Les Montagnes Sybillines

Une immense Montagnes dont le Clan de la Nuit se trouve au pied.
Froides et hautes, elles sont défendues du Clan et seuls les chats suicidaires, en fuite, exilés ou bien qui bravent le Clan s'y aventure. Sauf aussi, les chats sanguinaires qui complotent...
Ici, il y a peu de végétation et de pins. La plus grande des Montagnes est celle qui prend pied au niveau du camp. Tout en haut se trouve un immense pin et une grotte (repaire secret de Petit Écureuil). Et plus haut, en aval, entre les deux premières Montagnes, un lieu soi-disant "maudit" où coule une rivière. Mais ce Canyon est difficile d'accès et étant au creux des deux Montagnes, il est entouré de végétation.

Rossy a écrit:: ~Nuage Troglodyte - Nuage de l'Atlantide~

Troglodyte était étrange ces derniers temps, Atlantide l'avait tout de suite remarqué, il était comme absent. La jeune apprentie avait la désagréable impression qu'il souffrait, pour une raison qui lui était inconnue, il lui semblait que son père souffrait.

Jamais le matou tricolore n'avait été autant dans ses pensées que ces dernières lunes. Il ruminait sans cesse, revoyait chacun des choix qu'il avait faits. Pourquoi avait-il été aussi stupide ? Et rien qu'à cette question, il culpabilisait. Cela n'avait rien de stupide de vouloir élever ses petits au lieu de les abandonnées, mais alors pourquoi Nuée Ardente ne comprenait-elle pas ?

La femelle tricolore soupira, elle avait demandé à Troglodyte de l'accompagner pour une seule raison, elle voulait comprendre ce que Nuage Exotique lui avait dit. A propos de sa mère, et de Nuage d'Alala que la féline ne connaissait même pas de nom. Mais non, il fallait que son père soit encore perdu dans ses pensées, incapable de se préoccuper de sa fille qui sombrait peu à peu.

-Papa ?

La voix de Nuage de l'Atlantide sortit l'apprenti de ses pensées dans un léger sursaut. Ils étaient déjà aux Montagnes Sybillines alors que le matou brun avait l'impression qu'ils venaient de quitter le clan. Avait-il été absent de la réalité si longtemps ?

-Tu veux bien me parler de maman ?

La femelle ne s'arrêta pas, elle continuait à serpenter, montant dans la montagne alors que son père là suivait, surpris par la question qu'elle venait de lui poser. C'était la première fois qu'Atlantide posait des questions sur Neige, elle avait toujours eu peur de blesser celui qu'elle respectait tant.

-Que veux-tu savoir ?

Demanda-t-il un peu surpris par cette question si soudaine.

-Je sais pas. Tout.

Le matou soupira légèrement.

-Elle était blanche comme la neige, et très gentille, comme toi.

-Pourquoi elle est partit ? Pourquoi elle ne nous a pas gardé avec elle ?

-Elle n'aimait plus la vie des clans. Expliqua-t-il, essayant de se rapprocher au plus près de la réalité. Mais elle voulait que vous puissiez vivre avec tout l'amour qu'elle avait reçu.

Une seconde, Atlantide se sentit stupide de poser des questions, mais avant qu'elle ne puisse s'arrêter, une autre franchit la barrière de ses lèvres.

-Pourquoi tu as eu des petits avec elle alors que tu aimes Nuée Ardente ?

Troglodyte s'arrêta d'un seul coup, comme paralysé par la question de sa fille, qui lui faisait face désormais.

-Je... Je ne comprend pas.

Atlantide lâcha un léger rire nerveux avant de secouer la tête avec dédain.

-Je te vois depuis que nous sommes petits à essayer de recoller les morceaux avec elle. Ce que je ne comprend pas, c'est comment Nuée Ardente ne pouvait pas être au courant alors que ça se passait sous ses yeux.

-Je... Je ne sais pas.

