Bunker

Situé dans les falaises du Cap Royal.

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L o u v e
& la naissance des astres de la guerre

@Menace d'Orage Etouffant, @Nébuleuse du Dragon, @Epsy (PNJ), @Patte de Fer (PNJ).

Tout s'enchaîna très vite : dès lors que les Sentinelles eurent repérées la formation du Clan du Crépuscule sur leurs terres, elles sonnèrent l'alerte et le plan de protection pensé des lunes en amont par Menace d'Orage Étouffant les Étoiles s'enclencha. Les habitant.e.s du Phare furent évacué.e.s vers le sentier souterrain qui menait à la grotte aux parois étranges découverte des lunes plus tôt. Un ancien abri de bipèdes, très probablement, compte tenu de son architecture régulière et drastiquement différente de ce qu'on pouvait retrouver sur les territoires sauvages des Clans. Une opportunité qu'avait su exploiter l'esprit retors de la Tête du Zénith : ce lieu deviendrait un camp de secours puisque, trop faible et trop peu nombreux, le Zénith n'aurait aucune chance de résister contre des assauts claniques. Cela avait été pensé dans le contexte des tensions croissantes entre les trois Clans et la Tribu, dans l'éventualité d'un raid regroupant les trois alliés dont le souhait d'anéantissement de la Tribu avait à peine été dissimulé...

Une contraction plus puissante que les précédentes arracha un cri à Echo des Cendres de Louve, la courbant en deux et l'immobilisant quelques secondes, haletante, sous les yeux d'Orage. Sa réaction lorsqu'iels avaient abordé la première fois le sujet de la gestation de Louve était resté en-travers de la gorge de cette dernière qui, à cet instant, l'incendia mentalement d'invectives et de mépris. La mise au monde de chatons, une formalité pour une chatte devenue "grosse et molle", hein ?
Comment en était-elle arrivée à lui vouer autant de colère alors qu'il avait été son obsession durant son apprentissage, lorsqu'elle était encore prisonnière du Clan de la Nuit ? Elle l'avait désiré si fort -et mutuellement- ; cela avait été si intense de s'accoupler et de répondre à cette faim dévorante de possession l'un.e de l'autre ; cela avait été un tel ébranlement de réaliser qu'elle portait des chatons -les nôtres, Orage est le père-de-mes-chatons... Comment avait-il pu se rendre aussi antipathique ? Louve avait songé prendre un autre mâle en amant, pour lui faire payer. Pour le rendre jaloux et colérique pour une bonne raison.
Mais qui s'accouplait à une chatte gestante ? De surcroît la partenaire de la Tête du Zénith, aka un chat violent et impitoyable ?

Elle gémit sous l'effet d'une seconde vague de contraction qui se souleva comme une lame de fond dans ses entrailles.

"Orage, souffla t-elle entre ses mâchoires serrées, les yeux étrécis de douleur. Il va... me falloir deux gardes le temps que... (Elle haletait, le regard vitreux.) Je les fasse sortir."

Ses pattes tremblaient sous l'effort d'avancer -iels n'étaient pas encore complètement sécurisé.e.s, pas tant qu'on ne rebouchait pas l'entrée pour enfermer leurs odeurs. Une autre voie existait, un boyau étroit par lequel passeraient les sentinelles pour avertir de la situation à l'extérieur, dans le Phare et sur le territoire. Menace d'Orage Étouffant les Étoiles lui présenta son épaule -et Echo des Cendres de Louve n'eut pas la force de tourner la tête pour voir ses yeux et les émotions qui y brillaient. Elle continua d'avancer vers le fond du bunker, luttant contre les spasmes qui annonçaient sa mise-bas imminente. Normalement, à ce stade, les reines étaient supposées être déjà allongées pour laisser les choses se faire et permettre à leurs muscles de se détendre et à leurs corps d'encaisser ; Louve tirait sur la corde, se maintenait debout, fournissait un effort contre-naturel. Mais lorsqu'enfin elle parvint à une alcôve un peu écartée du centre de la grotte, elle se laissa glisser sans plus aller contre la douleur. Elle geint la gueule fermée, les yeux clos, et se prépara à une longue attente.

