de coeur était mort, il en avait presque été soulagé, il avait mené son clan à une guerre qu'il ne pouvait pas gagner. Mais la suite avait encore plus laissé un goût amer au félin. Cobra, enfin, Majesté Vénéneuse, ses solitaires, les trahisons, les morts, la famine, le siège, les défies, la peur, les blessures, la puissance... Et son fils. Et Union du Fleuve dans le camp du chaos. De la peur, de la répression, de la haine, de la vengeance. Son fils, sans le camp des meurtrier. Le chaos. Voilà ce qu'il retenait, le chaos. Et le départ de la Nuit, exilé de ses terres qu'ils avaient trouvés et gagné, qu'ils avaient protégé, où des ancêtres étaient morts, où des chatons étaient nés. Exilé, seuls. Heureusement, il y avait eu le groupe d'entraide, et puis finalement, ils s'étaient tous retrouvé dans le même combat. Encore des morts, encore des trahisons, encore des sacrifices. Et finalement, tout était rentré dans l'ordre. Il avait à peine retenu l'exécution de son fils. Cette information n'avait été qu'un goutte de pluie durant l'averse. Elle allait avec tout le reste.
Lorsque les bourdonnements avaient cesser dans sa tête, Veille des Ténèbres avaient finit par lui raconter la reconstruction, la prise de poste d'Etoile Embrasé, secondé fièrement par Kinkajou Carmin. Le clan retrouvait de sa splendeur. Il redevenait fort, avec en tête des meneurs droits et sans accros. Flots avait confiance en son neveu, il savait qu'il prendrait les bonnes décisions et qu'il ne suivrait pas le chemin de son père adoptif.

-Reviens avec moi Flots.

Une nouvelle fois, la voix de sa tante sortit le félin de ses pensées et il l'observa, comme s'il là découvrait pour la première fois.

-Je ne comprend toujours pas pourquoi tu es là.

Miaula-t-il d'un ton plus directif.

-Tu as fais une erreur, tu as changé une destiné ce qui a mené la Nuit à sa perte. Mais c'était un autre temps, une autre époque. Aujourd'hui, la Nuit est plus forte que jamais, elle prospère. Et nous avons prit conscience que nous te demandions beaucoup, trop. Beaucoup d'entre nous aurait fait le même choix que toi. Et il est injuste de te punir pour cela.

Les mots de la féline sonnèrent étrange aux oreilles du matou qui fronça légèrement le museau.

-Qu'est-ce que tu essayes de me dire ?

-Que tu as été seul pendant trop longtemps. Et que tu rentrais, avec moi.

Flots Polaires sentit son coeur se serrer à cette idée. Il rentrait ? Parmi les siens ? Le félin secoua doucement la tête, n'y croyant pas vraiment.

-Les clans ont encore besoins de toi, Flots Polaires.

Cette fois ci, les paroles de sa tante envahir le coeur du matou qui ne put que sourire et hocher la tête. Oui, il voulait rentrer chez lui, enfin, il voulait retrouver les siens. Alors, c'est sans hésité qu'il là suivit sur le territoire jusqu'à rejoindre celui des Etoiles.

Le premier visage qu'il reconnu, ce fut celui d'Ombre de Genette qui s'avançait d'un regard tendre. Une certaine culpabilité prit alors le félin. Elle savait qu'il ne l'avait jamais aimé. Et pourtant, cela n'eut pas l'air de là déranger car elle se blottit presque immédiatement contre son pelage. Pour la première fois depuis qu'il était mort, il ressentait le pelage de quelqu'un, sa chaleur, son odeur, son coeur. cela lui fit si bizarre qu'il eu du même à se détacher de la mère de ses enfants pour observer l'assemblée qui se tenait là. Ses frères et soeurs vinrent le saluer avec engouement et il salua également Clarté Nocturne, Esprit des Glaces, Nuage Mélodieux, Danse Lyrique et Danse de l'Univers, il rencontra les petits de cette dernières dans un pincement de coeur mais sans reflexion par rapport à la provenance des pères. Il se rapprocha de connaissances plus lointaines, des camarades rencontrés durant la migration, sans oublié Idylle Toxique, qui lui avait apprit tout ce qu'il savait sur l'histoire des clans. Et puis son pelage noir apparut, son regard glacé vint transpercer son pelage et un instant il s'immobilisa, observant avec décontenance l'ancien meneur. Il ne savait pas réellement comment se comporter face à lui. Il ne l'avait pas soutenu, il s'était contenté de baisser les yeux sans un mot, acceptant la sentence de son fils sans broncher. Mais Flots Polaires ne pouvait rester immobile face au regard d'Etoile Polaire, il ne pouvait l'ignorer et il soupira. Après tout, si Veille des Ténèbres l'avait ramené, c'était aussi pour repartir à zéro, non ? Alors il s'avança et se blottit contre le poitrail de son père, inspirant un instant son odeur, ne pouvant retenir un ronronnement joyeux. Il était auprès des siens, après l'errance, la solitude et le silence, il savait que plus jamais il ne serait seul.