La précipitation de la réponse fut alors le déclencheur. Atlantide n'appréciait pas bien la guerrière écaille, mais elle là savait intelligente. Soupirant, elle planta son regard dans celui de son père.

-Nuage d'Alala est ma mère ?

Un nom, prononcé tel un souffle de souffrance. Nuage d’Alala. Cela faisait quelques temps qu’il n’avait pas entendue le nom de la mère de ses petits, il l’avait croisé à l’assemblée, ou plutôt l’avait aperçu, mais immédiatement il avait fait demi-tour. Pourquoi ce nom le hantait-il toujours autant ?

-Quoi ? Bien sure que non ! Qui ta mis cette idée en tête ?

Une réponse s évidente qui sonnait si faux aux oreilles de la féline rousse qui sentit ses yeux là piquer.

-Je pensais que tu ne m’avais jamais mentis.

Murmura la féline dans un soupir triste. Troglodyte s’approcha mais Atlantide fit un pas en arrière.

-Je… Je ne pouvais pas dire la vérité. Murmura le matou brun, voyant qu’il perdait sa fille.Je ne pouvais pas prendre le risque de vous perde.

-Alors tu as mentis à tout le monde ? C’est vrai quoi, c’est tellement plus simple ! Tu nous a fait croire que notre mère voulait une vie meilleure pour nous, mais la vérité c’est qu’elle nous aimait pas, pas vrai !?

Troglodyte secoua al tête, jamais il n’avait pensé voir sa fille dans un tel état. Il se demandait si la vérité aurait rendu les choses différentes ou cela n’aurait rien changé. Mais ça, jamais il ne le serait.

-Ton mensonge m’a tout pris ! Il m’a obligé à m’occuper mes frères et sœurs parce que je pensais que notre mère nous aimait ! Que je leurs donnaient ce que Neige nous aurait donnée. Mais Alala ne nous aime même pas ! Je leurs ait juste donné une illusion qui n’existait pas ! TU nous a donné une illusion qui n’existait pas.

Cracha toute sa colère, Nuage de l’Atlantide s’approcha d’un pas vif de son père, envoyant ses griffes contre le museau du matou, qui, sous la surprise, recula.

Un pas. Face à cette violence, il ne suffit d’un pas. Le rocher glissant sur lequel la pate du matou brun se posa suffit à tout faire basculer. Un instant, il sentit ses griffes s’agripper à la roche, il vit le visage de sa fille au dessus de lui. Ses yeux suppliait la rouquine de l’aider, mais il ne reçu en retour qu’un regard vide d’émotion alors qu’elle tournait finalement le dos. La peur prit Troglodyte alors qu’il sentait ses pattes lâcher, ses griffes casser, et puis il se sentit tomber. Il ne sut pas combien que temps dura sa chute, mais il se souvenait de la première fois qu’il était sortit du camp, alors que de Petit Troglodyte il devenait Nuage Troglodyte et que Croc de Glace lui fut attribuer comme mentor. Sous les pins, il se souvenait avoir levé les yeux au ciel.

-Croc de Glace ? Avait-il miaulé de sa voix enfantine. Tu pourras m’apprendre à voler ?