Les contractions prirent leur temps, se vengèrent sur ses flancs épuisés, lui asséchèrent la gorge, lui comprimèrent les tempes. Puis l'une d'elles, particulièrement brutale, lui fit comprendre qu'il était temps de pousser. Nul besoin d'être une soigneuse pour le comprendre. Le travail de la reine s'engagea dans cette pente qu'elle ne s'était jamais entraînée à prendre : la douleur la dévala en cascade de tremblements, en perles de sueur, en voile devant ses paupières entrouvertes. Un à une, les chatons vinrent au monde, lui coupant le souffle alors qu'elle se penchait sur ses rejetons pour les aider à crever la poche de placenta dans laquelle ils ne pouvaient prendre leur premier souffle. Louve n'eut pas véritablement le temps de les nettoyer ; encore dégoulinants de fluides mélangés, les petits trouvèrent en gémissant faiblement les mamelles de leur mère et, ainsi, les premier.ère.s né.e.s commencèrent à téter avant que l'intégralité de la fratrie n'ait fini de naître. Par moments, le visage familier, roux, gris et blanc d'Orage pointait non loin -tout proche. Il semblait laisser sa compagne gérer sans envahir un espace où il serait, de toute évidence, impuissant et de trop. Pour autant, quelque chose de l'ordre de l'inquiétude ou de la colère (peut-être les deux, mais Louve n'aurait su le dire au-travers de ses yeux plissés d'effort) déformait le coin de ses babines et luisait dans son regard.

Iels étaient cinq.
Menace d'Orage Etouffant les Etoiles était là quand le dernier chaton, une copie presque conforme de sa mère -les rayures en moins- naquit. Chacun.e d'entre elleux était affairé.e à engloutir autant de lait maternel que possible, et c'était une sensation agréable de sentir le poids de ses mamelles s'alléger du lait qu'elles avaient engorgé peu avant la naissance des petit.e.s. Délestée des corps et du liquide dans son corps, la guerrière reprit petit à petit la maîtrise de ses pensées. Son esprit avait été comme engourdi par le labeur de la mise-bas, complètement court-circuité. Maintenant, Louve réalisait avoir eu des flashs tels que : "je déteste être une reine", "iels ont intérêt à être tranquilles", "faîtes que ça s'arrête bordel de merde", et autres joyeusetés que son cerveau pétant un câble avait été capable d'inventer. Elle se souvint s'être demandée si elle serait capable d'aimer des êtres qui l'avaient tant fait souffrir, à avoir pensé à sa propre mère et s'être dit que, peut-être, Douceur du Styx les avait privé.e.s de père par vengeance de cette épreuve de gestation.
Maintenant, tout était derrière Echo des Cendres de Louve -plutôt à côté d'elle, gisant au sol dans une marre de sang séché et de placenta résiduel. Il n'y avait plus que les chatons, contre ses flancs, et une bouffée montante d'une émotion viscérale. Sans s'en rendre compte, Petite Louve était revenue parmi elleux. Elle ouvrait et fermait sa minuscule gueule en appelant une mère invisible dont l'odeur omniprésente figurait comme seul et unique repère d'existence : il n'y avait aucune bride de conscience du monde extérieur, aucune idée qu'il existait seulement quelque chose en-dehors de cette sensation olfactive. Il n'y avait qu'une chose au tout premier plan d'un plan unique.

