La féline fixa un instant la guerrière avec un certains agacement avant de miauler, plus ironique cette fois ci.

-Non ? Ah bon ? Je savais pas toute mes excuses.

OMBRE COLOSSALE

Dès que Cœur de Violette était rentrée de patrouille, elle était allée à la tanière des anciens.. Depuis la mort de sa sœur et son frère devenu ancien, elle était souvent allée voir Ombre Colossale. Et depuis, elle s'était beaucoup rapproché de son ancien mentor, Feuille d'Eucalyptus. Le guerrier était agréable, et discuter avec lui rendait tout plus léger. Mais le soleil se couchait déjà, et Cœur de Violette le laissa se reposer.

Tout les autres chats avaient déjà mangé, et Coeur de Violette lorgnait un écureuil dodu quand elle vit que Chimère Maudite venait aussi chercher une proie à manger. La guerrière crème se tourna alors vers son aîné, et lui miaula :

"- Nous devrions le partager, il est tellement dodu que j'aurai besoin d'aide." Son miaulement était plus léger que d'habitude, encore sur son nuage après avoir tant parlé avec Feuille d'Eucalyptus.

Comme chaque soir depuis quelques semaines, la nuit venait tard, le soleil volait le temps de la lune et les jours semblaient prêt de l'éternel, elle ne restait pas longtemps avant qu'il vienne à nouveau la chasser. La chaleur ne s'en allait pas, trop longtemps là, l'astre incrustait ses rayons dans chaque feuille, chaque arbre, chaque brin d'herbe. Ses couchers se faisaient longs et les couleurs orangées étaient rares, souvent, c'était une lueur violette qui pesait pendant de longues minutes avant que ne vienne s'abattre l'obscurité. Les crépuscules de la saison de feuilles nouvelles avaient pour effet d'apporter la joie, on restait tard dans le camp, certains ne rentraient même qu'à l'apparition des premières étoiles dans les cieux, on riait, on racontait sa journée, on oubliait les maux qui pesaient.

Tu faisais partie de ces gens-là, tu venais tout juste rentrer d'une dernière patrouille de chasse avec ton compagnon qui s'était aussitôt engouffré dans l'antre du chef pour faire un rapport de la journée au meneur. Tu chérissais les moments passés en sa compagnie, où vous parliez beaucoup du clan et des tensions, même si tu le fréquentais depuis un moment et étais guerrière depuis encore plus longtemps, il avait toujours beaucoup à t'apprendre et tu ne t'en lassais pas. Ton estomac criant famine, tu te dirigeas instantanément vers le tas de gibier pour un dernier repas avant de t'envelopper des bras de Morphée.

Tu te retrouvas truffe à truffe avec Coeur de Violette, qui avait visiblement aussi des vues sur l'écureuil gras au sommet de la pile. Tu ne connaissais pas bien la guerrière, elle était plus extravertie que toi, pas compliqué me direz-vous, mais elle faisait partie de ces nombreux combattants droit et juste que comptaient les rangs du clan de la nuit, partager une proie avec elle ne te dérangeait pas le moins du monde.

- Avec plaisir.

Tu attrapas le rongeur du bout des crocs, invitant la minette à te suivre. Vous vous assîtes quelques longueurs de queue plus loin, laissant aux autres l'opportunité de se servir sur le festin. Alors qu'elle croquait dans la chaire tendre, tu lui adressas un sourire.

- La journée a été bonne ?, dis-tu d'une voix calme.

Chimère Maudite faisait partie de ces guerriers d'exception que le Clan de la Nuit avait la chance d'avoir dans ses rangs. Cœur de Violette avait toujours voulu trouver le moment de se rapprocher de la guerrière, sans trouver toutefois le moment parfait. Mais la bonne journée qu'elle avait passé lui avait donné le courage de se lancer, et à son grand bonheur, la guerrière accepta. La chatte crème s'attendait à ce qu'elle se montre plus froide, mais elle fut agréablement surprise de la conversation agréable qui se présentait.

"- Plutôt." Avoua-t-elle "Passer du temps avec certains chats aide à tout relativiser, je trouve. Même si les temps qui se montrent ne s'annoncent pas joyeux. Et toi alors, comment était ta journée et ta patrouille avec Kinkajou Carmin ?"

Même si elle voulait sa question anodine et on ne peut plus naturelle, un petit ronronnement ponctuant la fin de sa phrase montrait qu'elle voyait bien la relation entre le lieutenant et la guerrière.