Mentor :

Ancienne relation : Sinaan, chat errant.
Un des félins traînant dans les parages. Il est probablement plus âgé qu’elle. Sa patte avant droite a été amputée. Elle a grandi avec lui, et il était également présent lors de l’incendie de l’usine qui lui a coûté sa santé. Il prétend être celui à l’avoir sortie des flammes mais elle n’est pas sûre de le croire. Même au sein du Clan du Crépuscule, Narcose garde contact avec lui ainsi qu’avec d’autres de la bande, allant jusqu’à voler des proies pour eux. C’est une relation ambiguë, dépourvue d’amour, construite sur la base d’un passé commun. Bien que de nombreux mensonges et secrets flottent dans l’air, ils se connaissent mieux que la plupart des couples. Narcose sait qu’elle n’y gagne pas grand chose, et que Sinaan tente de la manipuler, mais…seraient-ils encore chats errants s’ils savaient user d’autre chose que des coups bas ?

Narcose n’est qu’un tas d’os, une silhouette fantomatique qui tangue et cahote au rythme de ses pas, des membres élancés, dont les muscles fins et graciles roulent sous sa peau sans une once de gras. Sur son cou, sinueux et tout aussi long, se pose une tête triangulaire, un visage anguleux aux zygomatiques saillants, qui s’adorne de deux gemmes vert bleuté, ressortant du tableau gris avec étrangeté. En effet, le pelage court mais épais de la femelle arbore le même argenté que ses soeurs, son poil reflétant la lumière comme des épines d’aluminium. Le nuage de fumée qu’est Narcose est cependant loin d’être aussi luisant que celui de Vertige. Saupoudré de poussière, de cicatrices, de touffes manquantes, le corps de Narcose ne paie pas de mine, et lorsqu’une quinte de toux vient la secouer, c’est comme si ses poumons allaient être recrachés de sa cage thoracique, gisant au sol morts, noirs et hideux. En effet, suite à un incendie, son appareil respiratoire se retrouve lésé, sa respiration sifflante et saccadée retentissant dans sa tête comme le son d’une aiguille, comptant les secondes qui lui restent. Sa voix rauque et grésillante ne fait que cracher les sons, âpres et cruels.

Les rues goudronnées qui font saigner ses coussinets, l’air souillé par le souffle chaud et nauséabond des voitures, la puanteur d’une fourrure boueuse collée contre la sienne, les cavalcades nocturnes sous les milles soleils de la ville : c’est le monde qu’elle connaît, le monde qui l’a fait vibrer, comme une danse folle avec la faucheuse, comme des fées de néons tourbillonnant au bord d’une falaise. Un univers qui la répugne autant qu’elle s’y cramponne. Il fait partie d’elle, la crasse si profondément incrustée dans sa fourrure qu’elle s’est fondue dans ses poils, tel un voile de fumée. Narcose n’a jamais rien été d’autre qu’un chat errant. Un escroc qui ne reculera devant aucune action trop indigne, une hors-la-loi qui ne répond qu’à elle-même, mais dont les poumons se sont tant imbibés de suie qu’elle garde un attachement malsain à cette ville de pétrole et de plastique. La féline lorgne tout ce qui l’entoure d’un regard mauvais, défiant, et particulièrement ce qui lui semble trop blanc ou parfait pour être vrai. Prônant l’indépendance et la liberté d’un vagabond, sa vue est pourtant étranglée par ses craintes, ses pattes entravées par ces liens qu’elle ne parvient pas à arracher. Narcose est contrôlée par sa peur de l’inconnu, par la peur d’une énième déception, d’une énième cicatrice.
Avec les autres, c’est une féline oscillant entre un état d’indifférence, orné de remarques dédaigneuses - qui semblent être un moyen de gérer son ennui profond - et une humeur irascible, particulièrement susceptible, la rancune étant le deuxième visage de Narcose. Elle n’a pas de considération pour ses congénères, pas d’égard pour ses soeurs, ou quiconque. Pas de loyauté envers un code, une valeur. Et pourtant, elle s’accroche parfois à certaines reliques enfouies dans son enfance, des sentiments qui la nuisent, peut-être, mais qui l’apaisent d’une étrange façon. Les débris d’une forme de loyauté, une dépendance, néfaste ou salvatrice parfois, ou simplement une partie d’elle-même.
Narcose est une féline qui peine à s’adapter rapidement à un nouvel environnement, c’est une féline têtue qui se cabrera au moindre poil froissé. Néanmoins, elle peut se montrer rationnelle. Elle fera le nécessaire pour survivre, et, malgré son manque de confiance en elle, dissimulé derrière une méfiance mal placée, la jeune chatte garde une forme de résilience, qui la pousse à se défaire de ses entraves, une après l’autre, et à vivre pour elle-même, au-delà d’une simple survie.