[ P H Y S I Q U E ]

[gris-blanc tigré-marbré de blanc aux yeux bleus - poil long - long sur pattes - carrure moyenne]

Je portais bien mon nom. Recouvert d’un blanc aussi pur que la neige, mon poil s’entremêlait çà et là dans les tourbillons gris pâle de ma fourrure, les motifs jouant avec le vent comme des rafales de poudreuse. Grand et haut sur pattes, je paressais plus imposant que je ne l’étais vraiment, mon pelage long me protégeant convenablement du froid des montagnes. L’on m’attribuait souvent une force qui n’était pas mienne, cette allure trompeuse cachant un guerrier de talent moyen, loin de la trempe de Kinkajou Carmin ou Lame de Silex. Non, je n’appartenais vraisemblablement pas à cette lignée de puissants combattants.
J’avais cependant hérité du regard bleu de ma famille paternelle, un bleu prononcé, couleur apatite. Tout d’abord dur tel la glace, il trouverait bientôt un bleu azurin aussi calme et paisible qu’un ciel sans nuage, parfois brièvement ébranlé par les remous de la révolte, de peur ou de doutes.

[ H I S T O I R E  &  C A R A C T È R E ]

[Calme et résilient - doux et attentif - honnête et pragmatique - cache son émotivité derrière une façade stoïque, étant légèrement anxieux en son for intérieur.]

Je suis né dans le Clan de la Nuit. Fils d’Ardoise Scindée et Couronne d’Ortie. On dit que ma mère, prise dans les mailles d’une réalité autre que la nôtre, ignorait tout de la présence de ces huit chatons dans son ventre. Et quand nous sommes nés, elle ne sut simplement pas qui nous étions et quoi faire de nous. Élevés par des parents que d’autres auraient pu qualifier d’inaptes, cette fratrie de bannis ne put que compter sur elle-même pour se construire. Pourtant, de notre enfance au goût du danger et de l’extraordinaire, c’est la voix d’Ardoise qui me reste en tête. Cette voix qui nous contait l’avenir, qui nous dessinait le fil de nos existences, nous parlait de destinée, aussi terrible soit-elle. Et puis, le regard de mon père, cherchant à trouver quelqu’un en moi qui n’y était pas. Emmêlant passé et présent, tissant des liens trop grands, trop vastes, qui ne pouvait que m’étouffer, m’enfermant dans cette boucle du temps tournant sans arrêt sur elle-même, dans ce grand ordre des choses. Je compris rapidement que ce qu’ils nous décrivaient se passait en réalité dans un monde parallèle, qui n’existait que dans leurs têtes. Dans un endroit où je ne voulais pas les suivre.
Néanmoins, le monde bien réel dans lequel j’atterris semblait se dresser contre nous. Comme des pierres s’empilant sur mes épaules, je sentais la colère s’accumuler en moi, contre Ardoise et Ortie, contre le Clan de la Nuit, contre les étoiles. Une colère se nourrissant de l’impuissance de naître dans un monde qui ne voulait vraisemblablement pas de nous. L’incompréhension grandissait en moi, et pourtant, je tentais tant bien que mal de la canaliser, de l’empêcher de m’engloutir tel qu’elle l’avait fait avec ma mère avant moi. Calme, patient et résilient, c’était ainsi que l’on me décrivait le plus souvent. Et malgré les doutes, je ne pouvais que tenter d’emmener mes frères et sœurs vers cette vie meilleure que je devais à tout prix trouver. Qui se trouvait bien quelque part, un jour, et dont je savais qu’elle n’était pas auprès de mes parents. Toutes ces idées fausses dans lesquelles l’on nous avait emprisonnés, qui m’avaient empli de cette peur viscérale de voir mes parents un jour disparaître au bord d’un précipice – tout comme elles nous avaient parfois mis les étoiles dans les yeux. Ces images d’une mère étrangère, enchaînée par des ombres dont nous ne pourrions jamais la délivrer. Je ne pouvais pas les laisser nous engloutir nous aussi. Que cela me coûte de laisser Ortie et Ardoise derrière moi. J’en avais toujours eu la certitude, il faudrait que nous nous sauvions nous-même.

Et pourtant, après toutes ces lunes d’errance, à tenter de fuir cet héritage dont je ne voulais plus rien savoir, ma vie se retrouverait chamboulée à nouveau. Ce que je croyais être des mensonges se cristallisant devant mes yeux, réels et tangibles. Le non-sens de cette existence absurde et creuse dévoilant finalement ce sentier sous mes pattes surpassant toutes les lois de la nature. Et je comprendrais que je ne pouvais que le suivre.