Sur ses joues, des larmes s'étaient mises à couler en silence.
Aucun des chatons ne portait les couleurs de Petit Renard, de Petit Léopard ou de Petit Tigre. Seule son hérédité à elle s'était transmise et diluée à celle d'Orage. Nuage de Louve était là, apprentie, yeux baissés sur une progéniture dont elle abhorrait l'existence : encore des chatons qui auraient ce dont elle avait toujours eut envie mais jamais vraiment eut, des parents vivants.
Pour les défendre.
Pour les aimer.
Pour leur apprendre à être plus fort.e.s que ce que tout le monde se répétait à leur cracher. Et si Golem Polaire avait été là, que se serait-il passé ? Si elle les avait eu dans le Clan de la Nuit, aurait-il... ? Dans la vision, elle était là, apprentie et férocement campée au-dessus de ces toutes petites créatures dégoûtantes, montrant les crocs et feulant pour que des chats comme Abysse du Dragon, Etoile Acharnée ou Neige Sibylline en reste loin, très loin. Une paire d'yeux abyssales perça l'obscurité, et un instant, puissant et violent de réalisme, ce fut celle de Puissance du Berserk.
Nuage de Louve tangua, perdit patte, et ce fut le cœur d'Echo des Cendres de Louve qui se resserra brusquement, se ramassant sur lui-même en un battement de temps. Puis le visage de Menace d'Orage combla les traits de son ancien mentor, et le gris et le roux chassèrent le noir et le brun.

"Comment vas-tu ?"

La voix de son compagnon, caverneuse. A cause de l'écho du bunker ? Ou de celui dans sa tête ? Les paupières de la reine papillonnèrent pour chasser la buée. Des larmes tombèrent au sol et sur les poils de ses pattes. Sa vision fit le net sur la Tête du Zénith.

"Hein ?" Miaula t-elle d'une voix qui résonna même à ses propres oreilles comme d'un tout petit timbre perdu.

Le flou l'enveloppa et un mur de poils s'avança sur elle. En un instant, une marée de douceur la submergea et il fallut quelques secondes à son esprit pour réaliser que l'imposant corps de Menace d'Orage se pressait contre sa tête. Une marque d'affection rarissime qu'iels ne s'étaient plus communiqué.e.s depuis l'épisode du raz-de-marée, et avant ça, lors de leur rencontre à la frontière Nuiteuse, au crépuscule, après qu'Orage eut combattu et tué Jaspe Etoilé et Océan de l'Albatros. Son parfum apaisa presque instantanément Louve, qui l'inspira profondément et se laissa enfin aller. Tout son corps l'abandonnait de fatigue, rattrapé par l'harassement de la mise-bas.

"Comment est-ce qu'on va les appeler, au final ?" S'entendit-elle murmurer tout contre les poils de son compagnon.

Ils prirent le temps d'y réfléchir ; contrairement à de nombreux couples énamourachés et béats de faire naître "leurs bébés", Louve et Orage ne s'étaient jamais retrouvé.e.s seule à seul pour discuter de noms. Ca aurait été si... puéril et niais. Alors iels optèrent pour des noms de chatons qui ne se sentiraient jamais plus faibles que les autres : des prédateurs et prédatrices qui seraient capables de s'imposer aux autres. Un à un, les chatons furent nommés. La dernière née fut Petit Dhole. Petit Serpentaire pour le plus blanc des chatons. Petit Jaguar pour le plus gris et le plus duveteux. Petite Méduse pour la femelle aux pattes comme trempées dans le lait -la première née, celle qui avait tété la première. Et enfin, Petite Hyène pour le chaton le plus sombre, qui représentait sans doute le mieux le mélange des gènes des deux parents.

Et, alors que le couple meneur finissait de nommer leurs espoirs futurs, une sentinelle déboula dans le bunker par le boyau étroit en criant presque de victoire :

"Le Clan du Crépuscule bat en retraite ! Ils rentrent sur leur territoire !"

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Moi j'adore la race humaine avec du sel et du mezcal - Et sans mentir timal j'suis sentimental -
Brutal en sortie mentale - L'irréel me manie mal - Apparu un jour d'hiver - Voici l'homme-animal
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