Echo a écrit:: B A S A L T E

Nuée Ardente. S’il y avait bien une chose que cette ordure avait su faire correctement, c’était choisir son nom. Peut-être était-ce même lui qui, avec ces deux mots, avait scellé le destin de la féline tigrée, et le sien avec elle. Où était-ce la Forêt Sombre qui lui avait insufflé ce sombre omen à l’oreille, telle l’ombre du serpent qui se glisserait par la suite en elle ? Quoi qu’il en soit, Basalte n’était plus. Réduite en un nuage de cendre, s’embrasant, se densifiant, débordant sur lui même, engloutissant sa propre fumée pour se répandre toujours plus dans l’atmosphère bouillonnante. Elle se mouvait comme l’orage, ses rayures éclatant sous le regard telle la foudre, ses prunelles glaçant les os telle une pluie torrentielle. Était-elle seulement encore véritablement vivante ? Ou le simple produit de sa propre destruction, déambulant, semblable au brouillard ?
D’un regard noir, perdu dans les abîmes, la guerrière glissait de pénombre en pénombre, longeant les falaises rocheuses, ses pas silencieux miroitant ceux de Nuage Troglodyte, qui avaient imprégné la terre quelques secondes plus tôt. Obnubilée par la silhouette brune de son ancien camarade et compagnon, qu’elle suivait à la trace depuis plusieurs nuits déjà, Nuée Ardente sentait peu à peu comme son esprit lui jouait des tours, superposant l’image de Plume de Pigeon à celle de son fils. Plus les matins se succédaient, plus son amertume grandissait, plus ses crocs grinçaient. C’était bien plus qu’une simple jalousie, c’était un état fiévreux, inconscient et irrationnel, une forme d’obsession, de délire qui déformait la réalité au fil qu’elle ressassait ses souvenirs un par un. Tout comme elle-même, elle voyait l’image de son amant perdre ses contours, réduite en une difformité féline, dénuée de substance ou de contraste.
Il l’avait abandonnée, trahie, manipulée, ridiculisée. Ses griffes la démangeaient, se rétractant puis se dévoilant au rythme des battements de son coeur, indécis, perdus, son esprit déambulant sur un fil d’araignée tant ses émotions lui échappaient. Étrangement, elle espérait encore qu’il se retourne. Qu’il lui dise, au moins une fois. Car dans sa mémoire, elle ne parvenait plus à entendre ses mots. Tout n’était que désert et insultes, le mirage d’Atlantide pendant entre ses crocs tandis qu’il la suppliait de s’occuper de ces chatons qu’il avait eu avec une autre. À chaque pas, la cicatrice s’élargissait, s’étendant toujours plus loin dans l’infini.
La voix de Nuage de l’Atlantide l’atteignait sans vraiment l’atteindre, résonnant creusement dans son crâne. Une illusion, une hallucination, ou la réalité. Peu de tout cela lui importait à présent. Elle avait abandonné ce monde, pour embrasser pleinement le cauchemar qui embrumait ses pensées. Les mots de l’apprentie se mêlaient aux siens, et la colère de la jeune féline semblait comme aspirée en elle, absorbée au fond de sa poitrine. Elle observait, au loin, et pourtant chaque instant, elle le vivait avec Atlantide. Sa haine pour cette fille qui aurait dû être la sienne se confondait à celle que la calico vouait à Troglodyte. Le mensonge du père se fondait dans la trahison de l’amant, et vice-versa.
Elle n’était que spectatrice, et pourtant, quand Nuage de l’Atlantide se précipita vers son père, lorsqu’elle leva sa patte au visage auburn du matou, Nuée Ardente sentit comme ses propres griffes monter dans les airs, le souffle chaud qui remontait du gouffre béant glisser entre ses coussinets. Elle vit le regard marron de son ancien compagnon, effrayé. Il recula, comme si une patte invisible était venue se bousculer contre son poitrail. Et il chuta. Une fois. Deux fois. Ses griffes crissant contre la roche. Et lorsqu’Atlantide lui tourna le dos, impassible, Basalte constata avec calme et ébahissement que les battements de son coeur étaient aussi réguliers que le vent qui soufflait entre les branches des mélèzes. Elle observa Troglodyte gratter, battre des pattes, puis chuter, chuter, chuter, sans un frémissement de moustache.
Le sang de Pigeon qui avait imbibé ses pattes avait coulé jusqu’à la novice écaille, imprégnant à présent les pattes d’une jeune apprentie. C’était comme si son voeu avait été exaucé. Fascinée, Nuée Ardente laissa le chaos l’inonder. Elle pouvait presque sentir l’onde tremblante sous ses pattes, celle qui déferlerait sur le Clan de la Nuit. Sa vengeance était inutile. Cette forêt se consumerait par elle-même.

» Montagnes Sibyllines - Semaine du 23/08/2021

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